« Latcho Drom » ! 1ère semaine : Arvert – Nantes !
Première semaine ! Déjà ?! Et oui. Le bilan ? Pfiou, quoi dire ? Que c’est passé vite ? … oui… non… que le départ paraît déjà très loin ? Un peu… Que ça été super intense, ça c’est certain, chaque journée fut un voyage en soit ! Déjà des rencontres inoubliables, déjà de l’imprévu, déjà des réparations, des coïncidences qui n’en sont sûrement pas, des rencontres inopinées, la magie du voyage a déjà opéré et notre bonne étoile est bien présente. Bilan positif et objectifs remplis !
Après un week-end inoubliable, et un pique nique riche en émotions, nous avons poursuivi les premiers coups de pédales escortés par les irréductibles, un grand merci à eux ! Puis nous nous sommes retrouvés à 3 tandems et 2 remorques, et l’envie que le voyage commence s’est fait sentir. Mais il nous a fallu encore dire au revoir…
Le 1er bivouac s’est déroulé en beauté avec un beau feu de joie accompagné de nos hôtes, Camille et Bénédicte, qui nous ont fait le plaisir de nous accompagner dans notre première étape. Saint Gemme, où un beau clin d’œil à la famille TROUVE qui possède de beaux terrains sur lesquels nous avons planté nos tentes. Le lendemain matin, d’ultimes au revoir ont accompagné les premiers kms, après la boule au ventre, un chant de liberté s’est alors emparé de nous. Ça y est, le voyage commence, nous y sommes… mais je ne réalise toujours pas. L’émotion des adieux de la veille est toujours présente, mais nos premiers grains2selles nous attendent ! Arrivés à la ferme du Mont D’Or à Le Thou, nous avons l’incroyable surprise d’y retrouver les futurs boulangers de la ferme de La Gravelle dont on nous parle depuis des mois. Et comble de l’histoire, nous avions rencontré Fanny et Damien un an auparavant via un couple d’amis, et possédant un tandem, nous avions échangé le temps d’une soirée sur le sujet. Très belle soirée dans cette ferme familiale où 3 générations cohabitent dans la joie, la simplicité, et le respect de chacun. Des paysans boulangers, où chacun a sa place, et où les enfants s’en donnent à cœur joie. Nous nous délectons de pizzas faites maison en échangeant gaiement. Nous les faisons rêver avec notre voyage, mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que le rêve est partagé : leur histoire nous donne des envies. Accueil chaleureux, nous repartons le lendemain avec de nouveaux amis et du bon pain ! MERCI !
Cette soirée est à l’image de notre semaine. Après un rapide passage par la Frênaie (une coopérative qui fabrique des yourtes et accompagne à l’auto-construction) où nous découvrons la vie en yourte et aidons un couple à monter les perches de leur toit en construction, nous voilà rendus chez Michelle et Dominique, où leurs fils, Guillaume, nous a donné rdv. Guillaume a pédalé 5 ans à travers le monde, alors la soirée fut riche d’anecdotes, de conseils, et de récits. Soirée chaleureuse, nous sommes aux petits soins, et gagatisons avec la petite Zaia de 7 mois.
Jeudi se sera autour de Mylène et André de nous chouchouter. Mylène, très engagée dans le réseau Sortir du Nucléaire, mais pas que, nous transmettra nombre de connaissances, et nous nous sentirons bien petits face à cette grande dame !
Vendredi nos discussions tourneront autour de la biodynamie, du bien-être animal, de politique, chez Stéphanie et Guislain Pageot qui nous accueillent sur leur ferme malgré un emploi du temps bien chargé. Nous y dégusterons la meilleure tomme de vache de notre vie ! Merci à eux de nous avoir régalé et surtout d’avoir partagé des connaissances aussi précieuses sur des problématiques qui me sont si chères. Ces grandes personnes du monde paysan nous donnent du grain à moudre sur notre tandem.
En cherchant leur ferme, nous sommes tombés sur un petit marché fermier et avons sympathisé avec Patrice, un chévrier, chez qui nous aurons rdv le lendemain matin. Sa femme, Marie-Hélène, nous accueillera samedi matin et nous fera visiter les lieux. Après avoir joué avec les biquettes dans leur champs (j’espère qu’ils ne nous en voudront pas), nous avons papouillé les chevrettes et sommes repartis avec un délicieux litre de lait offert par la maison ! MERCI !
Ces premières rencontres, si riches, si précieuses, font du bien au moral ! Elles nous confirment à quel point une autre agriculture est possible, nous encouragent à prôner d’autres valeurs, d’autres formes de vie. Un autre monde est bien possible, et ce n’est ni naïf ni utopique de le croire, c’est même carrément sensé lorsqu’on les voit si heureux.
D’autres rencontres ont rythmé notre semaine, et Benoît fait chauffé notre tampon sur lequel il y a nos coordonnées. Ça intimide de savoir que tant de monde suive le blog, et nous n’en sommes qu’au tout début de notre voyage !
Côté pédales nous regrettons déjà notre Charente Maritime plate ! A peine arrivée dans les Deux Sèvres, des collines nous ont surprise, mais nous avons relevé le défi haut la main ! Un peu de Keny Arkana dans les oreilles, et voilà les mollets surmotivés pour pédaler ! Nous avons miraculeusement éviter les gouttes, et le vent n’est apparu qu’en s’approchant de la côte… heureusement car il ne rigole pas par ici. On se serait presque senti de retour chez nous, une fois arrivés en Loire Atlantique, avec les vignes, la platitude des paysages, l’air marin. Depuis l’arrivée en Deux Sèvres, les troupeaux de vaches et les Crucifix géants ont rythmé nos coups de pédales. 4 fois nous avons réussi à motiver les troupeaux qui se sont mis à courir à nos côtés. Notre campagne française est belle et nous nous étonnons du nombre de petites fermes qui habillent encore notre territoire. Les cuisses et mon fessier souffrent, mais c’est le jeu, et je fais chauffer l’huile d’arnica gentiment offerte ! Nous prenons déjà des couleurs.
C’est drôle de voir la réaction des personnes croisées lorsqu’on leur dit qu’on part en Thaïlande !
Cette journée de repos à Nantes était attendue ! Les températures bien fraîches et des étapes un peu plus grosses que prévues, ont puisé notre énergie. Un grand merci à Virginie pour cette grasse mat’ si réparatrice ! L’accueil chaleureux des nantais à la vue du tandem réchauffe le cœur. Les températures s’adoucissent et ce n’est pas pour me déplaire ! N’hésitez-pas à cliquer sur les « les grains 2 selles » puis « les ptits grains rencontrés » pour en savoir plus sur nos rencontres !
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3, 2, 1 c’est parti !
Voilà des mois que nous le rêvions, ce dimanche nous avons enfin réalisés nos premiers tours de pédale : Roulons vers l’essentiel !
Le pari fou d’une transcontinentale vient de commencer pour nous et nous ne réalisons même pas ce qu’il nous arrive. « On est jamais vraiment préparé pour un long voyage à vélo » ou « On a pour projet d’aller jusqu’en Thaïlande, enfin c’est l’objectif » nous répétons à tour de bras à ceux qui curieux de voir passer notre semi-remorque vélo se demandent bien d’où nous venons. « D’ou venez-vous comme ça ? ».
C’est dingue comment la première question c’est toujours l’origine et jamais l’objectif.
Les cuisses ont chauffé, un peu plus que prévu et les pépins techniques sont au rendez-vous comme nous ne l’avions pas prévu.
Le voyage commence et nous avons déjà du mal à digérer les rencontres tant elles nous marquent, tant elles nous questionnent. On a déjà failli en terminer avec le voyage et on s’est déjà imaginés rester dans plusieurs des fermes que nous avons visitées. Chiche ?
Et puis il faut voir ce qu’on avale. Tout les matins, on commence par dévaliser les boulangeries : elle va nous manquer cette bonne pâtisserie française !
Le duo de choc est en train de trouver ses marques. L’équilibre du vélo a été modifié petit à petit en répartissant les sacoches différemment. On prend conscience que dormir sous la pluie c’est rigolo mais que 5 minutes. On adore dire bonjour aux personnes qui ne répondent globalement pas et aux animaux dans les champs qui pour certain courent de joie.
Allez, hop on saute dans la deuxième semaine !
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2ème semaine : Nantes – Saint-Lô
« En bref : nous avançons comme prévu, malgré la cadence soutenue liée aux rendez-vous. Encore des belles rencontres et des nuits dans des lieux magiques ! Notre remorque prend des couleurs au fil des rencontres, et nous avons désormais un panda qui pédale avec nous !^^
Après une belle soirée amicale et nostalgique chez Elodie et André, 2 copains navigateurs de Benoît, nous avons rdv lundi matin avec Margot de La Bricolette ! Elle fait partie du réseau « Les boîtes à vélo », un collectif d’entrepreneurs multi-services et multi-secteurs, pour les professionnels et les particuliers qui travaillent en vélo ! (www.lesboitesavelo.com). Margot propose divers services en rapport avec le bricolage : petites réparations, achats et conseils, rénovation, mobilier sur mesure, elle accompagne aussi les personnes dans leurs travaux difficiles ou fastidieux. Avec son superbe bi porteur rouge elle ne passe pas inaperçue et nous reçoit gentiment chez elle pour nous expliquer le concept. Nous sommes fans du concept !
Puis nous nous élançons vers Notre Dame Des Landes où nous avons rdv à 17h, sur la ZAD, pour la distribution du pain. C’est un plaisir de voir défiler nombre de personnes. Zadistes, paysans, voisins, landais (habitants de NDDL) à pied, en vélo, en camion ou en voiture, se déplacent pour l’occasion. L’ambiance est très amicale et les nouvelles vont bon train. Un certain Camille s’enthousiasme à la vu du Tandem, nous tchacherons gaiement avec lui. Il nous faudra rapidement rejoindre nos hôtes, Sylvie et Marcel, qui nous accueillent chez eux, au Liminbout. Nous sommes assez impressionnés d’être accueillis dans ce haut lieu de résistance, et bien émus quant à leurs témoignages. Ces historiques, comme on les appelle, font partis des derniers à lutter encore pour conserver leur ferme. Ils étaient pourtant pas loin d’une quarantaine au départ à habiter la zone. En janvier ils ont été officiellement expropriés de leur ferme, et depuis, à chaque instant les gendarmes peuvent venir leur demander de quitter les lieux, en moins d’une heure. C’est peine imaginable. Leur ferme n’est pas seulement leur maison mais également leur outil de travail, ils sont éleveurs laitiers. Sylvie s’inquiète pour ses vaches. Si nous étions déjà bien sensibilisés à cette lutte, rien de tel que de se rendre sur place pour réaliser, sentir, palper. Nous nous sentons tout chose et ressentons pleinement l’injustice et l’abération de ce projet. Ils attendent la consultation publique qui aura lieu fin juin, mais tous sur la ZAD réfléchissent déjà à l’avenir. Si certains veulent en savoir plus qu’ils nous contactent !
Le cœur serré nous repartons mardi direction Rennes. Nous ferons halte à Châteaubriant où nous avons rdv avec les jeunes du collectif de la Gréé pour la 3ème Nuit Debout. Nous terminerons l’étape de nuit, en voiture, pour dormir à Soulvache, à la frontière de la Bretagne, dans ce magnifique lieu de La Grée. Le projet de ce collectif est « une expérimentation humaine visant l’autonomie comme dynamique sociale en harmonie avec la nature ». S’ils étaient une bonne vingtaine au départ, le lieu a petit à petit été déserté pour être réapproprié par quelques jeunes, motivés à réaliser le potentiel de ce lieu. Nous sommes sous le charme : le manoir, les dépendances, la maison de paille, la chapelle, l’endroit est incroyable. L’histoire et l’environnement nous font penser à la Minoterie de la BD « La Communauté » d’Hervé Tanquerelle et Yann Benoît que nous lisons à nos minutes perdues.
A Rennes nous passons par la place du parlement où un banquet se tient devant le tribunal pour soutenir Grégoire, un militant condamné à 18 mois de prison dont douze fermes suite à la fameuse manifestation du 22 février 2014.
Puis nous rejoignons l’équipe de « tout en vélo ». Nous nous sentons tout de suite à l’aise au milieu de ces 5 gars. Leur SCOP est une entreprise de livraison et déménagement à vélo. L’entreprise a commencé en 2012 avec 2 personnes et aujourd’hui ils viennent de recruter le cinquième : le concept fonctionne. Leur point fort c’est d’avoir développé leur savoir faire dans la conception de remorques sur mesure fabriquées par leur soin et attelable sur un vélo classique. Moyenne par jour : 50 km ! Très chouette moment.
Nous avons commencé à faire appel au réseau warmshower, et rejoignons notre colloc pour nos 2 nuits à Rennes. Fabien et Carlos nous accueillent, et nous laissent gentiment leur appart pour la première soirée. Nous apprenons que c’est l’ascension ^^ Jeudi sera consacrée à la grasse mat’, la crêperie, la visite du centre ville et du magnifique parc du Thabor, aux devoirs de vacances… Nous déjeunerons avec Hugo, à qui nous avons donné rdv, pour parler de Conouco, sa toute jeune entreprise de prêt à porter made in France en lin biologique. Un très chouette projet, qui demande beaucoup d’investissement personnel et de courage, nous serons impressionnés, un vrai petit grains2selles ! Nous lui souhaitons une très belle réussite !
Vendredi nous aurons dû mal à décoller. On s’habitue vite au confort… nous passerons à l’atelier de « tout en vélo » où nous remercions Séb pour sa transparence. Nous finirons par retourner à leur local et déjeuner avec l’équipe pour qui nous avons un vrai coup de cœur. Ça parle de Malmoë et il se pourrait bien qu’on fasse un petit A/R en Suède depuis Copenhague ! Mais il nous faut partir, le Mont Saint Michel nous attend ! La voie verte qui nous emmènera jusqu’à Bazouges-la-Perouse sera un vrai régale et nous enchaînerons 65kms ni vu ni connu dans l’après-midi. Première soirée en tête à tête depuis le départ, ce n’est pas pour nous déplaire, ce bivouac en pleine forêt est ressourçant. Nous sommes pris par surprise par un cri strident qui fonce sur nous. Un chien ? Mince… et son garde champêtre ? On repli le petit réchaud à bois et nous apprêtons à choper un bâton quand Benoît aperçoit un… chevreuil !? Il nous faudra mener l’enquête sur ce jappement surprenant d’apprentis brame du Cerf ! Nous éclatons de rire.
Il pleuvra une bonne partie de la nuit, mais au réveil, c’est un grand ciel bleu qui nous accueillera. Dans notre voyage il ne pleut que la nuit, quelle chance ! Par contre les moustiques ne nous ont pas épargnés.
Ascension oblige, le Mont Saint Mich’ est blindé. J’écris ses lignes pendant que Benoît est parti le visiter. Connaissant déjà, j’ai misé sur la sécurité, et monte la garde de notre cagouille et sa coquille, ou comme l’appelle Carlos « El camion » ! Naïvement nous fantasmions sur le pique nique champêtre vu sur le Mont, mais tout est barricadé et réservé à l’élevage, alors, affamé, nous nous échouerons sur la pelouse de LA biscuiterie de la Baie du Mont. Merci à eux de ne pas nous avoir foutu dehors, nous nous sommes empiffrés avec une vue de premier choix.
Samedi soir nous dormions dans un lieu féérique : Power salad farm ! Power Salad c’est un mélange d’une cinquantaine de plantes comestibles poussant dans le magnifique jardin de Zoé, une anglaise installée sur les hauteurs d’Avranches depuis 10ans. Nous avions une vue incroyable sur le Mont St Michel ! Chez des amis samedi soir, elle et Julien nous ont laissé les clés de chez eux pour y passer la nuit. Nous sommes tombés sur Mattÿs, un surfer hollandais, qui fait un tour de la manche à vélo. Bloqué ici depuis quelques jours le temps de réparer sa remorque, il nous a fait visiter les lieux et nous avons passé la soirée avec lui, avant d’aller nous coucher dans la caravane gentiment mise à notre disposition. Nous avons rencontré Zoé et Julien le lendemain au réveil. A peine une heure passée à discuter et déjà une forte connexion s’établit entre nous. Zoé nous félicitera et nous dira que nous sommes inspirants ! Mais en vrai, c’est elle qui nous inspire ! Elle nous offre une de ces salades magiques qui fera le bonheur de nos papilles et nous boostera pour l’après-midi !
Nous n’avons pas du tout envie de quitter ces 3 nouveaux amis et ce lieu de rêve. Rdv est pris avec Mattÿs en Hollande ! Nous retiendrons ce slogan : ce qui doit se faire, se fera !
Ce 15ème jour de voyage restera en mémoire. 971 mètres de dénivelés positifs et 938 de dénivelés négatifs, en 65 kms, avec un départ à 12h, et un vent à décorner les bœufs : nous avons les cuisses en compotes ! Ça ne rigole pas la Manche ! Nous arrivons chez nos warmshowers rincés mais fiers ! Sylvianne et Marc nous offrent un délicieux repas et sont aux petits soins pour nous. Ces deux postiers, passionnés de vélos, âgés d’une cinquantaine d’année, ont pour habitude de réaliser des exploits sportifs, du style Paris-Brest-Paris en 88 heures ! Ça calme notre fierté ^
Côté pédale tout roule ! Les troupeaux de vaches sont toujours présents mais bien moins nombreux. Nous avons retrouvé les moutons. Nous sommes passés de la buche de chèvre au camembert. Pas de casse, pas de bobo, toujours des cuisses lourdes surtout après cette journée ! Les températures ont doublé, c’est l’été, nous pédalons en tee shirt et les nuits sont douces. Quelle chance ! De drôles de traces de bronzage apparaissent. Moins de rencontres fortuites, mais plus de sympathie de la part des passants et des conducteurs. Les églises sont souvent les points de chute de nos pique niques. Le rythme est tout de même bien intense et nous nous interrogeons sur la suite du parcours… Les journées passent vites, et elles se résument à dormir, manger, pédaler, rencontrer, s’étirer, se masser, s’orienter, bailler, rigoler, photographier, grignoter… Nous nous lançons dans notre 3ème semaine fatigués, avec des grosses et des petites étapes en perspectives et les retrouvailles de mes parents dimanche en guise de récompense ! »
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« Est-ce que tu as déjà fait rentré un tandem, sa remorque et ses sacoches dans une voiture ? Est-ce que tu as déjà eu une cagouille stationnant sur ton guide chaine ?
Est-ce que tu as déjà fait la course avec un papillon ?
Est-ce que tu as déjà entendu aboyer un cerf ?
Est-ce que tu t’es déjà endormi par terre et sur la cuisse de ton coéquipier ?
Est-ce que tu as déjà mangé au 12ième étape avec tout Rennes à tes pieds ?
Est-ce que tu as déjà assisté à 2 enterrements dans 2 villages successifs ?
Est-ce que tu as déjà vu une poule à 8 doits ou un canard à perruque ?
Est-ce que tu as déjà doublé un tracteur à 55kms couchés sur ton tandem ? Est-ce que tu as déjà pris ton petit déjeuner devant le mont Saint-Michel sous une belle journée de printemps ? »
Ils n’ont pas demandé la permission !
Jeudi matin nous visitions sur Rennes l’atelier de la scoop « TOUTENVELO » avec Sébastien le concepteur mécanicien en chef de cette équipe de 5 gars. « Venez manger avec nous qu’on puisse continuer à discuter ».
En 2012, ils se lancent à 2 dans la livraison et le déménagement à vélo dans le centre ville de Rennes. 4 ans plus tard, ils sont 5 temps plein et n’arrivent pas à répondre à toutes les demandes. C’est un beau projet qu’on mis sur pied ces garçons à coup de denier personnels et un bonne dose d’audace. Le projet est engagé et plutôt cohérent : ils évitent à des camionnettes de venir encombrer l’ultra centre de Rennes et surtout d’y déposer leur pollution. La livraison est globalement plus rapide et surtout avec des coûts moindres : tout le monde y gagne. Alors pourquoi ça ne se développe pas plus ?
« Nous faisons entre 40 et jusque 60 kilomètres à vélo par jours et ce n’est pas possible pour tout le monde. Et puis il y a la barrière psychologique de distribuer à vélo. »
Ces trentenaires de demandent pas si c’est possible et montre que même déménager à vélo est concurrentiel sur de petites distances sur une équipe de déménageur bretons conventionnels. « Ils doivent payer des couts fixes que nous n’avons pas ». Le vrai savoir faire de l’équipe outre leur envie incroyable de proposer une alternative à la distribution de fret c’est de concevoir et réaliser des remorques sur mesure, juste adaptées à leur besoin. Ces remorques sont simples, bon marché et robustes. Elles s’adaptent sur tout type de vélo standard. Pour ne pas en rester là, l’équipe permet à d’autres groupes de France entière de se lancer à leur tour sous la forme d’une « Freechise ». C’est prêter notre nom et notre savoir faire. Pas d’argent en jeu mais une transmission de savoir faire sur quelques jours.
Merci les gars d’avoir ouvert les portes de votre garage. Vous avez ouvert une voie sur le transport à vélo que nous espérons voir se développer le plus rapidement possible !
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Ciao la France, le premier chapitre se termine !
« Le 9 mai nous retrouvions avec joie la mer : ses paysages, ses mouettes, son embrun, son horizon, son sable… nous passons par la plage de Courseulles sur mer où les souvenirs du débarquement sont toujours présents. On s’ensable sur une piste cyclable non dégagée avant d’arrivée tardivement chez Bénédicte qui nous attend pour l’apéro. Pour une fois nous avons décidé de prendre notre temps et de faire un peu de tourisme, résultat nous arrivons à 20H. Henri et Manon, 2 wwoofers partageront la soirée avec nous. La ferme de la Baronnie est encore un petit paradis, avec sa petite maison en bois, son jardin en permaculture, ses chevaux et ânes. Bénédicte déborde d’envie de transmettre et nous passerons la soirée et matinée à écouter son histoire. Nous nous régalons de ses produits.
Le lendemain nous nous arrêtons dans une ferme en bord de route, acheter du fromage blanc, chez Mr et Mme jardin, qui élèvent des vaches laitiere. Ils témoigneront de leur vie, de leur voyage en Inde. Nous repartirons émues par leur témoignage. Si vous nous lisez sachez que nous n’avons jamais mangé de fromage blanc aussi bon !!
Nous pique niquerons à Ouistreham avant d’aller visiter l’exposition sur les impacts du changement climatique sur la côte du Calvados, à la maison de la nature de Sallenelles, expo pleine d’humour et très bien faite. Ce temps de visite nous sauvera d’un gros orage qui malheureusement nous rattrapera en fin de parcours. Nous arrivons pour la première fois trempés à l’Eco-domaine du Bouquetot, en plein pays d’Auge. Laurent et Emilie nous accueillent sur leur ferme. Ils produisent de la spiruline, une micro algue bleue verte au super pouvoir qui existe telle quelle depuis 3 milliards d’année! La spiruline contient une mine de nutriments, et notamment du fer, qui correspond parfaitement aux femmes qui comme moi sont en carences. Très riche en protéine elle est aussi idéale pour les végétariens. Déjà sensibilisée, je prends pleinement conscience de l’importance de ce produit pour mon équilibre. Nous passons une excellente soirée dans leur Yourte drôlement bien aménagée. Délicieux repas, ils nous racontent leur histoire, leur cheminement, leur production, leur religion Sik. Ils nous offriront de la Spiruline et nous habillons notre remorque de nouveaux autocollants. On accroche vraiment et auront beaucoup de mal à repartir le lendemain. Nous quittons nos hôtes de plus en plus tardivement, une nuit c’est décidément trop court. Nous rencontrons aussi Loïc qui nous parle d’Ecopya. Le concept vise à créer en un lieu une coopération d’entreprises innovantes conçue comme un écosystème d’activités complémentaires et innovantes. Passionnant ! Dommage qu’ils soient en Normandie 😉 Le lieu est magique, quelle chance de travailler dans cet environnent naturel et architectural préservé et de toute beauté. C’est une ancienne ferme d’élevage au patrimoine vernaculaire augerons du XVIIème et XVIIIème siècles fraîchement rénovée. Pour en savoir plus : http://ecopya.org/
Nous nous émerveillons de l’architecture normande, tous ces toits de chaume habillés de fleur, c’est une merveille. Une épaisse brume nous accompagnera toute la journée, notre bonne étoile nous délaisse un peu et nous enchaînerons pluie et brouillard. Nous passons sous le pont de Normandie et avons une grande pensée pour notre amie Corinne qui l’a traversé à vélo à ses risques et péril. Nous mesurons pleinement la frayeur qu’elle a vécu. Nous arrivons à l’Escargotier, où Yves range du bois avec Thomas, un prof de ski et de VTT qui découvre le wwoofing. Nous voilà plongé dans un joyeux bordel, installé dans une yourte, au milieu d’un jardin permacole, où vivent plantes, fleur, animaux de tout type. C’est le concept du « chaordique nodale » une organisation qui possède à la fois les caractéristiques du chaos et de l’ordre avec des points de passage obligés. « Tout semble en bordel mais tout semble à sa place ». Yves est passionnant et nous plonge dans son univers. Autodidacte, entier, doué de ses mains, ingénieux, nous n’avons jamais rencontré quelqu’un d’aussi cohérent, autonome et jusqu’au boutiste. Rien n’est laissé au hasard, tout est récupéré, transformé, adapté, réutilisé. Nous passons la soirée à refaire le monde autour d’une délicieuse pizza maison et d’une salade « multi-goût et multi couleur ». Sa petite famille composée de Lucile sa compagne et d’Elisa, Yaneck et Mano est adorable. Ils font l’école à la maison. Selon Yves « le bouton est une catastrophe » et comme autant du service militaire, il faudrait que tout le monde vive au moins une année en Yourte ! Histoire de revoir un peu son rapport aux choses, aux autres, son mode de vie et de pensées… l’idée nous plaît !
Nous nous réveillons le lendemain avec Cassaudou, un petit chat noir, qui dès le réveille sonné vient se glisser dans nos duvets. Pour déjeuner nous avons le droit à une infusion de fleur. Ici le jardin est leur pièce de vie principale. Nous tentons de préparer nos affaires comme nous pouvons. Les enfants, réservés la veille, nous ont pris d’affection, et sont très curieux de nous et nos affaires. Partie de bagarre entre Elisa et Benoît, Yaneck aimerait bien partir avec nous, ce qui fait pleurer Mano. Ils nous accompagnent jusqu’en haut de la côte. Yaneck teste son nouveau vélo. Derniers bisous, et nous partons le cœur gros de laisser ces mômes pleins de vie. La route des marais est belle jusqu’à Quilleboeuf où nous prenons la navette fluviale pour traverser la Seine. Pas question de prendre les ponts avec notre semi remorque, nous jouons la carte de la sécurité et de l’exotisme. Mais quelle surprise de découvrir la rive droite de la Seine. Des industries à perte de vue, des raffineries de pétrole, c’est noir, c’est glauque, c’est cauchemardesque. Nous débarquions à reculons et j’hallucine d’un tel spectacle. Je suis bien fière de pédaler aujourd’hui, et de ne pas contribuer à ce désastre. Il y a deux jours nous visitions un paradis sur terre pour travailler. Deux jours après, c’est l’enfer. Je m’arrête filmer une torchère. La sécurité se pointe et nous demande de circuler. Photos et arrêts interdits. Nous lui répondons en anglais et traçons, abasourdis. Comment est-ce possible d’être épanoui dans une telle atmosphère ? Et les habitants de Quillebeouf qui chaque matin ouvrent leur volet sur ce paysage qui ressemble au mordore…
Nous oublierons cette traversée dans les deux chapelles d’un chêne millénaire. Age estimée : 1200 ans ! Nous passons par la petite commune d’Allouville par hasard, et tombons sur ce patrimoine par hasard, grâce au temps maussade qui nous fait nous réfugier dans un café qui donne sur cet incroyable arbre.
L’après-midi défile et nous remontons la Normandie vers Dieppe. Alors que nous cherchons un coin pour bivouac sauvage nous tombons sur un camping. Chèque vacances oblige nous nous arrêtons et ce sera que du bonheur. Seconde soirée à deux, au bord d’un lac, dans le camping tranquille « de la vallée « , tenue par une gérante très gentille. C’est un vrai luxe pour nous.
Nous nous accordons une grasse matinée, et repartons sur motivés : reposé et sous un soleil radieux, ça change tout ! Nous tombons sur une véloroute super agréable en pente douce descente ce qui nous vaut de rouler à 40km/h pendant quelques kms, sans effort.
« Mer en vue !! ». Nous grimpons sur Dieppe, qui nous décevra grandement. La galère commence. Le vent se lève et ne cessera de forcer. La départementale, seule voie directe vers Le Tréport, s’avèrera hyper dangereuse. Nous nous épuisons à zigzaguer entre les villages, lutter contre un vent froid qui nous ferait presque reculer ou perdre l’équilibre, nous ne voyons même pas la mer que nous sommes sensés longer. La petite étape imaginée est bien loin. Le moral chute et les genoux souffrent. Les automobilistes sont antipathiques et pour la première fois j’ai peur. Je sors le gilet jaune.
Si Eole n’aura pas eu raison de nous, nous arrivons tout de même rincés chez Nathalie et François, les parents d’Axel, un collègue de Benoît. La soirée nous fera oublier cette journée : Visite du Tréport et de ses falaises à plus de 100mètres, double apéro, repas à ravir les papilles, nous nous couchons comblés dans un lit moelleux. MERCI !
Nous repartons le lendemain avec notre muguet gentiment offert. Petite nuit, car nous devons être à 11H à la pointe du Hourdel en baie de Somme. Nous sommes le 14 mai et les phoques nous attendent ! Nous avons réservé une visite gratuite avec l’association Picardie Nature. Ce sera passionnant mais un peu décevant de les voir de si loin, à la longue vue, un peu flou. Un grand merci à Elodie et Pierre qui nous ont gardé nos sacoches dans leur voiture.
Après la visite nous nous installons dans un camping en attendant les retrouvailles avec mes parents le lendemain. Ce dimanche de repos en famille à St Valéry sur Somme sera un vrai délice.
Lundi il nous faut repartir tôt. Grosse étape jusqu’à Gilles et Marie Pierre nos warmshower. Nous nous faisons surprendre par la pluie. Nous ferons une longue pause sous un abris bus le midi en attendant que ça passe. Ce temps d’arrêt forcé nous permet de prendre le temps et nous lisons les premiers mots des copains écrits le jour du départ sur un album photo papier. Que du bonheur on repart sur motivés !
Les 90kms, la pluie et les côtes nous font tirer la langue. Mais la tarte au maroilles, la bière « ch’ti », et une maisonnette rien que pour nous, et nous voilà requinqué ! Nous découvrons avec plaisir le métier de producteur de plants de pomme de terre. Une fois de plus je mesure mon ignorance et Gilles nous raconte son univers.
Le lendemain rebelote, les prochains warmshowers sont à 90kms, mais cette fois on traîne un peu et prenons notre temps pour découvrir Arras. Journée ensoleillée super agréable, nous arrivons tout aussi fatigués mais enchantés chez Pascale et Didier, au cœur de l’Avesnois. Pour la douche c’est le grand luxe, elle nous a acheté de l’huile de douche pour nourrir notre peau ! Une fois de plus nous nous régalons des mets cuisinés, en écoutant attentivement leur histoire. Pascale nous comble de compliments sur notre site internet, nous voilà tout rouges. Nous aurons le droit à deux articles :
Journal de Saint Martin Sur Ecaillon
Article site de « La rose laitière »
Le lendemain ils nous prévoient une visite surprise de la Rose Laitière, une ferme rénovée du 18ème siècle où 7 générations de la même famille se relaient pour élever des vaches laitière. Nous y sommes chaleureusement accueillis et avons le droit à la visite. Nous découvrirons avec curiosité un robot de traite ! Les vaches sont autonomes et vont se faire traire quand elles le souhaitent, attirées par une ration alimentaire.
Aujourd’hui c’est petite étape et ça tombe bien nos deux précédentes journées nous ont cassé ! 2 grosses journées… 3 jours à s’en remettre… c’est peut-être pas le bon plan…
Nous arrivons à la Chèvrerie des Sabotiers où Patrick et Ophélie, une stagiaire, nous accueillent. Nous avons le droit de dormir dans la roulotte, chouette ! A peine installés, nous papouillons déjà les chevreaux, leur donnons le biberon, et je tombe sous le charme de Jean-Marie, 2 mois, malheureusement déjà réservé… nous partons chercher les chèvres en pâture pour la traite. Cette superbe image de Patrick et Ophélie menant le troupeau me restera longtemps en mémoire. Nous passons la soirée à déguster leurs délicieuses tartes maison au chèvre en appréciant leur témoignage. Patrick et sa femme Élodie sont transparents et leur histoire est fort intéressante pour nous. Après une longue et délicieuse nuit nous profitons encore des lieux avant de partir pour Maubeuge où Perrine, la cousine de Benoît nous attend. La Belgique n’a jamais été aussi proche ! Friterie, visite des remparts… nous comptions traverser la frontière dans l’après-midi mais finalement nous faisons durer le plaisir et restons dormir chez elle. La Belgique attendra !
Côté pédale les cuisses et les genoux sonnent l’alarme ! Alors nous prenons plus de repos, massons encore et encore, et re-réglons nos selles !
Il n’y a pas à dire, lorsqu’on demande notre chemin aux locaux, ça change la donne ! Nous évitons les bosses, prenons de beaux chemins, c’est le pied.
Nous avons emprunté les routes du tour de France 2016, du Paris Roubaix. Nous nous sommes régalés sur les voies vertes de la Scarpe (après Arras), de la Sambre (Maubeuge-Thuin).
Nous avons rendu 5kg de matos à mes parents… mais nous avons récupéré l’équivalent que nous leur avions laissé…
Benoît aime à dire que nous muons, que d’apprentis nous serons bientôt voyageurs.
A bientôt du côté belge ! »
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Petit calcul de tour de pédales après 4 semaines de voyage…
Mesure à environ 80 tr/min pour 100h de vélo soit 6000 minutes. 6000*80 = 480000 rotations de pédales … tu m’étonnes qu’on ait mal aux genoux !
« Aire pour gens du voyage »
Voilà ce que nous croisions en bord de la route et à plusieurs reprises sur le sol de France. C’est ce genre de pancarte qu’on a l’habitude de ne même plus voir. Et ce qui est dingue c’est que cette indication m’a percuté comme si je la découvrais pour la première fois. Nous en faisons à présent parti de cette catégorie de personnes et pourtant nous ne nous sentons pas vraiment concernés par ce genre de lieu.
Ce genre d’endroits ont été crées pour parquer ces gens et si possible en dehors des villes et dans les lieux les plus désagréables qui existent : le long des grandes routes, entre une déchetterie et une zone industrielle, le long d’une station d’épuration ou bien encore sous une ligne à haute tension.
Nous passions la nuit l’autre soir chez Yves. Il nous racontait que son père avait vécu en camp manouche. Yves connaît parfaitement la nature et y trouve tout dont il a besoin, gratuitement et sans rien demander à personne.
Je me souviens avoir demandé à un oncle étant petit s’il aurait aimé vivre comme un gitan. Il me répondait qu’il aurait beaucoup aimé y écouter la guitare.
Est-ce finalement une question de voyage ou de culture ? Quelle place savons nous donner à ceux qui ne sont pas sédentaires ? Eux, font-il l’effort du vivre ensemble ?
Le transport de fret sur canal…
L’équipe d’entretien du canal de Scarpe est au travail. L’équipe de 6 personnes payées par le département est en train de tester un nouvel outil pour l’entretien : une cisaille à herbes de fond. « C’est qu’il n’y a plus assez de péniche qui passent alors les herbes poussent. Leurs hélices avaient l’habitude de couper les quelques plantes de fond et en remuant, ça entretient sans rien faire ».
La France possède un réseau de canaux hors du commun, pour la plupart creusés à la main et reliant les grandes villes. Chaque canal est longé par un chemin de halage. On s’en sert aujourd’hui pour faire du vélo…
Source : Chambre nationale de la batellerie artisanale
Mais pourquoi donc ces canaux sont si peu empruntés ? Pour une question de vitesse de transport mon capitaine. Et oui, la lenteur….
Un nouveau label à inventer ? «