Hobart – Doha… où comment nous avons failli laisser le tandem et la remorque en Australie.
Ce que personne ne nous a dit, c’est que le premier vol Hobart – Melbourne, qui ne dépendait pas d’Air Qatar mais de Jetstar, ne prenait pas en charge le transfert des bagages. En pleine file d’attente pour embarquer pour Doha, une heureuse étincelle viendra faire « tilte » dans la tête de Benoît. Il ira s’assurer que nos bagages suivent bien. Non ? Il nous faudra retraverser tout l’aéroport en courant avec nos chariots, trouver l’endroit où nous les récupérons, et prier pour qu’ils soient toujours là après avoir tourné 5h sur les tapis roulants… Heureusement ils nous attendaient sagement… Merci Australie ! Course poursuite en sens inverse… nous serons parmi les derniers à nous enregistrer. Et pour la première fois on nous demandera de peser nos bagages à main… oups… étant chaque fois en surpoids, c’est là que nous stockons malicieusement ce surplus. Heureusement l’hôtesse sera compréhensive, nous n’aurons à peser que nos sacs à dos (et non les sacs à main ni manteaux aux poches débordantes). Nous voilà en salle d’embarquement, ébahis devant l’avion de voyageur le plus gros du monde : l’A380.
Le Qatar… un monde dans le monde !
Notre vol aura deux bonnes heures de retard. Ce qui nous fera rater notre dernier avion et arriver avec 7h de retard à Barcelone. Mais avec des souvenirs en plus ! Après 15h d’avion d’affiler (finalement ça se fait plutôt bien), une chambre d’hôtel nous a été réservée, pour nous faire gentiment patienter. Vu que le déjeuner est servi la-bas, nous décidons de sortir de l’aéroport… nous revoilà avec les 500 (?) passagers et une file d’attente de 2h… rien que pour passer les douanes. Les australiens nous manquent déjà. Ici pas de bonjour, pas de sourire, pas même un son qui sort de la bouche du douanier qui ausculte mon passeport. Les jeunes pakistanais se font tous recalés. Bref, bienvenue dans une autre réalité ! Arrivés dans notre hôtel 3 étoiles (ou plus ?), notre chambre n’est pas prête. Qu’à cela ne tienne, nous allons déjeuner au restaurant de l’hôtel où c’est buffet gargantuesque à volonté ! Le sommeil et la crasse se font sentir, mais notre chambre d’hôtel n’est toujours pas prête… pas grave, nous profitons du SPA de l’hôtel. A 12h nous découvrons enfin notre suite, au 7ème étage, vu sur… un pays en construction ! Nous n’aurons qu’une heure pour profiter d’une chambre que jamais nous n’aurons les moyens (ni l’envie) de nous offrir. A 13h il nous faut repartir à l’aéroport, prendre notre dernier avion.
Le Qatar ressemble, du peu que nous en avons vu, à « du tout sur du rien ». Petit émirat en forme de péninsule, il est bordé par le golfe Persique et l’Arabie Saoudite au sud. C’est le quatrième producteur de gaz naturel du monde, le premier exportateur de gaz naturel liquéfié, et bien sûr, un grand producteur de pétrole. Mais le Qatar est aussi connu :
- pour sa situation préoccupante des droits de l’homme (des améliorations auraient été toutefois enregistrées, notamment en ce qui concerne les droits des femmes) ;
- pour son importante main-d’œuvre étrangère travaillant principalement dans le secteur de la construction, et dont la situation se veut alarmante ;
- pour organiser la coupe du monde de football de 2022. Au delà de la dizaine de stades prévue à la construction… (mais qu’en feront-ils après l’événement ?) l’idée nous paraît saugrenue que d’organiser une telle compétition dans un climat désertique ! Oui parce que l’atout exceptionnel de ce pays, c’est tout de même d’être le seul pays au monde à proposer un désert aussi vaste en bord de mer…
- comme le pays rejetant le plus de CO2 par habitant dans l’atmosphère (2012)
- et pour être un grand ami de la France où le pays a investi des milliards de dollars. Il détient des hôtels et immeuble de luxe (la liste est longue), des parts dans nos fleurons industriels, des chaînes de télévision, le PSG…
Pays de la démesure, nous l’avons trouvé sans charme, où constructions neuves et en cours, sont bordées par des plaines stériles recouvertes de sable. Rien ne leur semble pourtant impossible : gratte-ciel, centres commerciaux, hôtels, lotissements chics, villas luxueuses, universités, musées, marinas… ce pays n’est cependant pas reconnu pour son attractivité touristique. Mais en moins d’une génération, l’émirat a connu un enrichissement sans précédent, ce qui fait de lui l’un des États les plus prospères du monde. La capitale, Doha, que nous apercevrons de loin sous une épaisse brume, aurait triplé en superficie depuis la fin des années 1990, et n’en finit pas de grignoter le désert.
Ce tableau dressé est quelque peu noir et cliché… Malheureusement, ce n’est pas en une escale de quelques heures parquées dans un hôtel de luxe (dont le personnel est étranger), ni entre deux portes de douanes, qu’il est possible d’accéder à la population, et de se faire une meilleure idée d’un pays (à part en Australie peut-être ?). Les frontières sont souvent des mondes à part. Les douaniers aiment à faire les gros bras, l’atmosphère est souvent tendue, et l’ambiance propice à la rencontre n’existe que très peu. Nous aurons juste la chance d’apercevoir un peu les alentours de Doha, et surtout d’admirer la tenue traditionnelle des hommes. Tout de blanc vêtu, ils sont facilement repérables. Leur longue tunique blanche qui descend jusqu’aux genoux s’appelle une thobe ou dishdasha. Cette dernière se porte sur un izar, un pantalon blanc ample. Sur leur tête, ils portent une ghutra. Il s’agit d’un foulard carré plié en deux, tenu par une corde noire appelée Agal. Nous ne doutons pas que le Qatar et peut-être surtout les Qatari(e)s puissent être sympathiques et accueillants. Il nous faudrait revenir…
Quant à Qatar Airways, notre compagnie, ce serait l’une des quatre compagnies aériennes mondiales classées 5 étoiles et élue meilleure compagnie aérienne au monde ces dernières années. Bien sûr ce n’est pas pour cela que nous l’avons choisi, mais pour sa meilleure offre. Outre le prix attractif des billets, pour la première fois, nous n’avions aucun supplément à payer ni pour le tandem ni pour la remorque. Cette compagnie accepte les bagages de 30kg (quand la plupart exige un poids ne dépassant pas les 23kg) et dont la taille peut atteindre jusqu’à 3 mètres (longueur+largeur+hauteur). Autant dire que pour les cyclistes c’est la compagnie parfaite ! Nous serons enchantés par la qualité du service et admiratifs de leur menu : une dizaine de repas est proposée, et les végétariens, végans, lactose free, gluten free, ou autre « nouveau » régime alimentaire n’ont pas de secret pour eux !
Après 24 heures de vol, près de deux jours de voyage, et des chevilles gonflées (non non nous n’avons pas pris la grosse tête), nous arrivons à Barcelone avec la banane, et tous nos bagages !
« Ils sont où ? Tu les vois ? » « Non… ils sont arrivés tu crois ? Il faut chercher une caméra, ils doivent être en train de filmer ^^ »
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