Moscou time
Nous sommes projetés en Russie par le train Riga – Moscou (14h) où nous avons réussi à embarquer très facilement tout notre barda. Quelques péripéties autour du tandem et contrôles douaniers plus tard, nous voilà à quai à remonter le vélo. Un jeune russe qui travaille comme balayeur dans la gare vient nous aider. Très curieux de tout notre équipement il se montre très serviable mais un peu trop enthousiasme avec notre matériel fragile. Ce ne sera pas le dernier et nous blêmirons à chaque coup de main que l’on nous offrira. Les russes se veulent très serviables !
Ses traits sont mongoles et nous comprendrons vite que Moscou est la capitale de l’Eurasie ! Nous voulions en faire le tour, nous voila au cœur, Waouh ! Européens, asiatiques, russes, caucasiens, tartares, mongoles, nous retrouvons le cosmopolite à la française et cela nous réjouit. On ne peut pas dire que les pays d’Europe du nord ou de l’est traversés aient été très métissés… ces visages si variés nous font sentir l’Asie : excitants et frissonnants !
Ce qui nous saute en premier aux yeux c’est la répartition des tâches qui est la même qu’en France, mais ici ce sont les immigrés ou russes d’origine mongole ou d’Asie centrale qui font le sale boulot.
Ensuite c’est la grandeur de la ville et son imposant trafic automobile.
Par chance la gare n’est qu’à 5 km de notre rdv et c’est tant mieux car une fois de plus c’est sport de rouler chargé…
Nous rejoignons Pavel, notre warmshower, dans son bike shop et la magie commence : il nous propose de tout décharger dans son minuscule atelier de vélo où il doit bien faire 35 degrés et son fils Mantvi (Matthew) se propose d’être notre guide pour l’après-midi. A peine arrivés nous pédalons déjà sur la place rouge et je n’en crois pas mes yeux de voir la Sainte Basilique en vrai ! Jamais je n’avais imaginé venir en Russie un jour. Malgré la fatigue, conséquence d’une très courte nuit, nous passerons une très chouette après midi avec ce jeune de 20 ans que nous trouvons étonnement mûr et ouvert. Nous arriverons tard chez nos hôtes avec qui nous discuterons jusqu’à 2h du matin. Nous ne nous réveillerons qu’après 12h le lendemain. Comme souvent ce premier jour est à l’image des suivants.
Globalement nous vivrons surtout le soir, nous coucherons à des heures impossibles, referons le monde (la Russie) maintes fois, profiterons de grosses grasses matinées.
Les 2 premiers jours, alors que Tania et Pavel travaillent, sont consacrés aux tâches du voyage et à la glandouille devenue traditionnelle dans ces étapes de pause.
Le 3ème, après une soirée festive, ne sera dédié qu’à la recherche de pièces de vélo et d’achat de billets pour le Transsiberien, et oh combien nous remercions Tania d’avoir joué le rôle de guide dans cette Capitale aux allures parfois new-yorkaise. Moscou by night sera féérique et revisitera à la hausse mon jugement quant à la beauté de cette ville.
Les 2 derniers jours seront alloués à la visite de la ville et de ses alentours au gré de nos envies grâce à nos si précieux hôtes qui ont su très vite cerner nos centres d’intérêts : église orthodoxe, marché, histoire. Ce qui nous vaudra d’être réquisitionnés dans l’église de la « Sainte Igor of Chernigov » pour changer l’eau de tous les vases ! Un moment très cocasse mais inoubliable grâce aux adorables religieuses. Par chance il restait un foulard en libre service à l’entrée de l’église, les femmes devant se couvrir la tête…nous ressortirons avec des chocolats de la quête en guise de récompense.
Cette ville surdimensionnée aux 30 millions d’habitants, au 2 500 km carré, au métro gigantesque où chaque station de l’hyper centre est un musée à elle toute seule, où tout est écrit en cyrillique, aux barres d’immeuble à perte de vue, qui fourmille à toute heure, qui dispose d’une 2×7 voies en plein cœur de ville, aux bâtiments staliniens à se tordre le cou, aurait été pour nous une véritable jungle si nos hôtes ne nous avaient pas accompagnés, guidés, conseillés. Pavel et Tania ont été aux petits soins pour nous, nous n’aurions pas rêver mieux. Les 3 mois d’été passent vites. Les moscovites les vivent à 300% !
Grâce à eux nous avons mieux compris la société russe. Ouverts, conscients, engagés (Vinci est aussi présent ici…) nous sommes sur la même longueur d’onde et nous étonnons encore que le hasard fasse toujours si bien les choses. Nous avons pu aborder tous les sujets simplement et honnêtement : Crimée, Géorgie, croyance, mœurs… passionnant !
Il est temps de monter dans le mythique transsibérien, le Baïkal nous attend ! Pavel ira jusqu’à nous accompagner jusque dans notre wagon. Le départ aurait été beaucoup plus sport sans lui. Nous en avions rêvé, et sans même lui demander, Pavel l’a fait ! Tellement merci. Au moment où retenti l’alarme, des voix de femmes s’élevèrent et un chant traditionnel d’adieu accompagnera les ronronnements de la locomotive. L’émotion est à son comble et pour la première fois des larmes coulent. Pavel, a l’âme d’enfant, fait le clown et tente de nous faire rire, mais nous lisons la même émotion dans ses yeux. Ils nous ont donné une incroyable leçon de générosité, de don de soi, d’accueil, de simplicité et d’espoir ! Nos roues se recroiseront peut être au Vietnam ou en France… ou les deux !?
Vos écrits sont comme une énorme bouffée d’oxygène. On attend ces rdv avec impatience, tellement heureux et fiers de vous lire. Votre route est semée de belles rencontres, et découvrir vos mots nous fait, à nous aussi, monter les larmes aux yeux. A bientôt les routards ! Hâte de lire la suite de vos aventures. Prenez soin de vous. Bises