ALLEMAGNE

Leer -> Puttgarden : les premières fois !

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Nous traversons la frontière le 9 juin. Cette fois elle est marquée par la fin subite de la piste cyclable qui guidait nos roues depuis Bruxelles et par le nombre saisissant de drapeaux allemands ! Chauvins ? Patriotes ? Ah non c’est l’ouverture de l’Euro de foot… et ils sont tous à fond !
Nous retrouverons rapidement d’autres pistes mais jamais d’aussi bonne qualité. On quitte définitivement le pays du vélo… la plupart des pistes seront à partager avec les piétons, recouvertes de pavés, de nids de poule, tortueuses, grimpantes, et s’arrêteront subitement. Si la théorie est bien là, dans la pratique, les urbanistes allemands ne doivent pas vraiment pédaler. Ils nous entendront pester plus d’une fois.
Changement de langue ! C’est drôle de passer à l’allemand mais nous sommes un peu perdu. Nous sommes assez étonnés par leur maîtrise de l’anglais. J’imaginais les allemands très forts en langue étrangère mais finalement pas tant que ça. Il faut dire que les hollandais sont au top niveau. Tous maîtrisent bien l’anglais et souvent un peu le français !

Nous passerons notre première nuit chez Uwe un warmshower près de Leer. Trop fatigué pour passer la soirée avec nous, nous ferons notre petite vie chez lui. Le décalage avec l’accueil 5 étoiles des hollandais surprend mais nous trouvons l’idée chouette : ouvrir sa porte même si nous ne sommes pas disponibles. Après tout si la rencontre est importante, la douche chaude, un abri et la connexion internet l’est aussi. Et nous aurons le droit à un délicieux petit déjeuner maison en sa compagnie.

Globalement nous sommes assez déçus par le pourcentage de réponse des warmshowers. En Capitale s’est très compliqué malgré le nombre important d’hôtes, et globalement il faut toujours en contacter moulte pour espérer avoir une réponse.
Nous opterons donc pour les bivouacs, pour notre plus grand plaisir. Petit goût de liberté retrouvé, nous n’aurons aucune difficulté à trouver des coins sympa. Ici les premières lueurs du jour apparaissent dès 3h30 du matin, accompagnées des merveilleux chants d’oiseaux ! Nous adopterons rapidement les boucles quies…

Après hésitations nous maintenons notre cap vers le Danemark et enchaînons donc les kms pour ne pas prendre trop de retard sur notre planning prévisionnel. Nous battons notre record et faisons une journée à 126 kms.

La magie du voyage opérera 3 fois la même journée ! Le 11 juin, Gross, un généreux et sympathique restaurateur au français impeccable nous offre gracieusement la glace et le café commandés contre une connexion internet, après avoir discuté voyage avec Benoît.
Nous traverserons le Weser et l’Elbe en navette fluviale avec joie, c’est toujours très agréable de prendre le bateau. Nous y rencontrerons Ines et Oliver qui se baladent à vélo pour la journée. Tous deux ont vécu quelques mois à Toulouse et parlent français. Ils rêvent de faire un voyage comme le nôtre. Il est 17h30 et il nous reste plus d’une vingtaine de kms à faire, mais l’un des avantages du bivouac, c’est que nous n’avons plus d’horaire à respecter, si ce n’est celui du soleil, alors qu’à cela ne tienne, nous les accompagnons à Gluckstadt où ils comptaient s’offrir une glace. Nous passerons 2 délicieuses heures avec eux dans cette mignonne petite ville et ajoutons 2 amis à notre carnet d’adresse. Ils doivent reprendre le bateau et 30 kms retour les attendent alors à contre coeur il nous faut nous quitter, l’orage monte.
La pluie nous rattrape et 15 kms plus loin nous passons devant une ferme bio. « Dans la vie il faut oser », Benoît se lance et demande pour la première fois si nous pouvons planter la tente. Iris et Konrad font partis d’un réseau d’accueil pour voyageurs en roulotte et nous reçoivent sans problème ! Nous aurons le droit à une bonne douche chaude et d’utiliser leur terrasse abritée. Belle surprise ! Reconvertis il y a 3 ans dans l’élevage de viande bovine, c’est beau de voir des cinquantenaires se lancer dans un tel projet ! Pour la petite histoire, la pancarte « bioland » qui nous a attiré l’oeil venait d’être accrochée une demi heure avant notre passage !

Nous avons fait par hasard nos premiers glanage dans les poubelles d’un super marché, ce qui nous vaudra deux délicieuses salade de fruit gratuites ! À renouveler ! Nous pique niquerons dans le hall d’une banque. Nous n’aurons jamais vu autant d’élevage de vaches laitières. Les fermes allemandes battent tous les records de grandeur. Les moulins, les toits de Chaumes, les poneys nous accompagnent toujours.

Nous espérions atteindre le Danemark le lundi 12 mais nous sommes à bout de force, épuisés par un dénivelé retrouvé qui ne nous manquait pas, et un terrible vent de face. A 19h, au miracle, vers Lutjenbrode, alors que les conditions ne sont pas idéales pour un bivouac, Bernard apparaît sur son vélo. « C’est sûrement notre sauveur. » Benoît demandera à nouveau l’hospitalité et nous finirons dans l’improbable big maison inhabitée et en bordel de son père décédé, où il y soigne ses chevaux. L’échange sera riche et nous comprenons qu’il cherche à quitter une Allemagne décevante pour retrouver sa Suède natale.

Ça y est nous voilà à Puttgarden pour prendre l’énorme et cher Ferry (26€ pour nous 3) direction le Danemark ! Nous avons l’impression d’être tout juste rentrer en Allemagne et nous voilà déjà aux portes d’un nouveau pays… 2 énormes camions remplis de pauvres cochons en détresse débarqueront sous notre nez… Nous apprendrons par la suite qu’il y a 25 millions de cochons au Danemark… pour 5 millions d’habitants… vive les saucisses de Francfort !

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Rostock -> Berlin : entre nature et Histoire

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Roskof, Allemagne nous revoilà!

Après l’Allemagne de l’Ouest, nous voilà à l’Est ! Comme l’impression de revenir à la maison. Pour la première fois nous nous rapprochons et la France n’est plus dans notre dos, comme si la boucle se bouclait déjà. Mais que nenni !

Nous nous donnons 3 jours pour rejoindre Berlin. Après avoir pédalé avec un vent de Nord dans le nez, nous pédalons depuis le Danemark avec un vent de sud. Si celui-ci nous a permis de réaliser nos 145km, depuis il nous ralenti de nouveau. Au premier jour nous craquons. Passer autant de temps sur le vélo, vouloir à tout prix avancer, favoriser les pauses longues dans les capitales, pédaler pédaler pédaler. Stop. Nous perdons le sens du voyage et le chemin de l’essentiel. Partagés entre les grandes routes pour avancer, et les chemins pour visiter le pays, nous nous agaçons dans des petites pistes cyclables sablonneuses et mal indiquées.

Une fois n’est pas coutume nous passons devant une ferme bio et décidons de nous y arrêter. Il est 17h. Nous n’en repartirons que le lendemain ! Ulrich est affairé à préparer le marché du lendemain. En attendant qu’il nous concocte un petit panier de légume il nous invite à aller nous baigner dans la rivière qui borde son jardin. Nous sentons le traquenard arrivé avec plaisir. Après quelques échanges sur la société allemande, il nous invite à rester pour la nuit. Avec joie ! Et voilà comment nous passons du voyage à vélo au wwoofing. Nous cueillerons du tilleul, nous l’aiderons à récolter les ingrédients qui lui servent à faire des préparations de smoothie qu’il vend toutes prêtes : orties, persil, blettes jaunes, et toute sorte de plantes aromatiques dont du basilic citronné… Que c’est bon de sentir utile ! De faire autre chose que du vélo. Son jardin sera notre maison, nous nous ferons la popotte au feu de bois. Le lendemain il nous préparera un délicieux smoothie, assez pour qu’on en emporte avec nous, et nous repartirons avec nos légumes gentiment offerts ! Une très belle rencontre, un chouette lieu, un grain de sel de plus !

Nous mettrons donc 4 jours pour rejoindre Berlin ce qui nous permettra de profiter de cette merveilleuse région des lacs (Mecklenburger Großseenland, Müritz-Seen-Park, Lindow…) où nous aurons nos plus beaux bivouacs, de beaux couchés de soleil, et des bains quotidiens. Le dénivelé disparaîtra, les pistes seront un peu mieux indiquées. Nous ferons du hors piste comme jamais. Les forêts de pins nous rappellerons la maison. Nous verrons 2 serpents. Benoît tombera nez à nez avec un couple de renard. Ça fait du bien ce bol de nature !

Les voiliers nous suivent ! (ou l’inverse? ). Depuis notre départ nous en croisons très régulièrement et nous nous retrouvons souvent dans les ports. Ça rappelle des souvenirs et appelle à d’autres voyages.

En pleine forêt au milieu de nulle part nous tomberons sur un monument écrit en français consacré aux Héros prussiens et à Auguste Guillaume… c’est d’un drôle goût et assez mystérieux pour nous.

Il nous faudra 2h pour traverser Berlin entre l’entrée de la ville et notre lieu de résidence. Si nous avions trouvé Copenhague grande, Berlin paraît Géante ! Encore une fois nous avons un appartement rien que pour nous ! Merci à Philippe et Meggy, les parents de Mélanie, la cousine du beau frère de Benoît… Nous serons partagés entre l’envie de visiter et l’envie de profiter de ce petit cocon. Ça fait tellement de bien d’avoir un chez soi et de retrouver une vie « normale ». Après 2 mois de voyage, nous savourons et aurons du mal à quitter ce petit nid.

Nous récupérerons nos passeports avec nos visas russe et mongole ainsi que nos tee-shirts Grains2selles !

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Sans surprise nous plongerons dans la Seconde Guerre mondiale. Passionnant d’être du côté Allemand. Mémorial de l’holocauste, bunker d’Hitler, topographie de la terreur, reconstitution d’un chekpoint américain (drôle de folklore…), musé juif… puis le temps de la guerre froide : portions du mur par-ci par-là, ancienne tour d’observation du mur, et l’incroyable ancien aéroport international de Berlin-Tempelhof (reconverti en 2010 en un immense parc, dont certaines zones sont aménagées en jardins partagés, mini golf et bar alternatif, et dont les locaux servent aujourd’hui de camp de réfugiés). Nous prenons conscience du lourd passé que portent en eux les allemands. Nous serons surpris à l’ouest que leurs monuments aux morts soient cachés et isolés dans des forêts…
L’envie d’aller de l’avant est présente et les berlinois sont tournés vers l’avenir. Certaines personnes de l’est semblent toutefois nostalgiques d’un monde communiste où tout le monde gagnait la même chose et où le chômage n’existait pas…

Sensation que la ville est à l’envers, le cœur historique ne semble être que building moderne, centre commerciaux, chaînes de restaurant, gros immeubles, bâtiment historique. C’est autour du centre voir en périphérie que l’on trouve des mignons restaurants, de petites rues, et une vie à taille plus humaine.
L’architecture est froide, carrée, très imposante. Les quelques églises historiques dénotes. On est très loin du Paris ou Amsterdam romantique. La diversité culturelle semble très riche et la ville se veut décalée : beaucoup de tags, du street art, des cafés en palettes, des places réinvesties. Comme à Copenhague nous avons trouvé les gens très tatoués. Je n’ai jamais vu autant de filles en robes, les berlinoises sont chics et élégante. Sûrement le décalage avec la mode danoise…

Mélanie et sa petite famille ont acheté avec des copains une ferme qu’ils rénovent à une centaine de kms de là. Nous aurons pu y passer mais nous rejoindrons la Pologne en train, le seul qui était dès le départ prévu en Europe. Il faudra revenir. Nous avons passé une super soirée avec eux. Son père étant français elle est bilingue, ça facilite les échanges et nous avons pu nous confier après ces 2 premiers mois sur les routes. Ça nous arrive rarement, nous sommes d’habitude à l’écoute des autres. Nous avons trouvé une oreille attentive ce qui nous a fait le plus grand bien.

J’apprends avec surprise que l’Allemagne a revu sa politique sociale en matière de natalité. Ayant un taux de natalité d’environ 1,5 enfants par femme, depuis 6 ans des congés parentaux ont été instaurés. 14 mois, à se partager entre les deux parents, avec un salaire maintenu à 65%. Et il est possible de prendre 7 mois en commun : beaucoup en profite pour partir voyager en camping car…

Ici aussi le vélo fait parti du décor. Par contre leurs pistes laissent à désirer, elles sont à l’image de celles du pays. Les berlinois foncent autant en voiture qu’à vélo. Mais chose très appréciable, la tolérance des conducteurs : nous ne nous ferons jamais klaxonnés en dehors des pistes. D’ailleurs dans aucun des pays traversés nous ne nous sommes fait klaxonné !

Le pays semble vivre au rythme du football. Nous nous prêtons au jeu et accrochons un drapeau allemand à notre vélo, comme ils le font sur leur voiture, bus, et même casque de chantier !

Nous apprendrons les tristes nouvelles du Brexit et du « oui » majoritaire à la consultation au sujet de l’aéroport de Notre Dame Des Landes. Depuis notre départ ce ne sont que des mauvaises nouvelles qui nous parviennent de France…

Nous quittons l’Europe de l’Ouest pour découvrir celle de l’Est, avec la Pologne que ni l’un ni l’autre ne connaissons. Nous voila tout excités ! Train direction Steszin, nous souhaitons pédaler le long de la mer baltique, et cessons notre petit tour des Capitales européennes.
L’Allemagne accepte les tandems dans le train, génial ! Par contre on nous demandera de payer 2 tickets pour notre cyclocagouille. C’est la 1ere fois. Le tandem a ce gros avantage dans les transports en commun, c’est de ne payer qu’un ticket vélo 🙂

Le voyage continue de nous chambouler mais n’est-ce pas un peu ce que nous cherchions ? Il nous surprend là où on ne l’attendait pas. Nous devons composer entre l’idée que nous nous en faisions, les envies que nous avons, la réalité qui s’offre à nous, le changement de cadre et de vie. 2 mois et la double impression d’être partie hier et il y a des mois.

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L’Europe demain

Le résultat du vote sur le Brexit de la Grande Bretagne vient de tomber. Une volonté sans appel des citoyens britanniques de sortir de l’Europe à presque 52% des votants.
Il y a quelques jours nous constations à nos dépends que la Suède avait rétablit ses frontières pour la circulation des personnes alors qu’elle est dans l’espace Schengen.
Ulrich, un allemand maraicher bio rencontré non loin de Muritz nous met en garde sur les manœuvres américaines en cours en Allemagne suite aux positions militaires russes.
Partout où nous passons, nous constatons des choix politiques de replis, d’isolement et une envie de se protéger face à la peur de l’autre.
En Hollande : Vert, Alee ou Maarten ouvraient leur maison, nous partageaient leurs passions, leurs rêves et leur vie. Ils nous ont accueilli à leur table et ont rempli notre remorque de fruits, de confiture ou de jus.
En Allemagne : Gross, Iris ou Bernard nous ont offert des glaces, ont partagé leur vision du monde et nous ont encouragé dans notre entreprise de rencontre des peuples.
Au Danemark : Tage, Yoann ou Elga ont partagé leur culture et se sont projetés avec nous sur l’avenir de l’Europe.
Nous voulons témoigner de l’ouverture, de la générosité ou de la conscience qu’on nos grains de sels européens et faire mentir cette actualité.

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