11 novembre : C’est la vraie reprise du boulot vélo ! Objectif : rejoindre la frontière laotienne début décembre.
Lijiang – Dali
A Lijiang nous serons bloqués une journée à l’hôtel par la pluie ce qui n’est pas pour nous déplaire. Pour visiter cette ville ultra touristique il nous faudrait payer 80 000¥ par personne (11€) et nous en avons un peu marre de devoir raquer pour chaque site touristique. A défaut nous faisons un petit détour par le très joli village de Baisha à quelques kms au nord. Ici culmine le Mont xxx à 5500m. Recouvert de neige, c’est la plus haute montagne que nous n’ayons jamais vue et nous en sommes bouches bée.
Il nous faudra gravir 2 bons cols, atteindre les 3000 mètres, et traverser des travaux pour atteindre Shaxi (petite ville recommandée par oncle Abel). Le chinois ne fait pas dans la demi mesure : quand il décide de refaire une route c’est toute la route qu’il casse d’un coup. Ce sera sport !
C’est jour de marché le vendredi et nous avons de la chance : nous sommes vendredi ! Nous nous en mettrons plein les yeux et plein la panse – nous trouverons même des crêpes – dans cette très mignonne petite ville qui vaut le détour.
Nous y rencontrerons Alice et Benoît, 2cyclo français en vélo couché. Eux aussi font route pour Dali. Rdv est pris pour le lendemain au pied du col.
Nous voilà dans des forêts de pins et nous aurions presque l’impression d’être à la maison.
Le col se finira sur piste accidentée mais nous ne pousserons qu’à peine.
Le ciel est incroyablement bleu depuis que nous avons quitté le Sichuan. Les nuages sont quasi inexistants lorsque la brume matinale se disperse.
La piste le long du lac est en travaux et résignés nous finirons sur la grande route. Dommage.
A Dali nous dormirons dans la chouette guesthouse d’Heimat, notre warmshower. Le Dali Mufu international youth hostel, et y passerons 3 nuits. Nous recommandons chaudement cette étape !
Dali – Pu’er
A raison d’une cinquantaine de kms par jour, il nous faudra une semaine pour atteindre Pu’er et gravir de nombreux cols. Mais les pentes sont abordables, nous changeons notre manière de pédaler, et moyennant quelques bonnes pauses et des kg de gâteaux, nous n’aurons jamais à pousser.
De pédaler à 4 motive ! Une fois de plus le partage d’expérience est très précieux. Nous découvrons qu’à 7 mois de voyage nous pouvons encore largement enrichir notre fonctionnement et notre organisation, et améliorer plein de petites choses qui m’aideront à mieux vivre et profiter du voyage. Alice et Benoît roulent depuis plus d’un an à travers l’Amérique latine et l’Asie centrale. Notre convoi extraordinaire ne passe pas inaperçu.
Ici les bivouacs deviennent compliqués et il nous faudra faire dans l’insolite : carrière, usine de séchoir à tabac désaffectée, salle communale, place de village… rien ne nous effraie. Ca ne pose aucun problème d’installer son campement, pas besoin de se cacher, et ça fait bien marrer les chinois.
Nous planterons la tente 2 fois chez l’habitant qui nous feront mentir sur le « non accueil » des chinois. Nous passerons 2 belles soirées, dont l’une mémorable : en pyjama nous avons été trimbalés de maison en maison pour partager un premier repas (au menu poule carbonisée découpée en petit morceau avec le bec et la langue svp), puis jouer au majong, puis terminer par une séance de barbecue à 15 autour de grandes flammes.
Nous avons adoré déambuler dans les rues piétonnes de Weishan.
Pu’er – la frontière
Nous arrivons fatigués, serons déçus par la ville, et découvrons que la béquille de notre remorque nous lâche. Une étape loose qui en annoncera d’autres.
Après 15 jours ensemble, le groupe préfère se séparer. Plusieurs choix de route s’offrent à nous. Ombeline et Simon nous ont inscrit en Mongolie dans un groupe Whatsapp « biking to china ». Le voyage se modernise ! Nous obtenons pas mal d’informations par les cyclos voyageurs qui nous précèdent. Leurs retours sur la route du Sud – la G213 – ne nous fait pas rêver. Nous décidons de partir à l’inconnu et de prendre la petite route plein est, la S214 : 1000 mètres de dénivelés positifs en plus et quelques dizaines de kms supplémentaires, nous ne regretterons pas notre choix. La route est splendide, moins fréquentée, les bivouacs magiques. Nous devenons tellement fane des cols que nous en monterons un gratos après Kangping où nous mettrons 10kms à réaliser, essoufflés, que nous nous sommes trompés de route…
Nous découvrons la Chine rurale. Après les rizières, les théiers si réputés de la région de Pu’er feront place aux bananiers puis aux caoutchoutiers. Les petits paysans s’en donnent à coeur joie sur les traitements chimiques – sans protection – et ne ménagent pas leur peine. Les cultures s’étendent jusqu’au sommet c’est impressionnant
La chaleur de la population ne cesse d’augmenter en pédalant vers le sud et atteint son apogée : des jeunes un peu trop alcoolisés nous offrirons le restau, une marchande un concombre, une commerçante des bouteilles d’eau… Après Mengxing nous partons en quête d’un bivouac et nous retrouvons un peu malgré nous au fin fond d’une bananeraie face à une maison de bois sur pilotis. Nous demandons à planter la tente et finirons dans le salon ouvert d’une adorable famille. Au petit soin pour nous ils refuseront nos légumes et notre aide. Ils nous régaleront le soir et le matin, nous serons gênés mais tellement touchés. Ils ne parlent pas anglais et Google traduction ne semble pas les inspirer. On arrive tout de même à se comprendre et le partage sera fort. Pourquoi est-ce toujours les petites gens qui sont les plus généreux et accueillants ?
Nous repartons avec deux régimes de banane ! Cela tombe plutôt bien car nous connaîtrons deux jours d’enfer à gravir des cols alors que nous sommes l’un après l’autre malades comme des chiens. Nous nous échouerons dans un hôtel à Mengla. Nos roues ont rejoint la G213 et notre petite route nous manque : depuis Mengxing nous enchainons des villes moribondes, puantes, poussiéreuse, ultra fréquentées. Comment font-ils pour vivre ici ? Il vaut mieux être campagnard que citadin. La plupart des cyclo finissent par prendre le bus ou l’autoroute, aucune de ces alternatives nous bottent. Nous serrons les dents et tentons jusqu’au bout la route secondaire. Quelle surprise ! Pour cause de quelques portions de travaux la route est désaffectée. Nous voilà seuls au monde dans la jungle avec des côtes asphaltées (et des descentes de VTT). Nous nous régalons et posons la tente près de points d’eau. Le bonheur retrouvé de pouvoir se laver chaque soir ! L’avantage d’avoir pris autant de bus en Chine c’est que nous sommes larges en temps et enchainons les petites étapes pour gravir tranquillement ces derniers cols.
Entre Mengyan et Mengla, 2 bons cols nous attendent. Benoît a très envie de tester l’autoroute et ses fameux tunnels de la mort dont parlent les cyclos : « le plus mauvais est juste après Mengyan : 3.5 km essentiellement en montée sans éclairage – sauf à la fin – et pas de ventilation. Épaisses fumée masquant les phares des véhicules d’en face et température qui monte en flèche. Presque 20 minutes de stress. » Non merci. Nous gravissons donc le premier col. J’insiste pour qu’on gravisse le second, mais comme la politique de l’équipe est de s’adapter au plus faible… je cède à Benoît (j’aurais jamais cru pouvoir écrire ça un jour ^^). Il est possible de récupérer l’autoroute après ce tunnel. Nous nous élançons donc et l’adrénaline monte en flèche. Le plus long des tunnels sera en pente descendante, tout se passera bien, nous arriverons en 30 min à Mengla sourire aux lèvres. Sauf si vous adorez les cols comme moi on vous conseille cette portion qui évite des heures de grimpe.
Malheureusement les travaux finissent par nous rattraper après Mengla et après quelques rodéos nous nous rendons à l’évidence qu’il nous faut finir sur l’autoroute. Quelques coups de pédale et nous voilà à la frontière. Chine tu vas nous manquer ! Nous avons pile 15 jours pour nous rendre tranquillement à Luang Prabang où nous retrouvons le frère de Benoît et Bénédicte qui viennent pédaler en tandem avec nous pour les fêtes de noël. Youpi !
Quel plaisir de vous lire, de découvrir vos récits, et vivre vos péripéties. Ici, les villes et quartiers se sont parés (depuis plus d’un mois déjà) de leurs plus belles lumières à l’approche des fêtes de fin d’année. Si ça continue, on fêtera Noël à la Toussaint l’année prochaine !!! car tout semble tellement devenir une telle course à l’échalote qu’on finit par en oublier l’essentiel. Et donc vous lire à le bon goût de nous rappeler les choses simples de la vie. Et ce qui me donne le sourire, c’est que des proches pédaleront avec vous pendant cette période. Merci Skype, Face Time, toutes ces technologies modernes qui nous permettent de nous rapprocher tout en étant éloigné. Les images rassurent, l’intonation d’une voix nous donne une idée de l’autre, la lecture de vos aventures nous permet de savoir où vous en êtes, et donne à chacun l’envie de continuer sa route. Je vous embrasse. Prenez grand soin de vous.