HOLLANDE

La coquette !

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En bref : la Hollande c’est comme les souvenirs et les cartes postales : des moulins, des tulipes (la floraison était déjà finie), des canaux, des polders, et une délicieuse platitude ! Mais rien de mieux que de le vivre en vrai, et c’est tellement plus aussi ! Nous l’avons traversée de Sud Ouest en nord est et nous sommes tombés sous le charme de ce « petit » pays plat, venteux, aux pieds dans l’eau.

Bienvenue au pays du vélo ! Ici tout est fait pour pédaler, c’est le bonheur des cyclistes. Toutes les routes sont doublées par des pistes cyclables, toutes les directions sont indiquées par des panneaux spécial vélo avec le km qui va bien. Ainsi Rotterdam est indiqué depuis Renesse soit à 70kms de distance. Il est dont très aisé de se repérer et d’aller du point A au point B même s’il nous est arrivé de tournicoter un peu. Il existe des tunnels à vélo, des ponts à vélo, tout est pensé pour que les villes, les fleuves, les autoroutes, les canaux, les ronds points soient traversés. Les grandes pistes cyclables par contre, appelées LF (comme en Flandre) sont à éviter pour les cyclovoyageurs. Souvent très belles, elles nous ont rendu souvent folles : on se perd, on fait des détours, nous les recommandons seulement pour les ballades ou les vacances. Nous avons utilisé les pancartes rouges qui indiquent très bien les villes ainsi que les Knooppuntroutes. Un peu dubitatif en Flandre nous nous y sommes mis en milieu d’Hollande et c’est un vrai bonheur. Chaque bout de piste est numéroté, le territoire est ainsi maillé de numéro. Il suffit juste de se noter ou de retenir les numéros par lesquels on souhaite passer, ne pas aller trop vite aux intersections, et on parcourt aisément le pays comme bon nous semble. Résultat il y a des vélos dans tous les sens, tout le monde a ses sacoches, on se demande même si les Néerlandais ne naissent pas avec un vélo entre les jambes ! A peine marchent-ils qu’ils pédalent, tout le monde part à l’école en vélo, à 10 ans ils vont seuls, en vélo, à leurs activités extra scolaire, et ce jusqu’à ce qu’ils aient les cheveux bien blancs. Il existe toute sorte de vélo, à une, deux, trois, voir quatre selles pour les familles nombreuses ! J’admire ces femmes qui transportent un, deux, voir trois enfants sur leur vélo, sans même d’assistance électrique ! A Amsterdam le temps est celui du déplacement à vélo. Pédaler dans cette ville équivaut à rouler dans Paris. Il y en dans tous les sens, ça pédale vite, on a presque peur de traverser lorsqu’on se promène à pied. Quand on pédale sur les « grands axes » et qu’on s’intègre au cortège on croit se lancer dans une grande attraction !

Comme pour la frontière belge, la frontière Hollandaise n’est pas franchement visible. Nous n’étions pas encore partis de Flandre que nous visitions déjà notre premier moulin et découvrions avec magie que ce ne sont pas des mythes. S’il y en avait 11 000 dans le passé il en reste encore 1 150 environ qui parsèment encore le territoire aujourd’hui. La plupart sont en activités, on y fait vraiment de la farine !
Nous en visiterons deux. Le 2ème nous sauvera par hasard d’un gros orage et nous fera rencontrer Vert : un apprenti meunier de 62 ans, fort sympathique que nous retrouverons chez lui à Nagele sur le polder nord. Nous passerons une excellente soirée chez lui et sa femme Corrie. Ramassage de fraises, baignade dans la piscine naturelle de la ferme voisine et surtout visite de l’ancienne île de Schokland qui nous permettra de visualiser et de palper la construction du polder. Dans son jardin où nous dînions nous étions 3 mètres en dessous du niveau de la mer … peine croyable. Ici ils l’appellent le nouveau pays. 2 polders d’une quarantaine d’années destinés à nourrir les hollandais. Nous pédalerons sur les deux : éoliennes, vaches, moutons, céréales, tulipes, on nous les avait déconseillé mais nous avons trouvé des coins très jolie.

Nous avons pris le bateau à Breskens (7€ pour nous 3) et traversé la région de Zélande qui nous a bien plus. La partie ouest de la 2eme île ressemble aux Landes et si les Hollandais viennent chez nous c’est pour une question de météo, ici le vent frais domine. Nous avons eu de très belles journées très chaudes et ensoleillées mais aussi des journées bien fraîches, grises et pluvieuses. Nous avons logé chez Froukje à Flessingue où nous sommes restés 2 nuits le temps que l’orage passe. Une étape mémorable marquée par l’incroyable générosité de Froukje. Elle ira jusqu’à nous offrir notre nouvelle jante !! Nous y rencontrerons aussi Isabelle, une néo-zelandaise qui fait un tour du monde et Nienke, une cyclovoyageuse hollandaise qui se rend sur l’île de bath en Bretagne faire du wwoofing. Nous passerons notre dernière nuit hollandaise chez la mère de Nienke à Groningues. Une femme adorable qui fera quelques kms à nos côtés. Nous serons impressionnés par son dynamisme. Elle revient de 9 mois à Rotterdam où elle a été bénévole à temps pleins dans 3 supers lieux alternatifs dont un café silencieux !

Rotterdam nous y passerons pour bricoler le vélo. A Bike4travel un magasin spécialisé nous changerons notre jante, notre pneu et j’en profiterai pour renouveler ma selle. Cette ville mériterait d’y passer un peu plus de temps. Nous avons été impressionnés par sa taille et ses building.

A Amsterdam nous avons été hébergé dans le luxueux appartement de notre warmshower Maarten. Il semble courant d’habiter les toits de la ville et par chance, Martin est au 4ème étage et a un accès direct sur la terrasse du toit. Splendide vue ! Grand maître de la finance, Martin a fait rouler ses roues dans le monde entier et notamment en Afrique. Magali, d’AFS Hollande, nous accueillera pour notre dernière nuit dans sa chouette colloc. Vieille immeuble investi par les squatteurs dans les 70’s, ces derniers ont négocié avec la mairie et permis qu’aujourd’hui 4 appartements aux loyers très modestes soient dédiés à la vie collective. 8 chambres, 7 collocs, une grande pièce à vivre et un balcon, ça nous a plu ! Un barbecue est organisé le soir de notre venue, nous nous retrouverons à nouveau sur les toits de la ville, avec une bande d’amis expat’ : sud africain, allemand, Zimbabwéen, américain, tous, après multiples voyages et visites de capitales, ont choisi Amsterdam pour vivre. Choqué par l’attractivité du sexe et de la drogue, nous nous interrogeons mais les habitants de la ville ne se rendent pas dans l’hyper centre et le quartier rouge, deux petites zones fréquentées uniquement par les touristes. Ils ne sont donc pas gênés par ces attroupements même s’ils déplorent l’ambiance et la réputation. Être la capitale de la débauche n’est effectivement pas glorieux. On a beau le savoir c’est en s’y rendant que l’on réalise. On se croirait un peu aux fêtes de Bayonne mais les raisons de venir ici sont autres. Triste spectacle que ces jeunes femmes en vitrine… Le reste du centre n’en reste pas moins très romantique la nuit.

A Muidenberg, en nous arrêtant admirer des voiles en tout genre, nous nous faisons accoster par Ali et Gérard. Fan de la France, Ali rêve d’avoir une chambre d’hôte en Provence, et en quelques échanges seulement nous nous faisons invités chez eux pour la nuit ! Rendez-vous est pris, nous nous challengeons pour y être pour 20h. Nous arriverons à Elburg en tirant la langue mais passerons une super soirée ! Nous réalisons alors que la plupart des Hollandais dînent entre 17h et 18h… Levés 6h, déjeuner à 12h et souper à 18h. Cela nous est très rude mais qu’à cela tienne, si nous arrivons trop tard, les Néerlandais ne s’en font pas, ils dînent avant, et reprendront une petite assiette avec nous plus tard.

Ce sont les rois de l’accueil ! Ils sont plus qu’au petit soin pour leurs invités, c’en est presque gênant. D’une grande générosité, nous avons été chouchoutés tout au long de notre voyage et avons même reçu des cadeaux, telle que la jante, ou encore une alarme pour vélo ! Merci Martin ! A chaque étape nous invitons chaleureusement nos hôtes à se revoir en France dans deux ans. Nous aurions presque l’idée d’organiser un week-end retrouvailles avec ces nouveaux amis. Il nous faudra juste trouver rapidement une grande maison à notre retour…

C’est vraiment chouette de rencontrer ses voisins européens ! D’échanger sur la situation actuelle de la France, les migrants, le brexit… ça nous reconnecte aussi à l’actualité car il est difficile de suivre les informations.

Nous n’avons jamais vu autant de canaux de notre vie. Le pays entier pourrait être appelé la Venise de l’Europe ! La campagne et la ville s’entremêlent et il y a des animaux partout ! Ils sont fous de chevaux, et tout est bon pour tondre le gazon : poneys, moutons, chèvres, lapins et même daims, lamas…                                        La Hollande c’est aussi des maisons très soignées, des jardins décorés, des toitures brillantes, tout est soigné, entretenu, propre, coquet, rien n’est délabré, tout est rapidement rénové, nettoyé, c’est hallucinant. Le summum se trouve à Giethoorn, l’un des plus beaux villages du pays : Des maisons de fou, immenses, splendides, avec bateaux accolés… si la richesse d’un pays se mesure à ses maisons, alors la Hollande est sacrément riche !

Nous recommandons vraiment la Hollande comme destination de vacances, et pas qu’aux cyclistes. Nous avons déjà envie de revenir pour visiter tout le nord ouest qu’on nous a promis magnifique. A vélo nous conseillons de la traverser du Nord au Sud ! Le vent de face nous a moralement atteint et ralenti…

Si Benoît repartait de Belgique en voulant être brasseur de bières, nous quittons la Hollande avec le projet de restaurer un moulin à notre retour ^^

Quelques ennuis de santé m’auront un peu gâché la vie, au point de devoir me rendre dans une pharmacie. Je m’interroge alors sur l’intérêt de transporter 3 kg de pharmacie. Certains voyageurs considèrent que n’étant pas médecin il voyage « à vide » et iront voir les spécialistes s’ils viennent à être malade.

Nous continuons d’alimenter nos réflexions sur le voyage en lisant « Le temps du voyage, petite causerie sur la nonchalance et les vertus de l’étape » de Patrick Manoukian, que je recommande à tout voyageur débutant.

A bientôt côté Allemagne !

*****

« Ce qui est dommage en Hollande c’est qu’il n’y a jamais de descente pour se reposer… » dixit Virginie !

Le vent…

Jamais je ne t’ai autant maudit que sur cette terre plate. Tu m’as pourtant porté plus loin que ce que j’aurais jamais imaginé mais aujourd’hui je te déteste.

« Le vent dominant est d’ouest » me répétaient tous les hollandais à qui je demandais désespérément le voyant toujours au nord. Il est resté plusieurs jours durant plein nord : eux aussi jouent avec nos nerfs.

Obligés de remballer les drapeaux sans avoir peur de les déchirer. Je ne vous parle même pas de cette sensation d’être repoussés, violemment ballottés comme un oiseau volant contre le vent et gagnant après tant d’effort quelques mètres.

Je dois t’avouer que je ne te loue pas autant que je te maudis quand tu souffles dans notre sens. Alors je te rends cet hommage et je te remercie comme une offrande afin que tu nous sois favorable.

Le processus

Voilà une nouvelle peau qui vient de tomber et nous continuons notre longue mue vers le voyageur de l’essentiel. Des déblocages dans nos têtes commencent à s’opérer et les questionnements font rages.

Nous expérimentons des nouveaux sentiments et des vécus inédits. Être libre c’est un processus et ça ne peut se décréter : ça se cultive et ça se cherche. Nous sommes impatients et parfois pressés. Nous trouvons aussi que les efforts consentis ne valent pas forcément la peine et vient ce genre de moments magiques, hors temps, touchants qui te rappellent pourquoi tu es parti et pourquoi tu décides de continuer.

C’est ce vécu qui petit à petit démoli ta pyramide intérieure et en reconstruit une autre. Ça y est, je crois que nous tenons une piste !

Le tourisme du sexe, étape 1

Passage obligé par le quartier rouge en fin de soirée pour moi-même voir à quoi ressemble ce « bad tourism » comme disent les habitants d’Amsterdam. Ce qui choque pour commencer c’est le monde incroyable qui se ballade là dedans. Est-ce que tout le monde fait comme nous et vient constater ce que veux dire consommation de sexe ? Les pictogrammes sur les vitrines « Ne pas prendre de photo » sembleraient le confirmer. La mise en scène choque et les jeunes filles se trémoussent derrière leurs vitrines sous lumières ultra violet ou infra rouge, et devant une foule de passants électrisés. Nous ne voyons que de jeunes femmes typées asiatiques ou du Maghreb.

Ajouté au cannabis en vente libre ici, ces activités font de ce magnifique centre ville avec ses canaux un des lieux de débauche comme j’en ai jamais vu et tout ça légalement. Est-ce que derrière tout ça, il n’y aurait pas un peu de sous à se faire ?

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