La perle de la Sibérie : THE Lac Baïkal

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Photo Vincent Kronental
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La perle de la Sibérie : THE Lac Baïkal

Nous poursuivons le voyage avec nos deux compères rencontrés dans le Transsibérien : Johannes et Hilmee. Le chargement du minibus qui doit nous emmener à Khoujir est plus que périlleux. Le chauffeur commence par dire « niet, niet, niet…». Nous insistons, nous avions prévenu à l’avance, on nous avait dit oui, donc… mais ce sont les autres passagers du minibus qui grognent le plus, apeurés qu’on leur abîme leurs affaires. Ils sont tchèques et nous aurions espéré un peu plus d’entre aide entre voyageurs européens. Nous ne nous démontons pas, avec Johannes nous utilisons les méthodes de communication non violente et tentons de garder notre calme malgré la situation quelque peu stressante et tendue. Ils finiront par se détendre et deviendront même serviables ! En voiture Simone ! Le vélo sur le toit, le tandem dans le couloir du minibus, la remorque à l’entrée du minibus, toutes les sacoches par ci par là, nous avons désormais plus peur de rien, et confirmons ce qu’on nous avait dit, ça passe partout, avec persévérance, médiation, et en oubliant un petit peu la réglementation ^^

La route qui mène sur l’île d’Olkhon donne le ton : c’est toute la région qui se veut sacrée ! Rubans chamaniques et petits autels habillent notre parcours, les premières yourtes apparaissent, tout comme l’élevage et les paysages vallonnés qui nous font déjà croire en Mongolie. La route est splendide et je suis bien contente d’être en voiture : nous découvrons ce que veulent dire « montagnes russes », certaines côtes sont impressionnantes.

L’île d’Olkhon est considérée comme le centre sacré du monde des chamans du nord, et le centre suprême est représenté par le rocher des chamans, très connu dans la région et qui vaut le détour. Mais ce qui nous marquera le plus ce sont les poteaux en bois sculptés sur lesquels sont nouées des écharpes à dominance bleu, que l’on retrouve sur toute l’île et même dans toute la région. De nombreuses offrandes à leur pied : monnaie, billet, cigarettes, nourriture, et même lunette de soleil ! Si individuellement les maisons de bois et centres touristiques sont plutôt beaux et respectueux du cadre et de l’environnement, globalement les villages sont moches, sans cohérence et pollués. Pas d’asphalte ou très peu sur l’île, du sable, de la piste terreuse, et des 4×4 dans tous les sens. Le climat se veut très sec, ensoleillé, venteux. Les sols sont pauvres.

Notre chauffeur nous déposera à notre demande sur la plage qui de nuit est parsemée de petits feux et de tentes. Au réveil, surprise, le lac de Sylvain Tesson est tout près, splendide ! Il est la plus grande réserve d’eau douce liquide de la planète, et malgré qu’il soit le plus profond des lacs, ses eaux sont cristallines, la visibilité est unique, et il n’est navigable que l’été, étant recouvert de glace le reste de l’année, sur laquelle les voitures s’en donnent à cœur joie. Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco pour sa richesse écologique, on s’inquiète toutefois du manque de traitement des eaux usées, de la quantité folle de déchets qui le bordent, et du boom touristique. Le nombre de touristes est impressionnant sur l’île et nous croiserons pas mal d’occidentaux, de russes, de chinois mais aussi des biélorusses, des kazakhs… et des grenoblois qui nous donneront rendez-vous à notre retour ! Cela fait plaisir d’échanger avec eux, car on ne peut pas dire que les compatriotes rencontrés précédemment nous aient inspirés.

Nous passerons deux jours avec Johannes et Hilmee à faire des petits sauts de puce, tentant de s’éloigner du monde, sans trop s’écarter de Khoujir d’où ils repartiront, avec un accès direct au lac, ce qui n’est pas chose aisée. L’île s’élève globalement au dessus du lac : dunes, collines, falaises, il nous faut trouver les criques et plages accessibles. Nous serons rejoins par Vlada une russe qui vient se ressourcer quelques jours. Nous découvrirons la vie de voyage en groupe et devrons nous adapter aux rythmes et envies de chacun, et ce n’est pas aussi simple qu’imaginé. Mais nous formons une belle équipe et nous nous attacherons à ces deux petits gars qui nous donneront rendez-vous à Tawaïn… Benoît s’y voit déjà !

Nous en profiterons pour nous éloigner davantage vers le nord de l’île, à la recherche d’un petit coin de paradis, où nous passerons deux jours seuls (ou presque) en mode Robinson Crusoé, juste nous et le mythique Baïkal. Où nous gouterons à l’essentiel ! On se croirait à la plage, mais cette immense baignoire d’eau douce nous permet d’être complètement automne en eau. Une légende dit que lorsqu’on se baigne dans le Baïkal nous gagnons 5 ans de vie. Benoît ira jusqu’à 5 baignades par jour malgré la fraîcheur de l’eau. Et lorsqu’on la boit ? Benoît en profitera pour parcourir à vélo le cap nord et l’est de l’île tandis que Virginie farnientera au côté de nos premiers yacks qui la fascinent ! Notre petite plage est régulièrement visitée par les vaches (qui se montreront très curieuses de notre bivouac) et par les yacks qui viennent faire trempettes tôt le matin jusqu’à tard le soir. Il fait beau et chaud, nous avons le droit à un micro climat, les orages quotidiens s’arrêtent aux portes de notre crique, ce qui n’est pas le cas du vent, qui déchaîne le lac. Nous découvrirons notre première marmotte locale, à mi chemin entre l’écureuil des sables et la mangouste.

Il nous faudra repartir sur Khoujir, avec un pincement au cœur de quitter ce lieu magique, dans l’attente du Ferry pour la rive est. En rentrant, -BAM-, belle gamelle, la première digne de ce nom. Les pistes de l’île ne pardonnent pas chargés comme nous sommes. Nous laisserons un peu de notre peau au Baïkal. On s’est tous les deux refaits le côté gauche, rien de grave mais de bonnes égratignures qui nous pourriront bien la vie des 15 prochains jours. Nous sommes un peu choqués… La remorque aussi sera bien égratignée, quant au tandem : porte bagage sectionné et sacoche déchirée.

Le week-end ne sera pas des plus agréables, la pluie ne nous épargne plus, trop de touristes qui se permettent tout et n’importe quoi avec le Tandem, trop de bruits, trop de déchets, et trop d’alcool -> nous assisterons à un bel incendie de maison à 400 mètres de nous en pleine nuit ! Vive la vodka ! Nous avons hâte de reprendre la route, et partir d’ici. Mais Valéria et John, deux jeunes russes backpackers voisins de notre tente nous ferons regretter notre départ. Nous partagerons seulement 2 heures de déjeuner avec eux, mais ce seront 2 heures magiques et incroyablement fortes. Géopolitque, philosophie de vie, nous nous sentons connectés et ils nous couvriront de cadeaux et de chaleur, dont le plus beau sera une magnifique chanson à la guitare louant le voyage.

Nous partons au pas de course car personne ne sait où accoste le fameux ferry ! Nous voilà à courir partout, du port, au cybercafé, aux plages. Et là miracle : nous tombons sur un groupe de 60 français surchargés qui réalisent un raid sportif avec l’Agence NED (Nature Extrême Développement). Surpris de nous voir ils nous apprendront que la liaison Khoujir – Oust Bargouzine n’existe plus et que le Ferry a été spécialement affrété pour eux ! Pardon ? Le chargement et déchargement seront sport mais la tonne de bagage suivra dans une belle ambiance au grand drame de l’hôtesse de bord qui s’arrachera les cheveux. On y rencontre Stéphan et Corine qui pédalent eux aussi sur un tandem Cyfac ! Nous passerons les 4 heures de traversée à discuter, en tentant de réaliser que nous glissons sur le Baïkal. Nous leur laisserons quelques affaires, merci à vous, et merci à Vincent Kronental, Photographe voyageur, pour ses jolis clichés !

En débarquant de l’autre côté, des français attendent le ferry : « alors c’est vous nos sauveurs ? Nous avons planifié tout notre voyage en fonction de ce bateau et on vient de nous dire qu’il était uniquement affrété aujourd’hui pour vous ». Nous ne sommes pas les seuls à qui la bonne étoile du voyageur aura fait grâce ce jour là…

Nous nous réjouissons de découvrir la côte est du lac, les vacances se terminent, après 3 semaines de pause. Un mélange d’appréhension et d’excitation accompagne la reprise. Nous avons uniquement 8 jours rejoindre la frontière et quitter la Russie à temps. Compte à rebours lancé !

 *****

Tourisme, nature et déforestation

« Haaaa, le Baïkal… », nous répète-t-on souvent.

Oui, c’est une destination extrêmement courue par de nombreux touristes: un rêve, de grands espaces, des couleurs à peine croyables, une nature puissante et belle, un climat rude, du sauvage en barre.

Il est courant de croiser des minibus blindés de touristes chinois pressés de faire le tour de l’île sur la journée, manger quelques pirojkis en sirotant de la mauvaise vodka et dormir dans un de ces hôtels de bois ostentatoires qui font tache dans cette nature qui se suffit à elle même.

A la tombée de la nuit les dizaines de petits feux laissent imaginer le nombre de campeurs dans les sous-bois tout autour de la ville. Ils brûlent chaque soir ce que la nature a difficilement réussi à fournir sur l’année. Aussi cette petite ville de pêcheurs n’est plus aujourd’hui bordée de forêts comme elle l’était autrefois.

Nous rencontrons quelques bénévoles et artistes sous leur yourte verte cherchant à récolter des fonds pour replanter ces forêts. Ces artisans créent et fabriquent pour redonner à leur espace sa richesse d’antan. Les objets proposés sont respectueux de leur nature et la démarche nous touche : poterie, amulettes, statuettes et autres bijoux.

Cette poignée de militants agit au mépris des habitants de Khoujir et des autorités. Nous recommandons chaudement de faire un petit passage sous cette yourte.

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2 commentaires

  1. Merci pour vos récits qui nous permettent de gouter à votre périple ! Toute la famille se joint à moi pour souhaiter un joyeux anniversaire à Benoît ! Bise spéciale de la part de Rémi !
    Ici la rentrée des classes s’est bien passée, pas de grand changements, Eloi est en CP avec les mêmes copains et est très fier d’avoir un maitre le jeudi, Rose est en CM1 avec la même maitresse et est toujours pleine de vitalité ! Rémi, ça se corse, c’est la terminale, ça commence sur les chapeaux de roue; il a l’air de bien s’entendre avec sa nouvelle AVS. Claire est en 2ème année de licence Physique à Poitiers est a repris une petite troupe de Louvette(dont fait parti Rose d’ailleurs sur Angouleme). Marie est en 2ème année de licence SVT et est elle aussi cheftaine mais chez les SUF à Poitiers. Marc est en 2ème année de BTS de gestion et protection de la nature à Melle et a passé sa semaine sur l’Ile de Ré pour étudier l’écosystème local. Pierre quand à lui est très fatigué, il du mal à se remettre une infection aigue de la prostate qu’il a eut cet été. Il a été embauché pour 1 an à Rochefort à la maison de la Formation pour les Industries et est responsable des formations aéronautiques de la région. Il a énormément de déplacements, on espère qu’il va tenir le coup…Quand à moi, mon travail auprès des enfants handicapés me ravit toujours même si on est parfois un peu démuni devant ces handicaps…
    Nous vous embrassons bien fort et vous portons dans notre prière.

    Gabrielle DUMOLLARD

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