Vélo, buddhô, dodo

« Il était une fois… dans le lointain et étrange Orient, deux touristes amateurs rejoignant deux touristes professionnels… en tandem. Le programme : « Vélo, buddhô, dodo ». Sans oublier les « pad thaï » et autres fried rice, noodle soup et glace coco. Plutôt touristique au début, le voyage s’est achevé par quelques jours au sein d’un monastère bouddhiste de la tradition des moines de la forêt, qui perpétue une pratique très proche des enseignements originels du Bouddha. Ce fut pour nous un choc culturel et religieux, et je vous en partage quelques termes et concepts de base tels que je les ai compris:

Duka : insatisfaction de tout ordre, de la petite faim à la dépression sévère, qui nous permet de nous rendre compte de nos désirs non satisfaits sur lesquels travailler pour s’en libérer – on y a vite été confronté… après avoir confié Barnabé à mes parents le cœur serré, bien que sûre des bons moments qu’ils allaient partager, nous avons vécu la galère du retard de notre premier avion. Le nouvel an a sonné à Paris, sur la piste de l’aéroport. Résultat, le second avion a décollé sans nous de Dubaï et après des heures d’attente pour obtenir un vol de remplacement, nous avons atterri dans un hôtel pour quelques heures de sommeil. L’occasion de découvrir Dubaï by night, sa démesure consumériste et architecturale. L’escale qui a suivi à Bangkok étant plus longue que prévu, on a refait un petit tour express de grande ville et gratte-ciels, avec ascension de la plus haute tour de Bangkok (321m), histoire de dire : on a vu!

Autre exemple de duka : le stress d’une arrivée de nuit, à la recherche d’un lieu idéal de bivouac à la lampe frontale, entre hurlements de chien et pétarades de scooters ; ou la fin de randonnée (très escarpée), à la lumière de la (presque pleine) lune… On pourrait aussi citer notre désarroi face à une invasion de fourmis qui aurait pu inspirer Bernard Werber, l’angoisse d’une roue arrière qui voulait quitter le tandem, et la lassitude des facéties de l’application carto de Virginie (maps.me), qui nous a pris pour des Vélos Tout Terrain : un peu, c’est rigolo mais trop, c’est trop : le chemin s’est arrêté dans la forêt et nous avons rebroussé chemin et refait tourner le compteur kilométrique.

Sati : présence entière à ce que l’on fait, ouverture du cœur sans pensée parasite, qui permet la pleine conscience du moment présent – tout un programme… c’est un des objectifs des entraînements de l’esprit par la méditation. J’en suis très loin, mais je sais malgré tout que ces vacances pleines et apaisantes avec Ben et Virginie auront été un temps vécu à fond, sportivement, humainement. Mais que ça passe vite !!!

Valeurs : le respect, la gratitude et la générosité – Si le niveau de vie en Thaïlande n’est pas très différent du nôtre en Europe, le dépaysement est garanti pour ce qui est de l’accueil. Les Thaïs sont hypers souriants, heureux de nous voir débouler dans leurs villages en vélo, ravis de nous faire goûter leurs plats et fiers de leur cuisine : « it’s very good, no ? » Partout, je sens du respect et de l’admiration pour le voyage auquel nous nous sommes joints pour quelques jours. Ici on nous offre un plat de champignons à la sauce soja, là on nous propose de bivouaquer dans une cabane, là encore, une rencontre incroyable avec une jeune fille de 11 ans, Hom, qui pour pratiquer son anglais passe quatre après-midi par semaine à faire visiter bénévolement aux touristes les temples de Phitsanulok, avec un enthousiasme désarmant. Et toutes ces bonnes dispositions finissent même par déteindre sur nous : merci Ben et Virginie de nous avoir fait de la place dans votre projet, de nous faire partager ces émotions, votre savoir-faire de cyclovoyageurs, vos amitiés. Je repars avec un gros paquet de souvenirs, notamment de nos divers échanges, qui représentent de la matière brute à méditer !

La méditation : pratiquée par les bouddhistes et en particulier par les moines pendant 8 à 10h par jour, elle permet par la concentration sur un objet tel que la respiration ou la répétition du mot « Buddhô », d’affûter son esprit et d’investiguer sur la vie et son sens – A force de pédaler, on croyait tous qu’on méditait en selle une bonne partie de la journée. Et non, le moulin de pensées qui tourne en rond, ce n’est pas de la méditation. Alex, moine ami de Virginie, nous a indiqué les premières bases et nous nous sommes entraînés très assidûment dans nos kutis, les petites maisons de bois qui nous hébergeaient. Assis ou en marchant sur les « chemins de méditation » ad hoc, ce n’est vraiment pas si facile que ça en a l’air… A Ben et Virginie, en vrais pionniers, de développer la manière la plus appropriée de méditer sur la selle… sur les maux de fesses !« 

Marie

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Voyage à vélo et en soi-même

« Voyage tant attendu suite à une longue année la tête dans le guidon dans le boulot et ses problèmes avec peu de temps pour soi. Seul petit pincement au cœur, notre petit bonhomme que l’on laisse à ses grands-parents.

Arrivée retardée après une visite de Dubaï et Bangkok en bonus, et accueil à vélo à l’aéroport pour se dégourdir les jambes ! Voici Chiang-Mai et ses 350 temples, plongés dans le bouddhisme sans trop rien y comprendre… Ce n’est qu’à la fin de notre séjour que l’on y verra un peu plus clair. Nous terminerons par trois jours au monastère de Wat Pa Baan Taat (chez Alexandre, copain de Virginie).

Découverte de la méditation et de l’énorme travail sur soi effectué par les moines, de la vie stricte et simple qu’ils s’imposent pour y parvenir, bousculade personnelle que l’on reçoit, tout ça dans un univers inconnu : implication de la population, façon de donner et recevoir, croyances… Je terminerai là-dessus avec l’envie de creuser un peu plus ce qui se passe en moi ! Affaire à suivre.

Entre temps nous n’oublierons pas ce que nous avons vécu avec vous ! Les tandems qui roulent bien et sont un outil de voyage formidable, les bivouacs de rêve (surtout celui au milieu des militaires et des fourmis), les rizières, la cuisine thaïe, la Leo et la Singha Beer, l’accueil de Marc et la visite de Hom, les vestiges de Sukhothaï, la bonne endurance de Virginie à la marche même si ça n’est pas sa spécialité, les guesthouses, « smappy » (alias maps.me) qui ne se trompe jamais…

Bravo à vous deux de vous donner les moyens de découvrir le monde et vous-même et un énorme merci de nous en avoir fait partager un morceau !

Bonne chance pour la suite de l’aventure ! « 

Jojo

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