Le grand retour !

Le 1er mars nous embarquions pour le grand périple retour ! Après des mois à se triturer le ciboulot (poursuivre ou rentrer…?) nous voilà aux portes de l’aéroport d’Hobart (Tasmanie). Après un premier grand chamboulement dans notre voyage en mars 2017, l’idée était, après une petite escapade d’une année en Australie, de rentrer en France par l’Iran, à vélo (bien sûr), et reprendre notre voyage presque où nous l’avions laissé…

Mais voilà qu’en Juillet 2017, Benoît a reçu une proposition de son ami Pierrot de venir travailler dans un café vélo à Agen… cet appel impromptu a fait trembler une nouvelle fois l’équipe Grains 2 selles. Après des mois à tergiverser et passer par toutes les étapes possibles et inimaginables que peut composer une prise de décision, c’est seulement début décembre que nous avons tranché. Nous rentrerons dès le printemps pour nous installer à Agen !

Ainsi le 1er mars dernier, nous troquions deux années de pérégrinations presque uniquement terrestre – dont 14 000 kms à coups de pédale – contre 33 heures de voyage – dont 23 heures et 50 minutes dans l’avion. Aussi fou que ça puisse paraître, c’est presque grâce au temps enfermé dans ces oiseaux mécaniques que nous parvenons à mesurer la distance parcourue durant ces deux ans !

Serait-ce le temps de revenir sur ces deux années d’incroyable voyage ? Sur les raisons qui nous ont poussé à partir ? Pas sûr…

Nous partions pour…

  •  S’alternativer ! S’autonomiser et converger vers un mode de vie plus durable, en développant nos savoir-faire et savoir-être…
  • Se découvrir ! Mutuellement, et soi-même. S’enrichir, se développer, s’apprendre…
  • S’ouvrir ! Appréhender le monde, le vivre et le pratiquer, par la rencontre interculturelle, la vie dans la nature, le nomadisme…
  • Ralentir ! Prendre le temps d’observer, de ressentir, d’écouter, de contempler et d’avancer à notre rythme

Objectifs presque réussis !

Voilà ce que nous expliquions deux ans auparavant…

« Nous avons opté pour le vélo. Il est le moyen de transport à propulsion humaine le plus rapide qui existe ! (Études scientifiques à l’appuie). Il est suffisamment lent pour pouvoir s’imprégner de la beauté du monde, sans moteur bruyant et polluant, sans écran en verre ou en plastique qui nous éloigne de la nature et rend plus difficiles les rencontres. C’est aussi la possibilité de voyager au long court avec des budgets raisonnables, hors des sentiers touristiques si possible et avec la liberté de choisir la route empruntée. C’est un moyen de transport cohérent avec nos convictions. Il permet de prendre conscience des distances et des dénivelés. Il n’est ni trop rapide, ni trop lent. Les paysages défilent à la vitesse de nos mollets et l’environnement naturel et humain sont à portés de main ! Et puis l’effort physique est valorisé, et va dans le sens d’une meilleure hygiène de vie. Le voyage se mérite quand on est à vélo !« 

« Mais il faut bien avouer que quand Benoît s’est finalement emballé pour le vélo, mes genoux se sont mis à claquer. Tour de l’Eurasie à vélo… ah oui quand même, ne suis-je pas un peu folle ? Si je ne voulais pas entendre parler du Tandem au départ (nous allons déjà vivre 24h/24 ensemble, nous n’allons pas en plus partager notre vélo ^^) il est bien connu qu’à deux nous sommes plus forts. D’un coup, l’idée de partager un vélo m’a séduite et donné confiance ! Avec peu d’entraînement et sans grande ambition, le Tandem nous permet d’être au même niveau, plus ou moins à l’équilibre, de partager l’effort, d’être véritablement ensemble, une vraie équipe, et d’aller plus vite ! Le fort aide le plus faible et cette image nous plait. L’endurance pourra se faire progressivement, avec quelques bons jours de repos et des siestes dans les champs. L’essayer c’était l’adopter. Belle image pour un couple que de voyager en Tandem, ce double vélo devrait susciter également la curiosité et la sympathie des personnes rencontrées. Avec notre remorque, nous sommes un vrai semi-remorque ! « 

« Nous avons établi un itinéraire, plutôt détaillé, car nous sommes attendus le 18 février en Thaïlande, par la famille Trouvé ! Et figurez-vous que l’Eurasie c’est tout de même vachement grand, alors ça nécessite un minimum de projection et de planification. En se basant sur une moyenne de 70Km/jour 5 jours sur 7, une moyenne qui nous semblait bien appréciable, nous arrivions à 20 mois de voyage. Sauf qu’un voyage comme le nôtre, aussi grand, en aussi « peu de temps », ça ne se calcule pas à la louche sur google map, et en détaillant les étapes, nous avons flanché. Nous avons souhaité garder l’idée des 20 mois, ce qui est une grosse contrainte de temps. Nous ne sommes plus tout jeune et avons des projets pour la suite, et j’avais besoin d’une date retour qui ne se comptait pas en années, alors globalement nous pédalerons 5 à 6 jours par semaine, il faudra avaler un peu + de kms, prendre des portions de train et de bus, mais surtout, tenant absolument à ne pas prendre l’avion, et appliquant les principes de sobriété heureuse, nous avons dû faire une croix énorme sur certains pays dont nous rêvions (Tibet, Népal, Inde, Bangladesh). Nous nous laissons tout de même la liberté d’adapter le voyage, en fonction de rencontres et de nos envies. »

Tout était donc annoncé… le vélo a toujours été pour nous un moyen de transport pour voyager, et non une compétition sportive. C’est pourquoi dès le début nous savions que nous ne ferions pas tout à coup de pédale, mais que nous prendrions au moins le train (le transsibérien en Russie, le Transmongolien en Mongolie, et des trains chinois). Pourquoi ? Parce que nous ne voulions pas partir 10 ans, et que surtout, avec la notion de visa à prendre en compte une fois les portes de l’Europe franchies, il devient difficile de pédaler tout du long… difficile mais pas impossible ! Nous savons que certains aiment à faire des journées à 150-200 kms, ils nous ont toujours impressionnés. Au delà de la performance physique et mentale cela ne laisse, selon nous, que peu de place à l’imprévu, aux rencontres, à l’expérience (autre que cycliste) et allait donc à l’encontre de nos objectifs de voyage… Ainsi nous aimons à distinguer les cyclistes qui voyagent (cyclistes voyageurs), des voyageurs qui pédalent (voyageurs cyclistes).

Nous nous sommes rapidement rendu compte que nous avions été gourmands dans l’élaboration de notre planning, et après être partis sur les chapeaux de roue, nous avons commencé à ralentir… Nous avons fait moins de distance à vélo que prévue pour profiter davantage de certaines étapes, visiter mieux certains pays, et reposer tant le physique que le moral. Arrivés au Vietnam, nous nous sommes laissés, comme annoncé, la liberté d’adapter le voyage, en fonction des rencontres et de nos envies. Et ça n’a pas été une mince affaire ! Il ne vous a pas échappé qu’on a finalement pris l’avion pour se rendre à Bali puis en Australie, ce qui n’était pas dans nos options de départ. Au contraire… nous avions un regard sévère et critique sur l’avion et sur nous-même… Pourquoi ? Pour des raisons écologiques bien sûr. Mais aussi parce que l’on trouve plus intéressant et beaucoup moins traumatisants (quoi que) de passer les frontières par voies terrestres (ou maritimes). Nous aimons vivre au rythme des changements naturels de cultures, d’environnement (climats, paysages, alimentation…), et d’horloge, sans les chocs que produisent l’avion. Nous avons cherché à faire du bateau stop, nous nous sommes renseignés sur les voyages en cargo… et avons finalement capitulé.

Bon, mais en vrai, malgré ce record d’heures de vol à venir, impossible pour nous de faire un bilan, de se replonger dans ces deux dernières années, d’évoquer tous ces souvenirs, de mettre des mots sur nos émotions, de transformer nos pensées en paroles… Nous revoilà prêt à embarquer dans un nouvel avion… et cette fois-ci, pas de saut de puce, mais un énorme bond en avant… ou en arrière… enfin un big saut qui nous ramène de l’autre côté de la Terre, en hémisphère nord. Le moment est trop troublant, trop intense, trop perturbant, et nous préférons nous jeter corps et âmes dans les petits écrans télé des avions à nous soûler des derniers films sortis… Le temps du bilan sera pour plus tard… pour le moment, on décolle !

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Prochain article à venir : Doha – escale en Pays Qatar !

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