FRANCE, LE RETOUR – Partie 1

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Ca y est, nous y sommes, aux portes de la France. Voilà près de 22 mois que nous n’avons pas foulé le sol français. Incroyable. Comment réaliser ? Nous l’avons tant rêvé. Nous l’avons tant appréhendé. Il est tant de remettre notre drapeau local de la Charente Maritime !

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Nous rencontrons au col une petite équipe de cyclo pro. Nous nous prenons mutuellement pour des fous. Eux lorsqu’ils voient notre chargement, moi quand je les vois grimper un col juste pour le plaisir. Ils nous escortent sur quelques mètres.

Nous enchaînons les premières villes : Cerbère, Banyuls-sur-mer, puis Port-Vendre. Le sourire ne quitte pas nos lèvres, et nous avons envie de dire bonjour à tout le monde. Sur le port nous nous précipitons à la poste pour acheter un timbre. Quel bonheur de parler français, de s’exprimer si facilement… j’en rêvais ! La factrice, ronchonne, a dû se demander ce qu’il y avait de si exaltant à acheter un timbre ! Nous poursuivons au marché, et sommes comme des petits fous face aux stands. Nous pique-niquons sur le quai. Quelle jolie petite ville. Nous redécouvrons notre pays. C’est bien différent de chez nous, et à par la langue nous ne nous croyons pas vraiment en France. L’accueil des catalans et des touristes est plus que chaleureux. Quel bonheur ! Nous tardons à repartir et ne ferons que traverser le magnifique village de Collioure. Le soleil nous a quitté, et la météo brumeuse ne se prêtait de toute façon plus à la promenade.

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Argelès-sur-mer, Saint-Cyprien, Perpignan… cette fois c’est dans un magasin bio que nos cœurs bâteront la chamade ! Enfin une nourriture saine à porter de roues. Nous y rencontrons un admirateur qui nous invite à La Casa Bicicleta. Une association qui récupère les vieux vélos, les répare et les revend pour une modique somme, et qui aide également à réparer soi-même son vélo. Génial ! Mais c’est déjà l’heure du dîner et nous avons rendez-vous chez des amis à St Estève. Nous retrouvons Florence et son fils Mikel. De vieux amis des parents de Virginie, pas vu depuis longtemps. Quelle belle première étape française. Nous passerons toute la soirée à rattraper le temps perdu. Florence et Mikel sont aux petits soins. Encore merci pour votre super accueil !

Le lendemain nous tarderons devant le panorama que nous offre le Canigou enneigé. Quelles sont belles nos Pyrénées ! Nous rejoignons la mer via le canal de l’Agly et sa super piste cyclable, avant de refaire une « razzia » au marché de Barcarès. Nous longeons l’étroite et étrange bande de terre qui sépare l’Etang de Leucate de la Méditerranée.

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Nous découvrons nos premiers flamands rose : de toute beauté ! C’est incroyable de découvrir des animaux dans notre propre pays. Nous nous croyons à nouveau en Australie. Après une pause café pour se réchauffer à Port la Nouvelle, nous nous engageons sur le canal de la Robine. Trop de kilomètres de prévu, nous n’atteindrons pas Narbonne. Nous échouons la tente sur une maigre bande de terre, au milieu des étangs, aux côtés des flamands rose. Pas meilleure endroit pour bivouaquer. Nous nous glissons rapidos sous la tente pour s’abriter de l’orage qui monte « oh t’inquiètes pas ça devrait vite passer ». Après deux heures de pluie intense et du vent soutenue de biais, la tente est inondée ! Après la grêle en Espagne, l’inondation en France. Celle-là non plus on ne nous l’avait jamais faite. A croire qu’il est temps de vivre toutes les expériences encore non vécues avant la fin du voyage. L’extérieur de mon duvet est trempé, le matelas commence à prendre l’eau, et il me pleut carrément dessus ! Il serait tant d’agir. Tandis que j’éponge, Benoît sort récupérer la bâche magique (celle qui sauve de tout – ne jamais partir en cylovoyage sans sa bâche) qui isolera le toit de la tente. Voilà, c’est réglé. Tiens, l’orage s’est arrêté…

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Une grosse journée nous attend. Nous quittons le magnifique et terreux canal de la Robine, passons nous ravitailler à Narbonne, et rejoignons le mythique canal du midi. Quelle ne sera pas notre déception ! Celui-ci est tortueux, et nous ajoutons 10 ou 15 km de plus au compteur. Mais ce n’est pas tout. Son côté mythique lui va doublement bien. Pour la petite histoire, le canal relie Toulouse à la Méditerranée depuis le 17ème siècle. C’est l’un des plus anciens canaux d’Europe toujours en fonctionnement. Depuis 1996, il est même inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ouvrage d’art exceptionnel, il fut considéré comme le plus grand chantier du Siècle. Il révolutionna le transport fluvial. L’ensemble des travaux fut manuel et le creusement du canal se fit à la pelle et à la pioche ! Pour recruter et fidéliser ces milliers d’ouvriers et d’ouvrières, les conditions financières et sociales d’emploi furent très favorables et inhabituelles pour l’époque. Aujourd’hui, il est très prisés par les vacanciers, et voyageurs comme nous. On nous avait mis en garde mais nous étions dubitatifs. En vrai, il est loin d’être toujours accessible à notre chargement. Nous sommes encore tôt dans la saison est il n’est pas officiellement ouvert. Boue, chemins étroits, travaux, tournicotis, nous insistons mais finirons par capituler. Non vraiment, ce canal n’est pas du tout adapté à notre convoi. C’est que nous n’avons pas que ça à faire de se balader… nous sommes attendu par des warmshower à Carcassonne. Nous finissons par le délaisser, désabusés, malgré de chouettes paysages, et de magnifiques villages. Mais surtout, surtout, nous aurons cette journée là, l’une des pires (LE pire ?) vent de face du voyage ! La thématique « nouvelles expériences » continue, c’est bien. Histoire qu’on ait des trucs à raconter en rentrant, au cas où, à moins que ce ne soit pour ne pas regretter d’arrêter le voyage ? La départementale D610 fortement empruntée finira d’achever notre moral. Si les Catalans étaient accueillants et respectueux des vélos, dans l’Aude, ils ne semblent pas connaître la distance de sécurité obligatoire entre un véhicule et un vélo (petit rappel : 1m50). Le vent nous déporte. Nous sommes à fond sur les pédales et faisons du 11km/h en moyenne. Moins quand les rafales nous assaillent. Ce sera l’une des plus longues journées sur le vélo. 6h pour faire 90 kms. Ca ne se ressent pas dans l’effort, mais heureusement, le relief est plat ! Nous arrivons cassés dans la Cité réputée de Carcassonne. Heureusement, nous oublierons l’enfer de la journée auprès de nos adorables hôtes : Florence, Cyril et leurs 3 filles. Elle travaille dans une compagnie de cirque, et propose des ateliers pour enfants. Lui est géobiologue. La Géobiologie étudie l’influence d’un lieu (une maison par exemple) sur notre santé et sur notre vitalité. Elle prend en compte principalement l’impact des rayonnements ionisants, des champs magnétiques, des champs électriques et des courants. L’ensemble de ces co-facteurs contribue à dégrader notre santé physique et psychique et entraîne maux de tête, insomnies, fatigue, baisse d’attention. Ils participent également aux maladies les plus graves (cancers, maladies dégénératives). Ces agressions peuvent provenir soit du sous-sol, soit de l’environnement proche du terrain ou du local examinés. Elles peuvent être d’origine naturelle ou artificielle. Passionnant ! Cette jolie petite famille a déjà fait une partie de la côte landaise à vélo. Ils nous racontent leur vie, Carcassonne, la région, leur philosophie, et nous nous sentons proches. Un bel exemple qui nous inspire. Nous y resterons une seconde nuit : repos, visite de la citadelle, lessive, séchage… je m’émerveillerais devant un castor qui s’avèrera ni plus ni moins qu’être un ragondin… et les filles s’étonneront que nous n’ayons jamais vu de flamands roses ! « Mais, vous habitez où ? »… « euh… ben… y’a pas de Flamands rose en Charentes… » « ben y’a quoi alors ? » « Des baudets du Poitou ^^ » Ils nous confirmeront que le Canal du midi est bien un mythe et que nombre de cyclo se font avoir… Merci merci pour l’accueil et surtout le partage !

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Chouette nous repartons pour une petite étape… et le vent dans le dos ! Ça fait du bien au moral. Et oui, ici, vous avez le choix : le vent de terre, ou le vent de mer… et nous vous souhaitons de l’avoir dans le bon sens ! Il fait toujours aussi froid, mais cette fois-ci nous assumons les pique nique et siestes en plein air. A Bram nous découvrirons la Huilerie BioPlanète : première huilerie bio d’Europe. Depuis 1984, ils transforment graines, noix, fruits, pépins et noyaux en huiles et maintenant en farine. Et vous en avez pour tous les goûts ! Beaucoup de leurs produits sont vendus dans les magasins bio. Malgré le vélo, nous repartons les mains chargées. Ce soir nous posons nos sacoches chez Gabi et sa petite famille, une amie scoute. Une belle soirée dans le petit village de Laurac. Eux aussi aussi se posent beaucoup de questions sur leur avenir, et envisagent même une potentielle reconversion dans la permaculture. Ça bouge, ça bouge !

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Une belle côte le lendemain matin nous vaudra une belle vue sur le village perché. C’est la thématique de ces jours-ci : beaucoup de vallées et de petits villages médiévaux accoquinés sur des monts. La région est magnifique. Quand le soleil le décide, nous avons toujours une magnifique vue sur les Pyrénées enneigées, que nous longeons depuis Narbonne. Nous retrouvons la campagne, et jouissons de ses paysages et parfums. Nous découvrons une nouvelle architecture d’église.

Journée facile à globalement descendre. Nous sommes seuls ou presque sur ces petites pistes goudronnées. C’est un régal ! Excepté pour rejoindre Beaumont-sur-Lèze, où un pont cassé nous fera batailler à rejoindre Cécile, notre nouvelle hôte. Cécile, du Mas Coop : La Coopérative d’habitants, un habitat participatif à 30 minutes de Toulouse. Les 4 foyers qui ont initié Mas Coop se sont rencontrés sur un autre projet d’habitat participatif il y a quelques années. Ils se sont réunis autour de valeurs communes: solidarité, écologie, partage, mixité sociale et intergénérationnelle. La volonté de vivre autrement a amené ces habitants à se rapprocher et construire ensemble un projet de vie. Le foncier doit permettre à terme l’installation d’un groupe de 11 foyers et d’espaces communs. Dès la création du groupe, a été décidé de rechercher une maison avec du terrain constructible autour… l’occasion de profiter du bâti existant pour habiter en colocation, dans un premier temps, avant d’entamer la construction des habitats privés. Et on peut dire qu’ils ont trouvé un petit paradis ! Apéritif généreux, repas délicieux, ambiance vivante, maison splendide, nous sommes dans un autre monde. Cécile et sa joyeuse colocation ont profité de notre passage pour inviter Virgile, qui a voyagé 5 ans à travers le monde avec son vélo. Les discussions vont bon train. Après la visite du site, nous repartirons avec des étoiles pleins les yeux. Le Mas Coop est toujours à la recherche de personne souhaitant faire parti du projet et s’installer à leur côté : avis aux amateurs ! http://www.mascoop.org/

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Dernière étape avant Toulouse, nous faisons escales chez Sylvie et Hubert « Nos rayons pour un soleil ». Benoît les avait rencontré avant notre départ. C’est en partie dans leurs traces que nous avons roulé en Sibérie et en Mongolie, et ils nous ont donné de précieux conseils. Partis quelques années avant nous, ce couple de soixantenaire a parcouru des milliers de kilomètres en tandem Pino à travers l’Europe et l’Asie. Ils ont partagé leur voyage avec des enfants en situation de handicap et levé des fonds qui ont permis à un enfant handicapé moteur de bénéficier durablement de l’assistance d’un chien guide d’aveugle: http://nosrayonspourunsoleil.blogspot.com/  . Quelle ne fut pas notre émerveillement de découvrir qu’ils accueillaient chez eux une famille Syrienne: une mère et ses deux enfants. Décidément « Les SYLVHUB » ne cessent de nous faire rêver. Nous sommes émus par leur générosité. Que c’est bon de partager avec des soixantenaires une même philosophie de vie, et des valeurs communes. On nous parle souvent de décalage intergénérationnel… bizarrement avec eux il ne semble pas y en avoir. On se sent même bien petit face à leur ouverture d’esprit, leur adaptabilité, leur courage, et leur audace.

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Allez, cessons les bavardages, en route pour Toulouse, où un petit comité d’accueil très spécial nous attend ! Il y a comme un petit avant goût d’arrivée…

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