Vélo, buddhô, dodo

« Il était une fois… dans le lointain et étrange Orient, deux touristes amateurs rejoignant deux touristes professionnels… en tandem. Le programme : « Vélo, buddhô, dodo ». Sans oublier les « pad thaï » et autres fried rice, noodle soup et glace coco. Plutôt touristique au début, le voyage s’est achevé par quelques jours au sein d’un monastère bouddhiste de la tradition des moines de la forêt, qui perpétue une pratique très proche des enseignements originels du Bouddha. Ce fut pour nous un choc culturel et religieux, et je vous en partage quelques termes et concepts de base tels que je les ai compris:

Duka : insatisfaction de tout ordre, de la petite faim à la dépression sévère, qui nous permet de nous rendre compte de nos désirs non satisfaits sur lesquels travailler pour s’en libérer – on y a vite été confronté… après avoir confié Barnabé à mes parents le cœur serré, bien que sûre des bons moments qu’ils allaient partager, nous avons vécu la galère du retard de notre premier avion. Le nouvel an a sonné à Paris, sur la piste de l’aéroport. Résultat, le second avion a décollé sans nous de Dubaï et après des heures d’attente pour obtenir un vol de remplacement, nous avons atterri dans un hôtel pour quelques heures de sommeil. L’occasion de découvrir Dubaï by night, sa démesure consumériste et architecturale. L’escale qui a suivi à Bangkok étant plus longue que prévu, on a refait un petit tour express de grande ville et gratte-ciels, avec ascension de la plus haute tour de Bangkok (321m), histoire de dire : on a vu!

Autre exemple de duka : le stress d’une arrivée de nuit, à la recherche d’un lieu idéal de bivouac à la lampe frontale, entre hurlements de chien et pétarades de scooters ; ou la fin de randonnée (très escarpée), à la lumière de la (presque pleine) lune… On pourrait aussi citer notre désarroi face à une invasion de fourmis qui aurait pu inspirer Bernard Werber, l’angoisse d’une roue arrière qui voulait quitter le tandem, et la lassitude des facéties de l’application carto de Virginie (maps.me), qui nous a pris pour des Vélos Tout Terrain : un peu, c’est rigolo mais trop, c’est trop : le chemin s’est arrêté dans la forêt et nous avons rebroussé chemin et refait tourner le compteur kilométrique.

Sati : présence entière à ce que l’on fait, ouverture du cœur sans pensée parasite, qui permet la pleine conscience du moment présent – tout un programme… c’est un des objectifs des entraînements de l’esprit par la méditation. J’en suis très loin, mais je sais malgré tout que ces vacances pleines et apaisantes avec Ben et Virginie auront été un temps vécu à fond, sportivement, humainement. Mais que ça passe vite !!!

Valeurs : le respect, la gratitude et la générosité – Si le niveau de vie en Thaïlande n’est pas très différent du nôtre en Europe, le dépaysement est garanti pour ce qui est de l’accueil. Les Thaïs sont hypers souriants, heureux de nous voir débouler dans leurs villages en vélo, ravis de nous faire goûter leurs plats et fiers de leur cuisine : « it’s very good, no ? » Partout, je sens du respect et de l’admiration pour le voyage auquel nous nous sommes joints pour quelques jours. Ici on nous offre un plat de champignons à la sauce soja, là on nous propose de bivouaquer dans une cabane, là encore, une rencontre incroyable avec une jeune fille de 11 ans, Hom, qui pour pratiquer son anglais passe quatre après-midi par semaine à faire visiter bénévolement aux touristes les temples de Phitsanulok, avec un enthousiasme désarmant. Et toutes ces bonnes dispositions finissent même par déteindre sur nous : merci Ben et Virginie de nous avoir fait de la place dans votre projet, de nous faire partager ces émotions, votre savoir-faire de cyclovoyageurs, vos amitiés. Je repars avec un gros paquet de souvenirs, notamment de nos divers échanges, qui représentent de la matière brute à méditer !

La méditation : pratiquée par les bouddhistes et en particulier par les moines pendant 8 à 10h par jour, elle permet par la concentration sur un objet tel que la respiration ou la répétition du mot « Buddhô », d’affûter son esprit et d’investiguer sur la vie et son sens – A force de pédaler, on croyait tous qu’on méditait en selle une bonne partie de la journée. Et non, le moulin de pensées qui tourne en rond, ce n’est pas de la méditation. Alex, moine ami de Virginie, nous a indiqué les premières bases et nous nous sommes entraînés très assidûment dans nos kutis, les petites maisons de bois qui nous hébergeaient. Assis ou en marchant sur les « chemins de méditation » ad hoc, ce n’est vraiment pas si facile que ça en a l’air… A Ben et Virginie, en vrais pionniers, de développer la manière la plus appropriée de méditer sur la selle… sur les maux de fesses !« 

Marie

*****

Voyage à vélo et en soi-même

« Voyage tant attendu suite à une longue année la tête dans le guidon dans le boulot et ses problèmes avec peu de temps pour soi. Seul petit pincement au cœur, notre petit bonhomme que l’on laisse à ses grands-parents.

Arrivée retardée après une visite de Dubaï et Bangkok en bonus, et accueil à vélo à l’aéroport pour se dégourdir les jambes ! Voici Chiang-Mai et ses 350 temples, plongés dans le bouddhisme sans trop rien y comprendre… Ce n’est qu’à la fin de notre séjour que l’on y verra un peu plus clair. Nous terminerons par trois jours au monastère de Wat Pa Baan Taat (chez Alexandre, copain de Virginie).

Découverte de la méditation et de l’énorme travail sur soi effectué par les moines, de la vie stricte et simple qu’ils s’imposent pour y parvenir, bousculade personnelle que l’on reçoit, tout ça dans un univers inconnu : implication de la population, façon de donner et recevoir, croyances… Je terminerai là-dessus avec l’envie de creuser un peu plus ce qui se passe en moi ! Affaire à suivre.

Entre temps nous n’oublierons pas ce que nous avons vécu avec vous ! Les tandems qui roulent bien et sont un outil de voyage formidable, les bivouacs de rêve (surtout celui au milieu des militaires et des fourmis), les rizières, la cuisine thaïe, la Leo et la Singha Beer, l’accueil de Marc et la visite de Hom, les vestiges de Sukhothaï, la bonne endurance de Virginie à la marche même si ça n’est pas sa spécialité, les guesthouses, « smappy » (alias maps.me) qui ne se trompe jamais…

Bravo à vous deux de vous donner les moyens de découvrir le monde et vous-même et un énorme merci de nous en avoir fait partager un morceau !

Bonne chance pour la suite de l’aventure ! « 

Jojo

Motion and emotion

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Deux petits jours pour se remettre du départ émouvant de Camille et Béné, juste le temps de fêter la nouvelle année au milieu des lanternes et des touristes de Chiang Maï, voilà que nous accueillons la seconde dream team : Marie et Jojo ! Du coeur serré au cœur battant, nous trinquons à 2017 au Champagne, au Pineau et au fromage ! Wouahouuuu le père Noël existe !

Trêve de gourmandise, après deux jours d’adaptation pour nos nouveaux coéquipiers nous prenons le bus direction Sukhothai et ses ruines classées au patrimoine mondiale de l’Humanité. Un premier petit tour en tandem pour se dégourdir les jambes nous amènera à Phitsanulok, chez Marc, notre warmshower qui vient tout juste d’ouvrir une chouette Guesthouse : Karma Home Hostel. Nous roulerons à travers les rizières et nous émerveillerons de la quantité d’oiseaux. Nous passerons la soirée avec Hom, une jeune écolière de 11 ans et son père à travers les temples et marchés de la ville. Un coup de moteur de bus plus loin, nous voilà à Loei, où nous enfourchons réellement nos montures pour nous rendre au parc national de Phu Kradung. Bivouac de rêve en bord de lac, petite grimpette d’une vingtaine de kms pour 1000 mètres d’ascensions positives (et autant en négatifs), ces vacances culturelo-rando nous changent et nous ravissent !

Nous pédalons désormais vers Alexandre, un vieil ami qui a tout quitté il y a 4 ans jour pour jour pour porter les robes des moines de la forêt à Wat Pa Ban Tat. 3 jours d’initiation au bouddhisme et à la méditation. Retrouvailles émouvantes avec Alex et sa soeur Sandie. Nous repartons tous les 4 déboussolés et profondément touchés.

C’est déjà l’heure pour Jojo & Marie de repartir. Décidément ce temps passé en famille n’a pas le même tempo qu’à l’habitude ! Tellement merci d’avoir vous aussi joué le jeu du cyclovoyage ! Merci pour votre générosité et votre investissement… Leur avion décolle mardi de Vientiane, au Laos. Ça tombe bien, il nous faut sortir du pays. Nous avons prévu d’y passer plus de deux mois, ce qui nécessite une sortie de territoire. Nous décidons de rester le plus longtemps possible au Wat et partons lundi matin très tôt pour la station de bus d’Udon Thani. Arrivée à Vientiane prévue pour déjeuner. Confiants, nous vivrons une dernière journée de voyage mémorable où :

  • nous nous tromperons de bus,
  • pédalerons finalement jusqu’à la frontière car les soutes des bus pour Nong Kaï sont surchargés de colis et on nous refusera les tandems (c’est la première fois que ça nous arrive),
  • tenterons le stop et grimperons dans un 4×4 pickup flambant neuf rouge pétant qui accompagne un moine à Nong Kaï (première fois que l’on réussi le stop sans contrepartie financière avec en prime 4 cocos à boire gentiment offerte !),
  • passerons la frontière comme une lettre à la poste avec des douaniers sympathiques (première là fois aussi)
  • puis repédalerons jusqu’à Vientiane où nous arriverons à 17h.

Recherche de Guesthouse, puis de cartons, nous démontons leur tandem et l’empaquetons comme un paquet cadeaux, la soirée se termine sur les chapeaux de roue. Tant pis pour la dernière belote, faudra attendre l’année prochaine !

Le coeur serré, larmes aux yeux, nous les regardons s’éloigner dans leur tuck tuck tandem sous le coude. Pas de troisième équipe cette fois. Nous décidons de faire une demande de visa Thaï de 60 jours (gratuite jusqu’au 28 février cadeau de bienvenue du nouveau roi). Le plan initial était de faire du wwoofing au Laos, mais en l’absence de réponse de nos hôtes et suite à notre week-end découverte, nous choisissons d’être de retour au Wat d’Alex dès jeudi. C’est donc parti pour 2-3 semaines de retraite méditative !

Bande de buffles !

« Depuis leur départ, nous avions prévu de les retrouver en décembre pour vivre l’expérience du voyage et surtout la vie en tandem. Départ pour le Laos le 17 décembre, avec le tandem de Jojo et Marie finement emballé par Camille. A l’aéroport, nous sommes surpris, le personnel, en voyant notre immense carton, nous demande s’il s’agit du vélo… On a déjà le sentiment que partir avec un tandem surprend, amuse les gens…d’ailleurs, tout au long de ces deux semaines, nous serons encouragés le long des routes par des sourires, des rires, des « hellos », des pouces en l’air…le tandem, par son côté inhabituel et rare, aide à voyager !

Arrivée à Luang Prabang au Laos : mauvaise nouvelle, le tandem est resté à Dubaï ! La mauvaise nouvelle est rapidement effacée par les retrouvailles avec Ben et Virginie. Munis de leurs nez de clowns, ils nous accueillent avec des chapeaux Laotiens. Ils ont l’air en forme et nous sommes très contents de nous retrouver.

En attendant de récupérer le tandem, nous découvrons Luang Prabang. Il fait chaud, les rues sont bondées de petits commerces où acheter de quoi grignoter ou manger. La plupart des visites de temples sont payantes, ce qui nous freine un peu. On profite des paysages le long du Mékong, des marchés le long des routes. La ville est très touristique et à la tombée de la nuit, les touristes occidentaux apparaissent dans les ruelles. Le Laos, pays relativement pauvre, semble miser sur le tourisme pour se développer et cela nous pose question : des quantités d’échoppes vendent les mêmes produits et on se demande comment les vendeurs (souvent des femmes) parviennent à véritablement gagner leur vie.

Nous attendons deux jours avant de récupérer le tandem. Lorsqu’on vient le chercher à l’aéroport, on nous demande de payer 20 dollars…la douane réclame cette somme…nous discutons. On arrive à négocier 10 dollars et on comprend donc que cette somme est demandée sans raison. A plusieurs reprises au Laos, nous ferons face à des situations identiques : on nous réclame plus d’argent que ce qui était prévu ou annoncé. Considérés comme des « touristes », des occidentaux, habitant de pays riches, les laotiens nous demandent de payer le prix cher.

Nous sommes impatients de pédaler et quand on commence, les journées s’enchaînent sans se ressembler. Nous quittons Luang Prabang par le Mékong : on embarque dans des bateaux et naviguons pendant deux jours à travers la jungle. Ce sont des paysages qui nous sont inconnus et nous profitons de ce décor inhabituel.

Le voyage en tandem commence donc officiellement à la frontière de la Thaïlande et du Laos. A partir d’ici, nous découvrons véritablement le quotidien de Benoît et Virginie : les journées de pédalage, le plaisir de s’arrêter pour un petit repas en milieu de journée, les pauses fruits, gâteaux pour se redonner des forces, les petites (ou grosses) tensions que suscitent le partage du tandem (et oui, y en a un qui conduit et un qui suit et ils n’ont pas toujours les mêmes envies), la recherche d’eau ou de bivouac en fin d’après-midi. On prend conscience de la difficulté que peut représenter un voyage itinérant en vélo, en termes de confort, de résistance physique et en même temps de la richesse de cette expérience. Le tandem permet d’explorer les recoins du pays et est un bon moyen de rentrer en communication avec les habitants locaux qui sont souvent très curieux de savoir ce qui se cache dans la remorque de Ben et Virginie… Je les laisse vous raconter en détail ce que nous avons vécu ces deux semaines. Merci beaucoup Ben et Virginie de nous avoir fait découvrir ce que vous viviez. Vous êtes très courageux ! Bravo pour ces 9000 km et on se revoit vite à Balanzac pour manger des noodles 😉 »

Bénédicte

« Nous voici rendus de l’autre coté comme on dit !!! Nous voulions rejoindre Ben et Virginie pendant 2 semaines et vivre un peu de leur voyage.

Super de se déplacer en tandem, mais bon, ça fait quand même mal aux mollets. Les descentes, c’est cool, mais y a quand même toujours plus de montées.

Nous avons été ravis de nos 2 semaines avec nos 2 grains de selles, mais beaucoup de mythes se sont écroulés à leur égard !!!!

  • Il est vrai que le « TURBO CAGOUILLE » roule bien, bonne vitesse de croisière, mais nous avons été nous même étonnés de devoir attendre régulièrement l’attelage charentais et avons souvent poussé notre « NITRO BOOSE » bien devant.
  • De France, nos deux voyageurs se font passer pour des « HIPPIES, BABACOOLS», « nous on vit avec les animaux, on aime les chèvres », «la barbe du voyageur», mais on vous rassure, nous en avons croisés des vrais et ils n’en font pas partie!!!! Ils ne fument pas assez de drogues et ils leur manquent des dreads locks !
  • « Nous on consomme pas d’énergie fossile pour avancer », oui c’est vrai, mais ils compensent largement sur l’énergie tirée de la bière, et du coup la conso annuelle de bière de l’équipage est égale à la somme cumulée de leur conso du réchaud à pétrole fois le nombre de cigares fumés sur 1 an multiplié par le nombre de fois qu’ils ont passé le petit plateau.
  • Nous on vit en mode « roots », oui enfin quand ils ne sont pas dans les guesthouse et les grandes villes, donc en résumé de temps en temps. Car en ville, nous avons dû les retenir car leur manque en tout provoque chez eux une fâcheuse tendance à surconsommer quand l’occasion s’y présente, et surtout quand le prix est environ 10 fois moins cher qu’en France
  • Les découvertes culinaires locales sont toujours une « FABULEUSE DECOUVERTE », enfin oui quand le prix ramené en euros est lui aussi une fabuleuse division. Les espèces de petit fruit dur, un peu comme des poires pas mûres, fabuleuses, (enfin le prix), du coup ça peut éventuellement nous séduire quand il est 15h de l’aprèm et que nous n’avons pas encore mangé !!
  • Sur leur Blog, y a toujours des photos fabuleuses, des lieux de bivouac magnifiques. Oui, mais à quel prix ?? 2h pour trouver un lieu de bivouac, des allers et retours dans la pampa à la recherche du lieu parfait. Quand on commence à être fatigués, que le « couple est en jeu », il faut bien s’accrocher et être patient.

Merci Ben et Virginie pour ces 2 semaines passées avec vous, super ces petites vacances à l’autre bout de la planète !! Nous avons adoré, ce fut très dépaysant et super content de voir ce que vous vivez au quotidien. Bonne route, et surtout n’oubliez pas de revenir un jour en France, bande de buffles !!! »

Camille

Thaïlande, yes we can !

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Incredible… La Thaïlande était notre « pays objectif », nous y sommes pour de vrai, après 8 mois de voyage, 12 pays traversés, et 9 000 kilomètres parcourus à la force des mollets. On y croit pas nous-même et on vous assure que de se pincer n’y change pas grand chose. Voilà venu le temps du soleil, de la chaleur, des visites de la famille et ce pour 2 bons mois. On vous explique même pas la banane qu’on a !

Les thaïlandais imposent de prendre un bus pour traverser le pont qui enjambe le Mékong, ce fleuve mythique qui sépare le pays du Laos. On s’en serait bien passé, on veut pédaler nous…
Très vite nous constatons la différence de niveau de vie entre les deux pays. Grosses villes, grosses infrastructures, grandes routes superbement bitumées, nous n’aurions jamais imaginé une telle différence vue de France.
On roule à gauche.
La langue est plus complexe à apprendre.
La nourriture plus variée.
Nous nous sentons presque à la maison par certains côtés.
Les temples-monastères (appelés Wat) se comptent par milliers et sont plus clinquants (colorés-kitch-surchargés-impressionnants) les uns que les autres.

Nous enfourchons nos montures pour une semaine de vélo et nous amusons de voir Béné et Camille découvrir la vie en tandem. Nous mesurons le chemin parcouru pour parvenir à s’entendre sur ce drôle d’engin. Quel bonheur de pédaler à 2 tandems. Ils s’en sortent admirablement bien et nous sommes épatés par leur condition physique. Il faut dire que la Thaïlande paraît plate après la Chine et le Laos et nous-mêmes nous étonnons de pouvoir pédaler à nouveau à 20km/h et refaire 80km dans une journée. Surmotivés les premiers jours, ils bousculent notre rythme devenu plutôt pépère ces derniers mois. Réveil tôt, pauses courtes, gros kilométrages, petit déj à la volée, discussions tard dans la nuit, le rythme est intense, ils veulent en découdre ! Mais au bout de quelques jours ils se rendront compte qu’à ce rythme on n’en mène pas large sur la durée. Ça rassure, je finissais par croire qu’on s’était encroûtés 😉

Nous rejoindrons Chang Raï par « la petite route » 1174 où nous fêterons noël. Puis nous prendrons la route 118 pour atteindre Chang Maï d’où leur avion repart. Assez passante et bruyante, ça roule bien mais ce n’est pas très agréable et les casques et gilet jaune sont de sortis. 80 kms et 800 mètres de dénivelé positif pour la dernière journée, nous leur tirons notre chapeau !

Côté bivouac nous nous régalerons. Terrains de foot, monastère, cabanes en bord de lac… on défait et refait le monde sous les étoiles… on savoure les chapatis, calzones au feu de bois, salades citronnées version Béné, cuisine française, nous redécouvrons des saveurs !

Quoi c’est déjà le temps des aux-revoir ? Mais vous venez tout juste d’arriver ! Le cœur serré nous quittons l’aéroport chacun sur un tandem… et oui nous gardons précieusement leur monture pour l’arrivée de la seconde dream team ! Juste le temps de se souhaiter la bonne année, voilà Jojo & Marie qui débarquent, youpi c’est reparti !

Tellement merci de nous avoir rejoint dans notre folle aventure. Ces moments inoubliables et extraordinaires sont si précieux dans une vie. On espère vous revoir avant l’année prochaine !

2017… une nouvelle année de voyage pour nous.

Si le plan se poursuit comme prévu, nous serons à nouveau parmi les nôtres dans une année tout pile. Après cette première étape de voyage, nous avons prix goût à la liberté et avons cumulé les rêves et les envies, et il n’est pas impossible que les plans changent !
Cette vie de nomade nous est maintenant tellement familière que cette visite de la famille nous a rappelé combien ce mode de vie est finalement extra-ordinaire.
Les moments très durs nous ont forgé et ne remettent pas en cause le bonheur de vivre cette incroyable expérience.
Lorsqu’on regarde en arrière, chaque pays semble un voyage à part entière et nous avons le sentiment d’avoir déjà vécu plusieurs vies !
Vous êtes toujours dans nos pensées et la moindre de vos nouvelles est un petit moteur qui nous aide à appuyer sur la pédale. C’est même un besoin. Comment vous témoignez de la valeur de vos pensées-témoignages-photos-lettres-réflexions-sourires-attentions ?
C’est ici, dans quelques semaines que nous amorcerons le grand virage du retour. L’occasion de repenser à toutes ces personnes qui nous ont accueillis, aidés ou tendus la main et sans qui notre voyage n’aurait pas été aussi riche.

Roulons vers l’essentiel… difficile question qui dépend sûrement de la personne, du lieu ou du moment. Cette notion si souvent discutée est difficile à attraper. En ce qui nous concerne, nous serions tentés de répondre aujourd’hui que c’est l’idée d’oser, de lâcher prise, d’être heureux.

Nous vous souhaitons une magnifique nouvelle année, pleine d’aventures, de rêve, de joie et d’essentiel !

Laos ! « Sabaidi, Sabaidi »

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A première vue il est difficile de se sentir ailleurs qu’en Chine. Paysages semblables, d’énormes travaux rasent les collines, toujours cette odeur nauséabonde de production de caoutchouc, une humidité toujours imposante…

Puis le choc culturel : nous redécouvrons des nuages semblables à ceux de chez nous, et l’air frais qui glisse sur nos joues nous fait croire que l’océan n’est pas loin ! Notre imagination nous joue des tours, le Laos est le seul des 5 pays d’Asie du Su-Est à ne pas avoir d’accès à la mer.
Les restaurants se font beaucoup plus rares au grand dame de notre moral et les quantités servies bien moins importantes au grand désespoir de nos estomacs. La noodle soup devient notre quotidien et mine rapidement les troupes. Nous retrouvons des tables à taille humaine, fourchettes et cuillères, et des toilettes dignes de ce nom. Pouvoir se laver les mains avec du savon avant de déjeuner c’est le grand luxe!
Les enfants réapparaissent, et par dizaines! Retranchés derrière leur bureau en Chine à cause du gaokao, notre équivalent du bac, qui les poussent à bosser plus que de raison, les petits laotiens eux sont partout dans les rues. « Sabaidi sabaidi » ça semble un réflexe pour eux de nous faire coucou. Ces petites bouilles nous feront craquer : mains tendues pour qu’on leur claque dedans, courses après le tandem, nous en avons mal aux zygomatiques !! Les tous petits sont à pieds, les plus jeunes à vélo et les ados en scooter.
On nous avait annoncé une très grande chaleurosité mais cela dépendra beaucoup des villages et nous nous sentirons aussi bien mal à l’aise que de vraies stars !
L’architecture aussi sommaire soit-elle nous fait rêver même si nous nous interrogeons sur la capacité des cabanes en bambou à résister à la saison des pluies.
C’est le pays des bébés. Bébés humains, bébés cochons, bébés chiens, ça gagatise sur le tandem !
Si les légumes se font rares, question protéine tout y passe : chien, rats, chauves souries, ragondin, écureuils… et pourtant les animaux semblent bien plus heureux qu’en Chine !

Point de vue bivouac ce sera très facile même si un soir nous nous ferons déloger par une famille de buffles. Impressionnantes bébêtes qui nous feront nous croire aux Férias de Pampelune.
Sur la route principale, bitume très inégale, route tortueuse, trafic bien moins important, klaxons quasi inexistants, beaux paysages, 2-3 bons cols, ça roule !

Sur la route qui mène à Nong Khiaw nous ferons la razzia de petites salades fourrées et de beignets dans un petit marché de rêve. Ici nous nous offrirons un week-end farniente en bungalow dans ce magnifique village au bord du Nam Ou. Un peu trop touristique à notre goût, mais qui vaut le détour !
Nous y rencontrerons Pierre, un suisse loueur de vélos, qui nous en apprendra beaucoup sur le pays mais aussi sur les manigances chinoises (à croire que la Chine on ne l’aime que lorsqu’on y est). A entendre les retours d’occidentaux vivant sur place et à lire le guide du routard, nous ne donnons pas cher de ce « petit » pays aux 6 millions d’habitants que les pays voisins accaparent doucement. Ça fait froid dans le dos.
Nous croisons aussi Anthony et Alexia d' »au delà du guidon« , Lucas et Nico de « V’Asie roule » ainsi que Camille et Simon 2 bagpackers coups de coeur. Jusqu’à maintenant nous n’avions rencontré que peu de congénères, mais le Laos annonce la couleur. L’ Asie du Sud-Est est blindée de touristes occidentaux et se fait facilement à vélo sur quelques mois. Ça nous fait tout drôle.

Si notre arrivée au Laos a été gâchée par de gros soucis mécaniques (béquille de remplacement qui casse, arceau de tente qui casse, pédalier qui rend doucement l’âme…) c’est l’heure des vacances et on se lâche sur les fruit shake, Beer Lao, chips de banane, et restaurant « gastro ». On pète un peu le budget mais qu’est ce que ça fait du bien !

Nous comptons les jours avant l’arrivée de Camille et Bénédicte, les premiers d’une longue série à nous retrouver de l’autre côté !
Ce ne sont pas les seules retrouvailles qui nous attendent à Luang Prabang. Nous avons rendez-vous avec Sara et Thomas, un couple de cyclo croisé sur la route une semaine plus tôt. En l’espace d’une heure de bavardage en plein col nous nous étions promis de nous y retrouver.
Et la belle surprise sera Simon et Ombeline quittés deux mois plus tôt sous la neige en Mongolie. Quel bonheur de les retrouver et de voir le ventre d’Ombeline qui s’est drôlement arrondi. Ils attendent un heureux événement pour avril au Pérou. Nous mélangerons tout ce petit monde et passerons de super soirées.
Pour info nous recommandons Mixay Guesthouse, très bon rapport qualité prix, vraiment pas cher, cadre agréable et gérant adorable.

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La dream team est désormais bien là, on a dû mal à y croire. C’est parti pour 15 jours de pur bonheur en famille ! Au programme : slow boat de Luang Prabang à Houayxay (200 000 kip et entre 30 et 40 000 de plus pour le tandem calé sur le toit). Deux jours de rêve sur une magnifique barcas au milieu de la jungle. La halte officielle dans le village dortoir de Pak mong nous vaudra tout de même une très mauvaise expérience dans le restaurant Phonemani Guesthouse où pour cause d’incompréhension sur les prix initiaux, la gérante finira par nous menacer avec une barre de ferre et bousculer Bénédicte. « You eat you pay ». Affligeant et tellement pas à l’image ni de notre voyage ni du pays. Nous découvrons malgré nous l’envers du décors des sites touristiques au Laos. Locaux excédés qui en deviennent mauvais ou arnaqueurs (toujours vérifier la monnaie qu’on vous rend), safari à dos de pauvres éléphants la plupart du temps enchaînés, marchés nocturnes aux vendeurs bien trop nombreux pour qu’ils puissent s’en sortir, sites naturels privatisés à la chinoise… Nous quittons le Laos frustrés de n’y avoir passés que 15 jours et écœurés de ce tourisme de masse.

Bye bye la Chine !

Ce pays continent aux milles facettes a su nous charmer malgré de forts aprioris. Peut-être parce que nous n’avions pas de réelles attentes ? Ce séjour en Chine a été passionnant tant l’écart culturel est important. Nous ne pouvons parler d’une Chine… ce pays aux 1,4 milliards d’habitants, aux 56 ethnies, dont l’étendu correspondrait au Nord à celle de la Suède jusqu’au sud celle de l’Egypte et de Brest à l’ouest à Moscou à l’est, est devenu un poids lourd dans la société mondialisée dans laquelle nous vivons. Sur le tandem, on carbure à France culture; pas un podcast, pas un sujet où la Chine n’est pas évoquée.

La notion de temps, la définition des mots, la manière de compter, les concepts ou les représentations : tous diffèrent de l’occident.

Nous l’avons traversée durant deux mois et nous avons pourtant le sentiment de ne l’avoir qu’à peine effleurée et comprise. Nous avons découvert un pays bien loin des représentations que nous nous en faisions. Tout semble démesuré ici : la vitesse de développement, la quantité de travail, le temps passé à étudier… et même le relief et le climat. Nous avons trouvé les chinois avenant, curieux, chaleureux, où l’intimité reste malgré tout bien gardé. Nous confirmons que la Chine n’est pas qu’un pouvoir central mais avant tout des populations et des territoires.

Nous en sortons avec une profonde envie d’y retourner et de nous asseoir à nouveau sur le dos du dragon.

Le Yunnan à vélo

11 novembre : C’est la vraie reprise du boulot vélo ! Objectif : rejoindre la frontière laotienne début décembre.

Lijiang – Dali

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A Lijiang nous serons bloqués une journée à l’hôtel par la pluie ce qui n’est pas pour nous déplaire. Pour visiter cette ville ultra touristique il nous faudrait payer 80 000¥ par personne (11€) et nous en avons un peu marre de devoir raquer pour chaque site touristique. A défaut nous faisons un petit détour par le très joli village de Baisha à quelques kms au nord. Ici culmine le Mont xxx à 5500m. Recouvert de neige, c’est la plus haute montagne que nous n’ayons jamais vue et nous en sommes bouches bée.

Il nous faudra gravir 2 bons cols, atteindre les 3000 mètres, et traverser des travaux pour atteindre Shaxi (petite ville recommandée par oncle Abel). Le chinois ne fait pas dans la demi mesure : quand il décide de refaire une route c’est toute la route qu’il casse d’un coup. Ce sera sport !
C’est jour de marché le vendredi et nous avons de la chance : nous sommes vendredi ! Nous nous en mettrons plein les yeux et plein la panse – nous trouverons même des crêpes – dans cette très mignonne petite ville qui vaut le détour.
Nous y rencontrerons Alice et Benoît, 2cyclo français en vélo couché. Eux aussi font route pour Dali. Rdv est pris pour le lendemain au pied du col.

Nous voilà dans des forêts de pins et nous aurions presque l’impression d’être à la maison.
Le col se finira sur piste accidentée mais nous ne pousserons qu’à peine.
Le ciel est incroyablement bleu depuis que nous avons quitté le Sichuan. Les nuages sont quasi inexistants lorsque la brume matinale se disperse.

La piste le long du lac est en travaux et résignés nous finirons sur la grande route. Dommage.
A Dali nous dormirons dans la chouette guesthouse d’Heimat, notre warmshower. Le Dali Mufu international youth hostel, et y passerons 3 nuits. Nous recommandons chaudement cette étape !

Dali – Pu’er

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A raison d’une cinquantaine de kms par jour, il nous faudra une semaine pour atteindre Pu’er et gravir de nombreux cols. Mais les pentes sont abordables, nous changeons notre manière de pédaler, et moyennant quelques bonnes pauses et des kg de gâteaux, nous n’aurons jamais à pousser.

De pédaler à 4 motive ! Une fois de plus le partage d’expérience est très précieux. Nous découvrons qu’à 7 mois de voyage nous pouvons encore largement enrichir notre fonctionnement et notre organisation, et améliorer plein de petites choses qui m’aideront à mieux vivre et profiter du voyage. Alice et Benoît roulent depuis plus d’un an à travers l’Amérique latine et l’Asie centrale. Notre convoi extraordinaire ne passe pas inaperçu.

Ici les bivouacs deviennent compliqués et il nous faudra faire dans l’insolite : carrière, usine de séchoir à tabac désaffectée, salle communale, place de village… rien ne nous effraie. Ca ne pose aucun problème d’installer son campement, pas besoin de se cacher, et ça fait bien marrer les chinois.
Nous planterons la tente 2 fois chez l’habitant qui nous feront mentir sur le « non accueil » des chinois. Nous passerons 2 belles soirées, dont l’une mémorable : en pyjama nous avons été trimbalés de maison en maison pour partager un premier repas (au menu poule carbonisée découpée en petit morceau avec le bec et la langue svp), puis jouer au majong, puis terminer par une séance de barbecue à 15 autour de grandes flammes.

Nous avons adoré déambuler dans les rues piétonnes de Weishan.

Pu’er – la frontière

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Nous arrivons fatigués, serons déçus par la ville, et découvrons que la béquille de notre remorque nous lâche. Une étape loose qui en annoncera d’autres.

Après 15 jours ensemble, le groupe préfère se séparer. Plusieurs choix de route s’offrent à nous. Ombeline et Simon nous ont inscrit en Mongolie dans un groupe Whatsapp « biking to china ». Le voyage se modernise ! Nous obtenons pas mal d’informations par les cyclos voyageurs qui nous précèdent. Leurs retours sur la route du Sud – la G213 – ne nous fait pas rêver. Nous décidons de partir à l’inconnu et de prendre la petite route plein est, la S214 : 1000 mètres de dénivelés positifs en plus et quelques dizaines de kms supplémentaires, nous ne regretterons pas notre choix. La route est splendide, moins fréquentée, les bivouacs magiques. Nous devenons tellement fane des cols que nous en monterons un gratos après Kangping où nous mettrons 10kms à réaliser, essoufflés, que nous nous sommes trompés de route…

Nous découvrons la Chine rurale. Après les rizières, les théiers si réputés de la région de Pu’er feront place aux bananiers puis aux caoutchoutiers. Les petits paysans s’en donnent à coeur joie sur les traitements chimiques – sans protection – et ne ménagent pas leur peine. Les cultures s’étendent jusqu’au sommet c’est impressionnant

La chaleur de la population ne cesse d’augmenter en pédalant vers le sud et atteint son apogée : des jeunes un peu trop alcoolisés nous offrirons le restau, une marchande un concombre, une commerçante des bouteilles d’eau… Après Mengxing nous partons en quête d’un bivouac et nous retrouvons un peu malgré nous au fin fond d’une bananeraie face à une maison de bois sur pilotis. Nous demandons à planter la tente et finirons dans le salon ouvert d’une adorable famille. Au petit soin pour nous ils refuseront nos légumes et notre aide. Ils nous régaleront le soir et le matin, nous serons gênés mais tellement touchés. Ils ne parlent pas anglais et Google traduction ne semble pas les inspirer. On arrive tout de même à se comprendre et le partage sera fort. Pourquoi est-ce toujours les petites gens qui sont les plus généreux et accueillants ?

Nous repartons avec deux régimes de banane ! Cela tombe plutôt bien car nous connaîtrons deux jours d’enfer à gravir des cols alors que nous sommes l’un après l’autre malades comme des chiens. Nous nous échouerons dans un hôtel à Mengla. Nos roues ont rejoint la G213 et notre petite route nous manque : depuis Mengxing nous enchainons des villes moribondes, puantes, poussiéreuse, ultra fréquentées. Comment font-ils pour vivre ici ? Il vaut mieux être campagnard que citadin. La plupart des cyclo finissent par prendre le bus ou l’autoroute, aucune de ces alternatives nous bottent. Nous serrons les dents et tentons jusqu’au bout la route secondaire. Quelle surprise ! Pour cause de quelques portions de travaux la route est désaffectée. Nous voilà seuls au monde dans la jungle avec des côtes asphaltées (et des descentes de VTT). Nous nous régalons et posons la tente près de points d’eau. Le bonheur retrouvé de pouvoir se laver chaque soir ! L’avantage d’avoir pris autant de bus en Chine c’est que nous sommes larges en temps et enchainons les petites étapes pour gravir tranquillement ces derniers cols.
Entre Mengyan et Mengla, 2 bons cols nous attendent. Benoît a très envie de tester l’autoroute et ses fameux tunnels de la mort dont parlent les cyclos : « le plus mauvais est juste après Mengyan : 3.5 km essentiellement en montée sans éclairage – sauf à la fin – et pas de ventilation. Épaisses fumée masquant les phares des véhicules d’en face et température qui monte en flèche. Presque 20 minutes de stress. » Non merci. Nous gravissons donc le premier col. J’insiste pour qu’on gravisse le second, mais comme la politique de l’équipe est de s’adapter au plus faible… je cède à Benoît (j’aurais jamais cru pouvoir écrire ça un jour ^^). Il est possible de récupérer l’autoroute après ce tunnel. Nous nous élançons donc et l’adrénaline monte en flèche. Le plus long des tunnels sera en pente descendante, tout se passera bien, nous arriverons en 30 min à Mengla sourire aux lèvres. Sauf si vous adorez les cols comme moi on vous conseille cette portion qui évite des heures de grimpe.

Malheureusement les travaux finissent par nous rattraper après Mengla et après quelques rodéos nous nous rendons à l’évidence qu’il nous faut finir sur l’autoroute. Quelques coups de pédale et nous voilà à la frontière. Chine tu vas nous manquer ! Nous avons pile 15 jours pour nous rendre tranquillement à Luang Prabang où nous retrouvons le frère de Benoît et Bénédicte qui viennent pédaler en tandem avec nous pour les fêtes de noël. Youpi !

 

Allons au lac de Lugu !

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Depuis l’émission de Pascal-Marie Milan sur France Culture….

« Existe-t-il des sociétés sans père ni mari ? »

https://www.franceculture.fr/emissions/la-conversation-scientifique/existe-t-il-des-societes-sans-peres-ni-maris

…j’avais été furieusement interpellé à l’idée que sur cette planète il existe des sociétés matriarcales. C’est tellement loin de ce que nous connaissons. Et nous les hommes avec un petit « h » ce ne serait pas intéressant d’imaginer cette possibilité?

C’est une organisation de famille autour de la femme. Chez les NA ou NAXI les mères élèvent leurs enfants avec les oncles et tantes. Il est possible d’avoir plusieurs enfants de pères différents issus de rencontres nocturnes. Nous avons été surpris de voir que la Chine est peuplée d’un nombre important de minorités. Les villages les plus reculés conservent encore un certain nombre de traditions; mais pour combien de temps encore ?

Le choix d’aller au lac de Lugu a été suggéré par oncle Abel après que nous lui ayons demandé ce qu’il nous conseillait dans le Sichuan et Yunnan. « Endroit magique » nous dit-il et cette minorité NAXI dont il avait déjà entendu parler: « ah oui Pascal-Marie je l’avais aidé à son arrivée en chine, elle était drôle … » Incroyable, le lien était fait, il n’en fallait pas plus pour nous convaincre : allons à LuguHu! Il nous prévient quand même que c’est devenu assez touristique, et nous le tourisme à la chinoise on commence à se méfier.
Comme le lac est à plus de 3500m d’altitude et que ça nous dit moyen (enfin à la moitié de l’équipe) de faire de la grimpette, nous prendrons le bus. Une première étape par Xichang et un second bus vers le lac. Un bon moment cette gare de bus à Chengdu : alors qu’il faudrait passer tous nos bagages aux portiques de sécurité – et risquer faire tout sonner avec nos couteaux et bouteille de gaz – la douane est plus occupée à se prendre en photo devant le vélo !

Hop dans le bus sans avoir à payer pour le vélo, aux petits soins du chauffeur et avec des brioches gratos en prime.

Xichang est une ville mignonne en bord de lac. Quelques monuments remarquables et un centre ville animée autour d’un canal. C’est mignon mais bien trop éclairé à notre goût la nuit tombante.

C’est nettement moins facile sur le second bus et nous lâchons 50Yuans de plus pour notre vélo en prétextant que ce n’est qu’un vélo et pas 2… (et oui les avantages du tandem). Je suis horrifié des spots de prévention routière sur un écran géant 5x3m où le gouvernement sensibilise en passant des images choc et sans aucun filtre. On voit des gens broyés sous des camions, des têtes de motards qui roulent et même un cycliste encastré entre 2 fourgonnettes.

Et 100Yuan de plus pour l’entrée dans le parc de LuguHu. C’est une zone protégée depuis quelques années et il faut maintenant payer pour tous les équipements dont nous n’avons pas besoin. La gare de bus est immense et vide. Le temps de remonter le convoi, 3 femmes passent avec d’immenses fagots de bois portés sur le dos et sangle retenue au front. Le décor est planté, bienvenu dans l’autre Chine. Quelques minutes plus tard nous découvrons ecoeurés un grand panneau solidement bétonné qui donne à la population les règles de vie locale par les autorités centrales. Une sorte de charte géante de vie en collectivité avec amende à la clef. Voici quelques extraits :

« Supprimer la superstition, les veilles croyances (…) l’extravagance.

Accueillir les touristes d’une manière civilisée (…)

Les parents doivent envoyer leurs enfants à l’école (…)

Interdit de porter plus d’un enfant pour chacune des femmes (…)

Interdit de troubler à l’ordre public (… ) »

Nous jouons à la corde à sauter devant ce panneau avec quelques enfants dans une joie de vivre et un accueil globalement timide !

Les quelques jours à rouler autour du lac passeront trop vite. Le cadre est majestueux, les couleurs de l’automne le rendent magique. Nous trouverons tous les soirs un coin pour planter la tente. Arrivés dans le week-end nous sommes plutôt satisfaits le lundi quand la nuée de scooters électriques quitte petit à petit les routes pour nous laisser seuls face au spectacle.

Le tourisme fait rage ici. Chaque petite maison traditionnelle a mutée en un hôtel à 4, 5 ou 10 chambres. Des hôtels de luxe ont trouvé leur place sur les coins les plus charmants et la population locale est obligée de se reculer un peu du bord du lac pour y vivre tranquillement.

Les NAXI sont présents et remarquables par leurs vêtements d’une grande couleur et leurs grandes coiffes noires. Les femmes sont dignes et fument la pipe. Elle vendent leur production, du miel ou du charbon, et refusent qu’on les prenne en photo. Notre rencontre ne se fera donc pas, nous ne maîtrisons pas le chinois et encore moins les dialectes locaux.

A défaut d’une rencontre avec cette minorité, nous passons une soirée avec un couple de Han et leur fils en tour de la Chine en camping car. Ils ont prévu une année et ont quitté leur vie d’avant : travail, maison… Ils rêvent de boulots avec un peu plus de sens, lié à l’éducation pour May et surtout donner la chance à leur fils JianJian de voir la Chine.

Le dernier jour avec un petit crachin qui nous donne la tremblote, nous tentons le stop pour quitter le lac. Après une heure sous une vraie pluie nous décidons de prendre le taxi après âpres négociations : à nous Lijiang !

Au passage, à la vue de l’état de la route, des éboulements, des trous, des cailloux et même des passages à guet, l’idée du taxi n’était finalement pas si saugrenue.

Nous sommes dans le Yunnan.

Les vacances à Chengdu !

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Comme la plupart des vacances organisées, on y arrive en bus. Après le bus couchette des liaisons précédentes, le bus dégueulasse de jour où tu craches par terre ! C’est un concept chinois qu’il est intéressant d’expérimenter. Et toujours aucun problème pour glisser le tandem dans la soute moyennant quelques démontages et quelques biffetons. Nous voilà donc dans la capitale du panda chez oncle Abel et tante Ling. Ils habitent une maison de 4 niveaux dans la banlieue ouest de la préfecture du Sichuan : super jardin, salle télévision, cuisine américaine et nous avons même un grand lit rien que pour nous. Savez-vous pourquoi cette région est aussi connue en Chine?  Pour son poivre et sa cuisine pimentée… Il est relativement facile d’y étendre son visa sauf quand vous dites que vous habitez chez un amis. Et oui, en Chine il est obligatoire d’aller s’enregistrer au poste de police pour les étrangers sous peine d’une belle amende. Donc toujours mentir avec le sourire et dire qu’on dort à l’hôtel. On aurait dû leur dire qu’on dormait sous la tente pour rigoler.

Chengdu c’est une mégalopole et on pèse le préfixe « méga » quand on pédale des heures à traverser les futurs quartiers d’habitation. Quelques rues, parcs et temples plutôt mignons, mais l’attraction ici c’est quand même le panda. Il est vrai que cet animal ne laisse pas indifférent mais de là à être hystérique quand un jeune panda se prélasse sur le dos. Ils sont dingues ces chinois. Ces gras mammifères sont peinards dans ce centre de reproduction : bouf à volonté, pas de prédateur, une armée de soigneurs et des milliers d’admirateurs chaque jour de l’année. On s’est même demandé si ce centre de reproduction n’était pas en fait un business et que nous avions payé un ticket d’entrée pour un zoo. Nous nous sommes bien gardés de critiquer et surtout d’ouvrir les cages, parce qu’il paraît qu’ici si tu touches un cheveux des pandas tu finis en prison. Et oui on ne critique pas un symbole en Chine !

Oncle Abel nous a initié à la médecine chinoise. C’est une médecine traditionnelle qui prend le corps comme un tout. Elle tente de comprendre la personne par la gestion de ses énergies internes. Virginie a pu expérimenter les effets de l’acupuncture et de quelques herbes (des herbes médicinales…hein) pour s’occuper de ses problèmes de thyroïde. Les effets sont d’ailleurs aujourd’hui prometteurs. Nous avons passé des heures à essayer de comprendre comment la mécanique Chine fonctionnait et surtout comment lui faisait pour habiter dans le seul endroit qu’on connaît au monde où il n’y a jamais le soleil ! Humidité permanente et espèce de gros nuage bien épais. Bordel quel est son secret pour ne pas déprimer ? Merci pour ces longues soirées endiablées à refaire le monde ou à le défaire d’ailleurs …. ?

On a beaucoup cuisiné aussi pendant ces vacances parce que je vous dis pas comment on était fous d’avoir un four. Et puis tante Ling avait dans ses placards du chocolat, du beurre et même du vin bio de France ! Avec leur site d’achat en ligne ultra sophistiqué (tu payes en mettant ton doigt sur l’écran de ton smartphone) tu peux acheter ce que tu veux et te le faire livrer chez toi en 48h. Elle nous dira en partant : « heureusement que vous partez parce que je serais devenue énorme ».

Pendant les vacances, nous sommes aussi partis en week-end à la ferme. Une petite ferme de 300 hectares en bio et 100 employés. On a aimé l’expérience bien qu’on avait pas imaginé ce genre de ferme avant de s’y retrouver. La cueillette de fleurs pour le thé nous a détendu et nous avons beaucoup aimé faire des baguettes de pain, du tofu et jouer avec les cochons. Bon, une bonne occasion de voir à quoi ressemble l’industrie du bio en Chine avec des investisseurs taïwanais. On les remercie tout de même pour leur accueil et la cantine. Merci très spécial à Thomson déjà de nous avoir supporté avec nos questions bizarres mais surtout de nous avoir partagé sa vision de l’agriculture et son envie de voir le monde.

Comme dans chacune des différentes régions de Chine nous avons gouté de nouvelles spécialités de rue. Ici par exemple, tu as à la carte le pain fris à la farine de riz fourré aux herbes, à la viandes et aux épices. Pour quelques poignées de yuans, les cuistots chinois hommes ou femmes te régalent. Il faudra aussi citer les brochettes, ah oui c’est très rigolo ça. Tu choisis tes brochettes et ils te les cuisent sous le nez. Tu peux prendre des champignons, des petits pains, des haricots ou toute sortes de viandes ou poisson. Ils te mettent de l’exhausteur de goût pour que ça t’explose dans la bouche : mission réussie. Abel nous dira un soir que ce produit est interdit en Europe depuis plus de 20 ans parce que cancérigène. Alors, on s’en remet une petite ?

Et bien on va se remettre un petit bus pour aller dans l’Himalaya. Roulons vers le lac de Luguhu !