POLOGNE

La mer baltique !

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Nous sommes projetés en Pologne via le train. 1ere frontière que nous ne franchissons pas à vélo. Triste de quitter Berlin je suis bien contente de plonger aussi vite dans une nouvelle aventure. Pour Benoît c’est un peu trop rapide à son goût. Ce n’est pas toujours facile d’enchaîner toutes ces aventures !

Arrivés à Szczecin nous découvrons une fois de plus gênés que la Pologne non plus ne possède pas l’euro. Nous reprenons très facilement un train pour Koszalin,  mis à part que personne ne semble parler anglais. La fleur au fusil nous prenons gaiement la direction de la mer, le projet étant de longer la côte baltique jusqu’à Gdansk. Confiants nous déchanterons vites : il n’existe pas de route côtière avant Karwia ! De plus leurs pistes cyclables sont un vrai cauchemar , passant de routes relativement praticables à des portions de sable, d’herbe, de pavés… Nous oscillons entre route inintéressante dans l’arrière pays au milieu des champs et des chauffards, et pistes rodéos, qui vaudront une première gamelle pour Benoît, belle roulade avant sans casse. Nous connaîtrons l’enfer, au milieu des marécages impraticables, remplis d’eau, infestés de moustique et de taons. Mais même dans ces pires moments la magie du voyage opère. Nous serons rejoints par un couple d’allemand en vacances à vélo ce qui nous fera garder le moral. « Mais que faites vous ici ? » nous lanceront-ils en plaisantant. Ça fait du bien de ne pas être les seuls couillons dans cette galère. « Les derniers arrivés paient un coup aux premiers! » Ils finiront pas nous dépasser en fin de journée, ils sont plus légers et à 2 vélos, c’est plus pratique pour faire du VTT en forêt sableuse ! Nous allons à Łeba mais malheureusement nous ne les recroiserons pas. Nous leur devons toujours une bière !
Nos déboirs sont fort heureusement récompensés par de magnifiques bivouacs ! Chaque soir nous regagnons la côte où des stations balnéaires s’en donnent à coeur joie avec les premiers vacanciers. La mer Baltique est belle, calme, froide, adossée à de belles dunes de sable fin, recouvertes de forêt de pins comme je les aime. On se croirait dans les landes… 20 ans en arrière. La Baltique devient notre baignoire, la plage notre cuisine, les couchés de soleil notre programme tv.

La météo ne plaisante pas en Pologne. Nous nous réveillons sous un soleil radieux, pédalons entre nuage, éclaircies, et quelques gouttes, et guettons l’orage de fin d’aprem qui peut être bien violent. C’est le branle-bas de combat sur les terrasses, le vent souffle si fort que nous craignons pour le tandem. Les journées se finissent paisiblement dans les tons rosés.

2 campings-car français nous doubleront, sans même un petit signe de la main, sympa les compatriotes ! Mais nous croiserons l’un d’eux à Ustka. Couple d’agents immobiliers à la retraite depuis leurs 50 ans, ils parcourent le monde en voilier et campings car depuis 20 ans. Ils nous aideront pour la prononciation polonaise ce qui nous changera la vie. Si nous avions le vocabulaire il nous manquait le son, nous découvrons les ł, ę, ź, ą, ń, ó, ś et autres. Nous trouvons leur langue belle !

Nous trouvions les Allemands assez tranchés dans leurs réactions, mais alors les Polonais sont soient hyper chaleureux « super, super » soient hyper glacial. Tous sont assez intrigués par la remorque, soit ils rigolent et nous demandent « bagages ? », soient ils n’ont d’yeux que pour elle et nous n’existons pas. Nous nous faisons de plus en plus photographiés, souvent à nos dépends, c’est drôle et ça nous permet de réaliser ce que ça fait de voler une photo.

C’est le temps des cerises et des myrtilles ! Nous nous régalerons de cueillette sauvages : les bords de route sont peuplées d’arbres fruitiers et leur forêt tapis de myrtilliers.

Nous déciderons de traverser la péninsule de Hel, bande de terrains sablonneux d’environ 35 km de long, qui sépare la baie de Puck de la mer Baltique, et rejoindre Hel où nous prendrons un bateau pour Gdansk. La baie de Puck est le paradis des windsurfer et kitsurfer, c’est l’un des principaux spots d’Europe, nous aurons une pensée pour la famille Guillon et n’aurons jamais vu autant de planche ! Le côté mer est beaucoup plus sauvage et agréable. Nous n’avons plus de nouvelles de nos warmshowers de Gdansk qui nous ignorent après nous avoir dit oui. Il est 17h, nous nous apprêtons à prendre le bateau sans solution de replis à part de potentiels campings. Un peu perdu sur le port nous demandons notre chemin à 2 cyclistes qui se promènent à la journée avec leur golden. Heureux de parler anglais ils nous aident gentiment… et en 5 min nous nous retrouvons invités chez eux ! Incroyable changement de plan : tandis qu’ils parcourreront 30 kms jusqu’à leur voiture, nous attendrons le bateau pour Gdynia et arriverons tout juste après eux. Nous passerons 2 nuits dans leur superbe appartement. Nous nous réjouissons de rencontrer des polonais. Nous pouvons enfin en apprendre plus sur le pays et la situation politique tant décriée à l’étranger. Pour Pitús ça va dans le bon sens, la démocratie n’est pas en danger, ils ne se reconnaissent pas dans les médias internationaux. Le dimanche nous aurons le droit à une super visite guidée des « trois villes » : Gdansk (magnifique) Sopot (station balnéaire côtée) et Gdynia, défigurée par l’immense port marchand, mais dont la côte se veut plus sauvage et sympathique que les deux autres. Pitús nous emmènera aussi à Westerplatte, là où commença la Seconde guerre mondiale ! Nous reconnaîtrons le mémorial de nos livres d’histoire et une fois de plus nous replongerons dans ce conflit. Passionnant d’avoir la vision polonaise. Population et pays particulièrement dévastés, ils n’oublient pas le mal fait par l’Allemagne et la Russie, ni la trahison des anglais et des français qui les ont abandonné par deux fois : au début et à la fin de la guerre. Partout où nous avons été, les traces de ce conflit auront marqué notre chemin. Pas un des 6 pays traversés n’a été épargné, tous ont leur monument, plaque commémorative, blockhaus, et autre Stèle du souvenir. Un passé commun mais des histoires très différentes. Comment un seul homme a pu marqué l’Histoire de tant de pays !

Nous aurons un vrai coup de coeur pour nos hôtes. Lui est Officier des Forces Spéciales (!) et nous échangerons avec pudeur sur son métier qui nous interroge, sa mission de 9 mois en Afghanistan, sa foi qui a changé, son nouveau regard sur les musulmans, sa retraite l’an prochain, ses rêves… dans quelques jours ils partent pédaler 15 jours en Norvège pour les vacances, avec Badger dans la remorque (le golden). Ils se réjouissent de se sentir comme nous. Sans trop savoir l’expliquer nous serons profondément touchés par Agatha et Pitùs que nous aurons beaucoup de mal à quitter, le voyage nous ouvre et nous nous attachons facilement à des personnes qu’en France nous n’aurions sûrement pas rencontres ou fréquentés.

Nous partons direction la Mazurie, une région très réputée, qui se trouve sur notre route pour la Lituanie ! Notre confiance est gonflée à bloc, impressionnés des chemins que nous arrivons à prendre avec notre camion, de plus en plus à l’aise et rodés sur la vie quotidienne, l’Asie ne nous fait plus peur 😉

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La Mazurie

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La tête encore à Gdynia nous aurons du mal à apprécier la suite du voyage. La route n’est pas très intéressante, le temps se gâte et le soleil se fait de plus en plus rare, le vent monte tandis que nous quittons le bord de mer, et cyclocagouille fait encore des siennes. Nous changerons la chaîne arrière, les roulettes de dérailleurs, échangerons les pneus, nettoierons la cassette arrière, et achèterons même un nouvel axe de pédalier arrière sans que l’on résolve ce grincement qui nous inquiète, ralenti et use les oreilles.

L’envie n’y est pas, les bivouacs magiques se font plus rares et je supporte de moins en moins les poignées de boutons de moustique, même si l’un d’eux nous aura vallu une belle rencontre avec un Castor ! Les rencontres justement sont difficiles (la langue n’aide pas) malgré une nuit passée à l’improviste dans une petite ferme laitière familiale, et les warmshowers sont aux abonnés absents. Si nous apparaissons parfois comme un ovni, nous avons heureusement aussi le droit à de beaux témoignages de sympathie.

Le temps gris et humide gâchera le plaisir de pédaler en Mazurie. Il faudrait tellement plus de temps pour découvrir tous ces lacs, se renseigner sur les bons plans, les coins baignades. Elle se prête surtout aux bateaux et aux montgolfières.
Cette région est aussi marquée par la Guerre, nombre de blockhaus gigantesques défigurent la région. Ils ont un rapport à l’histoire que nous trouvons étrange et un peu glauque : beaucoup de folklore, de braderies militaires, de fonds sonores d’armes…

Nous faisons encore confiance aux pistes cyclables polonaises et continuons de nous mordre les doigts. Nous découvrirons de toutes petites portions de pistes en bord de route très réussies mais qui s’arrêtent sans prévenir au bout de quelques centaines de mètres. Nous conseillons vivement aux vacanciers à vélo (à part au vttiste peut être?) d’attendre encore quelques années avant de venir rouler en Pologne.

Ce pays est en plein boom. Ça construit dans tous les sens, rénove, réhabilite, c’est assez hallucinant. Ça va des maisons abandonnées, aux vieux immeubles soviétiques, jusqu’à des maisons très grandes et magnifiques, on se croirait presque en Hollande parfois ! Ils sont assez fans des constructions bois ce qui nous fait rêver. On sent l’Europe bien présente par des financements réguliers matérialisés sur panneaux. Nous recroiserons notre camping car français et passerons une soirée avec Patrick et Chantale qui étaient déjà venus il y a 20 ou 30 ans. Les polonais semble découvrir la société de consommation et nous les trouvons très corpulents, toujours la clope aux becs ou la bière à la main. Notre pouvoir d’achat est multiplié par 4 mais le passage à l’euro devrait changer tout ça et certains polonais appréhendent l’avenir.
Pays agricole, l’élevage se veut encore traditionnel, de nombreuses petites fermes jalonnent notre parcours, ça pourrait être chouette mais beaucoup de vaches / veaux sont attachés à un piquet seuls dans un champs et on ne sent pas forcément les paysans heureux.
Le bio n’est pas encore arrivé ici et il nous faut changer notre manière de consommer.
Je me demande souvent où sont les femmes de ce pays.
Le pays est globalement vallonné mais ça se fait bien. Nous nous régalerons dans les forêts après la Mazurie, sinon ce sont surtout des champs qui défileront sous nos yeux.
Ici la cigogne est reine, nous n’en avons jamais vu autant et pourtant nous en avons croisé depuis notre Charente ! Chaque maison semble avoir son nid et on a même trouvé un troupeau de cigogne dans un champs !!

Si nous gardions le moral et l’envie après cette première semaine cocasse, cette deuxième semaine finira d’user nos nerfs, la lassitude se fait sentir et l’envie de quitter le pays apparaît.

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Vie nomade, vie sédentaire

A être toujours dehors, nous nous sommes surpris à aimer être dedans. Une envie de rester là, derrière les fenêtres dans un cube d’air hermétique. Curieux, nous qui rêvions de grands espaces, de nature et d’extérieur et qui apprécions maintenant de stationner entre quelques briques !

Peut-être parce que c’est sans vent, peut-être parce qu’il n’y a pas de moustiques, ni taon, ni fourmis rouges ou tout simplement pour remplir ce besoin parfois profond de sécurité : ne pas être en alerte et pouvoir tout lâcher.

Virginie exprime au contraire sa surprise d’aimer autant les conditions extérieures et elle apprécie. Elle me dit se sentir oppressée à l’intérieur au bout de quelques jours et avoir envie de sentir la brise au bout du nez.

C’est finalement un équilibre entre les 2 qu’il faut trouver. Le nomade rêve d’être sédentaire et le sédentaire rêve d’être nomade, jusque là c’est normal.

Et vous combien de temps passez-vous dehors par jour ? Notre vélo contre votre canapé ?

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