…Où comment se croire dans un documentaire Arte !
Petit aperçu de notre semaine sur la route qui mène de la frontière russe (Altanboulag) à la Capitale Oulan Bator.
De vives voix pardi !
A bicyclette en Mongolie ?
La météo !
Au pays des nomades :
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OULAN BATOR
GOBI JOLI JOLI
On the road to Kharkhorin !
Nous voilà en route pour cette ancienne capitale du grand empire mongol du début du 13ième siècle. C’est le grand Gengis Khan qui décida de faire de cet endroit stratégique la capitale de son empire. Ce qui est fou c’est que cette ville qui a compté jusqu’à 15000 habitants au début du 14ième siècle n’en compte que 4000 aujourd’hui. La vieille ville a passionné les archéologues du monde entier ces dernières décennies. Quand on voit l’environnement et la dureté du climat on se dit qu’il y aurait mieux comme endroit. La réponse est dans le musée de la ville. C’était en effet un endroit central pour l’empire alors constitué. La ville est également naturellement protégée par les montagnes au sud ouest. Elle est enfin dans la vallée d’Okhron : cette rivière s’écoulent jusqu’au lac Baïkal et en fait un axe de transport privilégié. Gengis Khan et ses descendants avaient une façon assez expéditive de conquérir les territoires : soit les populations acceptaient d’entrer dans l’empire et pouvaient conserver leurs religions, leurs biens et leur culture, soit la force militaire s’abattait sur eux. L’histoire a retenu presque traumatisée combien le guerrier mongol pouvait être violent et impitoyable envers ceux qui ne se soumettaient pas.
La ville à sa grande époque contenait dans son enceinte des temples bouddhistes, taoïstes, des mosquées et même des églises chrétiennes. Sous ses apparences de chef sanguinaire Gengis Khan était en fait un fin tacticien et avait compris que pour faire un grand empire il faut tenir compte des particularismes de chacun des peuples.
Et toujours cette douce impression que l’histoire se répète …
Nous voilà « on the road » avec Simon et Ombeline nos frais amis d’Oulan Bator. C’est excitant de rouler en peloton. Pour l’occasion nous partons sans remorque et avec notre deel (prononcer « delch) ce grand manteau mongol pour affronter les froids qui s’annoncent. Autant je suis content de poursuivre l’aventure mongole, autant ce n’est pas l’avis de tout le monde.
La sortie d’Oulan Bator est une nouvelle épreuve au milieu de ces bus, camions ou autres 4×4 déversant leur pollution de vieux moteurs mal réglés. A cette pollution s’ajoute la conduite approximative (« ils conduisent leur bagnole comme s’ils étaient sur leur cheval… ») et le fait que les vélos n’existent pas pour eux sur la route.
Les tracas de la ville sont bien vite oubliés quand nous commençons à poser nos roues dans ces grands espaces. La steppe mongole se déroule à l’infinie devant nos yeux : comment ne pas tomber sous le charme ? Les animaux, les cavaliers et les motards nous font l’animation. C’est toujours rigolo de devoir s’arrêter pour laisser passer un troupeau de chameaux partant boire. Les automobilistes mongoles ne trouvent pas ça si rigolo à priori.
Nous ferons de belles rencontres durant ces quelques jours à commencer par Patsarah et toute sa famille qui nous ont accueilli dès le premier soir. C’est vrai qu’après l’avoir croisé 2 fois, dont une fois autour d’une bouteille de vodka, ça crée des liens. Il nous rattrapera en moto comme il fait avec ses troupeaux pour nous ramener à sa yourte. Soirée pattes au mouton-rigolade-photos-jeux de carte et le pompon, une yourte bien chaude !
Nous aurons également la visite régulière de bergers chaque midi venant taper le café et des gâteaux. Le tabac se roule ici dans du papier journal !
Nous serons concentrés durant ces quelques jours sur l’approvisionnement en eau et en nourriture. Comme de bons français et à force d’avoir peur de manquer il est vrai que nous nous ferons des gueuletons comme jamais nous en avons fait en 5 mois de voyage. On customise le gouter trappeur en chappattis fris à l’huile : une tuerie ! Sauf que les villages indiqués sur la carte n’existent pas tous et inversement. Au soir du 5ième jour nous sommes à cours de vivres et nous commençons le rationnement. Au petit matin nous arrivons dans un camp de yourtes pour touristes au bord du lac Ogii Nuur. Notre chance est de se faire inviter pour un petit déjeuner de princes. Cette équipe composée d’anglais, d’une néerlandaise et d’un japonais rentre sur la capitale et nous laisse une bonne partie de ses vivres : youpi ! Comme si ça ne suffisait pas un groupe de sud Coréens nous fait le même honneur et nous voilà les sacoches pleines : et oui c’est un peu toujours comme ça la magie du voyage.
Nous resterons ces images de chevaux galopant dans nos roues ou ces montagnes enneigées des premières neiges d’une nouvelle saison d’hiver qui commence. Nous laissons nos amis en pédalant sous la neige pour prendre un bus vers Oulan-Bator et sauter dans un train pour la Chine fin du visa oblige. Merci les copains pour ces quelques jours avec vous. On a abordé à peu prés tous les sujets du voyageur à vélo et nos expériences partagés nous voilà regonflés pour quelques mois de plus.
La Mongolie c’est quand même une drôle d’expérience !
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Nous quittons la Mongolie, à nous la Chine !
C’est avec un peu d’empressement que nous quittons la Mongolie l’automne l’hiver arrivant au gallo. L’automne en Mongolie ce sont les premières neiges et les premières gelées. Pédaler sous les flocons c’est rigolo mais seulement quelques minutes.
Wikipédia nous racontait qu’Oulan-Bator avait le record de la capitale ayant la moyenne de température sur l’année la plus basse de la planète ? Et bien on a vérifié, ça semble vrai !
Conseil pour les cyclos : passez la frontière en train si possible.
Prendre le train mongol vers la frontière a été une expérience. La synthèse est à l’image du pays : il y a des règles que personne ne suit parce qu’elles ne sont pas adaptées. Plus tu essayes d’être en règle, plus tu perds de temps, d’argent et tu deviens à moitié fou à la fin. La règle c’est donc de ne pas respecter la règle.
Pour faire rapide, nous avons fait voyager notre vélo tout encartonné non pour l’hiver mais pour le protéger des « brutes » chargeant les wagons bagage. Nous avons dû l’amener 1 jour avant le départ du train (ça c’est la règle) pour pouvoir raquer à l’arriver du gardiennage (malin le mongol ?). Sauf que nous avions besoin de récupérer rapidement notre matériel pour monter dans le bus de 7h du mat là ou la consigne ouvre à 9h : chercher l’erreur !
Voilà qui nous a mis en joie quand nous avons récupéré notre matos, exténués d’avoir courus dans toute la gare et arrivant nettement après la bataille. Du coup nous voilà négociant un taxi pour passer ce pointillé en trait gras sur notre carte.
Nous ne sommes pas vraiment des violents mais l’affaire a faillit en finir aux mains. Notre chauffeuse a tenté de nous placer dans un bus à la frontière pour Beijing, jusque là : bonne idée. Sauf qu’elle a fait tombé son portable dans l’empressement et que le bus ne voulait pas s’encombrer d’un tandem, normal. Elle a voulu nous faire payer son portable à nous fouiller dans les poches et à garder en otage nos bagages dans son coffre. On a lâché un peu plus que ce qu’on lui devait et elle a essayé de nous intimider par tous les moyens pour nous en extorquer un peu plus. On est des bisounours mais là elle avait clairement dépassé la frontière. Mouhais %*££*#1@…, peut-être que cet endroit rend les gens un peu bestiaux ou alors est-ce que c’est plus lié à la culture mongole ?
On aurait pu en terminer là mais le plus fou était à venir.
Un peu choqués et n’ayant pas tellement envie de reprendre un taxi, nous restons quelques minutes à voir comment ne pas se faire plumer à nouveau. Nous ne comprenons pas pourquoi de vieux 4×4 tout défoncés embarquent les gens juste avant le poste mongol. Ça négocie et ça embarque…
Nous décidons finalement de tenter de passer la frontière à vélo alors que nous savons que ce n’est pas possible. Les gardes mongols après avoir bien rigolé nous place de force dans un 4×4. Virginie répète 3 fois « No money, no money… » C’est une chauffeuse plutôt sympathique, et si la chance tournait ?
Sous la neige s’organise la plus grande compétition d’auto tamponneuse que nous n’ayons jamais vécus. De 15 files de voitures et camions, il doit n’en rester qu’une à la fin pour entrer coté chinois. Tout est permis : ça klaxonne, ça tamponne, ça insulte. Virginie se retrouve même à un moment à devoir conduire le 4×4 de la place du mort parce que la chauffeuse est descendue et que le 4×4 de derrière nous pousse pour ne pas perdre de place. Des gens montent et descendent de notre voiture, nous ne comprenons rien, le tout toujours sous la neige battante.
La chauffeuse au premier abord charmante commence à nous demander des ronds pour la « taxe vélo ». Nous tiendrons bon jusqu’au bout, même lorsqu’elle fait croire que le reçu de passage donné par un policier est le reçu de la taxe vélo. A court d’idée devant 2 français remontés à bloc elle nous laisse sur la bas coté de la route en nous crachant de sales mots à la figure. Fini la Mongolie, nous sommes en Chine !