Allons au lac de Lugu !

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Depuis l’émission de Pascal-Marie Milan sur France Culture….

« Existe-t-il des sociétés sans père ni mari ? »

https://www.franceculture.fr/emissions/la-conversation-scientifique/existe-t-il-des-societes-sans-peres-ni-maris

…j’avais été furieusement interpellé à l’idée que sur cette planète il existe des sociétés matriarcales. C’est tellement loin de ce que nous connaissons. Et nous les hommes avec un petit « h » ce ne serait pas intéressant d’imaginer cette possibilité?

C’est une organisation de famille autour de la femme. Chez les NA ou NAXI les mères élèvent leurs enfants avec les oncles et tantes. Il est possible d’avoir plusieurs enfants de pères différents issus de rencontres nocturnes. Nous avons été surpris de voir que la Chine est peuplée d’un nombre important de minorités. Les villages les plus reculés conservent encore un certain nombre de traditions; mais pour combien de temps encore ?

Le choix d’aller au lac de Lugu a été suggéré par oncle Abel après que nous lui ayons demandé ce qu’il nous conseillait dans le Sichuan et Yunnan. « Endroit magique » nous dit-il et cette minorité NAXI dont il avait déjà entendu parler: « ah oui Pascal-Marie je l’avais aidé à son arrivée en chine, elle était drôle … » Incroyable, le lien était fait, il n’en fallait pas plus pour nous convaincre : allons à LuguHu! Il nous prévient quand même que c’est devenu assez touristique, et nous le tourisme à la chinoise on commence à se méfier.
Comme le lac est à plus de 3500m d’altitude et que ça nous dit moyen (enfin à la moitié de l’équipe) de faire de la grimpette, nous prendrons le bus. Une première étape par Xichang et un second bus vers le lac. Un bon moment cette gare de bus à Chengdu : alors qu’il faudrait passer tous nos bagages aux portiques de sécurité – et risquer faire tout sonner avec nos couteaux et bouteille de gaz – la douane est plus occupée à se prendre en photo devant le vélo !

Hop dans le bus sans avoir à payer pour le vélo, aux petits soins du chauffeur et avec des brioches gratos en prime.

Xichang est une ville mignonne en bord de lac. Quelques monuments remarquables et un centre ville animée autour d’un canal. C’est mignon mais bien trop éclairé à notre goût la nuit tombante.

C’est nettement moins facile sur le second bus et nous lâchons 50Yuans de plus pour notre vélo en prétextant que ce n’est qu’un vélo et pas 2… (et oui les avantages du tandem). Je suis horrifié des spots de prévention routière sur un écran géant 5x3m où le gouvernement sensibilise en passant des images choc et sans aucun filtre. On voit des gens broyés sous des camions, des têtes de motards qui roulent et même un cycliste encastré entre 2 fourgonnettes.

Et 100Yuan de plus pour l’entrée dans le parc de LuguHu. C’est une zone protégée depuis quelques années et il faut maintenant payer pour tous les équipements dont nous n’avons pas besoin. La gare de bus est immense et vide. Le temps de remonter le convoi, 3 femmes passent avec d’immenses fagots de bois portés sur le dos et sangle retenue au front. Le décor est planté, bienvenu dans l’autre Chine. Quelques minutes plus tard nous découvrons ecoeurés un grand panneau solidement bétonné qui donne à la population les règles de vie locale par les autorités centrales. Une sorte de charte géante de vie en collectivité avec amende à la clef. Voici quelques extraits :

« Supprimer la superstition, les veilles croyances (…) l’extravagance.

Accueillir les touristes d’une manière civilisée (…)

Les parents doivent envoyer leurs enfants à l’école (…)

Interdit de porter plus d’un enfant pour chacune des femmes (…)

Interdit de troubler à l’ordre public (… ) »

Nous jouons à la corde à sauter devant ce panneau avec quelques enfants dans une joie de vivre et un accueil globalement timide !

Les quelques jours à rouler autour du lac passeront trop vite. Le cadre est majestueux, les couleurs de l’automne le rendent magique. Nous trouverons tous les soirs un coin pour planter la tente. Arrivés dans le week-end nous sommes plutôt satisfaits le lundi quand la nuée de scooters électriques quitte petit à petit les routes pour nous laisser seuls face au spectacle.

Le tourisme fait rage ici. Chaque petite maison traditionnelle a mutée en un hôtel à 4, 5 ou 10 chambres. Des hôtels de luxe ont trouvé leur place sur les coins les plus charmants et la population locale est obligée de se reculer un peu du bord du lac pour y vivre tranquillement.

Les NAXI sont présents et remarquables par leurs vêtements d’une grande couleur et leurs grandes coiffes noires. Les femmes sont dignes et fument la pipe. Elle vendent leur production, du miel ou du charbon, et refusent qu’on les prenne en photo. Notre rencontre ne se fera donc pas, nous ne maîtrisons pas le chinois et encore moins les dialectes locaux.

A défaut d’une rencontre avec cette minorité, nous passons une soirée avec un couple de Han et leur fils en tour de la Chine en camping car. Ils ont prévu une année et ont quitté leur vie d’avant : travail, maison… Ils rêvent de boulots avec un peu plus de sens, lié à l’éducation pour May et surtout donner la chance à leur fils JianJian de voir la Chine.

Le dernier jour avec un petit crachin qui nous donne la tremblote, nous tentons le stop pour quitter le lac. Après une heure sous une vraie pluie nous décidons de prendre le taxi après âpres négociations : à nous Lijiang !

Au passage, à la vue de l’état de la route, des éboulements, des trous, des cailloux et même des passages à guet, l’idée du taxi n’était finalement pas si saugrenue.

Nous sommes dans le Yunnan.

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