Actu Darwin !

Après presque 3 semaines à Darwin (et sa grande banlieue), nous nous lançons enfin sur les routes désertiques de ce pays-continent, avec notre tout nouveau destrier ! Pas de panique, nous n’avons pas troqué notre Tandem, nous l’avons « simplement » hissé sur le toit, le laissant doucement reposer avant de nouvelles aventures cyclopédiques. En attendant, c’est un tout nouveau voyage qui nous attend. En voiture Simone, direction Cairns ! Nous passerons « l’hiver » sur la côte est à sauter de workaway en wwoofing. Après avoir musclé nos petites jambes, c’est au tour de nos petits bras de travailler !

Bientôt un article sur ces 3 premières semaines en Australie. Pour rappel, vous pouvez nous suivre géographiquement grâce à notre balise SPOT et à la carte mise à jour quotidiennement sur notre blog ou en cliquant ici: http://lesgrains2selles.fr/les-traces-des-roues-sur-la-carte/ 

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Bali, la Perle oxydée

Pourquoi le voyageur est-il si friand de cette liberté ? Pourquoi veut-il toujours aller voir derrière la colline d’après ? Combien de kilomètre doit-il parcourir pour répondre aux questions qu’il se pose et auxquelles il n’aura jamais ses réponses ? Est-ce que rouler vers l’essentiel n’est pas rouler vers une chimère ?

Le choix a été soumis au conseil. A l’unanimité, nous laissons pour le moment notre route retour vers l’Europe et nous poursuivons vers l’Indonésie, cap sur l’Australie. « It’s a good choice, and have fun ! »
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BALI EN VIDEO

Le 26 avril 2017, nous atterrissions sur l’île de Bali. Contents de mettre le pied en Indonésie, c’est surtout explosés que nous remontons notre tandem sous les regards amusés des touristes et des chauffeurs de taxi. Quelques heures plus tard, dans une chaleur humide et écrasante notre tour de l’île commence : c’est parti pour 3 semaines !

Notre première impression c’est la densité de population et de touristes en traversant Denpasar, la capitale de cette île de 4,2 millions d’habitants (2014). C’est rock’n’roll sur la route et presque plus dangereux que notre référence Vietnamienne. Nous sommes aussi séduits par l’architecture, ces pierres noires et ces grands bambous décorés de part et d’autres des rues. Tout est si beau et si chargé, que nos yeux ne scannent pas assez vite pour comprendre ce que nous découvrons.

Nous doublons un cycliste pied nu et cheveux en dreadlocks : « Je vous ai déjà croisé il y a quelques années, non ? » nous lance-t-il alors que nous le doublons avec les respects habituels. « Je ne crois pas que c’était nous ». « aaah, moi je suis sûr que je vous ai déjà vu quelque part… ». Soit nous ressemblons vertigineusement à un autre couple de tandémistes (d’ailleurs nous n’en avons jamais croisé), soit l’arak (alcool local traditionnel) a fait son œuvre sur ce bougre…

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Entre hindouisme, Islam et christianisme

Nous mettons quelques jours à faire la différence entre les temples et les maisons traditionnelles d’habitation tant les ornements sont raffinés. La plupart des habitants ont chez eux des hôtels pour les esprits. Ils effectuent matin, midi et soir un rituel d’offrandes et de prières devant la porte d’entrée. C’est souvent une petite panière en feuille avec des fleurs, de la nourriture et de l’encens. Le rituel est doux, majestueux et inspire le respect. Attention à ne pas rouler dessus ! Cette tradition ancienne s’est intégrée à l’hindouisme pratiqué plus tardivement. Les soirs de pleine lune ce sont des cortèges de balinais en habits traditionnels que nous voyons déambuler sur les plages pour déposer des offrandes à la mer. C’est souvent aussi l’occasion de fêtes avec musique, alcool de coco et danses traditionnelles. Il n’est pas rare d’entendre des percussions et des gamelans, ces sortes de grands xylophones à lamelles métalliques frappés avec des marteaux et qui se jouent à plusieurs.

Pour pénétrer dans un temple il faut se vêtir d’un drap recouvrant les jambes ainsi que les épaules. Ils sont souvent fermés à clefs et réservés aux pratiquants. C’est un lieu sacré non accessible aux profanes que nous sommes et c’est parfois un peu frustrant. Les plus grands temples sont payants ou une boite laisse la possibilité d’un don. Ces temples en plein air sont impressionnant de sophistications, en pierres noires et les lieux sont souvent magnifiques. Il y a même quelques singes parfois autour de ces temples, probablement présents pour forcer le don, surtout quand c’est de la nourriture.

Un soir, nous demandons à planter la tente dans les environs d’un temple. Un habitant nous confirme que c’est possible mais la nuit tombante, un groupe vient nous demander de déménager. Nous ne pouvons pas rester ici car c’est un lieu sacré commun et nous ne sommes pas vraiment les bienvenues. La vue été pourtant splendide sur la mer et les échanges avec les jeunes du coin super sympa. Nous finirons gratuitement dans un hôtel 18 étoiles en rénovation juste à côté pour nous déplaire.

L’hindouisme cohabite avec l’islam et c’est pour nous relativement nouveau de découvrir ces grandes mosquées et ces appels à la prière réguliers. Les cartiers d’habitation sont séparés mais pas partout. L’Indonésie est le plus grand pays musulman. L’hindouisme est en revanche dominant sur Bali.

Nous croisons aussi parfois une église chrétienne, dans un indonésiens’ style et c’est pour nous presque plus curieux que les temples hindouistes.

Nous avons été frappés par l’ouverture d’esprit de la plupart des balinais sur le plan religieux y compris. Il y a un profond respect des pratiques. Ce n’est pourtant pas l’image que renvoient les médias, avec notamment la couverture de la politique et des corporatismes religieux. Encore une fois, nous constatons une différence honteuse entre ce qu’on pourrait entendre du pays et ce que nous vivons sur place.

Les balinais ont plaisir à faire découvrir leur culture. Ils ont réussi à la garder malgré la présence de plus en plus d’étranger (occidentaux, japonais, chinois mais aussi indonésiens de Java) attirés par la manne financière du tourisme. La question reste de savoir encore pour combien de temps. Et si cette culture devenait un musée vivant, ce serait probablement bon pour les affaires…

Un petit coin de paradis

« Profitez bien les glandouilleurs… »

Sauf que faire le tour de Bali à vélo ce fut tout sauf des vacances. Nous nous sommes dits à plusieurs reprises en croisant des touristes SS (scooteur-snorkeling) que nous ne savions pas vraiment profiter des bonnes choses et que nous savions nous faire du mal. Mais rapidement après ce genre de moment vient la récompense. La douleur aux jambes disparaît même si la mémoire de ces moments reste vive.

Cette île de la longue suite indonésienne est un vrai petit bijou. Ses volcans culminant à plus de 3000m obligent l’air tropical chargé d’humidité à se condenser en donnant de généreuses pluies. La nature y est luxuriante. Tout y est en XXL. Cette eau est présente partout des nombreux lacs d’altitude aux champs de riz en terrasse recouvrant les pentes des volcans. Toutes ces rivières se déversent dans la mer, sillonnant parfois les plages.

L’île est bordée de ces nombreuses plages de sable noir sur lesquelles s’écrasent les vagues de l’océan Indien faisant la joie de groupes de surfeurs. Il faut ajouter quelques cocotiers, des bateaux traditionnels (trimaran à flotteurs bambou) et de superbes temples hindouistes.

J’ai adoré ces vues plongeantes et lever de soleil sur fond de pentes de volcan.

Bali est véritablement un petit paradis. La température de l’eau est agréable, la nature généreuse (nombreux fruits hallucinants et tellement bons ainsi que de superbes fleurs), les fonds marins extraordinaires et la beauté de l’architecture contribue aussi à donner un aspect un peu mystique à l’île.

Du tourisme, du tourisme et un peu d’agriculture

Ce serait autour de 5 millions de touristes par an aujourd’hui, soit pas loin de 130 avions atterrissant et 130 autres décollant chaque jour en moyenne. A ce rythme là c’est une véritable industrie du tourisme dont il faut parler, australiens en tête, devant les chinois et aussi beaucoup d’européens.

En 2010 c’était 2,5 millions de touristes par an et la quantité ne cesse d’augmenter. Le nombre de français venant sur « Lîle des Dieux » est en permanente augmentation. Pas étonnant que l’université de Denpasar ait développé une filière tourisme. Ce n’est pas loin de 90% de l’activité économique de l’île. L’offre d’hôtels, resorts, guesthouses ou de homestays paraît supérieure au flux de vacanciers et chacun veut tirer ses marrons du feu touristique.

Il n’est donc pas étonnant qu’à cette allure, la perle commence à s’oxyder. Accueillir tout ces touristes implique des infrastructures titanesques à commencer par l’aéroport. Les routes absorbent difficilement le trafic et la saturation est assurée à chaque heure de pointe. Nous n’y étions même pas en pleine saison. Le modèle économique peut se discuter, surtout à rapprocher des 4,2 millions d’habitants sur l’île à l’année. Il n’y a pas de traitement des eaux usées partout et les plans d’urbanisme n’existent pas vraiment. Il est courant de constater que les grands complexes hôteliers appartiennent à des investisseurs étrangers et que de nombreuses villas sont vides une partie de l’année.

Le cas d’Ubud est typique. C’était un petit village pittoresque perdu dans la montagne devenu aujourd’hui la capitale de l’art balinais et des retraites spirituelles. C’est plutôt mignon mais on y sent une pression touristique comme jamais. Nous passerons un peu de temps avec un sculpteur sur bois. Sa famille travaille le bois ainsi depuis 4 générations. Sa boutique est un véritable musée et la précision des sculptures est remarquable. Nous nous sentons tellement mieux au milieu des rizières et des portions de jungle encore présentes, mais encore pour combien de temps ?

Les 10% de l’activité économique restante de l’île sont agricole. C’est principalement une production de riz mais aussi de légumes et de fruits. Le travail se fait encore beaucoup à la main et utilise la traction animale.

Il est difficile d’imaginer l’état dans lequel serait l’île sans avion ou sans touriste. C’est pour quand la prochaine crise économique ?

Une soirée au coin du feu

Ce soir là, nous sommes dans le parc national et nous cherchons un petit coin pour poser nos 2m carrés de tente. Nous prenons un petit chemin et demandons à Kutuk la possibilité de passer la nuit ici, bien rodés par une année de demande.

A peine notre palace sardiné c’est la famille, les amis et les voisins qui débarquent. Nous racontons notre histoire puis nous écoutons les leurs. Tout le monde s’éclipse quand nous préparons notre dîner pour mieux revenir. La guitare accompagne une chorale multi générationnelle nous laissant entrevoir les tubes de Bali. Nous sommes au coin du feu et les bananes grillées et les patates douces sont excellentes. Le guitariste possède aussi des talents de grimpeur et fait tomber au sol une coco pour chacun d’entre nous. Nous sommes sous le charme de cette rencontre surprise.

‘Tidoor, tidoor… » (dormir, dormir…) répète un jeune garçon. Nous comprenons qu’il ne veut pas vraiment aller se coucher, et d’ailleurs nous non plus !

Mon cher Wayan

Wayan c’est le prénom donné au premier enfant de la famille quelques soit son sexe. Nous rencontrons Wayan, il est gardien d’une grande villa possédé par un riche américain y habitant quelques mois dans l’année. Nous plantons notre tente en bord de côte attiré par le spectacle d’impressionnantes vagues. Il vendait des bracelets sur la plage dans le passé et il est bien content d’avoir ce travail stable. Ils sont 5 personnes à travailler dans cette villa : 3 au jardin, à l’entretien et à la sécurité, une cuisinière et une femme de ménage. Le salaire est d’environ 100$US par mois. Wayan est curieux de notre installation et nous invite à nous baigner dans la piscine de son patron parti pour quelques jours. La propriété est un petit havre de paix bordée de cocotier. La différence de richesse des hommes sur cette terre nous interpelle une fois de plus. Vivons-nous tous dans le même monde ?

La sensation du grand vide

Il nous est arrivé d’éprouver un grand vide dans ce paradis aussi fou que cela puisse paraître. La question récurrente « Pourquoi sommes nous là ? » surgit à nouveau et nous tourmente. Nous avons pris la décision de poursuivre notre quête d’essentiel, n’ayant pas encore trouvé les réponses à nos questions. Notre décision de poursuivre en Australie nous revient comme un boomerang aborigène.

Courageux ou stupides ?

C’est sur la côte Est que nous vivrons l’une des pires étapes du voyages. Les pentes sont mesquines et bien trop nombreuses. Virginie trouve que nous sommes stupides de s’infliger cette souffrance. Elle le confirme au travers du regard des gens amusés et rigolards. Il est à croire que nous sommes de curieux occidentaux à circuler ici à vélo, surchargés alors qu’il est si facile de tourner la poignée d’un scooteur. Ils ont bien raison de se moquer : seuls des gens fortunés et cherchant comment se distraire sont capables d’inventer pareil projet. Ses pensées rendent l’étape encore plus difficile.

Peduli Alam au secours d’une nature hypothéquée

Peduli Alam est une association crée en 2008 par Charlotte, une française venue passer quelques temps autour d’Amed. « Peduli Alam » veut dire « protéger la nature » en indonésien. Amed est un petit bijou dans le bijou sur l’est de l’île en bord de côte. Le village de pécheurs installé sur cette plage de sable noir sur les pentes du volcan Agung (dernière éruption dans les années 50) se transforme petit à petit en un spot incontournable de plongée sous-marine. Il est vrai que les fonds sont incroyablement variés et enrichis de 2 épaves très proche de la côte. Ici le corail a été à peu prés préservé, pas comme à Pemuteran ou la pêche à la dynamite a ravagé les fonds.

Nous rencontrons Mathilde et Isadora toutes les 2 volontaires pour l’association. Elles nous font découvrir le projet et leur vie sur place. Peduli Alam fait travailler 5 balinais : 4 pour la collecte et 1 jeune pour les sensibilisations et la logistique. Le déchets sont collectés et non déposés dans la nature ou brûlés au pas de la porte. Ils sont ensuite triés et recyclés. De nombreux projets de valorisation ont vu le jour et ces bénévoles sont toujours à l’affut de nouveaux débouchés. C’est 240 poubelles et pas loin de 800 familles qui sont concernées. Quand nous arrivons Isadora nous fait visiter la boutique et nous montre les nombreux objets fabriqués à partir de déchets (sacs, trousses, bacs, poubelles, tabourets, boucle d’oreille…) et proposés à la vente pour les touristes.

Nous serons impressionnés par la ténacité des bénévoles sur place, sur leur ouverture d’esprit et leur accueil si chaleureux. J’aurais même le droit à une soirée en famille pour la pleine lune et une « full moon party » sur la plage pendant que Virginie tente de se remettre d’un petit problème intestinal. Nous y serons bien et les quelques jours passés ici auront été riches d’échanges. Merci les amis !

Bali aura été aussi belle que difficile. Malgré une forte appréhension à l’arrivée par la réputation touristique de l’île, nous serons finalement nous aussi charmé par ce petit caillou. Nous y avons fait de nombreuses belles rencontres tant de balinais que de bagpackers, digital nomades et même un biker !

Nous comprenons à présent comment il est possible de ne jamais en repartir.

Mai 2017.

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SINGAPOUR (escale)

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Nous avons testé pour vous l’aéroport de Singapour !

Nous voilà à l’aéroport d’Hanoï, fin prêt pour notre baptême de l’air ! Nos bagages sont embarqués sans difficultés, ça passe au kilo prêt, trop facile ! Il faut dire que nous avons mis les petits plats dans les grands. La veille, nous découvrions sueur au front que nous avions près de 10 kilos de surplus ! Alors nous avons fait le grand tri, nous sommes séparés de ce que nous pouvions, nous sommes goinfrés des provisions qu’il nous restait, avons sur-blindé nos sacs à dos cabine et avons mis triples épaisseurs, réduisant ainsi le volume de la sacoche vêtement. Nous avons choisi (découvert) la compagnie TigerAir qui propose des lowcost et accepte notre barda moyennant un bon supplément. En fait, c’est trop facile de caser un tandem et une remorque dans un avion, tant que tu payes, que tu respectes une taille maximum de 2 mètres et n’excèdes pas 32 kgs par bagage !

Arrivés à Singapour, une petite visite touristique gratuite de la ville nous attend liée à notre loooongue escale de 13 heures. Je ne sais même pas correctement placer cette ville-pays sur le planisphère, étrange sensation de ne pas bien savoir où nous sommes sur le globe ! Singapour met les petits plats dans les grands, buildings ultra modernes, illuminations à tout va, sons et lumière tous les soirs, fontaines, on se sent petit et se croirait à New York ! On nous promet du rêve dans cet aéroport classé 5ème mondiale et qui semble être une ville à lui tout seul. Mais en réalité les salles de sommeil et les douches sont réservés au VIP, le Cinéma sera nettoyé en plein film, les manettes des jeux vidéos sont pour la plupart cassées, bref… nous déchantons et partons nous échouer à 2h du mat’ sur une pauvre banquette pour tenter de dormir un peu. L’escale sous l’équateur valait tout de même d’être vécue !

Bonjour Mr Nguyen, un café Da s’il vous plait !

En cette radieuse matinée de fin mars nous laissons notre Cambodge chéri pour notre 15ème pays : good morning Vietnam !

Visa électronique en poche, la cérémonie du tampon sur le passeport est, une fois n’est pas coutume, une simple formalité. Notre caméra est allumée, la lumière clignote, les douaniers ont tout essayé sur le vélo. Note pour plus tard : le vietnamien est curieux. « How much your bicycle ? »

« Attention au Vietnam, ils sont vraiment fous sur la route » nous avait-on balancé comme si c’était une évidence. Je m’étais dit qu’avec le nombre de pays et capitales traversées le tandem semi-remorque que nous ridons pouvait friser ses moustaches ! Nous roulons à pleine allure sur le bord de la route quand notre premier bus vietnamien manque de nous écrabouiller. Voilà 30 minutes que nous sommes entrés au Vietnam. Ici, la règle c’est que plus t’es petit et vulnérable et plus tu fais attention « à ta gueule ». C’est du chacun pour soi mais globalement les gros camions, eux sont les rois de la route surtout avec leur klaxon à 150 décibels. Il est courant de vivre 2 à 3 fois par heure de roulage une situation proche de l’accident ou tu testes tes réflexes et ceux des autres, sauf que eux ça ne les gêne pas. Il y a même des locaux qui traversent les routes à pied. Bien sur, c’est en prenant leurs jambes à leur coup, en ayant attendu le bon moment et sous les applaudissements de tout ceux qui les regardent (enfin nous) comme un toréador se faisant frôler le pantalon par les cornes d’un taureau.

Bienvenu vous êtes au Vietnam, un pays communiste, mais pas sur la route.

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Traversée du delta du Mékong :

Canaux, rizières à perte de vue, café frappé,  petite routes saturées, chapeaux de paille coniques, drapeaux rouge à étoile jaune, hamac, petit pont qui enjambe, péniches, du vert, des bananerais, odeur de poissons séchés, hamac, cerf volant, soupe de nouilles et cafés frappés, nuée de motos, jus de canne, sourires et visages fermés, églises, humidité, chapeau-masque-gants, friture, mangue, hamac, camion, marchands ambulants, vie maritime et vie terrestre, palmier, chiens dormant sur la route, eau boueuse et village flottant, cimetière militaire et monument aux morts, beignets, moto à 4, hamac garni, bébé, moustiques, charrette à buffles, klaxons, pont suspendu gigantesque, marchés, cage à oiseaux, queue de poisson, jeux de cartes et tabac…

C’est comme traverser le marais Poitevin mais avec tout en plus grand, des routes bondées, des palmiers et des bananiers à la place des aulnes et des frênes et des odeurs de bouffe à tous les coins de rue et ce n’est pas du farci poitevin !

Nous scotchons sur le parvis d’une église (!). Nous avons quitté les clochers depuis l’Europe. Elle est grande, elle est moderne et son ombre nous permet de nous planquer de ce soleil railleur. Ah, et il y a même de l’eau pour remplir nos gourdes qui semblent percées. C’est 3 à 4 litres par jour et par personne qu’il faut trouver et il est hors de question de participer à cette gigantesque décharge de plastique qu’est devenu le bord des routes.

Première nuit planquée à coté d’un camp militaire clairon en prime et yeux émerveillés de 2 paysans nous trouvant à côté de leur champ au petit matin. Deuxième nuit : tentative de dormir chez l’habitant. La police vient nous cueillir et l’heure à parlementer ne fera pas plier nos fonctionnaires en tenue de footballeurs. « La loi c’est la loi » et les touristes sont les touristes, vous avez l’air sympa mais nuit ou pas tout le monde à l’hôtel ! Voilà comment planter sa tente dans un hôtel en prenant une bonne douche et en respectant notre budget des 10€/jour pour 2.

On aura ensuite une nuit en hangar avec scorpion, une nuit sous la pluie ou la chambre d’hôtel providentielle mais dont le prix a doublé dans la nuit !

Une bonne idée de route pour des cyclo-voyageurs en recherche d’un tracé original serait la descente ou la montée du Mékong. C’est la Chine, le Myanmar, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge puis le Vietnam que ce gigantesque fleuve borde ou traverse. Nous c’est la 3ème fois qu’on le croise et c’est à chaque fois une nouvelle rencontre ! Je me demandais pourquoi on ne voit pas de voile sur ce fleuve avec des milliers de bateaux le naviguant. Mon avis c’est que le vent est irrégulier et les courants très forts. Et puis un moteur c’est tellement pratique. Rappelle-moi pourquoi on est partis en vélo ?

Can Tho

Petite ville de province de plus d’un million d’habitants : c’est comme entrer dans Lyon en pensant arriver à La Tremblade… C’est que le Vietnam c’est hyper peuplé avec ses 90 millions d’habitants sur un territoire de 2/3 de la France métropolitaine. C’est plus de population que la Thaïlande, le Cambodge et le Laos réunis.

Nous avions décidés de traverser ce village pour son marché flottant. A peine arrivés nous nous étions déjà fait entubés sur le prix des beignets du 3ième goûter, on nous avait déjà proposé 2 croisières en bateau, de formidables chapeaux à prix cassés et un hôtel à 20$ la nuit ou nous trouverons pour 6$ une chambre propre et sans cafard. Ouhais, vraiment nous prendre pour des touristes à large porte feuille ça commence à nous irriter. « Ben, ce n’est pas contre toi, c’est pour ce que tu représentes. Un occidental c’est bourré de tune et en plus ça les dépense ! ». Sauf que moi j’ai un budget à tenir madame et que je n’aime pas dépenser !

Poussée d’adrénaline sur ce gigantesque pont suspendu au dessus du Mékong. Petite pensée pour Corine et son héroïque traversée du pont de Normandie. Le vent nous rabat sur les motos qui nous frôlent, elles même frôlées par des camions surchargés avec chauffeurs sous amphétamines, eux-mêmes frôlés par de grosses bagnoles en fond de 5ième. Pour couronner le tout, nous prenons une grosse averse tropicale et tout ce petit monde à 2 roues s’arrête sous la pile du pont pour se mettre à l’abri dans un concert de klaxons et de cris. Chose n’est pas coutume, le pilote de moto en profite pour s’allumer une petite clope à 50m de hauteur et regarder cette magnifique vue sur un village flottant : ouhaaou, le Vietnam, ça décoiffe !

Je ne résiste pas également à vous raconter ce repas rocambolesque ou après un super plat végétarien, une famille nous prend en amitié et nous installe dans leur hamac familial avec ventilateur privatif. Le repos sera de courte durée tant la demande en face est forte. Ils veulent savoir comment nous nous appelons, d’ou nous venons, pourquoi nous sommes au Vietnam. Les enfants jouent avec nous. L’idée de la France est pour eux vague. On vient rapidement à parler salaire et tout ça sans que nous parlions vietnamien et eux sans parler ni français, ni anglais. Nous usons de tous les stratagèmes, jouons au Pictionnary et Dixit. Nous sortons les photos de famille et ils font de même. Le moment de rencontre et de fraternité est magique. La chute c’est qu’il nous demande de leur envoyer du parfum de France. On leur explique que c’est un budget et les voilà encore plus ravis ! D’un parfum pour madame, on passe à un parfum pour monsieur et même pour l’oncle. Note pour plus tard, les vietnamiens sont friands de parfum.

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Ho Chi Minh City et le Québec 

La traversée du Mékong se termine dans les bras d’Annie. Nous utilisons le réseau WarmShower (le coach surfing des voyageurs à vélo) et ce couple de québécois expatriés à Ho Chi Minh nous ouvre les portes de son appartement et les draps de son lit d’amis moelleux à souhait. Annie nous accueille chaleureusement et partagera avec nous sa vie d’expatriée. Outre l’immersion total au Québec libre, elle nous embarque au culot dans les bons plans de la ville, nous fait boire du vin (oh, du vrai vin de France, son goût, ses arômes, oh patrie chérie !) et nous invite à cuisiner avec elle des nems, des bagels au saumon et même des spaghettis.

Ho Chi Minh est une mégalopole ou les maîtres mots sont « vitesse » et « business ». Ce sont des nuées de motos sur chacune des rues, des gratte-ciels bardés de couleurs hypnotiques, des petites ruelles à n’en plus finir, des magasins à tour de bras, une cathédrale et même une poste dessinée par Mr Gustave Eiffel en personne. La pluie diluvienne rempli les caniveaux en quelques secondes et nous voilà avec de l’eau aux chevilles. Le musée de la guerre (« War Remnants Museum ») nous plonge une nouvelle fois dans l’horreur la plus totale. Comment l’Homme peut-il imaginer de telles choses et comment font-elles pour être reproduites aussi souvent ? Nous apprendrons avec émois que les effets de l’agent orange sont toujours présents. Des enfants avec d’énormes males formations naissent toujours 40 ans après. Rappelons que ce produit hautement toxique a été élaboré par Monsanto. Est-ce que nous portons tous en nous cette barbarie ? Et le pire c’est que cette histoire se répète aujourd’hui sur ce monde, à cet instant (Afghanistan, Syrie tant d’autres). Est-ce que nos enfants visiteront Guantanamo avec le même dégout que nous ? Comment pouvons-nous éviter ça à nouveau et comment pouvons nous chacun être porteur de paix, de tolérance et de libertés individuelles ? A la vue des résultats du premier tour des élections présidentielles en France, nous nous demandons comment notre nation peut conserver son titre de « patrie des droits de l’Homme ».

Phan Thiet, le pays du dragon…fruit !

C’est avec émotion que nous quittons Annie après un bain de confort et une envie de prendre un avion direct pour le Québec. Nous roulons vers l’essentiel, une fois de plus. Et une fois de plus nous ne savons plus ce que ça veut dire. Ce concept mouvant est décidément difficile à attraper et nous occupe bien sur le vélo. « Pour moi ce qui est sur c’est que chez nous il y aura une machine à laver » me glisse ma partenaire en conclusion de cette discussion sur notre essentiel.

Nous roulons vers la côte et nous traversons une forêt ! C’est la première depuis des lunes et c’est une plantation d’hévéas, ces arbres à caoutchouc qui sentent si fort. De la nature, sans béton, il est 11h et si on plantait la tente ? Ah, non il faut qu’on avance encore vers l’est car nous avons rendez-vous pas loin de Phan Thiet avec Thao et son équipe, au centre de Thien Chi. Ce centre fait partie d’une communauté de travailleurs réunis sous la marque de MEKONG+ et qui fait travailler pas loin de 100 personnes, pour la plupart des femmes et des personnes ayant des difficultés d’accès à l’emploi. Des ateliers alimentent les boutiques présentes dans les grandes villes des pays traversés par le Mékong. C’est de l’artisanat à base de bambou, du tissage et surtout des vélos en bambou. C’est cette fabrication qui m’avait fait contacter Bernard, le fondateur de cette coopérative. Il est Belge est l’a crée il y a une 20taines d’année maintenant.

La visite de l’atelier vélo me ravis et je suis émerveillé de la construction des ces cadres artisanaux en bambou et résine époxy. Une scie à onglet, une perceuse à colonne, une scie circulaire portative, de la ficelle pour la prise d’angle et beaucoup de savoir faire leur permettent de produire 5 cadres par semaine avec 4 travailleurs réguliers. Mr Tam est très fier de l’atelier et travaille aujourd’hui en chaussure de ville, en pantalon noir de ville et en chemise blanche…comme tous les jours !

Nous visitons également une école aidée par la coopérative dans un programme d’hygiène bucco-dentaire ainsi que de petits paysans aidés par des micro-crédits pour améliorer leurs revenus. C’est ici le pays de la production du fruit du dragon et c’est véritablement de l’or rose. L’exportation se fait vers la Chine, la Thaïlande et même l’Europe et avoir quelques pieds de plus c’est s’assurer un revenu complémentaire, encore faut-il avoir le foncier et l’argent pour acheter un pied qui ne produira que dans 3 ans.

Nous en profitons pour remercier chaleureusement Loan, Thao, Thanh et Tam pour leur accueil et le partage de leur projet. Ils nous escortent jusqu’à la gare et nous jetons le tandem dans le train : c’est parti pour 35h de hard-seat !

En avant pour la capitale !

En prenant nos billets, nous n’avions pas tellement imaginé ce qu’impliquait de rester 35h sur des sièges en bois et derrière des grillages en guise de fenêtre. Bon, l’essentiel c’est que le vélo est dans le même train que nous et que nous avons de quoi manger. Ouhais, sauf que 24h plus tard, nous avons les fesses en compote et des bleus sur les anches après une nuit quelque peu agitée. Nous sommes noirs de poussière, l’intérieur du nez y compris. C’est là qu’on se dit qu’on a plus 20 ans… mais les paysages valaient le coup et ça il n’y a pas d’âge pour les apprécier. On ne s’étendra pas sur notre état à l’arrivée à 3h du matin. Une petite heure pour remonter le vélo et nous voilà frais et disponibles pour aller faire notre gymnastique matinale avec des centaines de vietnamiens dans un des plus grands parcs d’Hanoï. A 4h30 du matin c’est déjà des foules de dames qui bougent leur popotin au son de rythme zoumba et des hordes d’hommes en pleine musculation. C’est là qu’on comprend le culte du corps et pourquoi tant de femmes portent des casquettes à protection de nuque et autre masque pour ne pas bronzer. Note pour plus tard : la femme vietnamienne doit être fine et avoir la peau blanche.

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Xin Chao Lolo !

Après quelques jours sur Hanoï, la découverte d’un café « vélo Love » alternatif et d’une soirée famille rattrapage de l’histoire du Vietnam, nous accueillons Lora une amie de Virginie venu nous rejoindre pour un morceau de voyage.

Elle sent bon la France ! Elle nous apporte des nouvelles fraiches sur les élections, sur les nouvelles régions qui n’existaient pas quand nous sommes partis ou sur la salle de choute gare du nord. Elle sent bon aussi le fromage, le chocolat et le saucisson que nous dégustons petit à petit chaque jour.

Je ne dévoilerais rien si je vous dis que ces 10 jours on été intenses pour nous et un peu le moment d’un bilan après une année. Elle nous pousse, elle nous rassure, elle nous donne encore de la confiance et surtout, elle nous écoute. C’est un déversement d’anecdotes qu’elle doit s’ingurgiter, tantôt Ben, tantôt Vivi et toujours avec le sourire. Je dois dire que ça nous fait un bien fou de raconter tout ce que nous avons dans notre besace. Nous tournons en cercle fermé H24 ensemble et c’est génial d’avoir une oreille attentive critique et constructive. Merci Lora pour cette capacité d’écoute !

Quelques jours à se balader autour de Sapa et ses rizières à flan de montagne. Notre équipe déambule dans la montagne comme des cabris à la rencontre des minorités. La fraicheur du climat nous fera apprécier la douche chaude. La pluie nous poussera à siroter du café sous les toits de tôle. Ici les femmes, n’ont pas l’air de craindre de bronzer et de ressembler à un pet de lapin.

Cinq jours sur l’île de Cat Ba, au sud de la baie d’Ha Long. Nous cherchions à voir ce lieu magique en essayant d’éviter le flux touristique. On a plutôt réussi en visitant à pied, en scooteur (Virginie a eu son permis haut la main) et en prenant le bateau régulier inter-îles pour faire une croisière sans vraiment la payer. Nous resterons sous le charme de cet endroit si particulier et impressionnant, autant que sous le désespoir de voir ces 500 bateaux de touristes journaliers sillonnant la baie en lâchant leur déchets et en posant leur ancre sur les coraux. « Gracias » le tourisme mais pas « mouchas ».

Le moment des au-revoir est difficile pour nous autres. Elle ne sait pas alors combien nous nous sentons seuls. En la laissant partir dans son minibus vers l’aéroport, un vietnamien enjambe pour la Nième fois notre vélo pour l’essayer : quel curieux. Il sent le parfum.

Bye bye l’Asie !

Nous nous apprêtons nous aussi à quitter « cette petite Chine ». Hormis les paysages, on nous en avait vendu beaucoup trop de négatif. Oui il nous est arrivé plus d’une fois d’être pris pour des portes monnaies et il nous fallu vérifier systématiquement le rendu de notre pièce ; oui les Vietnamiens peuvent paraître brutes aux côtés des Thaïlandais ou des Cambodgiens ; oui les pays bouddhistes nous ont manqué ; oui nous ne nous sommes pas laissés séduire aussi facilement. Mais c’est au Vietnam que l’on nous a offert à plusieurs reprises le repas ou l’apéro sans que l’on ait demandé quoi que ce soit ; c’est au Vietnam que sans rancune ni agressivité aucune, ils avaient à coeur de nous montrer des vidéos en français d’Ho Chi Minh racontant sa vision de l’Histoire ; c’est ici aussi qu’on repart avec le plus d’amis Facebook… si certains sont filous ou mal intentionnés, d’autres nous ont profondément touché et rendus heureux. Et une fois encore, c’est en quittant les zones touristiques qu’on fait les plus belles rencontres, qu’on vit les plus beaux moments, qu’on se sent connecté au monde.

C’est dans une tornade tropicale que nous « packageons » notre tandem dans un minus carton. Nous le glissons sur le tapis de l’aéroport ou il est pesé aux grammes près conformes à notre droit de poids. Ça y est c’est parti ! Après un an de voyage, 7 mois passés en Asie, dont 5 en Asie du Sud-Est, nous quittons notre continent pour nous envoler vers l’Australie ! Mais parce que nous y rendre directement serait moins drôle, nous faisons une rapide escale à Singapour avant de poser nos roues à Bali, où 3 semaines nous permettront d’en faire tranquillement le tour.

Grains 2 Selles – SAISON 2 !

Pour leur 1 an de voyage,

les Grains 2 selles vendent du rêve !

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A quelques kilomètres de la Chine, à 2 roues de prendre la route retour, c’est un virage à 180 degrés que nous osons prendre.

A force de lire tous ces encouragements à faire rêver, nous voulions nous-même pousser la rêvounette un peu plus loin… – à moins que ce ne soit le futur projet politique de la France qui nous éloigne ? – … Nous nous envolons aujourd’hui pour BALI, avant de rejoindre l’AUSTRALIE !!!

Grains2selles – SAISON 2 !

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Bientôt plus de nouvelles et d’explications !

We love CAMBODIA !

Notre étape au Cambodge nous replonge directement dans notre voyage à vélo, après ces dernières semaines de « pause ». Et c’est tant mieux ! Nous y vivrons nos aventures les plus cocasses, et feront le plein de Grains 2 sel !! (Dans tous les sens du terme.) Impossible de tout coucher sur le papier et de vous montrer notre millier de photos… alors voici quelques extraits :

Le Cambodge c’est…

  • Le pays du vélo !

La majeur partie de la population se déplace à vélo, droite sur sa selle. Nous aurions pu faire un livre photo rien que sur ce thème. Certains sont tellement chargés qu’on ne distingue presque plus la bicyclette (mais c’est valable pour l’ensemble des véhicules). Economie oblige, les enfants doivent faire avec le vélo du grand frère ou de la petite soeur, et ils semblent rarement à la bonne taille, ce qui est souvent cocasse. Leur destrier équivaut souvent aux bicyclettes de nos grands parents et ils n’ont jamais vu de tandem ! Alors imaginez leur réaction lorsqu’ils nous voient passer… nous avons battu ici les records d’éclats de rire, de « wow » (quand ils voient le vélo) – WOW (quand ils voient la remorque), du « hi », « houou », « haaaa » et sans parler des « hello » incessants ! Si nous gardons en mémoire les milliers de Sabaïdi des enfants Laos et des hello chinois, au Cambodge c’est toute la population qui nous salue ! Pas un moment de répit pour les bonjour qui fusent sans savoir d’où ils viennent. Mais leur sympathie est telle que pour la première fois nous ne nous lasserons jamais de répondre. Toutes ces mains agitées réconfortent lorsque nous quittons les routes principales pour les célèbres pistes rouges ! La poussière nous aveugle, nous étouffe, et nous recouvre chaque centimètre de peau et de bagage. Parfois on croit qu’on est bronzé mais…non. Toutefois, ça reste un formidable pays pour les cyclovoyageurs : archi plat, peu de circulation, très peu de chauffards klaxonnant, il est très facile de se réapprovisionner en eau et en nourriture. Quid de la chaleur, nous réorganisons nos journées : levés entre 5h30 et 6h30, nous carburons le matin, siestons de 12h à 16h et finissons le job avant la tombée de la nuit.

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  • Le (vrai) pays du sourire !

La population est extrêmement amicale et serviable. Leur sourire nous touchera en plein coeur. Ils adorent nous apprendre leur langue et c’est l’une des premières fois que nous maîtrisons autant de mots. Ça change la relation au pays ! Pas si compliqué, ils auraient l’alphabet le plus long du monde (74 lettres). Toutefois leur enthousiasme s’arrête au pas de leur porte. Il fut compliqué de planter la tente dans les jardins. Timides, inquiets, nous essuierons quantité de refus, ce qui nous rendra plus que perplexe au vu des journées passées à les saluer. Les rares qui acceptaient, appelaient la police ! Ce qui nous a valu la première nuit, de déménager au commissariat, et dormir avec deux sympathiques policiers. Apeurés qu’ils nous arrivent quelque chose et qu’ils en soient accusés, personne ne souhaite être responsable. On les comprend. Heureusement les policiers sont zen, après photos de nos passeports et de nos tronches, il suffit de leur dire que nous, nous ne sommes pas inquiets et que l’on souhaite rester là, pour que ça rassure tout le monde. Nous passerons deux soirées inoubliables chez deux familles exceptionnelles. Généreuses, curieuses, tactiles, joviales, je me retrouverai même à essayer des tenues de mariage !

  • Le pays des grains de sel !

A Phnom Penh nous planterons la tente 3 nuits chez Mélanie. Incroyable de dormir sur les toits d’une capitale ! Elle anime un espace de coworking international, appelé Impact Hub, qui se veut aussi être un incubateur d’entreprises sociales, et par dessus tout, une communauté de travailleurs qui croient en la construction d’un monde meilleur. Son travail, son réseau, les projets qu’ils soutiennent, et les personnes qui gravitent autour, nous ferons rêver et nous demander ce que nous faisons à pédaler ! Nous participerons une matinée à la création du film « Follow your dream ». L’idée est de faire témoigner de jeunes cambodgiens qui ont osé réaliser leur rêve professionnel. Cette dizaine de « grains 2 sel » rencontrés nous impressionneront par leur maturité, leur confiance, leur volonté, et tout simplement par ce qu’ils dégagent. Waouh, le changement est en marche !

Grâce à Coline, expatriée depuis 4 ans au Cambodge, et à son réseau professionnel associatif, nous passerons deux jours près de Kampong Trach, dans la communauté d’Anlung Pring. Les habitants, aidés par de grandes ONG, lancent un projet d’écotourisme autour des Sarus Crane, appelées chez nous Grue Antigone. C’est le plus grand des oiseaux volants (plus de 2 mètres de hauteur). Nous espérions y faire une semaine de volontariat, mais malheureusement ça ne s’est pas fait. Livré à nous même, Bouna nous prendra sous son aile et nous fera découvrir à vélo les alentours. Région splendide, oiseaux incroyables, nous serons émerveillés par la beauté du lieu, et par la gentillesse de notre nouvel ami.

A défaut de volontariat, nous partons visiter Kep et Kampot. Kep était autrefois la ville côtière la plus populaire et la plus prestigieuse. Elle reste très connue pour son marché aux crabes. Petite ville entièrement tournée vers le tourisme, ses infrastructures surdimensionnées sont vides. Tant mieux pour nous. La route du bord de côte est splendide. Nos roues y croiseront l’incroyable destin de la famille Dorier. Voilà deux ans qu’ils se sont installés à Kep pour poursuivre leur activité professionnelle : charcutier ! Avec leurs 3 enfants, ils ont quitté leur Drôme natale et leur famille (éleveur de cochon), pour vivre une toute nouvelle vie au Cambodge. Ecoeurés des lourdeurs administratives, du « travailler plus pour gagner moins », ils ne regrettent en rien leur choix, et parviennent enfin à faire du vrai bon saucisson comme chez nous (c’était pas gagné avec le taux d’humidité !). Merci pour le témoignage, votre parcours nous fait rêver et confirme que quand on veut, on peut !

Kampot est réputée pour son sel et son poivre ! Nous visiterons donc La Plantation et rencontrerons son fondateur, Guy Poré. Des hôtels de luxe au Vietnam à l’exploitation d’un poivre bio et local il semblerait qu’il n’y ait qu’un pas. Depuis quelques années ils cultivent le poivre de manière traditionnelle, artisanale, et naturelle. Outre la mission sociale auprès des familles de fermiers de La Plantation, ils soutiennent une école qui jouxte la propriété (équipement scolaire, vélos pour venir à l’école, nouvelle route, entretien des bâtiments, cours d’anglais).

B-L nous fera une visite guidée mémorable de la plantation, grâce à son humour et son culot. B-L vient de PSE : Pour un Sourire d’Enfant. Association crée en 1993 par Christian et Marie-France des Pallières, dont on parle beaucoup ici. En 1995 ce couple de français voyageur découvre l’horreur de la décharge de Phnom Penh. Là, vivent et travaillent des centaines d’enfants qui se nourrissent des déchets. Immédiatement ils décident de « faire quelque chose ». Aujourd’hui la mission de PSE est de sortir les enfants de l’extrême misère et de les conduire à un métier qualifié, digne et correctement rémunéré. B-L est l’un des 10 000 exemples de paris gagné ! Vous pouvez retrouver leur histoire à travers le film « les pépites« . « S’il n’y a pas de rêve dans la vie, il n’y a pas de vie ».

  • Une grande cérémonie de mariage !

C’est tout le pays qui semble se marier durant la saison sèche ! Pas un village qui ne fête l’union d’un jeune couple, qui ne dispose de grandes tentes colorées dans les rues, et qui ne fassent crier les hauts parleurs. Résultat : pas une nuit au calme ! Ils sont si puissants que lorsqu’on passe à leur hauteur on se bouche les oreilles, et lorsqu’on est à 3 kms on en profite toujours ! Quelques jours avant de quitter le pays, nous aurons la chance de pouvoir participer au mariage de la soeur de Bouna. Les mariés changent 7 fois de tenus et passent une bonne partie de la soirée à faire des photos officielles. Ça boit et mange beaucoup. Les enceintes alternent chansons traditionnelles où les adultes dansent surtout avec les mains, autour d’une table ; et chansons modernes (technos) où les petits (2 à 10 ans) dansent comme des tarés la tête dans les décibels. Subjuguant ! Et lorsque les mariés partent se coucher, c’est au tour des moines et des pagodes de prendre le relaie sur l’ambiance sonore. Ici le bouddhisme se pratique d’une manière encore différente. Les Wats se nomment des Pagodes. Le nombre de moinillons est impressionnant. Les « pintapats » se font à pied, scooter et même tuck tuck et se font seul ou par 2, 3 ou plus. Les dons sont plutôt monnayables qu’alimentaire, ce qui nous a beaucoup surpris. A chaque don, les moines récitent une prière…

  • Un peuple traumatisé

25 années de guerre anéanti un pays. A Phnom Penh nous visiterons l’ancienne prison de Tuol Sleng, encore appelée S-21. Ancien lycée, transformé en centre de détention, c’est aujourd’hui le musé du génocide perpétré par les Khmers Rouges. Suite logique de celles que nous avons fait en Europe, nous aurions pu avoir comme fil rouge « guerres et atrocités ». Qu’importe la latitude, la culture, l’époque, les raisons, les croyances, l’idéologie, et les techniques de torture… l’horreur est partout la même. Tous ceux supposés être des opposants au régime y étaient enfermés et torturés  : jeunes, vieux, femmes, enfants, bébés, ouvriers, intellectuels, ministres (y compris des proches de Pol Pot) artistes, cambodgiens, mais aussi des étrangers… Le simple fait de porter des lunettes était suffisant pour être considéré comme intellectuel et donc « à exterminer ».

Pour aller jusqu’au bout de l’horreur, nous visiterons également le mémorial de Choeung Ek, le plus grand des 380 sites d’extermination répertoriés, destination finale des prisonniers de S-21. Les bourreaux avaient ordre de ne pas utiliser de balles pour achever les victimes… Toutes les fosses n’ont pas été fouillées, et le sol laisse entrevoir encore de nombreux restes humains (vêtements, os…). Il nous est impossible d’écrire le dégoût et le choc que nous avons vécu face à cette horreur humaine.

Ces visites nous ont apparue indispensables pour comprendre la terrible dictature Khmer rouge, qui, durant 4 ans (1975-1979), décima plus d’un 1/4 de la population, à l’insu du reste du monde (environ 3 millions de personnes). Mais elles nous ont surtout paru fondamentales pour comprendre le Cambodge d’aujourd’hui. Près d’un tiers des Cambodgiens souffrirait encore du syndrome de stress post traumatique. Le pays toute entier reste marqué. La reconstruction psychologique des victimes a longtemps été négligée, au nom de la réconciliation nationale et du développement économique. Survivants et tortionnaires se côtoient encore, quarante ans après. La reconstruction psychologique du pays est une tâche immense, et d’autant plus cruciale que le traumatisme se transmet de génération en génération. Violences conjugales et familiales, enfants en souffrance : l’impact psychologique a des conséquences directes sur le malaise social du Cambodge contemporain. 

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  • Plusieurs mondes

Après s’être fait bien « touristés » à la frontière, Battambang et Siem Reap ; après avoir été confrontés à la misère (la plus grande que l’on ait vu depuis le début du voyage) ; après avoir observé la déforestation la plus rapide au monde ; nous voilà refroidi par cette entrée en matière au Cambodge. Mais c’est en pédalant sur les routes de campagne que l’on se réconcilie avec un pays ! Nous découvrons une toute autre ambiance qui nous enchante, nous émerveille, nous touche profondément.

L’arrivée à Phnom Penh est tout aussi surprenante ! Toute la manne financière destinée au développement du pays semble être ciblée sur la capitale. Véritable boom, ça construit dans tous les sens, des immeubles aux dizaines d’étages, qui s’annoncent plus luxueux les uns que les autres. Mais pour qui ? Le nombre d’expatriés ici est hallucinant, et la communauté française bien implantée. La ville sait les attirer : boulangerie, magasins de produits bio et locaux, restaurants plus mignons les uns que les autres, la ville associe aujourd’hui parfaitement l’exotisme du pays et les besoins des étrangers. On se laisserait presque tenter d’y poser nos sacoches ! Mais pour combien de temps encore cet équilibre fragile fera le charme de cette ville  ?

L’aridité du nord laisse place aux zones humides du sud. Merveilleuse région tournée vers la mer, c’est verdoyant, venteux, animalier, de toute beauté. On retrouve un petit côté de chez nous. Les marais salants de Kampot nous laisseront un goût de bout du monde. Nous faisons le plein, et pensons à nos sauniers préférés de Mornac Sur Seudre. Après la Thaïlande, la boucle paraît définitivement bouclée. Notre route du sel(les) s’achèverait-elle ici ?

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Family’s time : le temps des retrouvailles !

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Etienne


« Pour ma part, ces 2 semaines furent autant une découverte de la Thaïlande qu’un moment de retrouvailles avec Ben & Vivi.

J’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir de nombreux éléments du 13e parisien : odeurs, visages, écritures… Quel bonheur d’aller au marché chercher de quoi faire son propre curry thaï ou goûter des douceurs surprises enveloppées dans des feuilles de bananier. Je pense aussi que côté nourriture ça n’aurait pas été pareil sans Brandy, notre hôte à Chanthaburi. Tous les matins, pendant 5 jours, il nous a apporté un petit déjeuner différent : bouillon, nouilles sautées au crabe, soupe de riz, etc., etc. Forcément le petit déj sucré-salé-pimenté c’est différent des tartines, mais alors quel régal !
Mais la Thaïlande ce n’est pas que la nourriture. C’est aussi un climat tropical, un mode de vie mélangeant l’hyper moderne et le traditionnel dans la même rue, une nature sanctuarisée et bientôt asphyxiée de plastique et surtout des personnes. Je pense que durant ces 15 jours, je n’ai pas vu une seule personne s’énerver et tout le temps des sourires, des attentions, de la bienveillance. Alors bon, j’aimerais quand même enfiler un déguisement de thaïlandais « normal » et voir comment c’est la vraie vie. Quand bien même, on tente de s’intéresser aux habitants, de s’éloigner des circuits touristiques, on reste des touristes en visite. L’éternelle question du voyage.
Et puis si on est venue ici, c’est pour retrouver nos 2 voyageurs. Je pourrais en parler longtemps tant ils ont passé de temps à partager leurs expériences avec nous tous (enfants compris). Re-regarder le monde, refaire le monde, et recommencer d’un autre point de vue !
Le séjour touche à sa fin, les séparations vont être dures demain matin. Il faut déjà penser à la prochaine fois qu’on se retrouvera ! »

Marion

« Alors, comment ça s’est passé là bas à l’autre bout du monde ? D’abord il faut y aller, et c’est sacrément loin, dire qu’ils y sont allés à vélo en 9 mois ça remet bien les choses dans leur réalité sur la longueur du voyage même en avion.

Mais une fois qu’on y est c’est comme après un accouchement, tout est oublié !

Même si à Bangkok, la ville, ses odeurs, son bruit et la chaleur nous ont poussé dans nos retranchements d’humains, on était heureux d’être là et en bonne compagnie !

On s’est vite rendu compte qu’il ne fallait pas penser comme des européens aux 4 saisons …

Forcement, mes plaisirs ont embrassé ceux de la famille et aussi ceux des retrouvailles avec Benoît et Virginie. Oui c’est bien vrai qu’ils vont bien, je les ai même trouvé plus épanouis, plus sûr d’eux qu’en France. Et avec beaucoup de choses dans la tête !

Donc à Bangkok les moments particuliers ont été d’accompagner les enfants à la piscine sur le toit de la résidence, de photographier la ville la nuit, de découvrir les saveurs culinaires Thaï variées, d’observer la ville… et puis aussi juste de savourer le plaisir des vacances sans travail, devoirs à faire faire ou horaires à tenir.

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Notre 2ème étape a été la petite ville de Chanthaburi et son hôte Brandy.

Notre maison sur ces 5 jours était un habitat traditionnel Thai avec tout traditionnel du wok en passant par la douche jusqu’au lit en natte … !

J’ai beaucoup apprécié la journée jusqu’aux « petites chute d’eau » où nous avons pu nous rendre tous les 7 en vélo. Si vous connaissez les livres de la famille souris de Kazuo Iwamura, vous pourrez un peu vous imaginer notre cadre au bord de cette rivière/torrent aux énormes galets ronds de granite. Un pique nique de fruits, patate douce, riz et petits gâteaux de gelée colorée emballée dans 1 feuille de bananier … et tous ces poissons qui venaient nous lécher les pieds …

L’eau du torrent était bonne, comme l’eau de l’océan en France, rafraîchissant et pas trop froid. Je vous parle quand même de l’attaque de fourmis rouges qui nous a fait fuir … mais elle n’a pas gâché notre journée.

Notre hôte Brandy nous a chouchouté et ce séjour m’a permis de mieux me rendre compte comment vivent les Thaïlandais d’une moyenne ville de province.

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Notre 3eme étape est 48h dans la ville de Trat, dernière ville en direction du Cambodge avant l’embarcation vers Koh Change. Nous y étions sans Virginie et Benoît, qui ont campé près de l’embarcadère. Nous étions dans 1 hôtel style colonial, très chouette, très Thaï près d’une rivière (vous la voyez sur la photo).

Pendant cette journée, notre mission a été de faire des courses alimentaires pas trop chères et transportables pour les premiers jours sur l’île. Nous avons donc sillonné les petites rues et les marchés à la recherche des meilleurs prix, … pour un très bon souvenir.

Le soir de notre deuxième nuit, mes parents, Samuel et Monique nous ont rejoint.

Et nous avons retrouvé Virginie et Benoît le lendemain juste avant de prendre le bateau. La photo de groupe marque ce moment.

La suite des vacances pouvait commencer !

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Notre 4ème étape est la semaine/famille à 11 sur l’île de Koh Chang.

C’est une île avec de très belles plages, de l’eau tellement chaude qu’elle ne nous rafraîchissait pas … de très beaux coquillages …

Et puis ça a été aussi l’exercice de la vie à 11 dans la superbe villa américaine avec piscine !

Notre retour aux fraîches réalités Françaises s’est fait trop vite.

Entre gestion du décalage horaire et toutes les reprises le temps a vraiment repris son cours affolant !

En tout cas, cette expérience nous aura beaucoup apporté, autant sur le plan familiale que sur l’interculturel et la consommation facile de plaisirs simples (chaleur et baignades au cœur de l’hiver). Cette rencontre avec Benoît et Virginie à l’autre bout du monde m’aura aussi permis de me rendre compte que oouuii ils vont bien, oui ils vivent des choses incroyables.

Ils sont sur leur chemin de cycliste, interculturel, spirituel et de connaissance mutuelle.

Bravo ! »

Sophie


« La Thaïlande c’est un chouette pays. Il fait chaud, il y a la mer, on mange de bonnes choses dans les bouiboui de la rue (pad thaï, riz sauté, soupe aux fruits de mer). On voit vraiment de beaux paysages. Bangkok c’est très urbanisé mais ça ne ressemble pas à Paris, c’est plus vert.

Les 4 premiers jours on est resté à Bangkok avec la piscine sur le toit, c’était mieux car dans les marchés il faisait énormément chaud. Et puis on appris le bus (4 heures), c’était speed surtout qu’on est arrivé à la bourre (comme d’habitude). On est arrivé dans une maison locale, toute mignonne. On dormait sur des nattes. On est allé dans des « Waterfall » en vélo, et les poissons venaient nous chatouillés les pieds. Et puis on est allé à Trat, une petite ville où on mange plein de bonnes choses. On était dans un hôtel en bordure de rivière. Et là je suis à Koh Chang, dans une maison coloniale avec des grands lits 2 places où on peut se coucher dans les 2 sens !! Il y a une grande piscine avec des éléphants qui font des jets 😉
Ce que j’ai préféré ? Oulala ça va pas tenir sur une page ! J’ai vraiment adoré la plage, surtout celle avec du sable fin. Et puis la vue ! Monique voulait tout le temps qu’on s’arrête pour prendre les paysages en photo ! 😉 Et j’ai vraiment aimé une sorte de petit pavé avec 2 nuances de rose qui le goût de lait de coco.
J’ai détesté le « thaï style », le sucré dans le salé et le salé dans le sucré. Quand on veut du salé, ils nous donnent du sucré ! Ils mettent du sel dans le sucre 🙁 Le spicy aussi ils en mettent partout !
Tous les matins, le proprio de la maison de Chanthaburi nous apportait des « paquets surprises » ! Un jour on en a ouvert un, il était couleur caramel. On s’est dit « miam, on va se régaler » ! Et puis non, en fait c’était aux oignons 🙁
L’eau chaude de la mer va énormément me manquer ! On avait quasiment chaud dans l’eau !
Quel pays j’aimerais visiter la prochaine fois ? J’en ai pas la moindre idée ! Peut-être là où vous nous emmènerez la prochaine fois ? »

Abel (augmentez le son)

Octave (augmentez le son)

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Monique

« Partir, presque au bout du monde, en plein hiver, de France, prendre une voiture, un train, un bus, un, deux puis trois avions , pour arriver, enfin, deux jours et nuit plus tard, sur le petit aéroport de Trat en Thaïlande.
Là sous une chaleur torride, à l’heure, Benoît et Virginie nous attendent en tenue de vélo, tout souriant, en pleine forme . Retrouvailles émouvantes avec les parents, la famille .
Nous prendrons ensemble le bateau qui nous mènera sur l’île de Koh Chang, dans un premier temps, pour passer une semaine mémorable, en famille dans cette maison de rêve avec sa piscine, bienvenue, pour supporter cette chaleur à laquelle nous ne sommes pas encore accoutumés . 
Ensemble nous explorerons ce coin de paradis , ses plages de sable blanc et fin, cette mer d’eau chaude et cristalline, ses montagnes couvertes de végétations exubérantes qui nous dominent.
Comment ne pas oublier nos balades dans la mangrove, la découverte de ces petits ports de pêche, typiques avec leurs maisons sur pilotis. Ces soirées aux longues discutions autour d’une table où nous nous exerçons à la cuisine  » Thaï « . Nous nous gaverons de fruits exotiques, mangues, ananas, noix de coco, fruit de la passion, pastèques, petites bananes délicieuses que nous trouvons qu’ici et aussi certains fruits que nous ne connaissions pas jusqu’ici, comme le Durian, le fruit du Jacquet, le fruit du dragon etc.

La semaine à passer très vite. Pour nous six qui restons, une nouvelle destination : le Cambodge .
Les points forts de notre épopée :
Lorsque nous avons loué à la frontière Cambodgienne, alors qu’il repartait à vide, un magnifique minibus tout décoré, avec des tentures voilettes agrémentées de pompons, pour relier Battambang , seul moyen de locomotion assez grand pour nous loger tous avec nos bagages et le tandem et pour faire le trajet assez conséquent, ensemble.
Lorsque nous avons relié Battambang à Siem Reap par bateau. Enfin, c’était l’idée, mais le niveau de la rivière était tellement bas que nous avons dû rejoindre les eaux navigables par « taxi ». Nous ferons une bonne partie du trajet tous les six entassés avec deux autres passagers, un tas de bagages, le tandem attaché par dessus, dans la remorque ouverte d’un Nissan Pick-up, épique ! Nous voilà partis au milieu de la circulation grouillante et infernale, pas de code de la route, c’est à celui qui klaxonne le plus fort. Après la route nous roulons sur un chemin de terre au milieu de la campagne cambodgienne, c’est les cahots, les ornières, la poussière, les branches d’arbre sur le côté du sentier qu’il faut éviter en se penchant, mais nous arrivons, un peu endoloris mais vivant, dans un petit village au bord de l’eau et débarquerons au milieu des poules. 
Va suivre une magnifique navigation où nous découvrirons toute une vie sur la rivière qui est apparemment le seul moyen de communication et les pirogues leur seul moyen de se déplacer. Les villages sur pilotis se succèdent, les gens pêchent , les enfants nous font des signes de bienvenue en passant. Magnifique découverte ! Finalement nous terminerons notre épopée en « touk touk » et arriverons, exténués, suant  et couvert de poussière rouge. 
Reste aussi  cette belle journée de la visite des temples d’Angkor où nous louerons des vélos et pourrons enfin pédaler de concert avec nos globes- trotteurs, c’est vrai que nous nous sentons libre de pouvoir aller à notre rythme.
Oui, j’ai l’impression d’avoir touché du doigt, avec plaisir, ce goût de l’aventure et de la découverte, qui motive entre autre nos deux vélocipèdes. Nous avons regagné la France et les avons laissé dans leur contrée lointaine. »

Suzelle & Philippe

« Ce voyage vers l’Asie du Sud-Est, et surtout vers Virginie et Benoît, nous le préparions et l’attendions depuis plusieurs mois. C’est donc émotionnellement très demandeurs, que nous nous sommes envolés vers Bangkok dès que la sonnerie des vacances scolaires a retenti. C’est loin, la Thaïlande ! Mais à l’arrivée de notre dernière étape, sur le petit aéroport de TRAT, le fidèle coursier « Tandem » et ses deux cavaliers nous attendaient.

Moment magique : On ne sait plus si on rit ou si on pleure !!  

-Ils ont bonne mine ! Ils sont tout bronzés !

-Pas un pouce de graisse ! De vrais athlètes !

-Grands sourires… proximité…connivence… Y a t-il vraiment 11 mois qu’ils sont partis ?

-Quel chargement sur ce vélo :sacoches, sacs, bouteilles …et remorque.

-10 000 km dans les roues et dans les mollets !

Et c’est le début d’une semaine extraordinaire dans l’île de Koh Chang, avec Samuel, champion de l’organisation touristique, Tata Monique, qui n’a pas oublié son rire communicatif, Marion et Etienne et leurs 3 petits phoques qui investiront la piscine dès 7 h le matin. Retrouvailles familiales autour de nos voyageurs ! Ensemble, nous découvrirons ce cadre tropical. Tassés dans 1 véhicule nous explorerons la côte, trouverons des plages rien que pour nous. Temps pour discuter, pour faire des photos …et…pour cuisiner Thaï !
Nous avions non seulement une maison très grande et très agréable, mais luxe appréciable aussi un maître cuisinier : Etienne, qui dans ses vies antérieures (pays de la réincarnation) avait du être initié aux produits et aux saveurs locales.
Le tandem et la remorque, après une toilette en profondeur, ont décidé de se « poser » et de profiter d’un repos sous un vrai toit, d’un lit, d’une douche, d’une table avec des chaises… Des vacances à 11…quoi….
Mais pas des vacances de consommateurs occidentaux exigeants et blasés. Non. Nos petits grains de sel, habitués à avancer doucement à la sueur de leur front (et oui…37 ° l’après-midi ), à vivre au rythme et avec les codes des pays traversés, nous ont donné la tonalité: respect, bienveillance, humilité, immersion. Nous avons donc appris en Thaïlandais les mots de la vie courante et les petits signes des mains qui accompagnent. Nous avons acheté herbes et légumes inconnus pour nous (étonnement des marchandes!), mangé dans la rue, cuisiné des pad thai et des noodles soup, avalé des boulettes de riz gluant au petit déjeuner !
Tout s’est passé trop vite et la première équipe a regagné Blois.

La 2ème semaine, le tandem s’est remis en route, et nous avons franchi la frontière Cambodgienne. Aventures multiples liées à nos différents moyens de locomotion: petit bus, tuk-tuk, bateau, vélo… Il fallait amarrer les 2 roues, la remorque. Virginie nous a impressionné par son efficacité ! les gestes sont sûrs et précis. L’équipage est bien rôdé et connaît son matériel.
Semaine itinérante qui nous a permis de découvrir la région nord-ouest du Cambodge, de ressentir la lourde chaleur dès 10h du matin, d’avaler la poussière des pistes et d’être en permanence considérés comme des riches (ce qui est vrai par rapport à la population locale) mais tout de même, un peu harcelant.
Nous avons aimé ces paysages de campagnes avec ces rizières un peu sèches à cette époque, ces agriculteurs habillés de haut en bas, malgré la chaleur, avec chapeau en paille ou en tissu coloré. Les patates douces étaient déterrées avec des bâtons. Les maisons sont plutôt de simples abris en bois et tôles, ouvert à tous vents ; quelques zébus ou buffles et beaucoup de volailles et surtout des mobylettes partout, moyen essentiel de locomotion. Ce pays a souffert, on le lit dans le paysage, les forêts ont été coupées pour être vendues… on sent les difficultés à vivre, et pourtant les cambodgiens nous ont semblé souriants et accueillants.
Ce fut un grand pays, en témoignent ces temples d’Angkor monuments qui émergent de la jungle, ceinturés d’arbres immenses, habités par toute une vie sauvage sonore ; mais qui dégagent une telle grandeur !

Voici quelques traces de moments précieux d’une famille qui s’est retrouvée sur ce trajet .
Elle était incomplète, car de ce côté de l’Atlantique, Camille et Bénédicte assuraient le fonctionnement du garage tandis que Sarah et Clément prenaient soin du bébé qui doit naître en juillet. Ils nous manquaient…
Pour reprendre un texte biblique…( Mais ne serions-nous pas plutôt à l’heure bouddhiste ?) Nos Petits Grains de Sel, nous avons apprécié grâce à vous la saveur de ces 15 jours, Petits Grains de Lumière, continuez à nous envoyer les traces lumineuses de ce que vous vivez.
Notre affection vous accompagne »

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Bienvenue en l‘an 2560 !

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Le 19 janvier 2560 de l’ère bouddhiste, nous revenions à Wat Pa Baan Taad et nous sentions presque de retour à la maison. Étrange sensation. C’était parti pour 2 ou 3 semaines de méditation chez les moines de la forêt. Ce Wat n’a rien à voir avec tous ceux que nous avons croisés jusqu’à maintenant : rien de clinquant, pas de dorure, ni même de temple à proprement parlé. Ici la sobriété est de mise.

La tradition thaïlandaise de la forêt consiste en une « pratique méditative poussée, un monachisme errant, une relation étroite et constante entre religieux et laïcs. » Discipline et simplicité sont les maîtres mots. Ils s’inscrivent dans la tradition Theravada, une branche ancienne et très pure du Bouddhisme. Relativement conservatrice, elle est aussi plus proche du bouddhisme originel que les autres traditions bouddhiques existantes.

Ici la forêt ressemble davantage à un parc arboré avec poulailler-animalerie géant(e) ! Nous prenons chacun nos quartiers. Hommes et femmes sont séparés. Les garçons ont des logements dédiés. Les femmes doivent se loger par elles-mêmes et partagent l’espace des méditantes permanentes et des nonnes. J’ai le droit à la meilleure chambre dans un Kuti (cahute de bois) où logent plusieurs mamies Thaï, avec salle de bain inclue. Chanceuse ? Alex dira que c’est mon Kamma… Nous nous mettons en tenue : blanc pour les hommes, blanc et noir pour les femmes. Rangeons nos affaires et le vélo. Ici les consignes sont strictes. Nous nous engageons à respecter 8 préceptes :

  • Ne pas tuer d’animaux
  • Avoir une parole juste et bienveillante (ne pas mentir, ni critiquer)
  • N’avoir aucune pratique sexuelle quelle qu’elle soit
  • Ne pas emprunter ni prendre ce qu’on ne nous a pas donné
  • Ne pas consommer d’alcool ni de drogue
  • Dormir sur une couche peu confortable (pour éviter toute flemme et l’envie de rester au lit)
  • Ne pas manger après 12h
  • Ne pas avoir de distraction (pas de lecture, pas de musique, etc.)

Le respect, la générosité, et la gratitude sont les 3 grandes valeurs qui accompagnent ces règles, et ce sont elles qui nous poseront le plus de soucis à respecter. Nous pensions – nous européens – savoir ce que cela voulait dire mais c’est une véritable leçon de moral que nous avons pris (pays à 95% bouddhiste). Les thaïlandais diraient même que l’Europe serait le tiers monde des valeurs…

Générosité : « Les 8 dons d’une bonne personne : Donner quelque chose de propre, au bon moment, en main propre, avec discrétion, régulièrement, en calmant son esprit au moment du don, et en étant plein de joie après le don » (Extrait du manuel des moines). Le bouddha préconisait de dépenser l’argent gagné en 3 tiers : 1/3 pour les dépenses du ménage, 1/3 pour l’épargne et le dernier 1/3 pour le don.
Respect : ce fut compliqué de se prosterner devant les statues de bouddha ou devant les Ajahns (moines ayant plus de 10 ans de robe). Et pourquoi pas ? Mais le respect c’est aussi et surtout de respecter strictement les règles, les consignes, les horaires, sans s’en accommoder, comme on peut si bien le faire. De savoir être discret, de faire attention à l’autre et au lieu. De se plier à leurs coutumes, sans vouloir imposer avec nos gros sabots notre conception des choses. Dis comme ça, ça paraît tellement simple… mais plus d’une fois nous nous sommes sentis comme de vrais gaulois, sans gênes, sans discernement. Les thaïlandais ont tellement intégré ce concept de respect qu’il n’est pas nécessaire de faire des maisons de retraite ici. On prend en charge les plus anciens, ça semble tellement naturel. Nous serons également impressionnés de la discipline régnant dans le métro de Bangkok où les queues sont parfaitement respectée.
Gratitude : ce serait savoir accepter ce que l’on te donne. Remercier sans avoir envie de redonner. Remercier avec le coeur et pas uniquement par politesse. Mais ce serait surtout savoir remarquer tout ce que les autres font pour nous. Même les plus petites des attentions, les petits gestes, tout ce qui pourrait paraître être dû, mais qui n’en est rien.

Après cette petite leçon de moralité nous voilà au boulot et là, c’est clair que du boulot il y en a ! Les journées défilent et ne se ressemblent étonnement pas. Les horaires sont stricts : A 6h50 les moines partent au village pour « Pintapat » (quelques kms pieds nus dans le village pour récolter dans leurs bols les dons de nourriture). J’aimais à les voir partir en robe de sortie. C’est aussi l’heure où il pleut des poulets par milliers. L’ensemble de la bassecour descend des arbres, et à peine poser la patte par terre les coqs se ruent sur les poules.

A 7h nous nous donnions rendez-vous avec Benoît pour aller acheter quelques victuailles. J’avais à cœur de participer chaque jour à ce moment festif de dons, même si c’est un exercice loin d’être facile. Si pour les Thaï donner est culturel (ils viennent nombreux le week-end donner en famille), pour nous Européen cela peut créer beaucoup d’agitation. Ces moments étaient aussi précieux pour échanger. Les temps à deux étaient très rares.

A 8h30 nous prenions le seul repas de la journée, tous ensemble, les filles d’un côté, les hommes de l’autre. Moines, Nonnes, méditantes permanentes, méditants étrangers, et tous ceux qui souhaitaient se joindre au repas : habitants du village, touristes, visiteurs, familles… Le repas commence par un chant des moines puis chacun pioche dans les larges plateaux. Ce Wat étant très connu grâce à Luangta Maha Boua (l’un des enseignants les plus renommés de la tradition thaïlandaise de la forêt), la nourriture est abondante et très variée et c’est chaque jour un régal. Mais les aliments n’étant fait ici que pour nourrir biologiquement le corps, le repas se veut rapide et silencieux. Exercice difficile pour nous français. Bonne occasion pour travailler l’avidité et tester si se remplir le ventre nous permet de passer assurément une bonne journée.

Vers 9h les hommes s’occupaient de ranger la Salat (grande pièce) tandis que les femmes s’affairaient à la vaisselle. Chacun repartait ensuite à son Kuti méditer.

A 12h45 c’est la pause café officielle. Boissons fraîches, chaudes, 45 minutes pour se détendre et se retrouver, en restant toujours le plus discret possible. Mais nous avions le droit à ces boissons tout au long de notre journée, ainsi qu’au chocolat noir, au fromage, et aux graines de tournesols (dans la mesure où il y en avait). La faim ne m’a jamais dérangé, je passais plutôt ma journée à digérer ce qui rend la méditation compliquée. Benoît quant à lui a eu plus de difficultés, son estomac de cycliste demandant un peu plus de temps pour s’habituer.

15h : Swipping time ! Le Wat se met au rythme des coups de balai qui dégagent les feuilles tombées des innombrables arbres. Tout le monde s’y met, la poussière vole, les coqs s’en donnent à cœur joie dans les tas de feuille, les fourmis rouges témoignent de leur mécontentement, après ce brouhaha le Wat paraît briller et notre esprit clean.

16 : douche. Chacun est invité dorénavant à rester dans ses appartements. La soirée commence.

18h00 : C’est l’envolée générale de la basse cour qui monte dans les arbres se coucher dans une cacophonie infernale.

18h30 : le meilleur moment de la journée. Plus de bruit, les animaux sont couchés : volailles, paons, écureuils, oiseaux… la température est redescendue… la lune a remplacé le soleil… c’est le moment le plus propice à la méditation.

Quant à la nuit, elle est plutôt fraîche, et ponctuée par des vagues de cocorico que personne ne comprend. Un coup de claquement d’aile, un coq qui chante, et c’est l’ensemble de la forêt qui fait une gigantesque Ola. Le soleil ne s’est pas levé que les coqs chanteurs à capella s’en donnent déjà à cœur joie. C’est reparti pour une nouvelle journée !

Au delà des décibels et des mignons petits lapins qui déconcentrent les pauvres petits apprentis méditants que nous sommes, cette vie au contact des animaux nous a profondément marqué. Pas un qui ne porte pas de blessure, pas une portée entière de poussin qui arrive à l’âge adulte, pas une journée sans un combat de coq ou de poule, sans des poules qui tentent d’échapper au coq, sans des courses poursuites d’écureuils et des cadavres d’animaux… Chaque jour nous avons été confrontés à la mort, à la souffrance, à la peur, à l’avidité, à la dureté de la vie animale, bien loin de nos imaginaires de citadin. Cette vie semi sauvage nous a montré la vie telle qu’elle pouvait être. Bon sujet d’étude pour des méditants ! Qu’on croit ou non à la réincarnation, pas un méditant ne ressort de cette retraite sans avoir émis l’angoisse de se réincarner un jour en poule ! Et pour éviter cela il est fortement conseillé dans la vie laïque de suivre les 5 premiers préceptes (le troisième étant de ne pas avoir de « déviance sexuelle » (tromper son conjoint etc.) si l’on souhaite avoir une chance de se réincarner en humain !

Nous avons presque chaque jour pu échanger avec Alex, ordonné depuis maintenant 4 ans. Sa disponibilité, sa patience, sa pédagogie, et sa clairvoyance nous ont grandement aidé dans notre séjour qui ne fut pas simple tous les jours. Nous avons pu également assister à plusieurs « talks » d’Ajhan Martin (son enseignant) qui nous ont permis de mieux comprendre ce qu’était le Bouddhisme, le Dhamma, le Kamma, la Méditation….

Nous avons plongé dans un univers totalement inconnu. Nous savions que ce séjour ne nous laisserait pas indemne, mais jamais nous pensions être aussi touchés, bouleversés, renversés par une religion. Le bouddhisme n’étant pas une philosophie. Mais à la différence des autres religions, le Dhamma (phénomène ; évènement ; réalité ; la Vérité ; la manière dont les choses sont en elles-mêmes et par elles-mêmes ; les principes de bases qui sous-tendent leur comportement. Aussi utilisé en référence aux enseignements du Bouddha) est tourné vers soit, vers l’intérieure et c’est ce qui nous a le plus séduit. La vision du monde et sa propre vie dépendent de chacun de nous. L’humain est ainsi seul responsable.

Plutôt sceptiques au début nous nous sommes doucement ouverts et avons accepté le jeu du « au fond, je ne sais pas, pourquoi pas ? ». Nous parlons ici davantage de confiance que de foi dans l’enseignement du Bouddha et le témoignage de ses successeurs, qui assurent que chacun est capable d’échapper à la souffrance et d’expérimenter l’Eveil. Bouddha n’est pas Dieu. C’est un enseignant, un exemple à suivre : on ne le « prie » pas pour qu’il nous vienne en aide. On suit ses enseignements pour sortir « du jeu », et ne plus se réincarner. Car là est bien l’objectif. Des cérémonies ont lieu en son honneur, mais il s’agit de le commémorer, comme on honore un « grand homme ». Les dons aux pieds des autels ou des statues (offrande d’encens, de bougies, de nourriture) ne sont pas destinées à s’attirer ses faveurs mais sont des marques de respect, une façon détournée d’offrir des offrandes aux moines ou une mise en pratique de son enseignement (le don étant une manière de pratiquer le détachement). Les temples, les rituels (telle que la méditation assise ou marchée), les statues, les actes de dévotion… sont là pour faciliter la concentration et détourner l’esprit des préoccupations quotidiennes. Ils aident à avoir toujours présents à l’esprit ses enseignements et contribuent à soutenir la motivation.

Ce séjour nous a aidé à mieux comprendre cette société Thaïlandaise si généreuse, si respectueuse, si amicale, surnommée « le pays du sourire », ainsi que leur adoration pour leur Roi (qui, entre autre, suivait les 5 préceptes – quel homme politique de chez nous peut se vanter d’en respecter au moins un ?).

J’ai enfin compris pourquoi Alexandre avait choisi de tout quitter pour devenir bhikkhus, pourquoi il avait choisi cette tradition, ce lieu. Pourquoi il s’imposait et nous imposait toutes ces règles. Ma colère et ma peine se sont transformées en profond respect et admiration.

Nous savons désormais ce que Kamma et méditer signifient (exercice tellement difficile, mais tellement bénéfique.)

Nous voilà désormais entre deux mondes séparés par un profond fossé. Nous imaginions nous accorder deux jours de sas de décompression avant l’arrivée de la famille, histoire de redescendre de notre perchoir, mais nous nous sentions si bien que nous sommes restés 3 semaines pleines.

C’est difficile de mettre en mots notre expérience mais nous serions heureux de pouvoir en discuter avec qui le souhaite. Pour sûr nous y avons laissé un petit bout de nous et aimerions y retourner.

Place désormais à la famille, pour 3 semaines de retrouvailles dans les plus beaux décors de Thaïlande et du Cambodge !

Bangkok, retour à la réalité !

Après 3 semaines passées à Wat Pa Baan Taad, nous voici rendu à Bangkok, directement en bus. Ce séjour avec Alex et les moines de la forêt est pour le moment difficilement racontable. Il nous faut digérer cette expérience qui se veut être l’une des plus fortes du voyage et peut-être même de notre vie !

Nous voilà dans une ville monde qui nous rappelle la Chine, en plein quartier indien. Notre hôtel est le plus glauque que nous n’ayons jamais eu et les restau hors budget… la transition est un peu rude ^^ Nous étions pourtant partis ce matin le coeur gonflé à bloc !

Nous sommes ici pour accueillir le reste de la famille de Benoît qui arrive demain pour 3 semaines de retrouvailles ! Nous voilà réjouis, youpi, c’est reparti 😀