Permaculture Community Crystal Water

(Album photo en ligne)

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« C’est une maison bleue adossée à la colline, on y vient à pied, on ne frappe pas, ceux qui vivent là ont jeté la clef… » Je me souviens avoir chanté ça étant plus jeune autour du feu et je n’imaginais pas que ça pouvait exister réellement quelque part. Sauf que dans la chanson, ils ont oublié les kangourous … !

C’est au milieu de ces marsupiaux que nous faisons notre première trace dans cet étonnant éco-village. La mère fait traverser les plus jeunes, les pattes arrières de son dernier petit dépassent de sa poche. Les oreilles sont tendues et pivotent sur elles-mêmes, ça se gratte, ça broute, ça boxe et à priori notre présence ne les dérange pas tellement. « Heu Virginie, ce serait pas mal que t’avances, tu bloques la route et il y a deux voitures qui attendent derrière ». Nous poursuivons notre safari sur cette petite route qui serpente dans la colline et saute d’un petit lac au suivant. Impressionnante cette forêt recouvrant les versants ! « Oh, regarde ces hautes herbes toutes desséchées … ». La terre se découvre à certains endroits, elle est toute craquelée. On dépasse le cimetière communautaire et de temps en temps, des maisons nous apparaissent au milieu de la végétation. Ce sont des maisons à formes bizarres, en dôme, en patchwork, en carrousel ou soucoupes volantes, qu’elles soient en bois, en terre, en paille ou en poussière d’étoile. A croire que la maison bleue ici c’est aussi la maison du rêve d’enfant et qu’il nous est difficile même de décrire ce qu’on voit. Ce mélange de nature et d’imaginaire, niché au creux de la vallée, qu’est ce que c’est beau ! Peut-être que le soleil se couchant et notre grande envie de découvrir ce lieu aura joué sur notre perception ? A moins que ce ne soit les magiques Glass House Mountains de la région ?

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Un mois plus tard, c’est avec une émotion intense que nous quitterons ces mêmes lieux. Sautant de maison en maison pour dire au revoir, c’est presque à la nuit que nous prendrons la route là où nous étions supposés partir en fin de matinée. Crystal Water, ton esprit de liberté, de créativité et d’indépendance vit toujours. Merci de nous avoir ouvert tes portes et ton cœur. Merci, merci !

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Crystal Water est une communauté fondée il y a plus de 40 ans. Elle s’étant sur plus de 260 hectares sur les flancs de collines. Elle est bordée par 2 rivières et comporte 83 lots d’habitation privés ou vivent un peu plus de 200 personnes. Ces lots de 1 acre (0,4 hectare) accueillent à certain endroits plusieurs maisons et très couramment des caravanes, des bus, des containers ou des cabanes. Ces lots sont répartis par groupe de 4 à 6, ce qui en font des spots de quelques maisons distribués sur l’ensemble du terrain. Jusque là ça a l’air super cloisonné et ça ne ressemble pas tellement à l’idée qu’on avait d’une vie communautaire. Il ne faut donc pas oublier les autres lieux comme le marché, la boulangerie-pâtisserie, la salle de cinéma, la salle à manger et le carrousel, une zone de jeu pour les enfants. Il est important de dire que tout le reste du terrain est géré par le conseil et qu’il existe une coopérative de travail attenante et indépendante. Cette coopérative compte un boulanger, quelques ateliers de mécanique, de travail du bois, de grands jardins potagers et même une bambouseraie. La vie communautaire est multiple et propose à libre participation un repas partagé le vendredi soir, suivit d’une séance de cinéma. Il est sympa d’aller le samedi matin prendre une petite pâtisserie et un café en allant chercher son pain au levain cuit une fois par semaine. Il y a un marché tous les premiers samedi du mois. Ah oui, il y a aussi les falafels chez Yaev et Bec le lundi soir, les soirées bière du vendredi soir chez Gordon ou la séance de jeu collectif des enfants du mardi matin, qui est d’ailleurs plutôt un prétexte pour que les jeunes parents puissent échanger. Cette vie au sein de la communauté nous a semblé presque un minimum tellement ce lieux est finalement isolé. Le premier village est à 25 kilomètres avec une côte que nous n’avons même pas osé faire à vélo. Cet isolement fait aussi son charme mais dans un même temps repose les questions d’autonomie et d’occupation de l’espace. Tout ces temps communautaires nous ont permis de nous faire une idée plus précise de la manière dont les gens vivent ici et d’en découvrir un peu plus sur le passé de ce lieu. Bon, comme partout, il y a l’histoire officielle et il y a aussi ce qu’on a pu comprendre. Et il faut dire que parfois c’est plutôt croustillant. Il nous était difficile d’imaginer cette poignée de hippies épris de liberté et vivant sur le terrain, leur idéal de vie. Comme toute société, nous constatons des rapports de pouvoir, des désaccords de fond et des comportements que nous ne comprenons pas. Pendant que nous serons là, deux feux se déclareront à une semaine d’intervalle et quasiment au même endroit, et vu que tout était archi sec …

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Cet éco-village est l’un des plus anciens en Australie et dans le monde. 40 années de vie communautaire c’est finalement … beaucoup de temps. Nous comprenons que le lieu a été très attractif pour des personnes cherchant un beau cadre de vie et ayant de gros moyens financiers. Les enjeux de plu valus des terrains ont aussi ici pas mal divisés. Un bon nombre d’idéalistes ont quitté les lieux et critiquent aujourd’hui ce qu’il est devenu, mais nous trouvons qu’il reste toujours cet esprit initial d’une manière ou d’une autre.

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Cette communauté est connue dans le monde pour la permaculture ((Définition http://asso.permaculture.fr) « La permaculture est une méthode de conception permettant de créer des environnements répondant aux besoins des êtres humains, tout en respectant la nature. La permaculture s’est dans un premier temps concentrée sur l’établissement de systèmes agricoles durables («agriculture permanente»), avant d’élargir son champ de vision à toute la société («culture permanente»), au travers par exemple de ses systèmes agricoles, socio-culturels, industriels ou financiers. La conception permaculturelle (design en anglais) est basée sur l’observation et la reproduction des écosystèmes naturels. Elle se fait par une approche systémique, qui vise à interconnecter les éléments du système conçu grâce à des principes d’efficacité énergétique, pour créer des environnements durables, résilients et répondant aux besoins de tous les êtres vivants« ). C’est vrai que nous nous attendions à des jardins vivriers dans tous les coins. Nous noterons tout de même une initiative forte intéressante de redémarrage d’un jardin partagé et quelques personnes vivant de leur workshop et de leurs bouquins sur leur savoir faire permacole. Plus nous passerons de temps et plus nous constaterons que la permaculture c’est aussi un mode de vie, un rapport particulier à la nature, à l’espace et aux autres. Alors est-ce qu’une communauté en permaculture a forcément ses terrains remplis de légumes ?

Jardiner, arroser, fendre du bois, ramasser les feuilles, cuisiner, débarrasser un hangar pour mieux le ranger, daller un parterre, déplacer des pierres, retaper des bancs et les repeindre ou encore débroussailler seront les activités que nous mènerons lors de notre première session de workaway chez Scott. Il habite ce magnifique cottage depuis 15 années et vit des revenus d’une Guesthouse. Il utilise Air’BnB et fait cohabiter des locataires longue durée avec des vacanciers ou des voyageur d’un soir. Il expérimente largement l’échange non marchand et le troc. C’est dans ce cadre là qu’il prend des « woofeurs » qu’il héberge et nourrit en échange de 5h de travail par jour. Scott est un joueur de didjiridou et possédait dans le passé un commerce en ligne de slide didji, des tubes télescopiques en plastique permettant de moduler la note de vibration et de le transporter facilement. Merci pour l’initiation.

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Ce que nous avons adoré, c’est cette petite rivière en contre-bas. Ouhaou, que c’était dépaysant : cette eau fraiche et vivifiante et ce calme au milieu des oiseaux, des marsupiaux et des moustiques. Nous avons aussi beaucoup aimé rencontrer les personnes gravitant autour du lieux comme Mathiew et Eri, lui New-Zélandais et elle Japonaise et venant s’établir en Australie pour commencer une nouvelle vie. Il y avait aussi Lili et Francesco, elle chilienne et lui argentin, en pause entre deux formations pour devenir Chamans en Amérique du Sud. Les peintures de Lili nous fascineront, tout comme leur joie de vivre, et l’énergie qu’ils dégagent. Nous aurons aussi rencontré Anja et Lotte, des woofeuses comme nous, allemande et hollandaise, et avec qui nous avons partagé des discussions passionnées sur le monde et l’être. Ou encore Alexandre et Aurélie un couple de suisses en tournage d’un film sur la permaculture. C’était une vraie auberge espagnole !

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Notre seconde expérience s’est faite au numéro 38 chez Po Meï, une brésilienne-australienne née en Bolivie de parents chinois. Vous suivez ? Po Meï est une de ces personnes au grand cœur et qui a le sens de la communauté dans la peau ! Pour nous, elle fait vraiment vivre l’esprit communautaire sur Crystal Water. Elle aura vécu plus de 10 ans en cumulé ici et a acheté un petit terrain il y a quelques années. Son haut de colline lui procure un coup d’oeil sur la vallée sans équivalent. Elle habite aussi le terrain extrême de l’une des deux routes, et dans la tête ce n’est pas pareil. C’est un bal de wallabies, de perroquets, de serpents et même des daims qui rythmeront nos journées. Pas besoin de télévision ici, les reportages animaliers se passent en direct dans le jardin ! Les activités tournent autour de sa caravane à retaper, son bus à peindre et son jardin. Akina, du Japon, sera notre compagne de route. Nous peindrons et rangerons la terrasse de la caravane, referons les clôtures du jardin, taillerons la vigne et ferrons une pergola en bambou et brelage pour le plaisir d’un pied de fruit de la passion. Notre petit plaisir était notamment la cueillette d’orange au petit matin pour un smoothie ou un cartier à pleines dents.

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Po Meï a eu à cœur de nous faire découvrir les personnes qui comptent pour elle au sein de la communauté. Nous la remercierons jamais assez pour ces extraordinaires rencontres que nous ferons. Nous passerons un peu de temps avec Les à la boulangerie à façonner du pain et des viennoiseries. Nous visiterons Gordon pour faire/boire de la bière. Et irons passer 2 après-midi chez Lesli et Peter pour leur donner un coup de main. Ces personnes âgées, à la santé fragile nous laisse imaginer aussi ce que peut-être une fin de vie dans ce genre d’endroit.

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C’est avec un grand sourire que nos journées se déroulèrent à Crystal Water. C’est vrai qu’à première vue ce lieu nous semble un bon compromis entre vie communautaire et vie privée. Le partage avec les autres reste facilité mais est laissé libre. Nous nous sommes sentis très bien accueillis et nous avons pu pour la première fois depuis des mois lier de vraies relations. « C’est un petit poumon qui respire et où il fait bon vivre… » me lance Virginie quand je lui demande quelques mots pour définir ce lieu. Alors on reste aussi ici ? Ou alors, peut-être qu’on reviendra, non ?

Les grains 2 selles se séparent !

Après 16 mois et 2 semaines ensemble (je vous laisse calculer le nombre de jour), il était grand temps que chacun prenne l’air ! Décision bien difficile à prendre, mais que nous recommandons vivement 😉
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Pendant que Benoît reste chez Scott, je m’échappe de Crystal Water pour passer quelques jours chez Anne à Maleny (la ville d’à côté). Française expatriée depuis plus de 20 ans en Australie, nous l’avons rencontré à notre arrivée dans la région, au Mélany Music Festival, où nous avons été bénévoles quelques heures contre entrée gratuite. Anne est pour nous une femme qui inspire. Après un parcours chaotique mais incroyable, elle a aujourd’hui 2 magnifiques filles de 17 et 19 ans qui parcourent le monde. Elle s’apprête elle-même à tout quitter pour un retour aux ressources d’une petite année en France. Engagée, elle milita dans le passé contre l’implantation du super marché de Maleny. Aujourd’hui, elle plaide la cause des immigrés et envisage de passer quelques semaines dans un camp de réfugié en Grèce. Proche des aborigènes, travailleuse sociale, sa maison est toujours ouverte et voit défiler quotidiennement de sympathiques personnes.
Anne est Gestalt-thérapeute. Et contre quelques heures de ménage et de jardinage, j’aurai le droit à une consultation.

Qu’est-ce que la Gestalt-thérapie ? « C’est à la fois une approche thérapeutique, et un ensemble de pratiques visant un changement personnel, psychosocial et organisationnel. Cette approche thérapeutique est centrée sur l’interaction constante de l’être humain avec son environnement. Elle s’intéresse à la manière dont cette interaction prend forme et tente de mettre du mouvement lorsque cette forme est figée et répétitive. En effet, le terme allemand « Gestalt » se traduit par « forme », au sens de « prendre forme », « s’organiser », « se construire ». La Gestalt réhabilite le ressenti corporel et émotionnel. Elle place le patient comme acteur du changement, et la relation comme moteur de ce changement. Certaines formes de thérapie sont centrées sur le pourquoi et recherchent l’origine du traumatisme : « thérapies de l’amont ». D’autres courants, tel celui de la Gestalt-thérapie, sont des « thérapies de l’aval » : en laissant de côté les origines de nos blocages, ces thérapies cherchent à libérer le comportement, à « déboucher la rivière » et « nettoyer les berges », pour lui permettre de couler plus librement. » (source Wikipedia)

Grâce à elle, je redécouvrirai également la Constellation Familiale et Systémique !

C’est une méthode de thérapie familiale transgénérationnelle. Méthode d’approche phénoménologique qui met en lumière les conflits personnels et familiaux issus de l’inconscient familial par le biais de jeux de rôles et de psychodrames. En gros vous choisissez des personnes dans l’assemblée qui joueront les membres de votre famille. Vous expliquez en quelques mots le contexte familiale et posez une intention (je souhaite comprendre…). Vous n’avez plus qu’à regarder ce qui se joue devant vos yeux. Ces étrangers deviennent tout à coup père, mère, soeurs, frères, ancêtres… et ressentent et expriment ce que votre propre famille vit. Complètement effrayant car totalement magique, ça semble un formidable outil pour dénouer des conflits familiaux, réparer/corriger des traumatismes, renouer des liens, pardonner, comprendre, accepter…

 

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Nous revoilà sur la route, direction Brisbane. Notre descente vers le Sud continue !

Références :

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