La frontière à Skaistkaine est à l’image du pays que l’on quitte : naturelle ! Cette rivière qui sépare la Lituanie de la Lettonie fait le bonheur de nos yeux et des baigneurs.
La route est en travaux et nous ryhtmons nos coups de pédales sur celui des feux tricolores, slalomons entre les engins de travaux, et nous réjouissons des coucous que les automobilistes et ouvriers nous envoient. La Lettonie se veut accueillante, on se croirait presque attendus !
Une dizaine de kilomètres plus tard nous installons notre bivouac auprès d’un magnifique lac, à l’herbe fraîchement tondue, et aux moutiques abonnés absents : incroyable ! Au passage nous demandons de l’eau au détour d’une ferme donc l’architecture n’a plus rien à voir avec leurs voisines. Si elles sont toujours en bois, elles sont beaucoup plus grandes et imposantes, mais toujours aussi belles !
A 4h45 du matin nous sommes réveillés par des tronçonneuses au loin… ils sont matinaux, travaux obligent ? Nous apprendrons par la suite qu’il semblerait que ce soit une habitude en Lettonie…
70kms nous séparent de Riga où pour la 3ème fois, le réseau AFS a répondu présent. Nous nous ferons doucher 2 fois pour rejoindre l’appartement qui nous est gentiment prêté le temps de notre séjour (encore merci Marta!) En chemin nous visiterons le mémorial de Salaspils : camp de travail pour prisonniers de guerre et prisonniers politiques. Elle est cachée derrière une foret à dix-huit kilomètres au sud-est de Riga. Les Allemands la firent fonctionner d’octobre 1941 à la fin de l’été 1944. Des dizaines de milliers de personnes soviétiques y trouvèrent la mort dont beaucoup d’enfants. Le mémorial qui se dresse aujourd’hui dans une vaste clairière est constitué notamment d’immenses statues de pierre qui laissent sans voix. Le site est énorme pourtant le nombre de visiteur se compte sur les doigts des deux mains ; trouver l’erreur ?
Il semblerait que nous soyons à nouveau obligés de rouler sur l’autoroute pour atteindre le centre ville. Cette fois nous nous imposons clairement sur la voie de droite où nous pédalons en plein milieu, de cette manière les voitures nous dépassent clairement en prenant l’autre file, et tout se passe bien.
La Lettonie se résumera malheureusement pour nous essentiellement à sa Capitale, ce qui nous laisse légèrement frustrés. Nous passerons 4 jours à Riga où nous rencontrerons nombre de voyageurs dont quelques français. Beaucoup plus visitée que Vilnius, la « old town » est décidément tournée vers le tourisme avec ses centaines de restaurants et visiteurs. Plus mignonne, elle se veut pourtant moins authentique et plus chère.
Lors de notre repérage de train à la gare centrale nous rencontrons Nina et Antoine, 2 bruxellois en vacances à vélo. Âgés de 24 ans, c’est leur 3ème cyclovoyage d’un mois et demi ! Quelques échanges d’infos plus tard nous les invitons « chez nous ». Nous passerons deux très chouettes jours avec eux ! C’est bon de retrouver la Belgique ! C’est bon de pouvoir donner ce qu’on nous donne depuis 3 mois ! De partage d’expériences en anecdotes, de nos regards sur le monde et l’alimentation, nous nous sentirons très vite sur la même longueur d’onde, trouvant en eux une oreille attentive, impressionnés par leur maturité, nous finirons par nous quitter en nous promettant de nous revoir à notre retour. « La Belgique c’est gaie ! »
Nous passerons notre dernière soirée en compagnie de Rihards rencontré en France lors de son séjour AFS à Bordeaux à l’automne passé. Après un tour de l’Estonie à vélo en juin il s’apprête à relier Bordeaux depuis Amsterdam tout seul sur son fixie, a à peine 18 ans ! Son rêve ? Créer des vélos ! C’est drôle comme sans le vouloir ni s’y attendre nous nous retrouvons souvent avec des compères. Merci pour cette fabuleuse soirée à pédaler dans Riga. Le bon plan de la capitale? Utiliser l’ascenseur du Radisson Hôtel ! Ouvert sur la ville vous avez le droit à une magnifique vue au 23ème étage !
Nous voilà fin prêt pour pendre le train… direction Moscou ! Et l’Estonie alors ? Nous avons revu notre programme à la baisse – ou à la hausse – selon comment nous voyons le verre. Trop gourmand, tant dans notre programme initial que durant le voyage, nous avons préféré profiter des opportunités que nous offrait sur un plateau d’argent les lituaniens plutôt que foncer tête baissée et vouloir tout voir sans ne rien vivre. Pédaler moins pour profiter plus – visiter moins pour découvrir mieux. L’Estonie restera donc un mystère comme la majeure partie de la Lettonie.
Nous plongeons donc dans le grand bain de la Russie en 14 heures de train, quittons l’Europe sans transition, et ouvrons le deuxième tome de notre voyage !