ROAD TRIP 3 : Entre retrouvailles et découvertes

Avec quelques photos. Désolé de l’oublie !
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Lismore : première étape de ce dernier road trip. Nous rendons visite à Jo. Rencontrée au « Wild Space » lors de notre workshop (cf. article Byron Shire), Jo est ce genre d’héroïne que nous pensions exister que dans les livres. Il y a de cela deux ans environ, Jo a décidé d’arrêter d’utiliser de l’argent. Oui, Jo fait parti de ces rares personnes dans le monde qui vivent sans argent. Nous avions lu le livre de Daniel Suelo mais jamais nous pensions avoir la chance un jour de rencontrer ce genre de personnage vivant pleinement ses idéaux. Bien sûr, notre petite voix mesquine dans notre tête n’a cessé de se faire entendre pour la titiller avec des questions du genre : « n’as-tu pas l’impression de profiter du système ? » « penses-tu que ce soit viable si tout le monde se mettait à vivre comme toi ? » « n’es-tu pas dépendante des autres ? »… bref, toutes ces remarques qui montrent que son engagement dérange, parce qu’il fait échos en nous à certaines choses que nous ferions mieux de régler plutôt que de lui chercher des poux. Son choix de vie est juste exemplaire. A chacune de nos questions, elle a su répondre, avec bienveillance, et parfois larmes aux yeux. Son engagement se vit au quotidien et dans la durée. Ses convictions écologiques, humanistes, mais surtout son rôle de mère, l’ont amené à changer radicalement sa manière de vivre. Années après années, ses efforts ne lui semblaient plus à la mesure des enjeux planétaires. Pour elle, malgré tous les sacrifices qu’elle a dû faire, et qu’elle fait encore aujourd’hui, c’est le moyen qu’elle a trouvé pour vivre en accord avec ses valeurs, et son moi profond. Pour lutter contre le système, il est selon elle plus facile d’abandonner l’usage de l’argent. Jo vit dans une roulotte, cuisine au rocket stove, fait du troc, récupère dans les poubelles, se déplace à vélo ou en stop, n’utilise que l’essentiel… c’est chaque jour une aventure, un défi, une liberté, de nouvelles contraintes à apprivoiser. Jo a la cinquantaine. Elle est soutenue par ses parents et sa fille. Elle tient un blog (https://jolowimpact.wordpress.com/). Elle a aujourd’hui des fans qui lui donnent parfois bien plus que ce dont elle a besoin. Elle nous partage « j’ai une vie plus simple et plus remplie qu’avant. Je ne suis plus dans le superflu, je touche l’essentiel« . Cette étape chez elle marquera notre voyage. Nous nous sentirons bien petits face à cette grande dame du monde alternatif.

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Notre route vers Sydney est l’occasion de poursuivre notre récolte de coquillage incroyable, de faire des gazouillis aux kangourous.

Nous passerons une journée à crapahuter dans les Blue Mountains, l’un des sites les plus visités en Australie et c’est vrai que c’est « beautiful ». Chaîne de montagnes de grès, c’est un terrain de jeu illimité, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elles doivent leur nom aux émanations de la forêt d’Eucalyptus qui les recouvrent. Three Sister, Grand Canyon… nous nous en mettrons pleins les sens.

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A Sydney nous retrouvons Akina, une japonaise qui avait partagé notre Workaway à Crystal Water (cf. article septembre). Le temps d’un pique nique, elle nous fait découvrir son quartier et sa plage (Coogee beach). La ville abriterait plus de 200 plages et autres criques plus belles les une que les autres. Nous en resterons bouche bée. Imaginez venir surfer avant ou après le boulot, boire son café en costard cravate les pieds dans l’eau, faire sa zumba sur la plage… bref, rien à voir avec nos bords de Seine. Sydney est le parfait symbole du « life style » à l’australienne. Difficile de les prendre au sérieux avec un cadre de vie et de travail aussi paradisiaque dans la plus grosse ville du pays (5 millions d’habitants). Imaginez Londres ou Paris à la place de Biarritz… Bienvenue au paradis citadin ! Bon bien sûr, Sydney c’est aussi une banlieue qui fait « pétez les plombs » à tout automobiliste qui se respecte, c’est une ville si étendue qu’on peine à se croire encore à Sydney (est ce que vraiment Palm Beach fait partie de Sydney ?), c’est sa City avec ses buildings, et c’est surtout son splendide Opéra qui est à la hauteur de sa réputation (Il est quand même recouvert de carrelage…). Nous arriverons plus que facilement à nous garer à Coogee Beach et même à y passer la nuit, avec douche gratuite dans les toilettes publiques. Nous visiterons la ville à vélo, fichtre que c’est vallonnée Sydney !

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Le lendemain nous retrouverons Juli du « Wild Space » (cf. article Byron Shire). Elle nous fait visiter l’incroyable école privée Kinma dans laquelle elle a travaillé ces dernières années. Cette école expérimentale encourage les enfants à penser par eux-mêmes, à développer la coopération et toute sorte de compétences peu classiques en primaire. Et ce dans un environnement non compétitif et qui respecte l’individualité de ses membres. Laïque, mixte et à but non lucratif, Kinma veut montrer la voie de l’enseignement centré sur l’enfant où professeurs, parents et élèves partagent les décisions sur le programme éducatif. Ce programme prend en compte la compréhension du développement de l’enfant. Quatre jeunes filles nous feront une visite guidée et nous serons impressionnés par leur bagout. C’est l’école dont tout enfant rêverait: elle est en pleine nature, le décor est coloré et créatif, le personnel nombreux, à l’écoute, et bienveillant. Les cours sont variés, les espaces d’apprentissage diversifiés et les tous petits jouent au milieu des poules dans leur jardin de récréation.
Malheureusement, avec l’absence de mixité sociale et culturelle pourtant voulu au départ, cette école aurait tendance à reproduire les classes sociales. Autrement dit, aussi géniale soit-elle, cette école expérimentale est devenu une école de riche, pour les riches, un cercle fermé qui n’éveillerait pas beaucoup plus les consciences. http://www.kinma.nsw.edu.au/index.php

Juli nous mettra en contact avec Andrew, un australien qui vit sur l’île de Scotland Island (nord de la ville) et qui depuis une vingtaine d’année, participe à la régate hebdomadaire du mercredi soir. Génial, nous sommes mercredi ! Nous voilà à bord de Response, pour une course regroupant une soixantaine de bateau. Est-il utile de mentionner que Benoît est aux anges ? Nous arriverons 9ème au classement réel (sans handicap) et il va s’en dire qu’ils ont eu de la chance de m’avoir en équipière sur leur avion de chasse… (Pour prendre les photos.) David, le second, nous prend d’amitié et nous invite dans sa maison de famille, à Palm Beach. Et voilà comment finir une incroyable journée en terrasse, à siroter un verre de vin blanc, vue sur l’Océan Pacifique. Merci, merci. En rencontrant la bonne personne, une seule et unique personne, l’effet boule de neige magique du voyage se déroule tout seul, et nous n’avons plus qu’à sauter sur les belles occasions offertes sur des plateaux d’argent.

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Nous quittons déjà Sydney, il nous faut avancer. L’étape vaut le coup, mais la ville reste la ville et nous nous sentons plutôt ras des champs. Nous passons une nuit chez Bernd et Marit, deux allemands expatriés en Australie depuis une trentaine d’années. Nous les avions rencontré à Litchfield National Parc, au sud de Darwin. Ils nous avaient gentiment proposé de passer voir leur petite ferme si nous roulions dans le coin. L’invitation n’était pas tombée dans l’oreille de sourds. Nous passerons une super soirée à refaire le monde et échanger nos points de vue. Nous nous retrouvons sur les questions écologiques, mais les médecines alternatives ne semblent pas de leur goût. Bernd et Marit ont souhaité quitté leurs racines, car ils n’envisageaient pas d’élever leurs enfants dans cette vieille Europe polluée (pluies acides & co) et « nucléairement » dangereuse (Tchernobyl). « C’est très bien d’avoir des convictions, mais vous savez, la vie nous montre que parfois la réalité de l’existence rattrape l’Utopie et la dépasse souvent…! « 

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Nous partons à la recherche des Wombats ! C’est un mélange de marmotte et d’ourson, de la même famille que le Koala. Au free camp, dans la Kangarou Valley, il est possible d’en voir très facilement. A la nuit tombée, ils sortent de leur terrier, et viennent brouter le gazon, ou se gratter le dos au parc choc du camion. Leur ouïe et leurs yeux ne seraient pas des plus développés. Mais leur odorat si. Assez craintifs, ici, ils sont habitués à tortiller des fesses au milieu des caravanes, et viennent jusqu’à nous. Ils n’ont pas peur de nous frôler. Mais ces pauvres peluches vivantes ont la galle. Il ne faut donc pas les approcher de trop prêt… comme tout animal sauvage de toute façon. A croire que je ne le savais pas encore, je me ferai gentiment sermonnée par un gardien. Mon égo en prendra un coup. Comme quoi ça arrive même aux meilleures ! Décidément, l’Australie abrite vraiment des créatures sorties tout droit de dessins animés.

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Nous passerons un week-end à Canberra, la Capitale. Cette ville aussi semble une vaste blague à l’australienne. Le site a été choisi comme capitale en 1908, comme compromis entre les deux villes rivales de Sydney et Melbourne. On peut tout de même dire que Melbourne a perdu (elle se situe à moins de 300 kms de Sydney). Nous aurions pu choisir de continuer par la côte est, mais nous voulions voir cette drôle de capitale et profiter de ses musés gratuits (nous recommandons la visite du Parlement, du National Museum et le site d’observation spatial de la Nasa). Ville verte, de petite étendue, elle ressemble à tout sauf … à une capitale. Pour dire vrai elle est faite de quelques bâtiments administratifs et de beaucoup de rien. On notera de grandes avenues et un immense lac en son centre où les activités nautiques s’en donnent à cœur joie. Le gouvernement est le principal employeur, mais la plupart des parlementaires ne vivent pas sur place. La population serait de 400 000 habitants mais nous les cherchons encore ! Ce qui nous marquera surtout, c’est l’ambassade officieuse des Aborigènes. C’est un campement installé en face de l’ancien parlement. Il nous fait penser à une ZAD (Zone A Défendre). C’est l’occasion d’échanger avec des militants qui espèrent un jour retrouver leurs terres volées et leur culture détruite. Extrait de correspondance sur notre expérience australienne : « Nous vivons ici comme si nous venions d’atterrir sur Mars. Nous sommes transportés par la nature si différente, si sauvage, si belle. Des insectes, aux oiseaux, des mammifères aux poissons : tout est si particulier. Nous traversons ces espaces qui dépassent l’entendement. Ce sont des milliers de kilomètres sans présence humaine, où la nature sauvage règne en maître : le bush ! Nous arrivons sur la côte Est et découvrons la « RainForest », la forêt tropicale vestige d’un temps difficile à concevoir. Chaque animal observé mériterait à lui seul des pages et des pages pour expliquer ce que nous voyons. C’est dans ce contexte que nous nous connectons à la culture Rainbow puis à la culture aborigène. Et là, bienvenue dans un nouvel univers. Les aborigènes d’Australie sont aujourd’hui dans une situation peu agréable, n’ayant jamais signé aucun traité avec les envahisseurs anglais. Ils considèrent toujours être assiégés par des étrangers qui leur ont apporté la faim, la guerre, la souffrance et le travail. Leur connexion avec la nature est interpellant. C’est évidement un lieu où la magie prend place et où il est impossible de rester indifférent. Les aborigènes croient que l’existence d’une âme ne s’arrête pas au corps physique mais qu’elle existe avant et après. Ils vivent en communion avec tous ces esprits et savent communiquer avec eux. Quand on connait la situation catastrophique de ce peuple aujourd’hui ravagé par l’alcoolisme et la violence il est impossible de poursuivre son chemin sans garder dans son cœur une profonde amertume et injustice. Cette culture vieille de plus de 32 000 ans a tout simplement été vandalisée et exterminée en l’espace d’un siècle dans une sauvagerie et une incompréhension mutuelle qui fait froid dans le dos. Nous avons ressenti de la honte et de la colère. La société australienne est aujourd’hui cette schizophrénie d’une culture plus ancienne que tout ce qui existe sur cette Terre et d’un « progrès » cherchant à maximiser les profits. La tension est palpable et la réconciliation reste la dernière possibilité. »

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A nous les Alpines Mountains ! Elles ressemblent plutôt à nos Pyrénées (prétentieux ces australiens). Le décor est splendide et nous sommes bien heureux de retrouver les montagnes (surtout en campervan). Nous avons peine à imaginer les versants sous la neige, et pourtant, les stations de ski apparaissent au gré de l’altitude. Nous bivouaquerons face au Mont Kosciuszko, le sommet le plus haut du pays (2 228 m) et finirons même par voir des névés ! Cette chaîne montagneuse s’étend sur 3 États et comportent de nombreux parcs nationaux. D’immenses incendies (parmi les plus grands que le pays ait connu) en 2006-2007, ont recouvert les monts d’arbres morts. Ceci rend le décor très particulier : à la fois glauque et merveilleux. On croirait même au loin que les crêtes sont saupoudrées de neige.

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Heureux propriétaires d’une ferme d’une vingtaine d’hectares, nous cohabitons désormais avec chiens, chats, chevaux, moutons et cochons pour les fêtes de fin d’année. Contre nourriture et soins deux fois par jour, nous disposons gratuitement de la maison. Nous voilà maître à bord pendant que les vrais propriétaires (adorables et à l’accueil plus que chaleureux) partent fêter Noël en famille sur la côte. Ils appellent ça du house sitting (ou farm sitting dans notre cas). Assez répandu à travers le monde, nous sommes fan du concept. L’occasion pour nous de poser, pour la première fois depuis 20 mois, nos bagages, pendant 3 semaines, dans un « chez nous ». Une longue « todolist » nous attend pour rattraper notre retard (articles, films, mails) et préparer la suite du voyage (Melbourne, vente du camion, départ en Tasmanie, retour en France). Mais c’est surtout des vacances à la campagne que nous vivons !

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Nous fêterons Noël tous les deux, avant d’entamer pour 5 jours une détox. Une quoi ? Pendant qu’une bonne partie de l’humanité se goinfre nous avons fait le choix de tenter de découvrir ce que le mot « faim » voulait dire. Notre organisme aurait régulièrement besoin d’une « pause » pour se régénérer. En puisant dans ses réserves, il va effectuer un nettoyage profond. Cette expérience était pour nous importante et tellement évidente pour les gens que nous côtoyons ces derniers temps. Mais pour vivre ce genre de diète nous nous rendons rapidement compte qu’il vaut mieux avoir un mental d’acier, ou, comme nous, s’isoler et se tenir loin des tentations. Chaque matin et midi nous avalions nos jus de légumes/fruits et le soir, nous nous faisions nos bouillons de légumes. Le but était de n’avaler que le jus, sans pulpe ni morceaux. Nous complétions « nos menus » de boisson à base d’argile, de fibres ou de Moringa. Nous avions été coachés par Estelle (cf. article Byron Shire) qui en a déjà fait et a travaillé dans ce domaine. Elle nous avait prévenu. Les 3ème et 4ème jours seront les plus difficiles pour moi. Benoît souffrira davantage de la faim mais restera en meilleure forme. Par contre, le 5ème jour c’est l’extase. Nous nous sentons légers, dynamiques, pétillants. Nous ferons même chauffer le Tandem !

Malgré cet isolement, à 90 kms du premier super marché, et dans un village de 300 habitants, nous n’avons pu refuser la proposition d’Emma, la fille des propriétaires. Nous voilà invités à la soirée du Nouvel an au Pub de Swift Creek. A la vue alléchante du menu turque et avec une invitation aussi sympathique, ça aurait été de l’ordre de l’héroïsme (ou de la bêtise) de refuser. Après une nuit de mature réflexion à rêver d’oignons confits, de tagines, et autres poivrons grillés, nous avons donc dit OUI. Ce fut une expérience interculturelle aussi inattendue qu’intéressante. Nous nous attendions à une rencontre des habitants du country australien, mais ce n’était pas vraiment ce que nous avions imaginé. Notre voisin d’en face aura un accent très difficile à comprendre. Quand il apprendra notre façon de voyager il nous dira « it’s so stupid » ! Hum… de quoi, d’être venu en Australie à vélo ? A 21H, le repas était plié, et le concert de rock ne poussait pas vraiment au déhanchement. A 22h30, nous nous retrouvons malgré nous à faire du baby sitting. Nous voilà seuls face à 6 petits garçons, dont nous ne connaissons pas les prénoms et qui n’ont pas l’air de bien savoir pourquoi nous sommes là. Au bout de 30 min, 5 des 6 bambins sont en larmes, et appellent leurs mamans. Bon, mais c’est bien pour ça que nous voyageons non ? Pour ce genre de choc interculturel ! Ouf, juste avant minuit, nous voilà rentrer au calme dans notre ferme, un peu sonnés par ce drôle de réveillon.

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Allez zou, 2017 c’est du passé, une nouvelle année commence, celle qui annonce notre retour en France. Bonne Année et Meilleurs Vœux !

3 commentaires

  1. Je lis votre récit depuis le bureau, magnifique !
    il va falloir que j’aille voir tout cela de plus près.
    Meilleurs vœux à vous deux.
    Denis (et Béatrice)

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