We love CAMBODIA !

Notre étape au Cambodge nous replonge directement dans notre voyage à vélo, après ces dernières semaines de « pause ». Et c’est tant mieux ! Nous y vivrons nos aventures les plus cocasses, et feront le plein de Grains 2 sel !! (Dans tous les sens du terme.) Impossible de tout coucher sur le papier et de vous montrer notre millier de photos… alors voici quelques extraits :

Le Cambodge c’est…

  • Le pays du vélo !

La majeur partie de la population se déplace à vélo, droite sur sa selle. Nous aurions pu faire un livre photo rien que sur ce thème. Certains sont tellement chargés qu’on ne distingue presque plus la bicyclette (mais c’est valable pour l’ensemble des véhicules). Economie oblige, les enfants doivent faire avec le vélo du grand frère ou de la petite soeur, et ils semblent rarement à la bonne taille, ce qui est souvent cocasse. Leur destrier équivaut souvent aux bicyclettes de nos grands parents et ils n’ont jamais vu de tandem ! Alors imaginez leur réaction lorsqu’ils nous voient passer… nous avons battu ici les records d’éclats de rire, de « wow » (quand ils voient le vélo) – WOW (quand ils voient la remorque), du « hi », « houou », « haaaa » et sans parler des « hello » incessants ! Si nous gardons en mémoire les milliers de Sabaïdi des enfants Laos et des hello chinois, au Cambodge c’est toute la population qui nous salue ! Pas un moment de répit pour les bonjour qui fusent sans savoir d’où ils viennent. Mais leur sympathie est telle que pour la première fois nous ne nous lasserons jamais de répondre. Toutes ces mains agitées réconfortent lorsque nous quittons les routes principales pour les célèbres pistes rouges ! La poussière nous aveugle, nous étouffe, et nous recouvre chaque centimètre de peau et de bagage. Parfois on croit qu’on est bronzé mais…non. Toutefois, ça reste un formidable pays pour les cyclovoyageurs : archi plat, peu de circulation, très peu de chauffards klaxonnant, il est très facile de se réapprovisionner en eau et en nourriture. Quid de la chaleur, nous réorganisons nos journées : levés entre 5h30 et 6h30, nous carburons le matin, siestons de 12h à 16h et finissons le job avant la tombée de la nuit.

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  • Le (vrai) pays du sourire !

La population est extrêmement amicale et serviable. Leur sourire nous touchera en plein coeur. Ils adorent nous apprendre leur langue et c’est l’une des premières fois que nous maîtrisons autant de mots. Ça change la relation au pays ! Pas si compliqué, ils auraient l’alphabet le plus long du monde (74 lettres). Toutefois leur enthousiasme s’arrête au pas de leur porte. Il fut compliqué de planter la tente dans les jardins. Timides, inquiets, nous essuierons quantité de refus, ce qui nous rendra plus que perplexe au vu des journées passées à les saluer. Les rares qui acceptaient, appelaient la police ! Ce qui nous a valu la première nuit, de déménager au commissariat, et dormir avec deux sympathiques policiers. Apeurés qu’ils nous arrivent quelque chose et qu’ils en soient accusés, personne ne souhaite être responsable. On les comprend. Heureusement les policiers sont zen, après photos de nos passeports et de nos tronches, il suffit de leur dire que nous, nous ne sommes pas inquiets et que l’on souhaite rester là, pour que ça rassure tout le monde. Nous passerons deux soirées inoubliables chez deux familles exceptionnelles. Généreuses, curieuses, tactiles, joviales, je me retrouverai même à essayer des tenues de mariage !

  • Le pays des grains de sel !

A Phnom Penh nous planterons la tente 3 nuits chez Mélanie. Incroyable de dormir sur les toits d’une capitale ! Elle anime un espace de coworking international, appelé Impact Hub, qui se veut aussi être un incubateur d’entreprises sociales, et par dessus tout, une communauté de travailleurs qui croient en la construction d’un monde meilleur. Son travail, son réseau, les projets qu’ils soutiennent, et les personnes qui gravitent autour, nous ferons rêver et nous demander ce que nous faisons à pédaler ! Nous participerons une matinée à la création du film « Follow your dream ». L’idée est de faire témoigner de jeunes cambodgiens qui ont osé réaliser leur rêve professionnel. Cette dizaine de « grains 2 sel » rencontrés nous impressionneront par leur maturité, leur confiance, leur volonté, et tout simplement par ce qu’ils dégagent. Waouh, le changement est en marche !

Grâce à Coline, expatriée depuis 4 ans au Cambodge, et à son réseau professionnel associatif, nous passerons deux jours près de Kampong Trach, dans la communauté d’Anlung Pring. Les habitants, aidés par de grandes ONG, lancent un projet d’écotourisme autour des Sarus Crane, appelées chez nous Grue Antigone. C’est le plus grand des oiseaux volants (plus de 2 mètres de hauteur). Nous espérions y faire une semaine de volontariat, mais malheureusement ça ne s’est pas fait. Livré à nous même, Bouna nous prendra sous son aile et nous fera découvrir à vélo les alentours. Région splendide, oiseaux incroyables, nous serons émerveillés par la beauté du lieu, et par la gentillesse de notre nouvel ami.

A défaut de volontariat, nous partons visiter Kep et Kampot. Kep était autrefois la ville côtière la plus populaire et la plus prestigieuse. Elle reste très connue pour son marché aux crabes. Petite ville entièrement tournée vers le tourisme, ses infrastructures surdimensionnées sont vides. Tant mieux pour nous. La route du bord de côte est splendide. Nos roues y croiseront l’incroyable destin de la famille Dorier. Voilà deux ans qu’ils se sont installés à Kep pour poursuivre leur activité professionnelle : charcutier ! Avec leurs 3 enfants, ils ont quitté leur Drôme natale et leur famille (éleveur de cochon), pour vivre une toute nouvelle vie au Cambodge. Ecoeurés des lourdeurs administratives, du « travailler plus pour gagner moins », ils ne regrettent en rien leur choix, et parviennent enfin à faire du vrai bon saucisson comme chez nous (c’était pas gagné avec le taux d’humidité !). Merci pour le témoignage, votre parcours nous fait rêver et confirme que quand on veut, on peut !

Kampot est réputée pour son sel et son poivre ! Nous visiterons donc La Plantation et rencontrerons son fondateur, Guy Poré. Des hôtels de luxe au Vietnam à l’exploitation d’un poivre bio et local il semblerait qu’il n’y ait qu’un pas. Depuis quelques années ils cultivent le poivre de manière traditionnelle, artisanale, et naturelle. Outre la mission sociale auprès des familles de fermiers de La Plantation, ils soutiennent une école qui jouxte la propriété (équipement scolaire, vélos pour venir à l’école, nouvelle route, entretien des bâtiments, cours d’anglais).

B-L nous fera une visite guidée mémorable de la plantation, grâce à son humour et son culot. B-L vient de PSE : Pour un Sourire d’Enfant. Association crée en 1993 par Christian et Marie-France des Pallières, dont on parle beaucoup ici. En 1995 ce couple de français voyageur découvre l’horreur de la décharge de Phnom Penh. Là, vivent et travaillent des centaines d’enfants qui se nourrissent des déchets. Immédiatement ils décident de « faire quelque chose ». Aujourd’hui la mission de PSE est de sortir les enfants de l’extrême misère et de les conduire à un métier qualifié, digne et correctement rémunéré. B-L est l’un des 10 000 exemples de paris gagné ! Vous pouvez retrouver leur histoire à travers le film « les pépites« . « S’il n’y a pas de rêve dans la vie, il n’y a pas de vie ».

  • Une grande cérémonie de mariage !

C’est tout le pays qui semble se marier durant la saison sèche ! Pas un village qui ne fête l’union d’un jeune couple, qui ne dispose de grandes tentes colorées dans les rues, et qui ne fassent crier les hauts parleurs. Résultat : pas une nuit au calme ! Ils sont si puissants que lorsqu’on passe à leur hauteur on se bouche les oreilles, et lorsqu’on est à 3 kms on en profite toujours ! Quelques jours avant de quitter le pays, nous aurons la chance de pouvoir participer au mariage de la soeur de Bouna. Les mariés changent 7 fois de tenus et passent une bonne partie de la soirée à faire des photos officielles. Ça boit et mange beaucoup. Les enceintes alternent chansons traditionnelles où les adultes dansent surtout avec les mains, autour d’une table ; et chansons modernes (technos) où les petits (2 à 10 ans) dansent comme des tarés la tête dans les décibels. Subjuguant ! Et lorsque les mariés partent se coucher, c’est au tour des moines et des pagodes de prendre le relaie sur l’ambiance sonore. Ici le bouddhisme se pratique d’une manière encore différente. Les Wats se nomment des Pagodes. Le nombre de moinillons est impressionnant. Les « pintapats » se font à pied, scooter et même tuck tuck et se font seul ou par 2, 3 ou plus. Les dons sont plutôt monnayables qu’alimentaire, ce qui nous a beaucoup surpris. A chaque don, les moines récitent une prière…

  • Un peuple traumatisé

25 années de guerre anéanti un pays. A Phnom Penh nous visiterons l’ancienne prison de Tuol Sleng, encore appelée S-21. Ancien lycée, transformé en centre de détention, c’est aujourd’hui le musé du génocide perpétré par les Khmers Rouges. Suite logique de celles que nous avons fait en Europe, nous aurions pu avoir comme fil rouge « guerres et atrocités ». Qu’importe la latitude, la culture, l’époque, les raisons, les croyances, l’idéologie, et les techniques de torture… l’horreur est partout la même. Tous ceux supposés être des opposants au régime y étaient enfermés et torturés  : jeunes, vieux, femmes, enfants, bébés, ouvriers, intellectuels, ministres (y compris des proches de Pol Pot) artistes, cambodgiens, mais aussi des étrangers… Le simple fait de porter des lunettes était suffisant pour être considéré comme intellectuel et donc « à exterminer ».

Pour aller jusqu’au bout de l’horreur, nous visiterons également le mémorial de Choeung Ek, le plus grand des 380 sites d’extermination répertoriés, destination finale des prisonniers de S-21. Les bourreaux avaient ordre de ne pas utiliser de balles pour achever les victimes… Toutes les fosses n’ont pas été fouillées, et le sol laisse entrevoir encore de nombreux restes humains (vêtements, os…). Il nous est impossible d’écrire le dégoût et le choc que nous avons vécu face à cette horreur humaine.

Ces visites nous ont apparue indispensables pour comprendre la terrible dictature Khmer rouge, qui, durant 4 ans (1975-1979), décima plus d’un 1/4 de la population, à l’insu du reste du monde (environ 3 millions de personnes). Mais elles nous ont surtout paru fondamentales pour comprendre le Cambodge d’aujourd’hui. Près d’un tiers des Cambodgiens souffrirait encore du syndrome de stress post traumatique. Le pays toute entier reste marqué. La reconstruction psychologique des victimes a longtemps été négligée, au nom de la réconciliation nationale et du développement économique. Survivants et tortionnaires se côtoient encore, quarante ans après. La reconstruction psychologique du pays est une tâche immense, et d’autant plus cruciale que le traumatisme se transmet de génération en génération. Violences conjugales et familiales, enfants en souffrance : l’impact psychologique a des conséquences directes sur le malaise social du Cambodge contemporain. 

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  • Plusieurs mondes

Après s’être fait bien « touristés » à la frontière, Battambang et Siem Reap ; après avoir été confrontés à la misère (la plus grande que l’on ait vu depuis le début du voyage) ; après avoir observé la déforestation la plus rapide au monde ; nous voilà refroidi par cette entrée en matière au Cambodge. Mais c’est en pédalant sur les routes de campagne que l’on se réconcilie avec un pays ! Nous découvrons une toute autre ambiance qui nous enchante, nous émerveille, nous touche profondément.

L’arrivée à Phnom Penh est tout aussi surprenante ! Toute la manne financière destinée au développement du pays semble être ciblée sur la capitale. Véritable boom, ça construit dans tous les sens, des immeubles aux dizaines d’étages, qui s’annoncent plus luxueux les uns que les autres. Mais pour qui ? Le nombre d’expatriés ici est hallucinant, et la communauté française bien implantée. La ville sait les attirer : boulangerie, magasins de produits bio et locaux, restaurants plus mignons les uns que les autres, la ville associe aujourd’hui parfaitement l’exotisme du pays et les besoins des étrangers. On se laisserait presque tenter d’y poser nos sacoches ! Mais pour combien de temps encore cet équilibre fragile fera le charme de cette ville  ?

L’aridité du nord laisse place aux zones humides du sud. Merveilleuse région tournée vers la mer, c’est verdoyant, venteux, animalier, de toute beauté. On retrouve un petit côté de chez nous. Les marais salants de Kampot nous laisseront un goût de bout du monde. Nous faisons le plein, et pensons à nos sauniers préférés de Mornac Sur Seudre. Après la Thaïlande, la boucle paraît définitivement bouclée. Notre route du sel(les) s’achèverait-elle ici ?

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3 commentaires

  1. Magnifique, terrible et intriguant ! On aurait bien aimé voir ça aussi avec vous. Quand vous aurez la réponse à votre question, vous nous direz ?
    Des bises

  2. Bonjour à nous deux. Merci pour ce récit riche de descriptions et chargé d’une histoire encore difficile à écouter et assumer.
    Bonne continuation. Quoi que la dernière phrase de votre récit me laisse un peu perplexe . Bises

    1. Bonjour Christine !
      Merci pour ton message !
      Te voilà rassurée ? On se posait milles questions au Cambodge ? Rentrer ? Continuer ? 😉

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