ROAD TRIP 3 : Entre retrouvailles et découvertes

Avec quelques photos. Désolé de l’oublie !
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Lismore : première étape de ce dernier road trip. Nous rendons visite à Jo. Rencontrée au « Wild Space » lors de notre workshop (cf. article Byron Shire), Jo est ce genre d’héroïne que nous pensions exister que dans les livres. Il y a de cela deux ans environ, Jo a décidé d’arrêter d’utiliser de l’argent. Oui, Jo fait parti de ces rares personnes dans le monde qui vivent sans argent. Nous avions lu le livre de Daniel Suelo mais jamais nous pensions avoir la chance un jour de rencontrer ce genre de personnage vivant pleinement ses idéaux. Bien sûr, notre petite voix mesquine dans notre tête n’a cessé de se faire entendre pour la titiller avec des questions du genre : « n’as-tu pas l’impression de profiter du système ? » « penses-tu que ce soit viable si tout le monde se mettait à vivre comme toi ? » « n’es-tu pas dépendante des autres ? »… bref, toutes ces remarques qui montrent que son engagement dérange, parce qu’il fait échos en nous à certaines choses que nous ferions mieux de régler plutôt que de lui chercher des poux. Son choix de vie est juste exemplaire. A chacune de nos questions, elle a su répondre, avec bienveillance, et parfois larmes aux yeux. Son engagement se vit au quotidien et dans la durée. Ses convictions écologiques, humanistes, mais surtout son rôle de mère, l’ont amené à changer radicalement sa manière de vivre. Années après années, ses efforts ne lui semblaient plus à la mesure des enjeux planétaires. Pour elle, malgré tous les sacrifices qu’elle a dû faire, et qu’elle fait encore aujourd’hui, c’est le moyen qu’elle a trouvé pour vivre en accord avec ses valeurs, et son moi profond. Pour lutter contre le système, il est selon elle plus facile d’abandonner l’usage de l’argent. Jo vit dans une roulotte, cuisine au rocket stove, fait du troc, récupère dans les poubelles, se déplace à vélo ou en stop, n’utilise que l’essentiel… c’est chaque jour une aventure, un défi, une liberté, de nouvelles contraintes à apprivoiser. Jo a la cinquantaine. Elle est soutenue par ses parents et sa fille. Elle tient un blog (https://jolowimpact.wordpress.com/). Elle a aujourd’hui des fans qui lui donnent parfois bien plus que ce dont elle a besoin. Elle nous partage « j’ai une vie plus simple et plus remplie qu’avant. Je ne suis plus dans le superflu, je touche l’essentiel« . Cette étape chez elle marquera notre voyage. Nous nous sentirons bien petits face à cette grande dame du monde alternatif.

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Notre route vers Sydney est l’occasion de poursuivre notre récolte de coquillage incroyable, de faire des gazouillis aux kangourous.

Nous passerons une journée à crapahuter dans les Blue Mountains, l’un des sites les plus visités en Australie et c’est vrai que c’est « beautiful ». Chaîne de montagnes de grès, c’est un terrain de jeu illimité, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elles doivent leur nom aux émanations de la forêt d’Eucalyptus qui les recouvrent. Three Sister, Grand Canyon… nous nous en mettrons pleins les sens.

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A Sydney nous retrouvons Akina, une japonaise qui avait partagé notre Workaway à Crystal Water (cf. article septembre). Le temps d’un pique nique, elle nous fait découvrir son quartier et sa plage (Coogee beach). La ville abriterait plus de 200 plages et autres criques plus belles les une que les autres. Nous en resterons bouche bée. Imaginez venir surfer avant ou après le boulot, boire son café en costard cravate les pieds dans l’eau, faire sa zumba sur la plage… bref, rien à voir avec nos bords de Seine. Sydney est le parfait symbole du « life style » à l’australienne. Difficile de les prendre au sérieux avec un cadre de vie et de travail aussi paradisiaque dans la plus grosse ville du pays (5 millions d’habitants). Imaginez Londres ou Paris à la place de Biarritz… Bienvenue au paradis citadin ! Bon bien sûr, Sydney c’est aussi une banlieue qui fait « pétez les plombs » à tout automobiliste qui se respecte, c’est une ville si étendue qu’on peine à se croire encore à Sydney (est ce que vraiment Palm Beach fait partie de Sydney ?), c’est sa City avec ses buildings, et c’est surtout son splendide Opéra qui est à la hauteur de sa réputation (Il est quand même recouvert de carrelage…). Nous arriverons plus que facilement à nous garer à Coogee Beach et même à y passer la nuit, avec douche gratuite dans les toilettes publiques. Nous visiterons la ville à vélo, fichtre que c’est vallonnée Sydney !

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Le lendemain nous retrouverons Juli du « Wild Space » (cf. article Byron Shire). Elle nous fait visiter l’incroyable école privée Kinma dans laquelle elle a travaillé ces dernières années. Cette école expérimentale encourage les enfants à penser par eux-mêmes, à développer la coopération et toute sorte de compétences peu classiques en primaire. Et ce dans un environnement non compétitif et qui respecte l’individualité de ses membres. Laïque, mixte et à but non lucratif, Kinma veut montrer la voie de l’enseignement centré sur l’enfant où professeurs, parents et élèves partagent les décisions sur le programme éducatif. Ce programme prend en compte la compréhension du développement de l’enfant. Quatre jeunes filles nous feront une visite guidée et nous serons impressionnés par leur bagout. C’est l’école dont tout enfant rêverait: elle est en pleine nature, le décor est coloré et créatif, le personnel nombreux, à l’écoute, et bienveillant. Les cours sont variés, les espaces d’apprentissage diversifiés et les tous petits jouent au milieu des poules dans leur jardin de récréation.
Malheureusement, avec l’absence de mixité sociale et culturelle pourtant voulu au départ, cette école aurait tendance à reproduire les classes sociales. Autrement dit, aussi géniale soit-elle, cette école expérimentale est devenu une école de riche, pour les riches, un cercle fermé qui n’éveillerait pas beaucoup plus les consciences. http://www.kinma.nsw.edu.au/index.php

Juli nous mettra en contact avec Andrew, un australien qui vit sur l’île de Scotland Island (nord de la ville) et qui depuis une vingtaine d’année, participe à la régate hebdomadaire du mercredi soir. Génial, nous sommes mercredi ! Nous voilà à bord de Response, pour une course regroupant une soixantaine de bateau. Est-il utile de mentionner que Benoît est aux anges ? Nous arriverons 9ème au classement réel (sans handicap) et il va s’en dire qu’ils ont eu de la chance de m’avoir en équipière sur leur avion de chasse… (Pour prendre les photos.) David, le second, nous prend d’amitié et nous invite dans sa maison de famille, à Palm Beach. Et voilà comment finir une incroyable journée en terrasse, à siroter un verre de vin blanc, vue sur l’Océan Pacifique. Merci, merci. En rencontrant la bonne personne, une seule et unique personne, l’effet boule de neige magique du voyage se déroule tout seul, et nous n’avons plus qu’à sauter sur les belles occasions offertes sur des plateaux d’argent.

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Nous quittons déjà Sydney, il nous faut avancer. L’étape vaut le coup, mais la ville reste la ville et nous nous sentons plutôt ras des champs. Nous passons une nuit chez Bernd et Marit, deux allemands expatriés en Australie depuis une trentaine d’années. Nous les avions rencontré à Litchfield National Parc, au sud de Darwin. Ils nous avaient gentiment proposé de passer voir leur petite ferme si nous roulions dans le coin. L’invitation n’était pas tombée dans l’oreille de sourds. Nous passerons une super soirée à refaire le monde et échanger nos points de vue. Nous nous retrouvons sur les questions écologiques, mais les médecines alternatives ne semblent pas de leur goût. Bernd et Marit ont souhaité quitté leurs racines, car ils n’envisageaient pas d’élever leurs enfants dans cette vieille Europe polluée (pluies acides & co) et « nucléairement » dangereuse (Tchernobyl). « C’est très bien d’avoir des convictions, mais vous savez, la vie nous montre que parfois la réalité de l’existence rattrape l’Utopie et la dépasse souvent…! « 

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Nous partons à la recherche des Wombats ! C’est un mélange de marmotte et d’ourson, de la même famille que le Koala. Au free camp, dans la Kangarou Valley, il est possible d’en voir très facilement. A la nuit tombée, ils sortent de leur terrier, et viennent brouter le gazon, ou se gratter le dos au parc choc du camion. Leur ouïe et leurs yeux ne seraient pas des plus développés. Mais leur odorat si. Assez craintifs, ici, ils sont habitués à tortiller des fesses au milieu des caravanes, et viennent jusqu’à nous. Ils n’ont pas peur de nous frôler. Mais ces pauvres peluches vivantes ont la galle. Il ne faut donc pas les approcher de trop prêt… comme tout animal sauvage de toute façon. A croire que je ne le savais pas encore, je me ferai gentiment sermonnée par un gardien. Mon égo en prendra un coup. Comme quoi ça arrive même aux meilleures ! Décidément, l’Australie abrite vraiment des créatures sorties tout droit de dessins animés.

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Nous passerons un week-end à Canberra, la Capitale. Cette ville aussi semble une vaste blague à l’australienne. Le site a été choisi comme capitale en 1908, comme compromis entre les deux villes rivales de Sydney et Melbourne. On peut tout de même dire que Melbourne a perdu (elle se situe à moins de 300 kms de Sydney). Nous aurions pu choisir de continuer par la côte est, mais nous voulions voir cette drôle de capitale et profiter de ses musés gratuits (nous recommandons la visite du Parlement, du National Museum et le site d’observation spatial de la Nasa). Ville verte, de petite étendue, elle ressemble à tout sauf … à une capitale. Pour dire vrai elle est faite de quelques bâtiments administratifs et de beaucoup de rien. On notera de grandes avenues et un immense lac en son centre où les activités nautiques s’en donnent à cœur joie. Le gouvernement est le principal employeur, mais la plupart des parlementaires ne vivent pas sur place. La population serait de 400 000 habitants mais nous les cherchons encore ! Ce qui nous marquera surtout, c’est l’ambassade officieuse des Aborigènes. C’est un campement installé en face de l’ancien parlement. Il nous fait penser à une ZAD (Zone A Défendre). C’est l’occasion d’échanger avec des militants qui espèrent un jour retrouver leurs terres volées et leur culture détruite. Extrait de correspondance sur notre expérience australienne : « Nous vivons ici comme si nous venions d’atterrir sur Mars. Nous sommes transportés par la nature si différente, si sauvage, si belle. Des insectes, aux oiseaux, des mammifères aux poissons : tout est si particulier. Nous traversons ces espaces qui dépassent l’entendement. Ce sont des milliers de kilomètres sans présence humaine, où la nature sauvage règne en maître : le bush ! Nous arrivons sur la côte Est et découvrons la « RainForest », la forêt tropicale vestige d’un temps difficile à concevoir. Chaque animal observé mériterait à lui seul des pages et des pages pour expliquer ce que nous voyons. C’est dans ce contexte que nous nous connectons à la culture Rainbow puis à la culture aborigène. Et là, bienvenue dans un nouvel univers. Les aborigènes d’Australie sont aujourd’hui dans une situation peu agréable, n’ayant jamais signé aucun traité avec les envahisseurs anglais. Ils considèrent toujours être assiégés par des étrangers qui leur ont apporté la faim, la guerre, la souffrance et le travail. Leur connexion avec la nature est interpellant. C’est évidement un lieu où la magie prend place et où il est impossible de rester indifférent. Les aborigènes croient que l’existence d’une âme ne s’arrête pas au corps physique mais qu’elle existe avant et après. Ils vivent en communion avec tous ces esprits et savent communiquer avec eux. Quand on connait la situation catastrophique de ce peuple aujourd’hui ravagé par l’alcoolisme et la violence il est impossible de poursuivre son chemin sans garder dans son cœur une profonde amertume et injustice. Cette culture vieille de plus de 32 000 ans a tout simplement été vandalisée et exterminée en l’espace d’un siècle dans une sauvagerie et une incompréhension mutuelle qui fait froid dans le dos. Nous avons ressenti de la honte et de la colère. La société australienne est aujourd’hui cette schizophrénie d’une culture plus ancienne que tout ce qui existe sur cette Terre et d’un « progrès » cherchant à maximiser les profits. La tension est palpable et la réconciliation reste la dernière possibilité. »

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A nous les Alpines Mountains ! Elles ressemblent plutôt à nos Pyrénées (prétentieux ces australiens). Le décor est splendide et nous sommes bien heureux de retrouver les montagnes (surtout en campervan). Nous avons peine à imaginer les versants sous la neige, et pourtant, les stations de ski apparaissent au gré de l’altitude. Nous bivouaquerons face au Mont Kosciuszko, le sommet le plus haut du pays (2 228 m) et finirons même par voir des névés ! Cette chaîne montagneuse s’étend sur 3 États et comportent de nombreux parcs nationaux. D’immenses incendies (parmi les plus grands que le pays ait connu) en 2006-2007, ont recouvert les monts d’arbres morts. Ceci rend le décor très particulier : à la fois glauque et merveilleux. On croirait même au loin que les crêtes sont saupoudrées de neige.

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Heureux propriétaires d’une ferme d’une vingtaine d’hectares, nous cohabitons désormais avec chiens, chats, chevaux, moutons et cochons pour les fêtes de fin d’année. Contre nourriture et soins deux fois par jour, nous disposons gratuitement de la maison. Nous voilà maître à bord pendant que les vrais propriétaires (adorables et à l’accueil plus que chaleureux) partent fêter Noël en famille sur la côte. Ils appellent ça du house sitting (ou farm sitting dans notre cas). Assez répandu à travers le monde, nous sommes fan du concept. L’occasion pour nous de poser, pour la première fois depuis 20 mois, nos bagages, pendant 3 semaines, dans un « chez nous ». Une longue « todolist » nous attend pour rattraper notre retard (articles, films, mails) et préparer la suite du voyage (Melbourne, vente du camion, départ en Tasmanie, retour en France). Mais c’est surtout des vacances à la campagne que nous vivons !

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Nous fêterons Noël tous les deux, avant d’entamer pour 5 jours une détox. Une quoi ? Pendant qu’une bonne partie de l’humanité se goinfre nous avons fait le choix de tenter de découvrir ce que le mot « faim » voulait dire. Notre organisme aurait régulièrement besoin d’une « pause » pour se régénérer. En puisant dans ses réserves, il va effectuer un nettoyage profond. Cette expérience était pour nous importante et tellement évidente pour les gens que nous côtoyons ces derniers temps. Mais pour vivre ce genre de diète nous nous rendons rapidement compte qu’il vaut mieux avoir un mental d’acier, ou, comme nous, s’isoler et se tenir loin des tentations. Chaque matin et midi nous avalions nos jus de légumes/fruits et le soir, nous nous faisions nos bouillons de légumes. Le but était de n’avaler que le jus, sans pulpe ni morceaux. Nous complétions « nos menus » de boisson à base d’argile, de fibres ou de Moringa. Nous avions été coachés par Estelle (cf. article Byron Shire) qui en a déjà fait et a travaillé dans ce domaine. Elle nous avait prévenu. Les 3ème et 4ème jours seront les plus difficiles pour moi. Benoît souffrira davantage de la faim mais restera en meilleure forme. Par contre, le 5ème jour c’est l’extase. Nous nous sentons légers, dynamiques, pétillants. Nous ferons même chauffer le Tandem !

Malgré cet isolement, à 90 kms du premier super marché, et dans un village de 300 habitants, nous n’avons pu refuser la proposition d’Emma, la fille des propriétaires. Nous voilà invités à la soirée du Nouvel an au Pub de Swift Creek. A la vue alléchante du menu turque et avec une invitation aussi sympathique, ça aurait été de l’ordre de l’héroïsme (ou de la bêtise) de refuser. Après une nuit de mature réflexion à rêver d’oignons confits, de tagines, et autres poivrons grillés, nous avons donc dit OUI. Ce fut une expérience interculturelle aussi inattendue qu’intéressante. Nous nous attendions à une rencontre des habitants du country australien, mais ce n’était pas vraiment ce que nous avions imaginé. Notre voisin d’en face aura un accent très difficile à comprendre. Quand il apprendra notre façon de voyager il nous dira « it’s so stupid » ! Hum… de quoi, d’être venu en Australie à vélo ? A 21H, le repas était plié, et le concert de rock ne poussait pas vraiment au déhanchement. A 22h30, nous nous retrouvons malgré nous à faire du baby sitting. Nous voilà seuls face à 6 petits garçons, dont nous ne connaissons pas les prénoms et qui n’ont pas l’air de bien savoir pourquoi nous sommes là. Au bout de 30 min, 5 des 6 bambins sont en larmes, et appellent leurs mamans. Bon, mais c’est bien pour ça que nous voyageons non ? Pour ce genre de choc interculturel ! Ouf, juste avant minuit, nous voilà rentrer au calme dans notre ferme, un peu sonnés par ce drôle de réveillon.

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Allez zou, 2017 c’est du passé, une nouvelle année commence, celle qui annonce notre retour en France. Bonne Année et Meilleurs Vœux !

BYRON SHIRE : son charme, son projet

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Le Byron Shire, est un lieu à part en Australie. Notre banquière à Darwin nous avait prévenu « tout le monde rêve d’habiter Byron Bay ». Il est situé sur la pointe la plus à l’Est de l’Australie et sur les contreforts du vieux volcan Wollumbin (rebaptisé « Mt Warning » par les anglais). C’est fou comment ce au lieu de la culture aborigène a été dévoyé en renommant simplement ce sommet symbolique. C’est le capitaine Cook qui avait proposé ce nom comme un avertissement pour les marins qui le verraient en amer depuis l’océan. Ou alors c’est une prophétie qui annonce, comme beaucoup le croient ici, que ce lieu va être la source de quelque chose d’autre ? Comme un avertissement pour cette société de progrès et d’argent qui détruit et transforme nos cœurs en pierre. Et nous le comprendrons qu’après plusieurs semaines à vivre dans cette bulle. Le Byron Shire, c’est plusieurs villages étalés autour de Byron Bay. Dans les années 70, les hippies des villes cherchaient des terres peu couteuses pour vivre leur idéal de vie. 40 ans plus tard, la troisième génération continue à poursuivre ce rêve, ou pour parti.

Byron Bay n’a pas résisté à la capitalisation immobilière, ni au tourisme. Des hordes de backpackers sillonnent la ville et la plage à la recherche d’endroits authentiques. Le monde du surf et sa revers de médaille (culture de l’apparence, mode et marques mythiques à 80$ le tee-shirt, pub et bar branchés…) ont investi les lieux et légèrement dépossédé le monde hippie. Des touristes viennent apprendre à surfer sur une des vagues les plus longues du monde. Quelques descendants des hippies opportunistes vendent des attrapeurs de rêves, des peintures, et toutes sortes d’objets de la culture Rainbow dans une appétence qui nous a fait vomir. Bref, nous sommes sûrement un peu rude dans nos propos, mais ce que nous avons préféré, c’est l’incroyable street art !

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Byron Bay est devenu aujourd’hui une marque, une ville à visiter et non un lieu pour vivre : dommage, et nous ne sommes pas les seuls à le déplorer. En revanche, elle reste un symbole, un mythe, que l’arrière pays poursuit tant bien que mal en expérimentant et proposant une autre façon de vivre : oui rien que ça ! Et si on décidait collectivement d’améliorer notre qualité de vie en produisant notre nourriture localement, bio, de saison ? Si on décidait de créer des écoles pour apprendre à nos enfants à penser par eux-mêmes et les protéger de cette société de consommation destructrice si facile à intégrer et si difficile à quitter ? Pourquoi ne pas revoir la santé, les transports et même le système monétaire qui nous contraint à supporter nos banques et à être taxé pour réaliser des projets qui apporte l’inégalité, la destruction de la nature et au final la guerre ?

C’est un vrai projet de société que porte cette petite bulle australienne. On parle ici de l’effet « Byron ». C’est arriver pour visiter et ne jamais en repartir. C’est très courant et on le comprend parfaitement, comme si on vivait ici un rêve. Cela ne se fait pas sans heurs, sans problèmes, sans réflexions de fond, sans spiritualité et sans remise en question. Pour certain, c’est même trop et il n’est pas rare de repartir après quelques années parce que c’est trop exigent. Il faut dire aussi que la nature est vraiment prenante ici. Nous revoilà dans la rain forest, et aussi belle soit-elle, sa puissance et ses animaux peu adorés (sangsue notamment), éprouvent.

Nous verrons à Mullumbimby un collectif de parents s’organisant pour faire l’école à leur enfants et décidant des programmes par la Sociocratie. Rappelons tout de même que la scolarité en Australie est payante et l’éducation obligatoire. On verra aussi en ville un lieu de médication surprenant : une pharmacie où les patients peuvent recevoir gratuitement des conseils avant de repartir en quelques minutes avec des médicaments confectionnés qu’à base de plantes. Les naturopathes animant le lieu sont tous diplômés et reconnus, avec des spécialités différentes et complémentaires pouvant proposer une consultation aux patients. Ici (en Australie) les cabinets de naturopathie (et de médecines alternatives) sont nombreux, présents même dans les petits villages. Leur formation est bien différente de celle proposée en France. C’est 4 années d’étude et à l’université ou dans des écoles privées.

Les exemples sont si nombreux qu’on ne pourra tous les raconter, il faut venir les vivre ! Ce sera pour nous un immense message d’espoir : oui nous pouvons changer ce monde, certain vivent déjà dans l’alternative et ça marche ! Ce que ne dit pas l’Histoire c’est le bonheur, la joie de vivre et l’enthousiasme qui règne ici. Les gens ont peu d’argent mais sont d’une richesse incroyable : ils vous souri dans la rue, prennent le temps et se font plaisir. Alors pourquoi continuer à souffrir ?

Patrick, Estelle et Tao

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Virginie me parlait depuis de nombreuses années des photos de Patrick. Nous rigolions de poursuivre en Australie depuis le premier jour de voyage. C’est par ici que nous devions passer, c’est clair maintenant. Patrick fait parti de la même bande de copain que Kuba Alex, notre ami moine bouddhiste en Thaïlande. Nous comprenons rapidement que lui aussi à sa manière a décidé un jour de tout quitter pour essayer d’être un peu plus heureux, pour essayer de donner un sens à sa vie. Ces parcours de vie font sens et ont tous la même origine, une envie de sortir de la boîte qu’on nous propose. C’est du courage de partir, mais pour nous c’est encore plus difficile de rester, alors qu’on ne supporte plus ce qu’on nous impose. Ce sont de longs chemins, parfois escarpés mais le résultat est transcendant.

Patrick a fait sa vie avec Estelle et ils ont accueilli un petit Tao l’année passée. Ils ont un mode de vie très ancré dans le moment présent. « J’aime vivre tous les jours comme si nous étions en vacances, faire ce qu’on aime et donc ne pas avoir besoin de faire de break ». Patrick est ingénieur télécom de formation et il a découvert ici sa vocation pour le massage Zen Thaï Shiatsu. C’est une technique de massage qui possède de nombreuses vertus, dont celles d’apaiser, de relaxer ou encore de revitaliser. Lié à la médecine chinoise, nous retrouvons avec joie les quelques principes appris auprès d’Abel en Chine un an auparavant. Patrick fait du massage sur mesure, sur les marchés ou à la maison, 4 jours sur 7, pour équilibrer vie pro et vie perso. « Mettre mon énergie exactement dans ce qu’on veut promouvoir ». Voilà ce qui l’a poussé à être masseur. Il ne trouvait plus de sens à développer des intelligences virtuelles, sa spécialité quand il était encore en France.

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Estelle, elle, s’est installée en Australie il y a une dizaine d’années. Après avoir travaillé dans un magasin bio à Melbourne, elle s’est, en parallèle de petits jobs, formée à l’aromathérapie. C’est une approche de soin, assez complexe, dont les essences aromatiques des plantes constituent la base. Autrement dit, c’est une thérapie centrée sur les huiles essentielles. De vraies merveilles, elles sont antiseptiques, on peut s’en servir pour l’hygiène des espaces intérieurs, en soins esthétiques, pour la détente. On leur prête aussi une action bienfaisante sur le plan psychologique et pour contrer l’anxiété. Estelle a, pendant quelques années, proposé des massages. Aujourd’hui elle confectionne des baumes de massage et parfums, thérapeutiques donc. Son souhait à terme serait de créer des produits personnalisés. Une personne, un parfum. Ne serait-ce pas une révolution du monde de la parfumerie ? Produits uniquement naturels et organique, fait à base d’huile végétale, de cire d’abeille, d’huiles essentielles, et de petits cristaux, créés par ses soins, ils ont pour but, via les effets spécifiques des nombreuses et diverses huiles essentielles, d’apporter à la personne qui le porte ce dont elle a besoin. Exemple :parfum relaxant, parfum dynamisant etc…

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Tous deux expliquent admirablement bien comment nous sommes tous responsable de la circulation d’énergie dans notre société. Si nous voulons une agriculture responsable, il est alors de notre devoir d’aider les petit paysans et producteur Bio et d’arrêter d’acheter des produits de grande consommation bourrés de pesticides. « Quand tu repenses chaque action de ta vie en prenant conscience des conséquences de tes actes, tu te sens infiniment responsable et tu récupères ton pouvoir… »

Patrick et Estelle font parti d’un collectif pour construire ensemble un habitat partagé. Le projet se déroule sur plusieurs années et chaque décision est prise sur un mode de décision communautaire : la Sociocratie (mode de gouvernance qui permet à une organisation, quelle que soit sa taille — d’une famille à un pays —, de fonctionner efficacement sans structure de pouvoir centralisée selon un mode auto-organisé et de prise de décision distribuée.). Nous voyons combien ils basent leur développement personnel comme l’outil nécessaire pour vivre heureux et conscients. Patrick fait d’ailleurs parti d’un cercle de parole d’Homme où il m’a amené. Un liant social, rien que pour les hommes, pour les aider à être mieux dans leur vie (décharge émotionnelle, écoute, entre-aide, construction personnelle, bienveillance etc.) Ces cercles se développeraient de plus en plus dans ce pays où le taux de suicide des hommes serait anormalement élevé. Et chez nous, est-ce que ça existe ?

Enfin, Patrick et Estelle n’hésitent pas à nous partager leur expérience de jeunes parents. Ils ont organisé leur vie de manière à être présents et disponibles au quotidien pour Tao. Nous sommes impressionnés de l’énergie et du temps qu’ils consacrent à leur petite tête blonde, et on peut dire qu’il le leur rend bien. C’est beau à voir car ça rend tout le monde heureux. Ici c’est courant de voir les mamans être à temps plein pour leur bambin durant leurs premières années de vie, de voir l’allaitement s’allonger bien au delà de la première année, d’essayer une vie sans couche, etc. Et ça n’en fait pas moins des femmes épanouies, accomplies et féministes ! C’est un vrai choix. Pas toujours facile, exigeant, qui demande de nombreux compris, de la patience, de l’abnégation, mais pour elles, c’est le chemin le plus beau pour être mère et pour donner à l’enfant ce dont il a besoin. L’alternative ici ça se passe aussi – et peut-être même surtout – au niveau de l’accompagnement des tous petits. Ils expriment aussi combien c’est important pour eux de profiter de Tao pour recommencer leur construction personnelle. « C’est une occasion unique de redécouvrir le monde avec de nouveaux yeux ». Mais comment fait-on quand on a une activité professionnelle trop prenante ? Moi j’aurais peur de passer à coté…

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Juli et le projet « Wild Space »

C’est dans une ancienne école Steiner que ce projet a éclot. Juli et sa jeune équipe commence à Mullumbimby un des ces projets qui ne peuvent qu’inspirer. L’idée est de créer un lieu de rencontre et de formation : mixité sociale et développement personnel ! Ouvrir nos esprits, enrichir nos cœurs et engager nos corps… Notre première impression c’est « home sweet home ! » Juli nous met super à l’aise et nous propose de venir à un workshop de reconnexion : « Un workshop expérimental pour essayer de mieux se connaître, et de nourrir notre force intérieure quand on lutte pour changer ce monde troublé. Une variété d’espaces sont créés à Mullumbimby et au delà pour t’aider à explorer tes choix de rôle dans le GRAND TOURNANT, le changement d’une société industriel de croissance vers une expérience de vie soutenable en société… ». Nous ferons ce workshop, nous viendrons à un cercle de parole de reconnexion, nous ferons une marche dans le bush et nous présenterons quelques-une de nos vidéos et répondrons à des questions.

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Cet espace est un forum vivant pour échanger des idées et faire que ce « grand tournant » arrive. C’est un lieu où je me suis senti vivant ! C’est un espace de création ou chacun à sa place. Espace innovant et ouvert sur le monde : activisme, militantisme et responsabilité. La qualité des activités ou rencontres proposée est extraordinaire et ce par la qualité des participants et le cœur avec lequel ils veulent faire ce grand tournant.

Nous louperons les soirées « Cinéma conscient », celles pour organiser la réponse face au projet de mine injuste, destructeur et moribond ADANI, les cercles de silence ou encore les soirées où il n’y a pas de programme et où on décide ensemble ce que l’on fait. J’ai adoré la transparence de ce lieu qui fonctionne uniquement par le don. Chacun peut participer à la hauteur de ce qu’il est capable de mettre. Les dépenses fixes sont écrites sur un tableau et chacun peut voir où en sont les recettes par rapport aux dépenses. Nous nous sentons tous responsables de cette manière de ce lieu. C’est avec une incroyable joie de vivre que nous quitterons Juli. Merci pour ce lieu, merci pour ces messages et cette vision à long terme, merci, merci !

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Le jardin communautaire de Mullumbimby

Une nouvelle surprise ! Incroyable projet en pleine ville, ou petits et grands partagent cet espace. Ce jardin abrite de petites activités professionnelles (biocharbon, vente de graines, micro-maraichage, etc), des jardins ouverts réalisés par des bénévoles et à destination de ceux qui n’ont pas assez à manger, des jardins de particuliers, un poulailler, des espaces pour les enfants, des espaces pour se retrouver et faire la cuisine, un bureau d’accueil et de formation, des soirées concert et surtout une gestion collective. Il est possible par exemple de se porter volontaire pour s’occuper du poulailler pendant 6 mois. C’est un élément indispensable de la chaîne pour réduire les déchets végétaux des jardins et garantir la fertilisation des sols. C’est une université de plein-air ou on apprend en faisant, ou on peut prendre des initiatives et s’appuyer sur une communauté. La production d’œufs est ensuite partagée comme décidé collectivement en essayant de remercier au maximum ceux qui mettent de l’énergie dans le projet

Nous trouvons le projet très abouti et nous comprenons mieux ce que veut dire permaculture. C’est encore un de ces lieux magiques qui fait espérer et qui fait grandir. Je suis arrivé avec mes questions d’occidental moyen : « mais ça ne peut pas marcher ! Tout repose sur le dos des mêmes personnes… ? » Et après un peu de temps j’ai juste constaté que ça fonctionne et ça fait plus de 15 ans ! Petite leçon de vie : accepter qu’on ne comprend pas tout et que les belles choses sont faites pour durer.

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Nimbin, une communauté tiraillée entre alternative et business

Nous ne nous attendions pas à trouver autant de couleurs et d’activités dans ce haut lieu hippie. Le village se résume à une grande avenue centrale avec quelques ramifications. Des boutiques s’alignent de part et d’autres, des restos, de petites échoppes et vendeurs ambulants. On constate une fois de plus cette tension entre les hippies venus vivre une alternative et garant d’un idéal, et les touristes et les boutiques à touristes qui cherchent à vendre et faire de l’argent sur ce même idéal. Il y a quelque chose qui coince et on a souvent l’impression de déranger ou de ne pas vraiment comprendre comment ça fonctionne. Et je dois dire que la même chose se passe en moi. Animé de cet idéal je cherche à ne pas être le touriste que je suis malgré moi. Je visite la « Candle Factory », la « Rainbow Power Factory » ou le bureau militant mais ça me laisse sur ma faim comparé à la myriade de boutiques marchandes vendant des produits souvent asiatiques. Alors, même les hippies ont fini par vendre leur âme au diable ?

Nimbin est connu nationalement comme la capitale du cannabis et revendique chaque année notamment par son festival « Mardi Gras » la légalisation de la plante médicinale. Même sur les poubelles il y a écrit « No dealing ». C’est au fond un vrai combat mais qui n’est pas compris par les voyageurs de passage. Ce lieu est pour beaucoup une invitation à venir se rouler un petit pétard. Je comprends pourquoi des personnes croisées sont agacées ou un peu dans leur bulle. Comment réagirions nous si on nous dépossédait de notre idéal pour en faire un business ? Comment partout la cupidité entache la beauté d’un lieu : pourquoi cherchons nous toujours à faire de l’argent avec ce qui attire ? Pourquoi, juste ne pas le laisser exister et ne pas le pourrir ?

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Nous y croiserons Renée et Dane, rencontrés en Nord Queensland fin juillet. Ils ont quitté Melbourne et cherchent à s’installer dans le coin. Ils ont trouvé un petit paradis à vendre, où nous aurons la chance de nous prélasser. Et oui le Byron Shire, si vous ne l’aviez pas compris, c’est The place to be ! Nous y reverrons pas mal de têtes connues finalement, l’Australie serait-elle petite ? A moins que ce ne soit ce monde alternatif ?

Expérience au-delà du réel

C’était une de nos intentions en venant dans la région, vivre une « tepee céremony ». Nous en parlions depuis longtemps et nous attendions que l’occasion se présente. Cette cérémonie est inspirée de la tradition sud américaine des Shamans de la forêt amazonienne. Elle a évidemment été adaptée à l’Australienne avec des variantes et des plantes poussées localement.

La cérémonie a duré presque 24h et restera comme une expérience au-delà du réel qui te fait changer ta vision sur le monde. L’Ayahuasca est un breuvage à base de lianes consommé traditionnellement. Elle est interdite en France car classée dans le registre des stupéfiants. Elle est pourtant utilisée dans de nombreux pays et depuis des millénaires…

L’idée est de faire une plongée dans son inconscient de manière consciente et d’aller chercher des éléments ou revivre des situations nous permettant d’avancer dans notre vie. Le concept est difficile à expliquer avec ce qu’on connaît mais le plus proche serait un peu une « psychothérapie en accéléré ». Dans la tradition, la plante est associée à un esprit qui serait celui de la grand-mère ou du serpent. Cet esprit est là pour t’aider et t’emmener là ou tu as besoin d’aller.

Nos expériences avec Virginie sont bien différentes. Nous venions tous les 2 avec une intention différente, une question principale pour cette cérémonie. Je crois avoir eu ma réponse quelque minutes seulement après le début : incroyable ! La molécule active te fait avoir des hallucinations. Pour moi ça aura été de voir tout en dessins animés, de la réalité à mes mémoires. J’ai vu la vie, l’esprit des êtres comme jamais et j’ai compris que ce que nous voyons n’est qu’une infime parti de ce qui est vraiment, et pourquoi pas ?

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Il faudrait des pages et des pages pour raconter ce genre d’expérience et je sens aussi qu’il convient d’être intéressé pour aller plus loin. Pour vous rassurer, reste à vous dire qu’il n’y a pas d’effets secondaires connus, ni d’accoutumance. Comme toute expérience, il y a ce que raconte les autres et il y ce que toi tu vis. Une séance d’Ayahuasca ça se prépare et ça se digère. En en parlant plus tard avec un ancien, il me disait qu’une par an c’était suffisant car c’est le temps qu’il fallait pour comprendre et analyser tout ce qu’on avait vécu…

Ce sera pour nous l’occasion de revoir notre amie Bec de Stanthorpe (voir article d’octobre). Quel bonheur de vivre cela avec elle, et de pouvoir approfondir un peu plus nos liens.

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Félicitations si vous êtes arrivés jusqu’ici ! Difficile de raconter en « quelques lignes » nos 5 semaines dans le Byron Shire (surtout autour de Mullumbimby en fait). Nous aurions aussi voulu vous parler de :

  • Carole, infirmière retraitée, militante en faveur des palestiniens, qui s’est rendue 6 fois en territoires occupés, et qui y retournent l’année prochaine ;
  • La super copine Cécile, une frenchie installée depuis 15 ans en Australie, à l’énergie et vitalité débordante, le cœur sur la main, voyageuse expérimentée, au parcours incroyable. Elle a monté sa petite entreprise éthique de crêpes traditionnelles  « Peace, Love and Crêpes ». Rien que sa pâte est free gluten, 100% Vegan, qu’elle fait elle-même simplement à base de graines de sarrasin ;
  • Le festival de musique de Mullumbimby où contre quelques confections de pizzas nous avons pu assister gratuitement au concert ;
  • Notre petite escapade qui nous aura valu un bel « embourbage » de camion, une rencontre surprenante avec la police et les pompiers (ou comment se faire encercler en moins d’1 minute), la visite d’un des plus beaux lacs du voyage ;
  • Notre workaway de 10 jours chez David et Jo-Ann à la rencontre d’un couple surprenant et hippies à leurs heures ;
  • Développer ce qu’est la Sociocratie, vous présenter le « jeu des besoins » (un formidable outil pour prendre une décision), vous parlez des marchés, une vraie entité ici…

Mais il est temps je crois pour nous comme pour vous de nous arrêter là.

On reprend la route… See you next month !

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Chiens, chats, chevaux, moutons et cochons !

Nous voilà arrivés dans les Alpines Mountains où nous allons vivre les 3 prochaines semaines. Heureux propriétaires d’une ferme d’une vingtaine d’hectares, nous cohabitons désormais avec chiens, chats, chevaux, moutons et cochons ! Contre nourriture et soins, nous disposons de la maison. Nous voilà maître à bord, pendant que les vrai propriétaires partent fêter Noël en famille sur la côte. Ils appellent ça du house sitting (ou farm sitting dans notre cas), assez répandu à travers le monde, nous sommes déjà fan du concept. Si vous voulez, il reste 3 chambres de libre !

Outre une Todolist bien remplie, nous devrions avoir le temps de mettre le blog à jour, de publier quelques vidéos (la Mongolie n’est plus qu’à un clic) et de répondre aux messages… vos boîtes mails devraient être salées à Noël !

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Devinez-quoi ?

Mon premier est une grosse décision ;

Mon deuxième est un objet volant très polluant ;

Mon troisième est une région autonome… bientôt indépendante ? ;

Mon quatrième est un moment inoubliable ;

Mon cinquième est un pruneau ;

Mon sixième n’est pas un poisson d’avril ;

Mon tout, est une chasse aux oeufs à vélo ! ;

Vous avez deviné ?

ON RENTRE !

Des mois à tergiverser, des journées à parlementer, nous avons enfin tranché ! Difficile de savoir écouter son coeur. Courageux de savoir écouter le coeur de l’autre.

A présent nous voilà droit dans nos chaussures de vélo. On rentre, et à Agen !

Agen ? Oui, Pierrot a ouvert un Café Vélo (par ici la vidéo), dans l’ancienne usine de pompage rénové, à Agen. Et il nous a proposé de faire partie de l’aventure. Il nous faut donc rentrer pour la belle saison. Les billets d’avion sont pris. Direction Barcelone, le 2 mars !

Barcelone ? Oui, nous tenions à re-pédaler un peu, et surtout, à franchir la frontière française par voie terrestre. Étape oh combien symbolique et tellement importante dans notre processus retour. Et puis, nous n’allions pas nous priver d’un mois de vélo, pour rentrer comme nous sommes partis, pardi !

D’ailleurs, nous aurions grand besoin d’un petit coup de pouce pour les derniers kilomètres. Histoire d’être certains de prendre la bonne route… au cas où nous déciderions au dernier croisement de repartir pour un tour… ah ah ah.
Comme nous avons eu le besoin de vous avoir parmi nous pour partir, nous avons besoin de vous pour rentrer !
Chiche de remonter sur vos selles ?

Plusieurs rendez-vous possible :

– sur la route entre Barcelone et Arvert (Perpignan, Toulouse, Agen…), à la louche sur le mois de mars via le canal du midi,

– les derniers kilomètres (Mortagne-sur-Gironde, Mornac, Chaillivette, Etaule…),

– à Arvert, à l’arrivée, au week-end de Pâques.

A vos marques, prêt, venez !

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Après 23 mois de voyage et plus de 14 000 km au travers l’Europe, l’Asie et l’Océanie, l’aventure continuera à Agen : de quoi voyager depuis chez soi…

WORKAWAY

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Le 6 novembre nous quittions Pierre et sa chouette nouvelle vie, et roulions jusqu’à Stanthorpe où nous passerons le reste du mois. 2 workaway nous attendent. Fini les vacances en ville, nous retournons travailler à la campagne. Nous passons par le très joli petit lac de Moogerah en prenant les petites routes. La région est une fois de plus MAGNIFIQUE. Nous traversons le drôle de village of Legume. La pluie continue sa danse et nous offre un bel arc en ciel sur les fermes qui parsèment ces vallées. C’est un petit goût de bout du monde sur ces pistes.

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Nous avons eu beau franchir la frontière du New South Wales (Nouvelle-Galles du Sud), Stanthorpe est toujours dans le Queensland. Nous sommes à 200 kms au sud ouest de Brisbane, au centre d’une région appelée la Granite Belt (la ceinture de granite).

Une nuit plus tard nous arrivons chez Radda et Yogesh. Cela fait 5 ans qu’ils ont acheté cette parcelle où seuls les arbres vivaient. Quel beau travail en seulement quelques années : nous découvrons une belle maison écologique, des potagers, un poulailler, une marre pour les canards, un séchoir, des caravanes qu’ils louent… nous sommes impressionnés. Les gelées viennent tout juste de disparaître, chouette, mais les orages et l’humidité nous surprennent. Nous sommes à 1000 mètres d’altitude, et il caille ! L’accueil est chaleureux, même s’ils s’absentent pour la soirée. Nous préférerons rester dans notre van plutôt que d’investir la caravane un peu miteuse mis gentiment à disposition. Malheureusement dès le lendemain, les relations se compliqueront. Et oui en Workaway c’est toujours une surprise : qu’allons-nous faire ? Quels personnages allons-nous rencontrer ? Où allons-nous vivre ? Bref à quelle sauce allons-nous être mangés ? Et comme pour tout il y a parfois de mauvaises surprises.

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Nous constatons un grand décalage entre leur annonce, leurs aspirations, leurs valeurs, et leur volonté de créer un autre monde, et la pratique. Chacun ses contradictions. Mais c’était à la limite de l’impolitesse. Nous aurons beaucoup de mal à trouver notre place et nous sentirons souvent de trop. L’impression d’être de simples travailleurs, cantonnés à rester dans notre caravane, sans faire trop de bruit, pendant notre temps libre.

Néanmoins nous y trouverons notre compte. Le boulot était parfois difficile mais plaisant (cartonner et pailler les chemins du potager, ramasser de la sciure dans des scieries, désherber à la main…). Nous travaillions 4-5h le matin, et avions le reste du temps libre. Chaque journée nous commencions par nourrir les animaux et promener Goundee, leur superbe chienne. Nous nous épuiserons à lui lancer le bâton. Un matin, à peine ouverte la porte du van, elle nous attendra pomme de pin dans la gueule, queue agitée. La propriété est entourée de pins, et nous profitons de nos après-midi pour nous balader avec elle. Nous nous croyons dans les Landes. La nourriture sera plus que copieuse et délicieuse. Enfin, chaque soir avant dîner, ils nous inviteront à danser et méditer ensemble. De beaux moments.

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Au vue de l’ambiance nous souhaitons écourter notre séjour. Mais s’étant engagés pour 2 semaines, on nous demandera de tenir nos engagements. Étrange alors qu’elle passe le moins de temps possible avec nous. Quelques rebondissements plus loin, la pluie étant prévue pour la seconde semaine, nous passerons finalement pour « persona non grata », et on nous demandera de partir, au plus vite si possible. Si nous ne pouvons pas travailler, il n’y a plus de raison pour que nous soyons les bienvenus.

Nous quittons ce joli endroit choqué par ce grand manque de savoir vivre. Il nous faudra bien une semaine pour faire totalement disparaître cette petite boule au ventre et s’assurer que le problème ne venait pas de nous. Il faut dire que de la part d’une psychothérapeute nous nous attendions à un minimum de communication. Tout le monde a le droit d’avoir ses problèmes et de traverser une mauvaise passe, mais au vue de son parcours, nous espérions un peut d’intelligence relationnelle. Nous avons eu de nombreux échos de la part d’autres voyageurs sur leurs mésaventures en workaway. Certains semblent oublier que nous ne sommes pas que des travailleurs gratos. Nous recherchons avant tout la rencontre, l’échange, et à apprendre. C’est une expérience qui nous marquera. Nous comprenons combien il est difficile d’être cohérent entre ses convictions et leur mise en pratique dans la vie de tous les jours. Comme si ce n’était jamais acquis, comme si cet effort devait être poursuivi toute la vie. Voilà qui nous pousse à nous relire nous même et à travailler sur cet alignement qui nous tient tant à cœur.

Bref, une semaine après, nous arrivons chez Bec, welcome in paradise !

A peine arrivés, que nous sentons dans le câlin à l’australienne que Rebecca nous offre, un fort potentiel entre nous. Pas manqué, nous passerons deux incroyables semaines en compagnie de ce bout de femme exceptionnelle et de sa famille. Ouf, cette fois, nous sommes au bon endroit.

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Après plusieurs voyages à travers le monde, des études de naturopathie, et une initiation au chamanisme, Bec a décidé de s’installer sur les terres de ses grands-parents, et de s’y construire une maison écologique. Le décès soudain de sa grand-mère l’an dernier, a quelque peu modifié ses projets. Elle a décidé d’investir les deux maisons laissées en héritage. Rénovation, décoration, entretien, l’ont occupé ces derniers mois, et elle a depuis un beau poulailler, des canards, et des biquettes. Sa maison, déjà bien commencée, reste donc à finir. Le lieu, situé à plus de 20 kms de Stanthorpe, est paradisiaque, si on aime la solitude. Ses parents vivent à 3 kms. Aidée, soutenue, elle reste du haut de ses 27 ans, la gestionnaire de ce lieu : nous serons impressionnés. De nature calme et douce, les projets fusent derrière ses yeux verts : lieu d’accueil temporaire ou à plus long terme, Airbnb, retraite (yoga, detox,…), résidence d’artiste, centre d’accueil pour enfants, elle ne manque pas d’idées pour ouvrir et faire vivre ce lieu. Elle a également le projet de faire un jardin en permaculture dont elle vendra la production sur les marchés. Bientôt des cochons devraient venir compléter la famille.

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Installés comme des rois dans l’une des deux maisons, cela faisait longtemps que nous n’avions pas bénéficié d’autant de confort. Bec est fatiguée par les travaux et désire avant tout partager, alors nous discuterons plus que nous travaillerons ! Levés 6h15, c’est un plaisir de faire la tournée des animaux : nourrir les poules et ramasser les œufs, s’occuper des canards, emmener les deux plus grandes biquettes au prés (un sport), et donner le biberon aux deux petits chevreaux qu’elle a recueilli, avant de tous se retrouver pour petit déjeuner. Le mauvais temps nous fera préférer boire le thé que de désherber. Mais les jours de soleil, quel bonheur de travailler aux pieds des rosiers, en compagnie de Mimi et Chouchou. Mimi a 1 semaine, quand Chouchou n’a que quelques jours et peine à survivre. La première semaine nous partagerons la cuisine avec eux. Le chauffage deviendra leur mère adoptive, qu’ils vénéreront comme un dieu. Les journées sont ponctuées par les bibes, toutes les 2h, à 16h30 il est temps de nourrir à nouveau les poules et les canards, de rentrer les deux biquettes, et de nourrir les deux chiens, avant de coucher tout ce petit monde à la nuit tombée. Les journées défilent et nous avons le sentiment que la vraie vie est ici. Bec aime à donner un coup de main à ses amis ou voisins. C’est ce qu’elle fait 1 à 2 journées par semaine. Elle a besoin de se former, et sait que seule il ne lui sera pas possible de réaliser ses rêves. Nous aurons alors l’impression de travailler davantage pour les autres que pour elle.

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Sa famille possède une ferme bio de 800 hectares, hérités des grands-parents. Ils possèdent un troupeaux de 350 vaches qu’ils élèvent en biodynamie pour la viande. Depuis 3 ans ils se sont lancés dans la production de choux blancs. C’est la plus grosse ferme de choux bio d’Australie. Destinés à la production de « SourCraft », du chou cru fermenté, très en vogue dans la région, car très bon pour la santé paraît-il. C’est la saison pour les ramasser, alors par 4 fois, nous irons prêter nos bras, en compagnie de Shane (le papa), Sean (le bras droit), Maree (la maman), Chris (le cousin), la soeur de Bec… ou de backpakers payés à la journée quand la famille n’est pas là. On ne peut pas dire que ce soit vraiment rigolo de ramasser, dans la boue, de gros choux blancs pourris par les pluies brutales et trop abondantes de ces derniers jours (nous aurons même le droit à de beaux grêlons qui anéantirons les jeunes pousses de choux…). Peler les choux pour ne récupérer que la partie belle (quel gâchis laissé au sol…), porter les caisses, transvaser dans la remorque du tracteur… nos dos auront du mal à s’en remettre. Nous ne regarderons plus les saisonniers de la même façon. Shane ira même jusqu’à nous donner de l’argent pour nous remercier ! Pas question. Car aussi fou que cela puisse paraître, j’étais heureuse, même sous la pluie, d’aider ces belles personnes. L’ambiance y était studieuse mais chaleureuse. Chacun apprenant à connaître l’autre. Les jours passants nous nous sentions si à l’aise que les sujets deviendront plus polémiques : dérèglement climatique, surpopulation, migration, mais le tout dans une atmosphère très amicale et respectueuse. A la pause thé (très importante chez les anglosaxons et appelée « Smoki break ») nous dévorions les formidables gâteaux fait maison de Maree. Tout ce petit monde finissait par déjeuner ensemble et à la fin nous nous sentions en famille.

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Shane est Kinésiologue. La kinésiologie est une pratique professionnelle destinée à favoriser un état d’équilibre et de bien-être (physique, mental, émotionnel et social). Le corps serait traversé d’un flux d’énergie curative, et les maladies seraient causées par l’entravement de ce flux. Pour comprendre d’où vient le ou les problèmes, le kinésiologue a recourt au test musculaire. Pas besoin de s’exprimer, le corps nous livrerait les informations dont nous avons besoin pour comprendre. Ce test musculaire permet d’identifier les déséquilibres sur le plan physique, mental, émotionnel et énergétique ainsi que les moyens à utiliser pour les rééquilibrer. Le kinésiologue propose alors des outils d’équilibrag qui associent des techniques occidentales modernes à des techniques traditionnelles très anciennes, chinoises notamment. La kinésiologie est utilisée aussi comme technique de développement personnel. http://federation-kinesiologie.fr/La-Kinesiologie

Shane nous offrira une séance chacun et prendra de son temps pour nous partager sa passion. Une nouvelle fois nous sommes enchantés de découvrir une autre manière de soigner.

Nous passerons une journée dans le jardin d’Holly et Justin, un jeune couple maraîcher. Planter, désherber, déplacer, une belle journée.

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Bec profitera de notre présence pour partir 3 jours sur la côte retrouver sa meilleure amie, en escale. Nous voilà maître à bord, et on s’y croit ! Nous nous occuperons même de ramasser et livrer les commandes pour la coopérative dont Bec fait partie. Une sorte d’AMAP / Ruche qui dit oui organisée par les fermiers. Nous y rencontrerons Ray and Samantha qui reviennent de 6 mois de voyage en Europe en famille. Ils ont passé pas mal de temps en France à faire du wwoofing. Il leur est interdit de vendre du lait non pasteurisé. Pas de problème, ils le vendent sous l’étiquette « lait à usage cosmétique ». Comme les graines de chanvre. Interdites à la consommation, elles sont vendues à usage cosmétique, mais tout le monde s’en régal, et c’est très bon pour la santé. http://symarafarm.com.au/

Nous reprenons la route plein Est pour le Byron Shire. Le départ est une nouvelle fois un arrachement. Nous laissons une partie de nous dans cette ferme : c’est très dur. Nous échangeons de merveilleuses paroles et de beaux cadeaux. Nous nous promettons de rester en contact et de se donner des nouvelles. Nous avons le sentiment que nous reviendrons. Nous commençons à ne plus supporter ces moments de départ. C’est une tristesse immense et l’énergie vient à manquer. Il est peut-être temps de se poser quelque part ? Est-ce que nous n’aurions pas besoin d’une petite pause dans notre nomadisme ? Nous comprenons dans cette expérience notre besoin de vivre au rythme de la nature.

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Brisbane & Co

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Brisbane – Brisbane, une semaine d’arrêt !

Avec ses plus de 2 millions d’habitants, elle est la Capitale et la ville la plus peuplée de l’État du Queensland. Voilà longtemps que nous ne nous n’étions pas retrouvé dans une grosse ville ! Elle se répartie de part et d’autre du fleuve qui porte le même nom. Aujourd’hui elle serait la ville-capitale la plus étendue du monde au regard de sa superficie. Et il est vrai que le nombre de maison individuelle saute aux yeux en plein cœur de ville. Aérée, verte, vallonnée, elle est courtisée et aurait le taux de croissance le plus élevé des villes australiennes. Ses maisons bleues lui donnent un petit aire de San Francisco (où n’avons jamais été cela dit). Arbres violets, mur d’escalade naturel, bateaux mouches grandes vitesse, piscines aux pieds des tours, partie de frisbee, Brisbane surprend !

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Mon ami Pierrot

Qu’est ce que ça fait plaisir de te revoir ! Quand la routine rime avec trouver un sens à tout ça, il arrive parfois qu’on puisse partir en voyage sans savoir où et pour combien de temps. C’est parce qu’on cherche à savoir qui on est vraiment et qu’on rayonne enfin de sa pleine personne que les rencontres se font au bon niveau de vibration. C’est en voyageant aux 4 coins de l’Asie que tu as rencontré ta belle australienne ! A te voir avec elle, sourire en coin, la tête pleins de projets et un anglais dont le ronronnement s’améliore de jour en jour, je me dis que tu as suivi ton cœur et que tu sembles si heureux. A vous voir tous les 2, tout semble si simple et si beau.

Qu’est-ce qu’on a aimé se balader avec toi à vélo dans les rues de Brisbane. Ce petit moment où on a dansé dans la Power House juste parce qu’on était heureux. Ce feu d’artifice en pleine ville dans un grand fracas de couleurs et de détonations où nos mentons touchaient le sol. Avoir pointé notre museau à l’avant du bateau bus alors qu’il pleuvait à grosse poignée pour sentir l’air sur le visage. Ce pique-nique cricket ou encore cette bouteille de mousseux partagée sous ce kiosque pour fêter votre emménagement avec Alice, ont été ces moments magiques qui forgent l’amitié et le voyage.

Merci mon ami Pierrot pour ce petit bout de France que tu continues à faire vivre au delà des océans. Merci pour ton accueil, tes bons petits plats, ton pineau et tes bouteilles de vin, ton fromage… Comme on dit souvent, à très bientôt ici ou ailleurs, ça dépend le sens du vent … ou de la vie !

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Alice, est gynécologue. L’occasion d’échanger avec elle sur les pratiques en Australie. Je lui fait part de la vague de protestation concernant les violences gynécologiques et obstétricales, et autres bourdes dénoncées actuellement en France (pour en savoir plus). Elle m’explique que l’épisiotomie est pour eux une méthode du passé, et qu’ils n’y recourent désormais qu’en cas de réel besoin, c’est à dire dans très peu de cas (comme la maternité de Besançon par exemple.) Ils ont compris qu’accoucher allongé sur le dos les jambes en l’air n’était pas une position naturelle, et ici, les femmes peuvent accoucher dans la position qui leur semblent la meilleure pour elles : quatre pattes, à genoux, etc. du moment que la mère et le bébé ne sont pas en danger. Bien sûr, tout n’est pas parfait, et il leur arrive de se tromper, mais la mère est écoutée. Ils semblent beaucoup plus ouvert aux méthodes d’accouchements alternatives et douces (utilisation d’huiles essentielles, etc.)

https://emmaclit.com/2016/06/10/lhistoire-de-ma-copine-cecile/

Un petit tour par l’Inde…

Nous profiterons de notre séjour à Brisbane pour revoir Payal et Mangesh, et leurs enfants. Une famille d’indiens expatriés ici depuis plus de 10 ans. Nous les avions rencontré à Crystal Water, et avions à cœur de les revoir. Leur parcours et la vision qu’ils ont de l’Inde et de la religion sont très intéressants. Nous leur rendrons visite à vélo. 50km A/R dans la soirée, voilà bien longtemps que ça ne nous était pas arrivés. Ça tire un peu, mais que c’est bon de remonter sur le tandem. Nous dépasserons la barre des 13 000 kilomètres !

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Bye bye Queensland :

En poursuivant notre route vers le sud, nous quittons le Queensland. C’est le premier État de l’Australie par sa superficie et le troisième par sa population. Pour la leçon du jour : son économie est dominée par les secteurs de l’agriculture (culture des bananes, des ananas, d’une grande variété d’autres fruits et légumes tropicaux et tempérés (dont le délicieux avocat), du coton, de la canne à sucre, de l’élevage du bétail pour la viande et pour la laine) mais aussi du tourisme (région de Cairns, Sunshine Coast, Gold Coast, la grande barrière de corail, l’Océan pacifique et ses îles…) et des ressources naturelles (industrie minière notamment avec la production de bauxite, de charbon et de cuivre…). Le Queensland est surnommé le Sunshine State, « État ensoleillé », puisque son climat est chaud et qu’une bonne partie se trouve sous les tropiques (nord de l’Etat où nous étions en juillet). Et c’est sûr que le soleil, nous n’en avons pas manqué. La période hivernale connaît des températures basses et peu de pluies (certains n’ont pas vue de pluie pendant 4 mois). La période estivale est chaude, avec un niveau plus important d’averses et le passage occasionnel de cyclones tropicaux. Les températures vont rarement au dessous de zéro, même si la neige et le givre peuvent être présents. 5 zones protégées de ce territoire figurent au patrimoine mondial de l’UNESCO, et c’est que nous restons émerveillés par sa nature et sa diversité.

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Permaculture Community Crystal Water

(Album photo en ligne)

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« C’est une maison bleue adossée à la colline, on y vient à pied, on ne frappe pas, ceux qui vivent là ont jeté la clef… » Je me souviens avoir chanté ça étant plus jeune autour du feu et je n’imaginais pas que ça pouvait exister réellement quelque part. Sauf que dans la chanson, ils ont oublié les kangourous … !

C’est au milieu de ces marsupiaux que nous faisons notre première trace dans cet étonnant éco-village. La mère fait traverser les plus jeunes, les pattes arrières de son dernier petit dépassent de sa poche. Les oreilles sont tendues et pivotent sur elles-mêmes, ça se gratte, ça broute, ça boxe et à priori notre présence ne les dérange pas tellement. « Heu Virginie, ce serait pas mal que t’avances, tu bloques la route et il y a deux voitures qui attendent derrière ». Nous poursuivons notre safari sur cette petite route qui serpente dans la colline et saute d’un petit lac au suivant. Impressionnante cette forêt recouvrant les versants ! « Oh, regarde ces hautes herbes toutes desséchées … ». La terre se découvre à certains endroits, elle est toute craquelée. On dépasse le cimetière communautaire et de temps en temps, des maisons nous apparaissent au milieu de la végétation. Ce sont des maisons à formes bizarres, en dôme, en patchwork, en carrousel ou soucoupes volantes, qu’elles soient en bois, en terre, en paille ou en poussière d’étoile. A croire que la maison bleue ici c’est aussi la maison du rêve d’enfant et qu’il nous est difficile même de décrire ce qu’on voit. Ce mélange de nature et d’imaginaire, niché au creux de la vallée, qu’est ce que c’est beau ! Peut-être que le soleil se couchant et notre grande envie de découvrir ce lieu aura joué sur notre perception ? A moins que ce ne soit les magiques Glass House Mountains de la région ?

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Un mois plus tard, c’est avec une émotion intense que nous quitterons ces mêmes lieux. Sautant de maison en maison pour dire au revoir, c’est presque à la nuit que nous prendrons la route là où nous étions supposés partir en fin de matinée. Crystal Water, ton esprit de liberté, de créativité et d’indépendance vit toujours. Merci de nous avoir ouvert tes portes et ton cœur. Merci, merci !

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Crystal Water est une communauté fondée il y a plus de 40 ans. Elle s’étant sur plus de 260 hectares sur les flancs de collines. Elle est bordée par 2 rivières et comporte 83 lots d’habitation privés ou vivent un peu plus de 200 personnes. Ces lots de 1 acre (0,4 hectare) accueillent à certain endroits plusieurs maisons et très couramment des caravanes, des bus, des containers ou des cabanes. Ces lots sont répartis par groupe de 4 à 6, ce qui en font des spots de quelques maisons distribués sur l’ensemble du terrain. Jusque là ça a l’air super cloisonné et ça ne ressemble pas tellement à l’idée qu’on avait d’une vie communautaire. Il ne faut donc pas oublier les autres lieux comme le marché, la boulangerie-pâtisserie, la salle de cinéma, la salle à manger et le carrousel, une zone de jeu pour les enfants. Il est important de dire que tout le reste du terrain est géré par le conseil et qu’il existe une coopérative de travail attenante et indépendante. Cette coopérative compte un boulanger, quelques ateliers de mécanique, de travail du bois, de grands jardins potagers et même une bambouseraie. La vie communautaire est multiple et propose à libre participation un repas partagé le vendredi soir, suivit d’une séance de cinéma. Il est sympa d’aller le samedi matin prendre une petite pâtisserie et un café en allant chercher son pain au levain cuit une fois par semaine. Il y a un marché tous les premiers samedi du mois. Ah oui, il y a aussi les falafels chez Yaev et Bec le lundi soir, les soirées bière du vendredi soir chez Gordon ou la séance de jeu collectif des enfants du mardi matin, qui est d’ailleurs plutôt un prétexte pour que les jeunes parents puissent échanger. Cette vie au sein de la communauté nous a semblé presque un minimum tellement ce lieux est finalement isolé. Le premier village est à 25 kilomètres avec une côte que nous n’avons même pas osé faire à vélo. Cet isolement fait aussi son charme mais dans un même temps repose les questions d’autonomie et d’occupation de l’espace. Tout ces temps communautaires nous ont permis de nous faire une idée plus précise de la manière dont les gens vivent ici et d’en découvrir un peu plus sur le passé de ce lieu. Bon, comme partout, il y a l’histoire officielle et il y a aussi ce qu’on a pu comprendre. Et il faut dire que parfois c’est plutôt croustillant. Il nous était difficile d’imaginer cette poignée de hippies épris de liberté et vivant sur le terrain, leur idéal de vie. Comme toute société, nous constatons des rapports de pouvoir, des désaccords de fond et des comportements que nous ne comprenons pas. Pendant que nous serons là, deux feux se déclareront à une semaine d’intervalle et quasiment au même endroit, et vu que tout était archi sec …

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Cet éco-village est l’un des plus anciens en Australie et dans le monde. 40 années de vie communautaire c’est finalement … beaucoup de temps. Nous comprenons que le lieu a été très attractif pour des personnes cherchant un beau cadre de vie et ayant de gros moyens financiers. Les enjeux de plu valus des terrains ont aussi ici pas mal divisés. Un bon nombre d’idéalistes ont quitté les lieux et critiquent aujourd’hui ce qu’il est devenu, mais nous trouvons qu’il reste toujours cet esprit initial d’une manière ou d’une autre.

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Cette communauté est connue dans le monde pour la permaculture ((Définition http://asso.permaculture.fr) « La permaculture est une méthode de conception permettant de créer des environnements répondant aux besoins des êtres humains, tout en respectant la nature. La permaculture s’est dans un premier temps concentrée sur l’établissement de systèmes agricoles durables («agriculture permanente»), avant d’élargir son champ de vision à toute la société («culture permanente»), au travers par exemple de ses systèmes agricoles, socio-culturels, industriels ou financiers. La conception permaculturelle (design en anglais) est basée sur l’observation et la reproduction des écosystèmes naturels. Elle se fait par une approche systémique, qui vise à interconnecter les éléments du système conçu grâce à des principes d’efficacité énergétique, pour créer des environnements durables, résilients et répondant aux besoins de tous les êtres vivants« ). C’est vrai que nous nous attendions à des jardins vivriers dans tous les coins. Nous noterons tout de même une initiative forte intéressante de redémarrage d’un jardin partagé et quelques personnes vivant de leur workshop et de leurs bouquins sur leur savoir faire permacole. Plus nous passerons de temps et plus nous constaterons que la permaculture c’est aussi un mode de vie, un rapport particulier à la nature, à l’espace et aux autres. Alors est-ce qu’une communauté en permaculture a forcément ses terrains remplis de légumes ?

Jardiner, arroser, fendre du bois, ramasser les feuilles, cuisiner, débarrasser un hangar pour mieux le ranger, daller un parterre, déplacer des pierres, retaper des bancs et les repeindre ou encore débroussailler seront les activités que nous mènerons lors de notre première session de workaway chez Scott. Il habite ce magnifique cottage depuis 15 années et vit des revenus d’une Guesthouse. Il utilise Air’BnB et fait cohabiter des locataires longue durée avec des vacanciers ou des voyageur d’un soir. Il expérimente largement l’échange non marchand et le troc. C’est dans ce cadre là qu’il prend des « woofeurs » qu’il héberge et nourrit en échange de 5h de travail par jour. Scott est un joueur de didjiridou et possédait dans le passé un commerce en ligne de slide didji, des tubes télescopiques en plastique permettant de moduler la note de vibration et de le transporter facilement. Merci pour l’initiation.

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Ce que nous avons adoré, c’est cette petite rivière en contre-bas. Ouhaou, que c’était dépaysant : cette eau fraiche et vivifiante et ce calme au milieu des oiseaux, des marsupiaux et des moustiques. Nous avons aussi beaucoup aimé rencontrer les personnes gravitant autour du lieux comme Mathiew et Eri, lui New-Zélandais et elle Japonaise et venant s’établir en Australie pour commencer une nouvelle vie. Il y avait aussi Lili et Francesco, elle chilienne et lui argentin, en pause entre deux formations pour devenir Chamans en Amérique du Sud. Les peintures de Lili nous fascineront, tout comme leur joie de vivre, et l’énergie qu’ils dégagent. Nous aurons aussi rencontré Anja et Lotte, des woofeuses comme nous, allemande et hollandaise, et avec qui nous avons partagé des discussions passionnées sur le monde et l’être. Ou encore Alexandre et Aurélie un couple de suisses en tournage d’un film sur la permaculture. C’était une vraie auberge espagnole !

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Notre seconde expérience s’est faite au numéro 38 chez Po Meï, une brésilienne-australienne née en Bolivie de parents chinois. Vous suivez ? Po Meï est une de ces personnes au grand cœur et qui a le sens de la communauté dans la peau ! Pour nous, elle fait vraiment vivre l’esprit communautaire sur Crystal Water. Elle aura vécu plus de 10 ans en cumulé ici et a acheté un petit terrain il y a quelques années. Son haut de colline lui procure un coup d’oeil sur la vallée sans équivalent. Elle habite aussi le terrain extrême de l’une des deux routes, et dans la tête ce n’est pas pareil. C’est un bal de wallabies, de perroquets, de serpents et même des daims qui rythmeront nos journées. Pas besoin de télévision ici, les reportages animaliers se passent en direct dans le jardin ! Les activités tournent autour de sa caravane à retaper, son bus à peindre et son jardin. Akina, du Japon, sera notre compagne de route. Nous peindrons et rangerons la terrasse de la caravane, referons les clôtures du jardin, taillerons la vigne et ferrons une pergola en bambou et brelage pour le plaisir d’un pied de fruit de la passion. Notre petit plaisir était notamment la cueillette d’orange au petit matin pour un smoothie ou un cartier à pleines dents.

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Po Meï a eu à cœur de nous faire découvrir les personnes qui comptent pour elle au sein de la communauté. Nous la remercierons jamais assez pour ces extraordinaires rencontres que nous ferons. Nous passerons un peu de temps avec Les à la boulangerie à façonner du pain et des viennoiseries. Nous visiterons Gordon pour faire/boire de la bière. Et irons passer 2 après-midi chez Lesli et Peter pour leur donner un coup de main. Ces personnes âgées, à la santé fragile nous laisse imaginer aussi ce que peut-être une fin de vie dans ce genre d’endroit.

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C’est avec un grand sourire que nos journées se déroulèrent à Crystal Water. C’est vrai qu’à première vue ce lieu nous semble un bon compromis entre vie communautaire et vie privée. Le partage avec les autres reste facilité mais est laissé libre. Nous nous sommes sentis très bien accueillis et nous avons pu pour la première fois depuis des mois lier de vraies relations. « C’est un petit poumon qui respire et où il fait bon vivre… » me lance Virginie quand je lui demande quelques mots pour définir ce lieu. Alors on reste aussi ici ? Ou alors, peut-être qu’on reviendra, non ?

Les grains 2 selles se séparent !

Après 16 mois et 2 semaines ensemble (je vous laisse calculer le nombre de jour), il était grand temps que chacun prenne l’air ! Décision bien difficile à prendre, mais que nous recommandons vivement 😉
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Pendant que Benoît reste chez Scott, je m’échappe de Crystal Water pour passer quelques jours chez Anne à Maleny (la ville d’à côté). Française expatriée depuis plus de 20 ans en Australie, nous l’avons rencontré à notre arrivée dans la région, au Mélany Music Festival, où nous avons été bénévoles quelques heures contre entrée gratuite. Anne est pour nous une femme qui inspire. Après un parcours chaotique mais incroyable, elle a aujourd’hui 2 magnifiques filles de 17 et 19 ans qui parcourent le monde. Elle s’apprête elle-même à tout quitter pour un retour aux ressources d’une petite année en France. Engagée, elle milita dans le passé contre l’implantation du super marché de Maleny. Aujourd’hui, elle plaide la cause des immigrés et envisage de passer quelques semaines dans un camp de réfugié en Grèce. Proche des aborigènes, travailleuse sociale, sa maison est toujours ouverte et voit défiler quotidiennement de sympathiques personnes.
Anne est Gestalt-thérapeute. Et contre quelques heures de ménage et de jardinage, j’aurai le droit à une consultation.

Qu’est-ce que la Gestalt-thérapie ? « C’est à la fois une approche thérapeutique, et un ensemble de pratiques visant un changement personnel, psychosocial et organisationnel. Cette approche thérapeutique est centrée sur l’interaction constante de l’être humain avec son environnement. Elle s’intéresse à la manière dont cette interaction prend forme et tente de mettre du mouvement lorsque cette forme est figée et répétitive. En effet, le terme allemand « Gestalt » se traduit par « forme », au sens de « prendre forme », « s’organiser », « se construire ». La Gestalt réhabilite le ressenti corporel et émotionnel. Elle place le patient comme acteur du changement, et la relation comme moteur de ce changement. Certaines formes de thérapie sont centrées sur le pourquoi et recherchent l’origine du traumatisme : « thérapies de l’amont ». D’autres courants, tel celui de la Gestalt-thérapie, sont des « thérapies de l’aval » : en laissant de côté les origines de nos blocages, ces thérapies cherchent à libérer le comportement, à « déboucher la rivière » et « nettoyer les berges », pour lui permettre de couler plus librement. » (source Wikipedia)

Grâce à elle, je redécouvrirai également la Constellation Familiale et Systémique !

C’est une méthode de thérapie familiale transgénérationnelle. Méthode d’approche phénoménologique qui met en lumière les conflits personnels et familiaux issus de l’inconscient familial par le biais de jeux de rôles et de psychodrames. En gros vous choisissez des personnes dans l’assemblée qui joueront les membres de votre famille. Vous expliquez en quelques mots le contexte familiale et posez une intention (je souhaite comprendre…). Vous n’avez plus qu’à regarder ce qui se joue devant vos yeux. Ces étrangers deviennent tout à coup père, mère, soeurs, frères, ancêtres… et ressentent et expriment ce que votre propre famille vit. Complètement effrayant car totalement magique, ça semble un formidable outil pour dénouer des conflits familiaux, réparer/corriger des traumatismes, renouer des liens, pardonner, comprendre, accepter…

 

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Nous revoilà sur la route, direction Brisbane. Notre descente vers le Sud continue !

Références :