WORKAWAY

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Le 6 novembre nous quittions Pierre et sa chouette nouvelle vie, et roulions jusqu’à Stanthorpe où nous passerons le reste du mois. 2 workaway nous attendent. Fini les vacances en ville, nous retournons travailler à la campagne. Nous passons par le très joli petit lac de Moogerah en prenant les petites routes. La région est une fois de plus MAGNIFIQUE. Nous traversons le drôle de village of Legume. La pluie continue sa danse et nous offre un bel arc en ciel sur les fermes qui parsèment ces vallées. C’est un petit goût de bout du monde sur ces pistes.

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Nous avons eu beau franchir la frontière du New South Wales (Nouvelle-Galles du Sud), Stanthorpe est toujours dans le Queensland. Nous sommes à 200 kms au sud ouest de Brisbane, au centre d’une région appelée la Granite Belt (la ceinture de granite).

Une nuit plus tard nous arrivons chez Radda et Yogesh. Cela fait 5 ans qu’ils ont acheté cette parcelle où seuls les arbres vivaient. Quel beau travail en seulement quelques années : nous découvrons une belle maison écologique, des potagers, un poulailler, une marre pour les canards, un séchoir, des caravanes qu’ils louent… nous sommes impressionnés. Les gelées viennent tout juste de disparaître, chouette, mais les orages et l’humidité nous surprennent. Nous sommes à 1000 mètres d’altitude, et il caille ! L’accueil est chaleureux, même s’ils s’absentent pour la soirée. Nous préférerons rester dans notre van plutôt que d’investir la caravane un peu miteuse mis gentiment à disposition. Malheureusement dès le lendemain, les relations se compliqueront. Et oui en Workaway c’est toujours une surprise : qu’allons-nous faire ? Quels personnages allons-nous rencontrer ? Où allons-nous vivre ? Bref à quelle sauce allons-nous être mangés ? Et comme pour tout il y a parfois de mauvaises surprises.

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Nous constatons un grand décalage entre leur annonce, leurs aspirations, leurs valeurs, et leur volonté de créer un autre monde, et la pratique. Chacun ses contradictions. Mais c’était à la limite de l’impolitesse. Nous aurons beaucoup de mal à trouver notre place et nous sentirons souvent de trop. L’impression d’être de simples travailleurs, cantonnés à rester dans notre caravane, sans faire trop de bruit, pendant notre temps libre.

Néanmoins nous y trouverons notre compte. Le boulot était parfois difficile mais plaisant (cartonner et pailler les chemins du potager, ramasser de la sciure dans des scieries, désherber à la main…). Nous travaillions 4-5h le matin, et avions le reste du temps libre. Chaque journée nous commencions par nourrir les animaux et promener Goundee, leur superbe chienne. Nous nous épuiserons à lui lancer le bâton. Un matin, à peine ouverte la porte du van, elle nous attendra pomme de pin dans la gueule, queue agitée. La propriété est entourée de pins, et nous profitons de nos après-midi pour nous balader avec elle. Nous nous croyons dans les Landes. La nourriture sera plus que copieuse et délicieuse. Enfin, chaque soir avant dîner, ils nous inviteront à danser et méditer ensemble. De beaux moments.

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Au vue de l’ambiance nous souhaitons écourter notre séjour. Mais s’étant engagés pour 2 semaines, on nous demandera de tenir nos engagements. Étrange alors qu’elle passe le moins de temps possible avec nous. Quelques rebondissements plus loin, la pluie étant prévue pour la seconde semaine, nous passerons finalement pour « persona non grata », et on nous demandera de partir, au plus vite si possible. Si nous ne pouvons pas travailler, il n’y a plus de raison pour que nous soyons les bienvenus.

Nous quittons ce joli endroit choqué par ce grand manque de savoir vivre. Il nous faudra bien une semaine pour faire totalement disparaître cette petite boule au ventre et s’assurer que le problème ne venait pas de nous. Il faut dire que de la part d’une psychothérapeute nous nous attendions à un minimum de communication. Tout le monde a le droit d’avoir ses problèmes et de traverser une mauvaise passe, mais au vue de son parcours, nous espérions un peut d’intelligence relationnelle. Nous avons eu de nombreux échos de la part d’autres voyageurs sur leurs mésaventures en workaway. Certains semblent oublier que nous ne sommes pas que des travailleurs gratos. Nous recherchons avant tout la rencontre, l’échange, et à apprendre. C’est une expérience qui nous marquera. Nous comprenons combien il est difficile d’être cohérent entre ses convictions et leur mise en pratique dans la vie de tous les jours. Comme si ce n’était jamais acquis, comme si cet effort devait être poursuivi toute la vie. Voilà qui nous pousse à nous relire nous même et à travailler sur cet alignement qui nous tient tant à cœur.

Bref, une semaine après, nous arrivons chez Bec, welcome in paradise !

A peine arrivés, que nous sentons dans le câlin à l’australienne que Rebecca nous offre, un fort potentiel entre nous. Pas manqué, nous passerons deux incroyables semaines en compagnie de ce bout de femme exceptionnelle et de sa famille. Ouf, cette fois, nous sommes au bon endroit.

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Après plusieurs voyages à travers le monde, des études de naturopathie, et une initiation au chamanisme, Bec a décidé de s’installer sur les terres de ses grands-parents, et de s’y construire une maison écologique. Le décès soudain de sa grand-mère l’an dernier, a quelque peu modifié ses projets. Elle a décidé d’investir les deux maisons laissées en héritage. Rénovation, décoration, entretien, l’ont occupé ces derniers mois, et elle a depuis un beau poulailler, des canards, et des biquettes. Sa maison, déjà bien commencée, reste donc à finir. Le lieu, situé à plus de 20 kms de Stanthorpe, est paradisiaque, si on aime la solitude. Ses parents vivent à 3 kms. Aidée, soutenue, elle reste du haut de ses 27 ans, la gestionnaire de ce lieu : nous serons impressionnés. De nature calme et douce, les projets fusent derrière ses yeux verts : lieu d’accueil temporaire ou à plus long terme, Airbnb, retraite (yoga, detox,…), résidence d’artiste, centre d’accueil pour enfants, elle ne manque pas d’idées pour ouvrir et faire vivre ce lieu. Elle a également le projet de faire un jardin en permaculture dont elle vendra la production sur les marchés. Bientôt des cochons devraient venir compléter la famille.

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Installés comme des rois dans l’une des deux maisons, cela faisait longtemps que nous n’avions pas bénéficié d’autant de confort. Bec est fatiguée par les travaux et désire avant tout partager, alors nous discuterons plus que nous travaillerons ! Levés 6h15, c’est un plaisir de faire la tournée des animaux : nourrir les poules et ramasser les œufs, s’occuper des canards, emmener les deux plus grandes biquettes au prés (un sport), et donner le biberon aux deux petits chevreaux qu’elle a recueilli, avant de tous se retrouver pour petit déjeuner. Le mauvais temps nous fera préférer boire le thé que de désherber. Mais les jours de soleil, quel bonheur de travailler aux pieds des rosiers, en compagnie de Mimi et Chouchou. Mimi a 1 semaine, quand Chouchou n’a que quelques jours et peine à survivre. La première semaine nous partagerons la cuisine avec eux. Le chauffage deviendra leur mère adoptive, qu’ils vénéreront comme un dieu. Les journées sont ponctuées par les bibes, toutes les 2h, à 16h30 il est temps de nourrir à nouveau les poules et les canards, de rentrer les deux biquettes, et de nourrir les deux chiens, avant de coucher tout ce petit monde à la nuit tombée. Les journées défilent et nous avons le sentiment que la vraie vie est ici. Bec aime à donner un coup de main à ses amis ou voisins. C’est ce qu’elle fait 1 à 2 journées par semaine. Elle a besoin de se former, et sait que seule il ne lui sera pas possible de réaliser ses rêves. Nous aurons alors l’impression de travailler davantage pour les autres que pour elle.

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Sa famille possède une ferme bio de 800 hectares, hérités des grands-parents. Ils possèdent un troupeaux de 350 vaches qu’ils élèvent en biodynamie pour la viande. Depuis 3 ans ils se sont lancés dans la production de choux blancs. C’est la plus grosse ferme de choux bio d’Australie. Destinés à la production de « SourCraft », du chou cru fermenté, très en vogue dans la région, car très bon pour la santé paraît-il. C’est la saison pour les ramasser, alors par 4 fois, nous irons prêter nos bras, en compagnie de Shane (le papa), Sean (le bras droit), Maree (la maman), Chris (le cousin), la soeur de Bec… ou de backpakers payés à la journée quand la famille n’est pas là. On ne peut pas dire que ce soit vraiment rigolo de ramasser, dans la boue, de gros choux blancs pourris par les pluies brutales et trop abondantes de ces derniers jours (nous aurons même le droit à de beaux grêlons qui anéantirons les jeunes pousses de choux…). Peler les choux pour ne récupérer que la partie belle (quel gâchis laissé au sol…), porter les caisses, transvaser dans la remorque du tracteur… nos dos auront du mal à s’en remettre. Nous ne regarderons plus les saisonniers de la même façon. Shane ira même jusqu’à nous donner de l’argent pour nous remercier ! Pas question. Car aussi fou que cela puisse paraître, j’étais heureuse, même sous la pluie, d’aider ces belles personnes. L’ambiance y était studieuse mais chaleureuse. Chacun apprenant à connaître l’autre. Les jours passants nous nous sentions si à l’aise que les sujets deviendront plus polémiques : dérèglement climatique, surpopulation, migration, mais le tout dans une atmosphère très amicale et respectueuse. A la pause thé (très importante chez les anglosaxons et appelée « Smoki break ») nous dévorions les formidables gâteaux fait maison de Maree. Tout ce petit monde finissait par déjeuner ensemble et à la fin nous nous sentions en famille.

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Shane est Kinésiologue. La kinésiologie est une pratique professionnelle destinée à favoriser un état d’équilibre et de bien-être (physique, mental, émotionnel et social). Le corps serait traversé d’un flux d’énergie curative, et les maladies seraient causées par l’entravement de ce flux. Pour comprendre d’où vient le ou les problèmes, le kinésiologue a recourt au test musculaire. Pas besoin de s’exprimer, le corps nous livrerait les informations dont nous avons besoin pour comprendre. Ce test musculaire permet d’identifier les déséquilibres sur le plan physique, mental, émotionnel et énergétique ainsi que les moyens à utiliser pour les rééquilibrer. Le kinésiologue propose alors des outils d’équilibrag qui associent des techniques occidentales modernes à des techniques traditionnelles très anciennes, chinoises notamment. La kinésiologie est utilisée aussi comme technique de développement personnel. http://federation-kinesiologie.fr/La-Kinesiologie

Shane nous offrira une séance chacun et prendra de son temps pour nous partager sa passion. Une nouvelle fois nous sommes enchantés de découvrir une autre manière de soigner.

Nous passerons une journée dans le jardin d’Holly et Justin, un jeune couple maraîcher. Planter, désherber, déplacer, une belle journée.

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Bec profitera de notre présence pour partir 3 jours sur la côte retrouver sa meilleure amie, en escale. Nous voilà maître à bord, et on s’y croit ! Nous nous occuperons même de ramasser et livrer les commandes pour la coopérative dont Bec fait partie. Une sorte d’AMAP / Ruche qui dit oui organisée par les fermiers. Nous y rencontrerons Ray and Samantha qui reviennent de 6 mois de voyage en Europe en famille. Ils ont passé pas mal de temps en France à faire du wwoofing. Il leur est interdit de vendre du lait non pasteurisé. Pas de problème, ils le vendent sous l’étiquette « lait à usage cosmétique ». Comme les graines de chanvre. Interdites à la consommation, elles sont vendues à usage cosmétique, mais tout le monde s’en régal, et c’est très bon pour la santé. http://symarafarm.com.au/

Nous reprenons la route plein Est pour le Byron Shire. Le départ est une nouvelle fois un arrachement. Nous laissons une partie de nous dans cette ferme : c’est très dur. Nous échangeons de merveilleuses paroles et de beaux cadeaux. Nous nous promettons de rester en contact et de se donner des nouvelles. Nous avons le sentiment que nous reviendrons. Nous commençons à ne plus supporter ces moments de départ. C’est une tristesse immense et l’énergie vient à manquer. Il est peut-être temps de se poser quelque part ? Est-ce que nous n’aurions pas besoin d’une petite pause dans notre nomadisme ? Nous comprenons dans cette expérience notre besoin de vivre au rythme de la nature.

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